Europe irisée (10/05/2007)
Ce 5 mai 2007, la Fête de l'Iris, fleur et symbole de Bruxelles avait pris du champ. Il se retrouvait par moment sur les chemins de l'Europe au Berlaymont. Le message est passé: l'Europe s'irise par l'esprit et la forme.
Ce samedi, c'était la fête de Bruxelles, représentée par l'iris. Vous vous souvenez peut-être de mon article récent lors du 50ème anniversaire de l'Europe "En manque d'europlanisme". Je rappelais alors tous les plantages et les ratés de sa construction.
On voulait manifestement y attacher une volonté de marquer des points positifs avec son rapprochement avec l'Europe.
La Commission européenne était aussi en fête.
Le Commissaire Barrosso accompagné de la reine en sortait et se promenèrent dans ce début de fête. Bruxelles se veut et s'en félicite d'être la capitale de cette Europe même si la population s'en plaint lors des embouteillages créés les jours de réunions des grands de ce monde.
Les Français ne s'y sont pas retrouvés dans le marchandage et ne sont pas contents que Strasbourg n'a pas cet écho.
J'ai déjà répondu. Cela aurait pu être Paris et cela ne l'a pas été et n'a peut-être même pas été proposé. Bruxelles, pourquoi ne vaudrait-elle pas aussi une messe?
De toute manière, peu importe où l'on situe le centre d'une communauté du moment que l'idéologie persiste et signe.
De Bruxelles, reparlons-en. J'en avais déjà exprimé les idées générales dans "Air de Bruxelles, Brusselers".
Aujourd'hui, se suffit-elle encore dans le monde de dessinateur de BD Franquin?
Ma réponse est oui et non.
Elle est devenue complètement internationale par ses extensions tout azimut colorées, raciales, ethniques et idéologiques.
Tous les peuples se retrouvent mixés. Dans cette ville, on n'y vit pas encore 24h sur 24 mais à part cela, elle ressemble à la pomme, irisée en plus, que l'on connaît à New-York. Toutes les mentalités et les peuples sont représentés en quartiers ou intégrés avec plus ou moins de bonheur. Pour y arriver en harmonie, il faudra continuer à ajouter des passerelles entre les cultures. La langue est bien sûr le lien de l'intimité, mais il y en a d'autres. Musta Largo, artiste engagé, chanteur originaire du Maroc donnait sa vision en se sentant avoir deux passés, son Maroc et sa Belgique et seulement un futur ici. Le futur, pour soi et ses enfants, entre gens civilisés est-ce un cri du coeur ou de pragmatisme? Une période de probation pour l'immigration, de longueur raisonnable, période d'essais comme on dirait dans l'entreprise, restera la seule vrai intégration de part et d'autre démocratiquement. Du cas par cas, évidemment.
Le Bruxellois ne sera, sûrement, demain, plus celui d'aujourd'hui en blanc-bleu-belge. La transformation est en route à petite ou à grande vitesse. Les mariages se font et se défont entre ethnies et nationalités. Même au gouvernail du pays, il n'est plus rare de s'apercevoir du changement. Alors, oui, bonjour Zidane, salut Moustaki et hello Arasdeltouf...
Ce même jour, sur la grande place, j'en ai pris des photos et on pouvait entendre les you-you pour canoniser l'événement du mariage. La solidarité, que nous avons souvent perdu, a encore une valeur dans ces pays d'"ailleurs".
Une catastrophe à redouter?
Non. Tout dépend des moyens de la métamorphose et si le changement se construit dans un environnement propice à la communication, à la communion de pensée, de l'assimilation de ce défit.
Car, défit, il y a et aura. Il se généralise même à toutes les villes du monde où les gens se sentent bien. Le texte suivant "Immigration, intégration, citoyenneté en Belgique" pourrait éclairer.
L'uni-racial a vécu que les grincheux soient au balcon ou non. Nous sommes en période de transition. Combien de temps durera-t-elle ? Pas bien longtemps. Les voitures qui circulent sont en perpétuelles mutations. Après les "I", et les "PO" d'avant, voilà les "PL", les "ES", et j'en passe, qui se lisent de plus en plus sur les plaques minéralogiques. Le pluralisme d'idéologie est devenu une obligation qu'on le veuille ou non. La rue Neuve se mélange dans un « melting pot » et des conversations de tous les horizons qui ne cherchent pas la caricature. Pas d'idylisme, pas de fatalité. Des faits.
Bruxelles, centrale et assez centriste politiquement, a beaucoup d'atouts mais elle l'ignore. La politique ne fait pas encore les choux à la crème des discussions. Humaniser, harmoniser les relations en physique pur plutôt qu'en virtuel via internet est son destin. Les élections législatives prochaines auront du grain à moudre sur la question.
Le caractère bruxellois, bon-enfant, rouspeteur mais avec une couche de protection dans l'autodérision, assez différent du reste du pays, devrait faire passer ce cap difficile avec une philosophie toute personnelle et très particulière. Des tee-shirts avec "Proud to be belgian" ne fleurissent pas encore. Le chauvinisme n'est pas (encore) la tasse de thé. Il ne faut néanmoins pas se voiler la face. Si Bruxelles réalise 20% des richesses du pays avec seulement 10% de la population belge, tout n'est pas pour le mieux. Plus de 20% de chômage contrastent avec ces chiffres encourageants. "Chacun doit trouver sa place à Bruxelles" disait l'échevin de l'urbanisme.
En attendant, venez mangez nos moules frites, nos chocolats, nos fetas, nos couscous et nos souchis.
Vous y trouverez tout en plats et sans complexe, à la bonne franquette, comme on dit chez nous.
J'aime vivre à Bruxelles, je le répète. Telle qu'elle est. Avec ses faiblesses et ses idées fortes. Simple et complexe à la fois, dans la grande diversité. J'apprécie mes ballades à vélo dans ses rues étroites et ses boulevards moins destinés à protéger mes deux roues qu'elles ne le devraient. La cité, à dimension humaine, permet d'en faire le tour après seulement quelques petits kilomètres de ceinture. Ses communes l'agrandissent, mais cela n'empêche pas que Bruxelles se retrouve un peu à l'étroit aujourd'hui.
Avec un tel esprit, le Berlaymont ne sera plus un bateau à la dérive et les bâtiments Shuman-Léopold de la CE, un « Caprice des Dieux ».
L' "Homo Bruxellus" s'exporte aussi très bien.
Jean-Claude Van Damme, un autre bruxellois qui a fait son chemin ailleurs, avait ces paroles d'une profondeur extrême, lues dans un hebdomadaire:
« J'aime bien aider maintenant. Tu te sens mieux si tu aides quelqu'un, même dans la rue ou un papy qui descend sa poubelle. Si on fait tous une action comme ça dans le monde entier, le monde change à une vitesse exceptionnelle. Mais il faut le nucleus. C'est comme une bombe atomique. C'est le big bang dans cette illusion qu'est la réalité. »
Quand, je vous disais qu'on a des ressources de ce côté de la frontière... Avec le mot "nucleus", n'était-ce pas de Bruxelles, qu'il pensait, nostalgique ?
Bizarre, ces Belges! Vous avez dit bizarre? Comme c'est étrange, un Bruxellois !
L'Enfoiré,
Euopean Year of Equal opportunity for All
Pour plus de détails le livre "Immigration et intégration en Belgique francophone - Etat des savoirs", Marco Martinelli, directeur de recherches au FNRS.
Sur Agoravox, retrouvons peut-être d'autres bruxellois caricaturaux ou qui en discutent.
Des chanteurs en parlent à leur sauce aussi: Dirg Annegarn "Bruxelles", Jacques Brel "Bruxelles, Bénabar "Bruxelles", Dalida "Il pleut sur Bruxelles", Annie Cordy aussi par les paroles de Jean Vallée sur la place Poulaert, le 21 juillet 2003
Citations:
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"Faute de parler, on meurt sans confession", Proverbe belge
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"On est tous l'étranger de quelqu'un. Étranger est l'une des plus belles promesses du monde, promesses de couleurs, belles comme la Liberté", Marc Lévy dans son dernier livre "Les enfants de la liberté"
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Commentaires
Les moules et les frites ? Ah ! Le reflexe de Pavlov ! Rien que le fait d'évoquer ça, j'ai l'eau à la bouche! L'année dernière, à cette période, j'étais à Bruxelles. Pas loin du "Jardin botanique" et de City 2. Le bonjour à Manequin Pis !
Écrit par : sidk | 15/05/2007
Pardon, j'avais oublié de vous donner mon lien sur agoravox.
Écrit par : sidk | 15/05/2007
Bonjour Cher Docteur (et oui, j'ai été voir à qui j'ai affaire)
Pavlov n'y trouverait pas son latin.
Nous sommes très spéciaux de par ici et il faut voyager pour le remarquer. On assume au mieux. On fait des erreurs comme partout. Celles-ci apportent de nouveaux tremplins.
J'aime beaucoup la France. Mais je ne serais jamais pour un rattachement à la France. Nos spécificités sont trop importantes. La volonté de s'exprimer sans complexes n'est qu'un des points importants.
Mais comme je ne suis qu'un Bruxellois comme un autre, je laisserai la parolle à qui la veut. Les lecteurs d'Agoravox ont apparemment eu le souffle coupé avec cet article. Dominus vobis cum...
Écrit par : L'enfoiré | 16/05/2007