De SP à DRH (28/07/2005)

1.jpgRemise à niveau chez nos collègues embaucheurs. Gains ou pertes? 

Ne cherchez pas le scoop destiné aux belges dans ce titre. Non, ce n’est pas le « Socialiste Partij » qui aurait décidé de changer de nom.
C’est beaucoup plus prosaïque, plus actuel et plus proche de chacun d’entre nous qui nous retrouvons tous les jours au boulot.
Ce dont je veux vous entretenir, c’est du changement, qui ne date que depuis quelques années, de dénomination du département qui nous engage, nous dirige, nous motive au travail, nous évalue, nous juge et parfois nous ‘punit’ pour n’avoir pas été à la hauteur des ambitions de la boîte qui nous paie.

0.JPGOui, bien compris, c’est bien du département en charge de la gestion du personnel.
Si, dans le passé, pour trouver une solution à nos petits problèmes de salaire, nos relations avec nos collègues et tant d’autres événements de la vie au bureau, nous allions au « Service du Personnel », il nous faut nous adresser aujourd’hui au « Département des Ressources Humaines ».
La conversion du nom n’est pas innocente. Ce n’est pas seulement un rajeunissement d’un nom devenu trop ringard. Le changement est bien plus subtil et bien plus fondamental.
‘Service du Personnel’, que voyez-vous dans ces mots ?
Sans aller jusqu’à remplacer le ‘du’ par ‘au’, on n’en était pas loin dans le principe et par l’image que le service voulait en donner à ses administrés.
Un peu 'paternaliste', le désir de bien ‘soigner’ était de mise.
On travaillait, on pouvait tomber malade, prendre congé et parfois rigoler.
Tous ces événements trouvaient réponses et règlementations.
Dans l’esprit du temps, cette attitude a été jugée trop molle, pas assez productive par les directions des sociétés.
1.JPGLe changement d’objectifs très ciblé a fait sauter cette idée par trop généreuse. Il fallait donc imprimer une idée plus proche des buts de l’entreprise qui s’écartait, par là même, des avantages de ses employés, de leurs petits soucis et qui faisait place ainsi à l’idéologie « Money, money ».
Le ‘Département des Ressources Humaines’ s’était transfiguré.
Le mot ‘Humain’ a bien sûr été maintenu, mais il n’a plus la même force et ne participe pas à la même philosophie dans ce concept moderne.
Analysons froidement ces mots.2.JPG
En anglais « Human Resources Management » semble encore plus explicite.
Il s’agit de gestion de qualifications, de « skills » qui se réalise en fonction des besoins du moment et des clients potentiels ou existants de nos sociétés.
On n’y est plus vraiment une personne, mais bien une ressource tout court que l’on peut gérer comme toute autre ressource matérielle : il faut une équipe de 10 personnes, l’ordinateur à disposition, le programme ‘machin’ et la documentation nécessaire au projet...
Tout le projet a un coût qu’il faut ajuster avec les revenus et coûts qu’il faut réduire au maximum pour obtenir le maximum de bénéfices. Rester profitable et bien équilibré par des estimations statistiques, dynamiques, scientifiques reste les points prioritaires.

L'adjectif ‘Humaines’ qualifie les ressources, il a la marque du pluriel, non pas la direction. Mais la proximité des mots direction - humaines crée la confusion et cela ne peut leurrer.

5.JPGAssocier au plus juste l’offre et la demande, voilà l’objectif. La rentabilité est au pouvoir.
Trouvez le meilleur rapport prix performance.
Si, par hasard, elle peut s’acclimater avec de bonnes actions qui motivent ou stimulent pour penser avoir été choisi comme ‘tête bien faite et bien pleine’, tant mieux. Mais ce n’est plus le but principal.
Avec toutes les qualifications acquises au cours de la carrière, si par malchance, elles ne correspondaient plus avec l’air du temps et que vous ne pensiez pas à vous reconvertir, vous réajuster en panique avec la nouvelle échelle des valeurs pour être « billable », vous vous retrouverez bien vite avec une jolie lettre préfixée par 2 caractères.7.JPG
Un CV ayant pour canevas ‘diplôme universitaire, âge de moins de 30 ans avec plusieurs années d’expérience’ est certes très prisé.

Une fois faisant partie de la base des ressources, des programmes informatiques peuvent fournir une liste de personnes faisant partie de la société et répondant aux critères de sélection voulus à l’aide de filtres préétablis.
La situation du sélectionné n’entre pas en considération et n’a aucune importance.
8.JPGLe département lui-même n’est pas en faute, il fait de son mieux avec les nouvelles règles du jeu. Il est dans la norme édictée par les dirigeants et les actionnaires : il faut simplement être dans la ligne du parti.
Sa position ingrate par nature empêche la sensiblerie et le bouclier protecteur qu'il levait à bout de bras s'est quelque peu abaissé. Nostalgie, oui, qui ne l'aurait pas dans la tête des anciens.

De grâce, cher département 'DRH', ne vous avisez pas de faire l'économie d’une lettre en ne laissant que ‘DR’, ce serait peut-être encore plus efficace et très en rapport avec les impératifs de l’esprit du temps, mais, résolument, si peu humain.

A méditer

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ressources-humaines-de-source-119683



L'enfoiré de service,



Je dédie ce billet à une collègue que je connais depuis plus de 30 ans, qui a passé sa vie professionnelle entière dans notre société, gravissant échelon par échelon lui léguant, sans compter avec opiniâtreté, fougue, et son esprit et son âme dédicacés complètement à son Entreprise.

Elle vient de glisser dans une trappe de plus en plus béante creusée par ce dieu 'Money'.
Alors, bon vent, Madame, très chère Madame et merci tout simplement pour votre présence

 

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