Identifiez-vous (09/07/2005)

1.jpgNotre époque vit des épisodes tragiques difficiles à comprendre. On se sent étranger aux problèmes et pourtant on en subit de plein fouet les effets "collatéraux".

Dans le monde animal, à de rares exceptions près, il est très difficile de trouver des espèces cannibales ou s’entretuant au sein d’un même groupe.
Si des combats entre mâles sont parfois féroces et peuvent se terminer par la mort d’un des agresseurs ou agressés, c’est toujours pour la conquête d’une belle et par là même, la préparation de sa propre succession.
L’instinct de conservation réside dans les gènes et reste le plus fort. A part, peut-être chez certains insectes (comme la fourmi), on n'entrevoit pas l’idée d’un état guerrier chez les animaux.

L’Homme qui se situe au bas de l’arbre généalogique des espèces et qui devrait être une sorte d’aboutissement se complait dans l’esprit guerrier et est prêt à éliminer son semblable sans vergogne. Les guerres se sont succédées tout au long de son histoire, mais une nouvelle forme de destruction de l’Autre a vu le jour ces dernières décades: le Terrorisme.
On l’a appelé le plus grand problème de notre temps.

Pour exercer leur pouvoir, imposer leur religion, pour des raisons relativement 'avouables' comme la résistance à un régime de dictature, d’occupation de territoire ou complètement inavouables comme l’extorsion de fonds par la violence, certains groupes d’homme terrorisent les populations par la voie de la destruction et sans aucun scrupule à viser ceux qui partagent la religion dont ils revendiquent l'appartenance et qui leur sert de moteur.
Remarquable de cruauté et d'économie de force, ils font l'économie d'une conquête territoriale longue et coûteuse.
Dans l’ombre et l’anonymat, l'intégrisme radical s’est emparé d’un pouvoir de vie ou de mort sur les populations.
Non seulement, la revendication de leurs actes destructeurs une fois accomplis ne les gêne pas mais les incite encore à plus d’orgueil. Il n’en reste pas moins que les buts et les ‘tireurs de ficelles’ se révèlent souvent flous et mal cernés. Face à cette clandestinité aux visages masqués, on voudrait mieux comprendre.
Identifiez-vous. Quel genre de monde, voulez-vous?
Frottez-vous les yeux, la vie est belle. Rien n'empêche de vivre celle-ci dans la dignité avant de connaître la suivante dans l'au delà.

Les victimes de leurs agissements ne sont pas nécessairement ceux à qui l’on pourrait penser de prime abord, c’est-à-dire, les décideurs ou les représentants de ce qu’ils exècrent mais, d’une manière aveugle, celui qui n’a rien à y voir et qui passe à proximité de leur forfait par simple coup de malchance.
Cette lâcheté ne peut se comprendre que par l’embrigadement dans lequel ils sont tombés.
L'assurance d'une vie meilleure dans l'au delà est assurée aux candidats aux commandos suicides par leurs chefs.
Le régime de la Terreur dans toute sa malédiction: une tactique d'épouvante des populations par des attentats et une stratégie en faisant ensuite parler de leur méfait par tous les médias.
Plus on en fait l’écho, plus le but de déstabilisation est atteint. Souvent, ce ne sont pas un mais plusieurs groupes qui revendiquent le même acte au même moment.
La violence est banalisée. Le droit à la vie n'a plus d'importance à leurs yeux aveuglés.
Ils recherchent notre soumission pour imposer leur idéologie totalitaire qui refuse notre perception de la vie respectant les Droits de l'Homme avec ses libertés fondamentales accordées égalitairement aux hommes et aux femmes.
Or, pour pouvoir comprendre ces phénomènes et, par la suite, pouvoir y répondre d’une manière appropriée et l’éradiquer, nos gouvernements démocratiques sont malheureusement bien désarmés.
On ne parvient pas à sécuriser toute une ville dans un état démocratique sous peine de rester dans un état militaire sous la loi martiale en contradiction avec notre idéal de liberté.
La population subit sans parvenir à se protéger. Elle est devenue leur bouc émissaire.

L'attentat du 11 septembre 2001 à New York est devenu le symbole de l’aveuglement catastrophique du terrorisme.
Le 11 mars 2004 à Madrid fut son prolongement apportant un autre lot de tristesses et d’incompréhensions.

Cette fois, ce 7 juillet 2005, Londres a été à son tour victime du même carnage.

Devant ces événements, les populations du monde impuissantes ne peuvent apporter que la solidarité pleine et entière dans cette épreuve.
Depuis 2001, d’énormes budgets dans le domaine de la sécurité ont déjà été alloués pour augmenter la sécurité des populations, la protection d’immeubles ‘sensibles’, mais les terroristes ont souvent beaucoup plus d’imagination malveillante et d’autres actions inattendues s’ébauchent périodiquement dans la tête de gens prêts à tout et même à exposer leur propre bord sans signer leurs méfaits de manière claire.
Pour trouver leur origine et les qualifier, on parle pudiquement de 'mouvances' ou de 'nébuleuses'.
Certains gouvernements dans le monde ne sont peut-être pas très innocents et se révèlent les commanditaires de certains de ces groupes terroristes.

Bande à Baader en Allemagne, Brigades Rouges en Italie, C.C.C. en Belgique à partir de 1984, protestants contre catholiques en Ulster, E.T.A. séparatistes au pays basque, FPLP et Septembre Noir réalisent le premier détournement d'avion avec l'explosion au sol de 3 avions le 11 septembre 1970 (cette date ne vous rappelle rien?) à Amman, la Lybie, impliquée ou non dans l'explosion du vol 108 de la Pan Am au dessus de Lockerbie le 21 décembre 1988,  le tir aux ‘pigeons’ perpétré par les snipers en ex-Yougoslavie dans les années 90, FLP arabes contre juifs en Palestine pour quelques lopins de terre, Al Quaïda en Aghganistan et en Irak, attaque tchétchène contre une école de Russie se sont relayés dans l’histoire du terrorisme utilisant tous types d’attentats: détournements d’avions, enlèvements d’otages, kamikazes ou voitures piégées faisant sauter bombes et engins de destruction à l'aveuglette.
Des enfants, innocents, sont envoyés à la mort par les adultes avec la promesse de gagner une place au paradis.
("Pour les enfants du monde entier", chantait Yves Duteil)
Toujours la même méthode de combat : épouvanter les populations, victimes sans défenses.

En 2003, le président Bush, sous de fallacieux prétextes, lançait sa guerre contre l’axe du « mal » qu'il qualifiait de terroriste malgré l'opposition d'autres pays avec des armes de destruction résolument massives et sophistiquées, se retrouvant ainsi dans un scénario de guerre 'classique' état contre état en parfaite disproportion avec la tâche d’éradication à accomplir.
Les éléphants n’ont jamais pu se défendre contre les moustiques. C’est un peu la différence d’échelle dont il s’agit: la guerre chirurgicale moderne contre les aiguillons de corpuscules de minorités en marge de la société.
Ce ne sont pas les États qui sont menacés mais bien les sociétés, les valeurs et les idées qui régulent notre vision occidentale.
Après cette guerre en Irak, d'ailleurs, sentons-nous réellement plus sécurisés aujourd'hui?
Elle a plus servi de prétexte pour s'unir autour du projet Al Quaïda. C'est un peu le phénomène du pompier incendiaire. Probablement, en toute bonne fois, le terroriste croit à la légitimité de son action qui lui apporte une autre vision du monde non motivée, elle, par l'argent. Aux antipodes, notre "respect de la diversité culturelle" (du moins dans la théorie) nous empêche de la comprendre tel quelle.
Même s'il est difficilement chiffrable et indépendamment du coût cette guerre en Irak, le prix du terrorisme, de la recherche de sécurité, des séquelles sur le moral des gens et de l'impact sur leur confiance en l'avenir sont immenses, sinon sous-évalué car sans méthode tangible.

Qu'y avait-il à faire d’autre que cette guerre? Si les dégâts subits n’étaient pas aussi importants, attendre que cela passe, aurait été une bonne réponse. Le terrorisme naît et meurt d’une manière indéterminée.
Le fait de sortir de l’actualité, des préoccupations de scoop des médias, qui alimentent leur mouvement, apporte déjà une solution temporaire.
Internet possède dans ses pages toutes les recettes du parfait petit 'bricoleur' à l'explosif.
Des actions énergiques sont prises mais le risque zéro n'existera jamais.

Les spécialistes de la guerre antiterroriste citent quelques méthodes:
• Réduire les inégalités dans le monde. 550 millions de travailleurs vivent avec moins d’un dollar par jour. 800 millions d’êtres humains souffrent en permanence de la faim. Ce genre de population se laisse embrigader facilement devant la maigre pitance qui leur est proposée par des groupes créant la guérilla à outrance. Grand principe très peu médiatisé car trop peu porteur.

« Non seulement, nous donnons moins de nourriture, mais encore nous étouffons les efforts que fait le monde en développement pour la produire lui-même », affirme James Morris, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

Annuler la dette de ces pays pauvres comme se propose le G8 est une étape.
• Une police unifiée, avec une collaboration non limitée aux frontières étroites des états, telle qu’Interpol.
L'action terroriste ne connaissant pas les frontières demande une réaction du même ordre.
• Un mandat d’arrêt européen observé et respecté de commun accord par tous ses membres.
• La formation de groupes antiterroristes aguerris contre toute expérience et ingéniosités de ces groupes. Sécuriser les populations au maximum sans tomber dans l’état d’exception permanent.
• Ne pas tomber dans la psychose donnant trop de raisons au terroriste qu’il a choisi la bonne approche.
• Ne pas permettre à n’importe quel prédicateur et prêcheur, pour raison de respect de la démocratie, de fomenter les troubles, d’haranguer inconsidérément les foules avec des idées radicales comme c’était le cas encore à Londres avant 2001.
• Accorder plus d’autodétermination des peuples.
• La recherche par satellite de groupes paramilitaires qui s’entraîneraient en pleine nature dans l’anonymat le plus complet.
• L’infiltration de ces mêmes groupes paramilitaires ou extrémistes pour connaître les méthodes et la préparation de leurs coups avant leurs réalisations ou en saper leurs tentatives.
• Parfaire l’enseignement des populations de manière non partisane, mais en leur inculquant le véritable intérêt qu’elles pourraient tirer de ne plus soutenir ces groupes de la terreur par leur bienveillance.
• Plus de respect en général de l’autre et du pluralisme d’opinion, de convictions, de morale et de religion. Prendre en considération la volonté d’exister, d’avoir un rôle à jouer pour tous.
• L'accord des pays de geler les avoirs provenant du blanchiment d'argent (C.A.F.I.) qui financent le terrorisme. Ce qui est plus vite dit que fait car les kamikazes ne sont pas gourmands et les transferts de fonds nécessaires ne sont ni très élevés ni susceptibles d'éveiller les soupçons.  Le blanchiment d'argent nécessite une attention attentive sur son origine et la destination et des moyens très importants face à l'ingéniosité de terroristes éventuels. 
• L'acceptation du partage des données informatiques et techniques (ce qui augmente les coûts pour les operateurs) d'une manière proactive.
• Savoir que l'on ne nait pas terroriste oblige à se demander qu'est-ce qui se déroule dans la tête d'un jeune de 18 ans à se faire sauter.
• Décoder leur raisonnement.

1989, guerre et chute de l'Afghanistan, Al Quaida apparaît.

1991, invasion du Koweit par Sadam Hussain, Ben Laden est là.

Il ne s'agit pas nécessairement de planter le drapeau vert de l'Islam sur les capitales du monde, mais de récupérer le leadership sur les pays arabes qui ont viré dans le giron de l'idéologie pro-Occidentale.
Après une réaction allergique par des groupes Djihadistes nationaux comme en Algérie, passage au niveau international sous le nom général 'Al Quaida' mais qui en fait comprend de nombreux groupes différents pas toujours en accord dans les actions à prendre et vivant parfois des luttes intestines.
Tout en étant disparate, le chaos en Irak leur donnent l'occasion de croiser les actions du Panarabisme et de l'Islamisme. Ce qui en devient plus dangereux.
L'image de l'injustice vis-à-vis de toute population arabe est montrée, parfois tirée de son contexte pour justifier l'action terroriste.
Ce n'est pas les préceptes théologiques du Coran, même s'ils sont utilisés ou manipulés, qui mènent le jeu, il s'agit plus fondamentalement d'une action politique de récupération de suprématie sur leur entité arabique.
C'est donc une réponse politique également qu'il faut apporté.

A la suite de l'attentat de Londres, le premier ministre Blair avouait son impuissance:

"Si des personnes veulent faire exploser des innocents dans le métro ou un bus, au hasard, et faire le maximum de morts et de destruction, (...) vous pouvez avoir toutes les mesures sécuritaires du monde, vous ne pourrez l'empêcher. C'est pourquoi, au bout du compte, même si il faut prendre les mesures nécessaires, il faut aussi s'attaquer aux questions profondes soulevées par le terrorisme pour tenter de se débarrasser de cette terrible perversion de la vraie foi de l'islam. Ce que nous savons maintenant et que nous ne savions pas auparavant, c'est que quand il y a de l'extrémisme, du fanatisme, ou une pauvreté écœurante et extrême sur un continent, les conséquences ne restent pas confinées à ce continent."

La presse paie, elle aussi, un lourd tribut en morts (53, l’année dernière). Les journalistes deviennent leurs proies en accomplissant seulement leur métier d’information en période de conflit.
Monnaie d’échange toute désignée par leur faible protection et le potentiel de l’écho médiatique qu’ils pourraient générer, leur immunité n’existe plus, le drapeau blanc qu’ils font flotter, non seulement, ne les protège plus mais les désigne en tant qu’otages potentiels.
Ils sont devenus des témoins gênants pour les deux partis de n’importe quel conflit dans le monde.
De retour de leur captivité quand ils en réchappent, les otages auront chaque jour à vivre avec le souvenir de leur détention arbitraire sans espoir d’avoir un jour une quelconque réparation. Certains d'entre eux ne s’en tirent pas sans séquelles psychologiques.
La population se rend compte que la liberté de la presse correspond à sa propre liberté.
C’est ce que relataient ces journalistes, devenus leurs otages, invités ce 8 mai dernier par Michel Drucker (France2). Réunis, ils relataient tour à tour les moments pénibles de captivité qu’ils avaient subit. Le réalisateur Costa Gavras qui, souvent, a mis en images ce genre de situation politique extrémiste et de terrorisme y assistait également.

Florence Aubenas, journaliste française, Hussein Hanoun al-Saadi, étaient libérés après 157 jours de captivité. Leur courage et leur sourire nous sont apparus après leur supplice et donnaient un reflet à l'espérance.1.jpg

La méthode terroriste, je ne parviendrai jamais à la comprendre malgré toutes les justifications que l’on pourrait y apporter.

Nous en avons assez d'être puni pour des actes que nous n'avons pas commis.

Tous solidaires dans la nouvelle épreuve.

Des tentatives de réponse : Pourquoi tant de haine?

Le livre de Pascal Boniface "Vers la quatrième guerre mondiale"



 

L'enfoiré de service,

 

Mise à jour 2 mai 2011: Oussama Ben Laden tué par les services spéciaux américains

| Lien permanent | Commentaires (4) |  Imprimer