Les trucs à Drucker (10/03/2008)

Qui ne connaît pas Michel Drucker? Ah, oui, le "dinosaure" des présentateurs de la télé publique France 2, diraient les jeunes téléphiles. Et pourtant. Son livre "Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi?" allait me répondre à la question de savoir "Pourquoi, si longtemps à l'antenne". Sa visite à Bruxelles, sur ce qu'a appelé Cocteau, "Le plus riche théâtre du monde", m'imposait une réflexion encore plus précise.

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Cher Monsieur Michel Drucker,

Vous êtes.... Et puis, non, bonjour Michel. Tu me permettras de te tutoyer car on ne dit pas "vous" à quelqu'un qui fait partie de la famille et qui s'installe dans les "Home sweet home" toutes les semaines depuis plus de 2 générations. J'ai cherché dans un des billets écrits par l'autre "p'tit Belge" à qui Alain Delon avait dit "Oh, Toi, le Belge!, ta gueule!", Philippe Geluck, alias Le Chat. Je n'en ai pas trouvé. Pas une caricature du Chat dédié, non plus. Je suis réellement déçu. Il aurait dû après sept ans de contacts aussi proches. Je lui en avais déjà fait un personnellement, auquel il ne m'a jamais répondu. Non, vraiment, il n'y a plus de Belges qui se respectent avec l'autodérision dont on a souvent fait preuve. Je vais donc en faire un. Je vais essayer de connaître ton "truc". Non, pas le "truc en plume", celui-là ne m'intéresse pas. Ce sera celui du cœur et de l'esprit.

Plus de quarante ans de carrière dont on ne voit pas la fin et cela dans ce monde qui ne voit qu'avec les yeux de la jeunesse, il doit y avoir un truc. Il faut dire, qu'il faut toujours raccrocher un jour. D'autres attendent, c'est sûr. Et puis, les neurones vieillissent aussi.

1300717677.jpgA lire ton livre qui a déjà récolté, par ici, plus de 400.000 lecteurs, on en découvre un peu plus. Tu le dis à mots pleins ou à demi mots entre les lignes. Avoir une vie public et avoir appris à ne rien laisser paraître. Sourires à donner partout et, en même temps, rester dans le brouillard, c'est une obligation dans ce monde où il faut garder l'église au milieu du village.

Premier truc. Premier secret de la réussite. Les "People" tournent, dès lors, autour de toi mais ne collent pas. Tiens, cela me rappelle une pub. Ceux qui s'attachent sont les vrais des vrais, mais il faut les détecter après analyse.

La famille, deuxième truc.

Là, par contre, c'était mal parti. Être toujours fier des autres membres de cette famille sans jamais en avoir le retour de flamme.

Fils du bon docteur Abraham Drucker qui n'a jamais compris qu'il y avait des différences sur terre et qui ne savaient pas que la connaissance ne se trouvait pas dans les gènes transmis de parents à enfants. Jeune, tu t'es donc senti déforcé, automate dans un monde qui t'échappait et qui te dépassait.

Applaudir le 29/6/2006 devant une plaque en l'honneur de ce père. Recevoir des demandes d'autographes au passage a dû t'énerver avec un sentiment d'usurpation de trône. Dédicacer, alors qu'il faut parfois casser ce passé de souvenirs trop douloureux.

Pour l'un, une plaque, pour l'autre, une autographe.

Du moment que le demandeur est content. Pourquoi pas?

Tu avais une autre mission que celle du père. Celle-ci, il ne fallait surtout pas la perpétuer pour correspondre à l'idéal parental. Chacun son "truc", "non peut-être", comme on dit chez nous, pour dire plus pompeusement "Oui, assurément".

Être terrorisé "pour le bien" tout en adorant son bourreau. Quel courage quand c'est un investissement à fonds perdus. La droiture a de ses complexes de supériorité inadmissibles.

Réussir ses études et réussir sa vie sont parfois des artifices de mauvais calculs.

A la fin de la vie de ton père, le revirement s'est produit. Il a remarqué que son fils faisait le même métier de "consulter", mais cela n'efface jamais les années perdues à se comparer.

Le titre de ton livre, qui a été une de ses réflexions sur toi, a dû te torturer jusqu'à la moelle. Chape de plomb pour un jeune qui n'a pas les bonnes clés de la réussite en poche pour une société qui ne connaît que le rendement. Une valise vide en carton et un sentiment d'échec en porte bagage n'encouragent pas le premier venu.

Mais, tu t'es mis en campagne. L'amitié, tu l'as trouvée ailleurs avec une selle de vélo entre les jambes ou dans le fauteuil familial ou public qui se voulait le plus rouge possible. Là, tu étais dans l'élément de base pour te former un prénom. La politique et la médecine définitivement au placard bien fermé ou survolée par un de tes invités.

Troisième truc. Tu regardes et cherches à comprendre les autres. Tati t'en avait donné le conseil. Tout le monde a ses faiblesses. Ton frère, si parfait, que tu admirais, en avait aussi. Une "angoisse du juif survivant" et une santé fragile, écrivais-tu, et cela à opposer à un bagage intellectuel déficient.

Équilibre qui se retrouve par la force des caractères de chaque côté de la balance.

Un téléviseur avec "Sport dimanche" dans la lucarne fut sur ton premier plateau dans la balance.

Depuis, l'échec, tu voulais l'écraser à jamais. N'être bon à rien et même au besoin bon pour tout, sans rien. Comme début, c'était pas mal, si pas osé.

Connaître son sujet à fond, mettre le paquet, vont être tes soucis majeurs avec un stress et l'angoisse perpétuelle de l'échec au ventre. Chercher les appuis chez les mieux nantis par la nature, les plus vieux pour commencer, observer et observer encore, toi, la "mascotte des stars".

Voilà que tu te prendrais pour Asterix pour moins que ça? Non, pas vraiment. Zitrone, l'Obelix, lui était tombé dans la soupe des miracles et t'as mené sur les chemins de l'espoir.

Qui tient toujours le coup le plus longtemps dans ces jeux-là?

Si ce n'est celui qui se remet en question tous les jours avec la vie en instruction permanente et toujours le trac. Quatrième truc.

Être cancre, la belle affaire. Avec la volonté, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et tant de bons de stress constructifs dans la suite, car on s'emm... dans les hautes sphères.

Avec le prénom de "Simone", tu trembles par réflexe pour l'interview.

Cela rappelle trop des noms comme "Veil", "de Beauvoir", "Signoret".

Les "Champs Elysées", les "Tenue de Soirée", les "Vivement Dimanche" défilent dès lors avec Anne Roumanoff, Nicolas Canteloup, comme point d'orgue de l'humour, on adore.

Philippe Geluck a quitté et passé la voix à la gente féminine. Ne sommes-nous pas à l'heure de la femme? 

Qui n'est pas encore passé sur ton divan? J'ai cherché...

J'ai trouvé : le Pape. Le rouge était pourtant déjà mis.

En attendant, les studios de la rue Cognac-Jay, que j'avais cru pouvoir écrire "Cognac G" en y voyant un autre de tes trucs, est devenu ta planque souvent Noël et Nouvelle année comprises.

Oui, "Tu es là pour longtemps", comme quelqu'un te le disait et au diable les "Cassandre".

Le 15 mars, sur la Grand-Place de ma ville de Bruxelles, se tiendra, un nouveau "Tenue de Soirée".

Un bon moment pour écrire ce billet. 2000 personnes s'étaient inscrit pour y participer. 150 seulement ont été tirés au sort.

Tout le monde sur son 31, donc, surtout que TV5Monde était de la partie.

Avec comme invités belges, par ordre alphabétique: Adamo, Arno, Bertrand, CordyGeluckLotti, Maurane, Poelvoorde, RedSttellla, Vallée, Vandam... 

Tu ne faisais que répéter qu'elle était belle, notre Grand Place.

Merci pour la pub.

La Grand-Place a pourtant raté le coche pour l'occasion. Quelques maisons se retrouvent en restauration: maison des Brasseurs et du Cygne.

Il faudra revenir quand tout sera restauré.

En me rendant sur ce haut lieu du tourisme, un peu avant, je me disais que cela tombait mal. Pas question d'aller passer quelques moments de détentes dans la haute cuisine du Cygne. Les premiers contacts de l'émission avaient été pris dès le mois de juin de l'année dernière et ceci expliquait cela.

Quelle aubaine pour Bruxelles pour avoir installé ces tréteaux dans ce cadre prestigieux.

Dans une ville française, à ce moment-là, il y avait la digestion des résultats des élections Municipales en parallèle.

Celui que la France et la Belgique se partagent depuis si longtemps sur l'antenne publique, se devait, un jour, de passer par ici, c'est sûr.

Michel Drucker, comme le dit Wikipedia, est âgé aujourd'hui de 65 ans et travaille sur le "poste" de France2.

De nombreuses interviews avaient annoncé la couleur du bouquin.

Décrocher, tu n'y penses pas. Bien. J'ai essayé d'en comprendre les trucs.

Les téléspectateurs n'ont qu'à bien se tenir en tenue de soirée ou en col roulé.

Prends les risques et les succès, tels quels, en nous faisant découvrir de jeunes tiges aux côtés des plus vieilles.

Tu auras toujours du monde au balcon.

Même si Faustine pourrait me contredire. Claude Serillon, j'adore l'accompagner dans ses fous-rires, Jean-Pierre Coffe dans sa popote et ses métiers d'art.

Vive, l'humour, l'ambiance "cool" de "Vivement Dimanche prochain", car il n'y a que cela qui fait vivre et durer.

Aujourd'hui, l'humour n'est plus de mise. Il faut rester sérieux. 

A bas, le jeunisme, à tout crin. Les jeunes n'aiment pas les dinos qui réussissent sans diplômes, car ils n'y parviennent plus de ce côté de l'Atlantique.

Il suffit de lire les commentaires qui traînent sur Internet pour y trouver l'hostilité.

J'avais seulement envie de contredire Anne Roumanoff.

Cette fois, je dis tout.

Et le grand jour vint, en voici quelques photos du matin et d'après.

L'enfoiré, 

2 janvier 2009: Itinéraire d'un enfant de la télé Après 45 ans de carrière, Michel Drucker a atteint le statut de monument audiovisuel. Dans ce documentaire, l'animateur évoque ses souvenirs, ses projets et ses interrogations. Quelle part de valeurs, de stratégies, de désirs narcissiques et d'élan vital ont constitué sa méthode de travail ? Est-il le gendre idéal qui a vieilli avec son public ? Quel lien entretient-il avec son image qui, contrairement à la vie, semble inaltérable ? Y a-t-il une faille, un non-dit dans ce monument ? A l'aide d'images d'archives, de témoignages et d'interviews, Michel Drucker et ceux qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière et de sa vie privée, répondent à ces questions.

16 janvier 2011 Voici une occasion nouvelle de présenter le personnage.
Après ce qu'on a appris récemment avec l'affaire Calixthe Beyala, ce 16 janvier, Jamel Debbouze et son comparse Gad Elmaleh l'ont présenté à l'humour qu'on leur connait. (vidéo à attendre)

Novembre 2012: le film "Qu'est-ce qu'on va faire de toi" d'après son livre passait sur notre antenne.

Juillet 2018:

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10/4/2024 :: Rappel des années 82-85 "Il était "Une fois Champs-Elysées"

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