Ca brûle... (25/10/2005)

Une journée porte ouverte chez les pompiers du SIAMU, ce 2 octobre

S'il existe un domaine d'activité qui évolue catastrophe après catastrophe, il s'agit bien de la profession de pompier pour lesquels j'ai une admiration sans borne.

Pour notre sécurité et notre confort, pour réparer nos imprudences, ils sont prêts par idéal à risquer leur propre vie. Les missions qui leur sont allouées s'étendent de plus en plus bien au-delà de l'extinction des feux.  C'est dire si leurs connaissances, leurs expertises multiples doivent s'étendre dans des domaines tout à fait insoupçonnés.

La route nécessite leurs interventions dans beaucoup de cas pour désincarcérer les victimes d'accident de leur voiture et il faut avoir le cœur bien accroché face au spectacle de désastres corporels que cette route nous condamne à découvrir.  Quand un accident de la route implique un camion transportant des produits dangereux, la reconnaissance rapide et précise du code d'identification du contenant sur la plaque du camion ne doit pas leur échapper pour réagir d'une manière adéquate.

Les incendies dans les endroits les moins accessibles ne peuvent les laisser perplexes bien longtemps. Chaque minute compte. L'appréciation de la situation dans ces termes ne peut que recourir à une expérience à toute épreuve. Dans le sud, les feux de forêts sont devenus de grands classiques de nos étés où la banalisation des canicules est devenue un fait avéré.

A l'opposé des incendies, l'eau apporte aussi son lot de situations désastreuses par les inondations dans lesquelles ils sont appelés à intervenir. Aider à vider les caves, sauver les victimes de la noyade, protéger les berges des flots, tout cela entre dans leurs attributions dans ces périodes de détresse intense. 

Le désastre que le gaz peut créer, nous en avons un souvenir très frais dans la mémoire avec l'explosion à Ghislenghien le 30 juillet 2004. Quinze personnes dont beaucoup de pompiers y ont laissé la vie à la suite d'une erreur d'appréciation de l'ampleur d'une fuite de canalisation importante provoquée par un mauvais cadastre du lieu de sa présence sous terre et des travaux l'ayant entamée.

Toulouse également ne s'est toujours pas remise du choc de l'explosion de l'usine d'engrais jusqu'ici toujours inexpliquée depuis le 21 septembre 2001. 29 morts et plusieurs centaines de blessés, 10.000 logements sinistrés.

L'impact du 11 septembre 2001 devant l'ampleur inattendue et incontrôlable a été tellement important dans leur rangs que 343 d'entre eux y arrêtèrent leurs actions héroïques.

Surveiller et contrôler la mise en place de législation sécuritaire est également une de leur tâche. Le terrorisme, un des maux de notre temps, a ajouté un accroissement des risques encourus.

La protection des biens publics ayant une valeur inestimable, les risques industriels, l'aide adéquate à l'aéroport en cas de difficulté d'atterrissage sont aussi de leur ressort. Les dangers occasionnés par un essaim d'abeilles ou de guêpes sont neutralisés par leurs soins... 

Vraiment, le numéro d'urgence n'arrêtera jamais de sonner pour demander les secours les plus inattendus.

"Show must go on", après les désastres humains, les larmes sincères, c'est souvent la continuation imperturbable.

Or, ce métier attire encore les vocations malgré les risques. Bizarrement, en Belgique, il existe dans leurs rangs 12.500 pompiers volontaires qui ont une autre activité professionnelle sur la totalité du staff de 17.500 personnes. Curieux un tel rapport de force, non? Existe-t-il d'autres professions ayant si peu de professionnels à part entière?  N'y aura-t-il  pas un problème de disponibilité sous-jacent tôt ou tard? 

Immédiatement après chaque catastrophe, de nouvelles résolutions, de nouvelles règles de sécurité apaisent, du moins dans les paroles et calment les esprits. Ces résolutions verbales aboutissent-elles par l'intervention des politiques pour adresser de nouvelles réformes  à nos habitudes, par la suite? Dans les apparences, peut-être oui. Mais, comme toujours, le destin a toujours une longueur d'avance ne fut-ce que par l'ampleur de son action illimitée et imprévisible. Les inculpations à la suite de la catastrophe de Ghislenghien à la suite de ces erreurs de jugement, les manquements à tous niveaux perdant le bénéfice de la période entre la découverte du problème et les inculpations ne vont pas tarder à tomber une année après l'explosion. La justice va jouer son rôle et espérons que des résultats productifs et correctifs de la sécurité seront à l'arrivée.   

La polémique s'enfle, à propos de la réforme des services de pompiers. La fédération francophone des sapeurs, interlocuteur officiel du ministère de l'Intérieur, et l'intercommunale liégeoise d'incendie n'en finissent plus de s'invectiver. Le torchon brûle. Parlerait-on de corde dans une maison de pendu? Mais il ne faut pas oublier que l'enjeu de cette réforme est, quand même, la sécurité des personnes et des biens.

Affronter les grandes catastrophes à venir demeure l'épée de Damoclès au dessus de la tête des pompiers. Y réussir n'est pas assuré ni une affaire coup de dés, mais de moyens suffisamment programmés d'année en année. Certains affirment le contraire mais se trompent généralement. La question à se poser au vu de l'expérience récente des Londoniens est certainement d'évaluer la chance de s'en sortir mieux ou tout aussi bien face à des événements multiples survenant au même moment.  Pouvoir l'assumer avec efficacité est le début de la Sécurité.

Bien qu'en Belgique nous sommes le plus souvent protégés des caprices de Dame Nature, on ne pourrait pas rester de marbre en pensant à la vague du Tsunami qui viendrait lécher les flancs de la colline Altitude 100 bruxelloise. Pas de panique cependant, il faut raison garder. Mais, faudra-t-il toujours attendre la catastrophe suivante pour passer à l'échelon suivant de la sécurité? Oui, ça brûle, de prendre les bonnes décisions.

C'est fou de constater le succès des portes blindées, des alarmes les plus sophistiquées quand un particulier se retrouve dévalisé dans sa maison, celle-ci qui s'en retrouve ensuite bien protégée après coup et cela pour beaucoup moins de biens précieux restant à protéger.

Le chimique, le nucléaire apporteront probablement la catastrophe de demain car l'étude des risques pris un à un a toujours été bien faite mais quand il s'agit de les combiner dans toutes les possibilités statistiques, cela dépasse largement toutes les idées d'un esprit inventif.  Le phénomène Seveso est bien connu, mais les réglementations datent de plus de quarante ans. La formation demande de plus en plus de présence dans les cours et de remise en question.

Au vu du coût économique à pourvoir pour remédier à une situation d'insécurité, l'élan s'émousse très souvent avec le temps et des demi-mesures de compromis, de meilleur prix-performance sont mises en place.  Obtenir le matériel et le personnel nécessaire, réorganiser les effectifs en suffisance est devenu un combat perpétuel de l'action pour arriver à surmonter au mieux l'adversité. Une intervention dans les premières minutes qui suivent l'événement catastrophique apporte souvent une chance accrue de succès.  Sommes-nous prêt à la saisir dans les temps? Poser la question, c'est y répondre souvent par la négative. Les stations de pompiers sont-elles réparties de manière uniforme à proximité équivalente dans toutes les parties du pays? La norme demandée est de commencer une intervention après seulement douze minutes maximum après l'appel aux pompiers. Cela sous-entend une proximité des casernes de pompiers équivalente pour tous les endroits de Belgique. Les grandes villes sont mieux loties, mais les plus petites? L'ampleur d'un désastre n'a pas toujours une commune mesure avec le nombre d'habitants qui pourrait l'entourer.  Le nuage radioactif de Tchernobyl ne s'est pas arrêté au cercle restreint de la centrale mais s'est étendue à l'Europe entière.   

0.jpgUne concertation entre les pays pour déterminer les meilleures initiatives à prendre dans les circonstances les plus diverses est certes une obligation majeure d'efficacité. La commission Paulus a permis ce rapprochement et les manières de travailler rationnelles et opérationnelles ont pu se comparer et  des conclusions ont pu se tirer qui allaient dans le sens de la réforme.  

Les services de sécurité et de protection civile obtiennent une dotation de l'Etat de 75 millions d'euro pour notre petit pays alors que la police fédérale en détient 475 millions.  Refinancer pour équilibrer un peu les deux ne devrait-il pas être mis à l'ordre du jour?  Réformer, les autorités communales sont d'accord mais sans coût supplémentaire. La quadrature du cercle?

Les responsabilités sont toujours également acceptées et prises en charges haut les coeurs, mais, après les catastrophes, il y a rarement du monde au balcon pour les assumer !      

Comme je l'écrivais précédemment dans un commentaire qui rendait hommage aux "Don Quichotte" :

Si un jour, vous rencontrez ce genre d'Homme, que sont les pompiers, qui se dépense sans compter, ces fous des autres Hommes (ça changera des fous de Dieu) , surtout, prenez en la sève dans vos deux mains, serrez la très fort, car cette semence-là pourra apporter un futur meilleur à ce monde.

 

L'enfoiré

 

Marc Gilbert, président de la Fédération royale des corps de sapeurs-pompiers du sud de la Belgique interrogé ce 28 septembre à la radio RTBF a pu nous ouvrir les yeux.     

 

Citations :

 

Images de cette journée porte ouverte du 2 octobre 2005

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