Pour vivre heureux... (08/05/2009)

... vivons caché. Et c'est de plus en plus vrai. Périodiquement, nous avons des alertes, des crises qui se suivent et ne se ressemblent pas. Elles se complètent ou s'effacent pour laisser place à une comparse plus actuelle, plus originale. La santé s'est invitée. Un virus peut en cacher un autre.

Le Mexique annonce la fin de l'épidémie de grippe A. Il faut dire qu'après quinze jours de psychose et 44 morts à son actif et plus de deux milliers de personnes dans 23 pays, touchées dans le monde, on en entend un peu moins parler dans la presse. Tout passe, tout lasse. Même si les virus aiment toujours voyager avec leurs hôtes, ceux-ci ont trouvé une parade à leurs petits moments de crises toujours dans le souvenir des populations. On tousse en prenant peur et on ne pense plus au passé. De ce côté, c'est passé et cela a cassé, voilà tout.

Pour vivre heureux Pandémie.jpgLe virus, que l'on l'appelait, d'ailleurs erronément au départ de grippe porcine, se transmet comme un "banal" virus grippal. Il a quitté le porc, remarquait-on dans la presse. Quittera-t-il l'humanité souffrante ? Grippe mexicaine ou américaine, on ne sait plus trop bien comment la nommer. Quelle importance, d'ailleurs.

Nouvelle "arme de destruction massive" ?

Est-ce aller jusque-là ?

Le porc a un génome très similaire à celui de l'homme. Cela lui a coûté d'être souvent le cobaye des expériences de l'homme à cette gentille bête qui mange tout ce qu'on lui donne.

En Egypte, les autorités se sont mises en tête d'éradiquer les porcs et de régler le compte de cet animal considéré comme impur. Si la communauté internationale s'en est émue, les coptes chrétiens, les chiffonniers du Caire, qui en vivent, s'en offusquent et se rebellent à juste titre. Pas vite impressionné par les problèmes de la biodiversité pour le moins...

Le gentil cochon rose fournit pourtant de la viande, la plus consommée dans le monde et pourrait être un animal de compagnie bien propre si les conditions le lui permettaient. Symbole de l'hypocrisie, de perversité avec son sabot fendu, lui ? Il ne faut pas pousser et croire n'importe quoi.

Le A/H1N1 se propage d'homme à homme comme le virus de la grippe espagnole qui, elle, a fait de 40.000 à 100.000 morts en 1918. Ce souvenir fait peur. Analogie trop évidente, principe de précaution ajusté aux risques réels ? L'histoire a progressé et les antiviraux n'existaient pas en 1918. Le virus de la grippe saisonnière est latent depuis les années 70 et peut évoluer en permanence. Il tue tous les ans, sans attendre la version A. Bientôt, surement, le phénotype ?

L'OMS relevait pour le virus A et s'y tient au niveau "5" de dangerosité, l'avant dernier, qui, lui, confirmerait la "pandémie". Selon une estimation, un tiers de la population d'humains contaminés en cas de pandémie, dit le numéro deux de l'OMS, le Dr Keiji Fukuda. Soit 2.259.655.853 humains touchés après un petit calcul. Excusez du peu. En voilà un qui s'assure un futur sans rassurer !

L'OMS ignore la gravité réelle du virus et c'est l'ignorance qui est prépondérante dans les réactions. Savoir à quel niveau nous en sommes protégés, est une énigme après mutation, voilà le problème qui énerve.

Il est moins pathogène, moins virulent, pourtant. Qualifié par ses 8 segments avec des souches d'influenza porcin, humain et aviaire recombinées génétiquement. Le système immunitaire devrait le reconnaître. Les médecins le font au niveau des protéines de surface.

Pour vivre heureux Masques.jpgLe Tamiflu est proposé comme médicament, un peu "passe-partout". Le virus, mutant, il faut en identifier la souche de manière plus précise pour l'adapter avec plus d'efficacité et en faire un vaccin. Mais il ne faut pas exagérer le problème actuellement.

Dès le début, ont commencé les journées du masque, au Mexique. L'utilité de ce masque n'est pas totale, selon les virologues, si ce n'est en milieu hospitalier. Réflexe conditionné et instinctif, plutôt. Les microbes se transmettent dans l'air.

L'attention s'est relâchée depuis. La vie doit continuer et les magasins, les écoles, le foot, rouvrent leurs portes à Mexico, le mercredi 6.

Les voyages vers le Mexique continuaient. On déconseille d'y aller mais on ne force pas à rester dans le pays. Ce n'est que le retour qui peut être plus problématique. La mondialisation, elle, a fait circuler ses "fanatiques" par paquets. Les virus les accompagnent dans leurs voyages. Pour ceux-ci, c'est donc aussi gagner de la jeunesse, alors ils s'éparpillent en hôtes combattants et conciliants.

A Mexico, les affaires, on veut qu'elles continuent comme si de rien n'était. On garde ses distances, mais on veut travailler. Pour se rassurer, ce sera une septaine en quarantaine.0.PNG

En avion, on ne se bouscule plus. On se maquille pour agrémenter les couleurs du masque. On rapatrie.

L'impact sur les économies déjà mal menées n'est pas nul. Cette semi-pandémie a créé la psychose en Bourse. La Pharma est devenue le chouchou tandis que le transport et les loisirs se retrouvent dans les rejets des actionnaires. Les réflexes protectionnistes se réveillent. Le potentiel d'affaires, les plus juteuses, est toujours au programme. On se rappelle qu'après le SRAS en 2003, le coût de la grippe aviaire, en 2005, avait été estimé, par notre Banque nationale belge, à un demi-milliard de dollars. Un joli coup, très tentant à reproduire ?

Plus de compagnie rapprochée sans précaution. Restons couverts, restons cachés. Le préservatif doit seulement changer de fonctionnalité et de localisation pour cacher, cette fois, le visage. Plus d'amour sans protection, hier, plus de baisers, plus de bises sans protection, aujourd'hui. Le sécuritaire a été institutionnalisé, transféré du politique aux entreprises et enfin, à la santé.

A-t-on fait le tour du problème de la sécurité à tout crin ? Celui-ci a modifié même les codes du savoir-vivre et pas uniquement dans le domaine de la santé.

La comparaison entre les produits toxiques ou composites, issus des subprimes et des prions de la vache folle provenant de l’alimentation animale des ruminants, révélait des ressemblances dans les modes de contagion et dans l’infestation. Il y a toujours des trucs, qu’on n’aurait normalement pas dû y trouver. "Un peu de tout", comme on dirait chez nous, qui fait gagner certains et perdre d'autres.

Prudence mais pas de panique, est le mot d'ordre. On compte et on dénombre les suspects et les morts à notre place. Bénédiction, grippe opportune et prévisible ou une nième sermon de l'apocalypse qui sera récupéré en grain à moudre par les instances responsables en réponse aux péchés véniels ?

Comme disait, à l'américaine, Jean-Claude Vandamme, "You have to be aware" donc loin de la quarantaine de l'information, mais impliqué pour le virus. Alors, on suit à la loupe, en direct, l'"affaire". On passe de phase en phase, d'alerte orange à rouge comme pour la météo. Les vacances approchent. La fréquence des voyages va s'accélérer. Y aura-t-il de ces micro passagers clandestins dans leurs bagages ? Être attentif pendant sept jours après un retour d'une zone à risque. Pour réveiller la "bête", dit-on. Partie remise ?

Pour ne pas effrayer, pour que les affaires en temps de crise ne s'arrêtent pas, que ne ferait-on pas.

En Belgique, jusqu'à nouvel ordre, pas de cas avérés, c'est la vigilance sans inquiétude. Mais elle avance de proche en proche. En France parait-il, ce ne serait pas aussi clair, mais les premiers cas sont là et les Français réclament du Tamiflu. Une pénurie de plus... 

Vingt pays sont touchés. Des statistiques, pour tout expliquer, se construisent. Cela donnera des déductions plus ou moins valables et "la situation d'urgence en matière de santé publique est jusqu'à présent limitée au continent américain", comme disait José Manuel Barroso le 27 avril.

Dans les premières heures, l'invité de la Première radio belge, Patrick Gobeau, virologue expert de l'UCL, rassurait mais dans une certaine danse Echternach. "Plus virulent que le H5N1 de la grippe aviaire, mais moins terrible dans ces agressions et moins difficile à produire. Sensible aux antiviraux, tel le Tamiflu, en pilules et au Renenza, par puf, à la rescousse si besoin... Le vaccin ne semblerait même pas difficile à produire", affirma-t-il.

Un peu de philosophie fournie par Paul Hermant, journaliste humaniste de chez nous, pour changer le fusil d'épaule :

"Cent morts à deux mille kilomètres intéresseront toujours moins qu'un mort dans la rue d'à côté. On appelle cela, le « mort kilométrique ». C'est une façon peu chrétienne de dire que notre lointain n'est pas notre prochain. Hé bien, je vous annonce que le mort kilométrique est à porter au nombre des victimes de la grippe porcine, mexicaine, A HIN1, quelque nom qu'on lui donne ou qu'elle porte… Car nous sommes aujourd'hui attentifs comme jamais à cette dame décédée au Texas comme nous le sommes aux 30 autres morts, tous mexicains, 31 morts donc au total depuis ce matin, et que pensons-nous alors des 44 Kurdes abattus d'un coup lors d'une vendetta, qui est aussi une sorte de virus que l'on se refile de génération en génération, il vous faudra relire Colomba, vous savez bien, Prosper Mérimée, ou aller faire un tout du côté du kanun albanais, si vous voulez en savoir plus. Mais enfin, voilà bien 31 personnes qui nous soucient, qui nous ont soucié, qui nous soucieront, comme peu et jamais. Notre planète tient désormais compte de l'infinitésimal, du statistiquement dispensable, de notre portion congrue d'humanité, de gens anonymes et peu nombreux, et c'est une bonne, une excellente nouvelle. Car voilà peut-être le moment de porter notre regard vers le « vivant millimétrique », je veux dire, notre voisin, notre riverain, notre entourage, notre sdf, notre sans papier, que sais-je, enfin bref, exactement les personnes que nous tenons ordinairement pour portion congrue, gens anonymes et statistiquement dispensables. Mais voilà, nous ne voyons pourtant pas ce qui nous est proche, nous n'apercevons pas ce qui nous vient, ce qui nous tombe sur la tête n'a aucune sorte de nom. Et comment faire alors quand ce qui nous arrive est Avigdor Lieberman, le plus que controversé ministre des Affaires étrangères d'Israël, qui était hier notre prochain, 300 kilomètres tout au plus, à l'Elysée, à Paris, où il rencontra Claude Guéant, le même qui la veille entendait sanctionner le plus que discutable Dieudonné. Entre celui que l'on veut interdire et celui que l'on reçoit, on se demande effectivement de quoi tout cela est le nom. Et si ces gens, effectivement, nous sont kilométriques ou millimétriques. « Avec les événements et les gens, il faut trouver la bonne distance, c'est-à-dire la bonne proximité »".

Décidément, rien ne nous épargne, même pas la philosophie.0.PNG

Revenons, une dernière fois, aux virus par la science, dans leurs généralités.

"Les "virus" modifient activement la génétique des espèces par la force motrice de l'évolution. Incroyablement nombreux, ils sont des entités biologiques parasites qui nécessitent des cellules hôtes dont ils utilisent les constituants pour se multiplier. Leur vitesse de reproduction joue le plus grand rôle dans sa survie. 0.PNGTrop rapide, ils tuent leur hôte avant sa reproduction. Tout est une question de performance de propagation. Le virus du Sida, tueur lent, prend son temps et dépasse en performance ses congénères par la patience. L'Ebola, lui, est un rapide et a moins d'occasions de se reproduire."

Tous deux ratent, donc, le coche de leur salut de profiteurs inoffensifs de ses hôtes car ils le tuent à plus ou moins longue échéance. Curieux ce processus suicidaire ?

0.PNGPas plus performant chez les extrêmement petits que les plus grands. "Plus un virus circule mieux, mieux il s'adapte et mieux il s'adapte moins il est pathogène parce que c'est plus intéressant pour le virus dans sa reproduction" ajoutait le virologue. Il y aurait plus de 100 millions de sortes de virus. Profusion de techniques de combat.

Les antibiotiques imitent, d'ailleurs, des éléments naturels qui ont développé des bactéries du sol contre leurs assaillants mais menacent de se retrouver sous une forme modifiée dans la nature.0.PNG Les bactéries ont leurs propres virus, les bactériophages. Les virus sont agressés par leurs virophages qui les parasitent. L'évolution entre en jeu. Plus surprenant, en effet, devenir malade par des parasites faciliterait le renouvellement génétique des espèces. Celles-ci doivent donc se modifier sans perdre de temps pour gagner de vitesse ses hôtes parasitaires. Complexifier les cellules et les gènes pour simplement garder une chance de subsister.

0.PNGLa biologie évolutive pense même que le risque d'infection stimule l'activité et faciliterait le renouvellement génétique des espèces. Lutte intestine pour avoir une longueur d'avance donc sur ses propres parasites. "Dieu est un virus", lance-t-on parfois péremptoirement dans une certaine presse.

On ne doit pas s'amuser tous les jours sur le mont Olympe des dieux. Peut-être trouverais-je la réponse dans le nouveau Bernard Werber, "Le mystère des dieux"? Lui qui parle des fourmis, en général.

- "Mais on parle de virus, pas de fourmis pensantes, Enfoiré.

Par ici, donc. Redescendons sur terre. Qui des deux, des virus ou des hommes se cacheront, masqués, à chanter le plus fort cette chanson d'Alain Souchon, "Ecoutez d'où ma peine vient".

0.PNGLa morale de l'histoire pourrait bien être "A vos couettes". Si, en avril, il ne fallait pas se découvrir d'un fil, en mai, faire ce qu'il nous plait, reste-t-il toujours au programme ? Depuis, le prion, les vaches sont bien gardées. Depuis le Virus A, prénommé H1N1, les cochons le seront aussi. Vite une tune dans le cochonnet.

Ensuite, à chacun sa virtualité et sa vérité, derrière son clavier, en ayant pris soin de se laver les petits doigts et de nettoyer les touches avant de commencer. "Wait and see" avant de passer à la vitesse supérieure.

 

L'enfoiré,

 

 Sur Agoravox, des commentaires heureux ou malheureux?

Mise à jour 3 juin 2009: La grippe touche tous les continents.

Mise à jour 20 octobre 2009: Les vaccins sont là. Ils ont été commandés par les Etats au rythme de 80% de la population, sans se demander si elle voulait se faire vacciner. Plus peur du vaccin que de la maladie elle même?

ARTE parlait d'un vaccin qui fait débat en ces termes:

Réalisé par : Jutta Pinzler

Depuis que la grippe A a été déclarée pandémie mondiale par l'OMS, les gouvernements du monde entier se sont lancés dans des achats massifs de médicaments et de vaccins. La dépense est-elle en rapport avec la menace réelle ? Wolfgang Becker-Büser, ancien directeur du service chargé de la circulation des médicaments à l'Office pour la santé de la République fédérale d'Allemagne, soulève la question des intérêts commerciaux en jeu. Si des critiques s'inquiètent de l'efficacité du Tamiflu et des vaccins, d'autres s'interrogent sur leur nocivité. Plus généralement, certains estiment que le virus H1N1 vient à point nommé pour les hommes politiques de tous les continents.

 

Mise à jour 21/11/2009: Mutation du virus en Norvège

 

Citations:

 

 

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