L'égo de la communication (12/08/2011)

0.jpgJ'aurais pu appeler ce billet "Le sexe mène le monde". L'amour, et les fantasmes des dirigeants les plus divers intéressent toujours. Font-ils rêver? Est-ce le meilleur moyen de communiquer? L'affaire DSK monopolise les médias par séquences successives. Les médias le feraient-ils, s'ils n'y trouvaient pas un avantage. L'égo des CEO en remettent une couche, mais là, cela ne marche pas vraiment. En cause, un autre public.

Arnaud Lagardère" en s'exhibant au bras de sa nouvelle dulcinée, Jade Foret a créé un buzz du tonnerre, mais un buzz contre productif. Les humoristes de tous bords ont ajouté, le ridicule à ce fil providentiel pour eux.

Une conclusion? Dans la cour de la grande finance, il ne faut plus pousser le vice jusqu'à parler de sa vie privée en ces temps de crises. C'est dépassé.

Les midinettes ne sont plus présentes et on risque, dès lors, très gros. Internet est passé par là. La hargne et la haine de tout ce qui vient d'en haut, face à la situation de précarité vécue, aussi. Il ne faut pas confondre avec le showbiz.

La France aime les belles Premières Dames quand tout va bien. Cela aurait pu marcher, de ce côté dans d'autres hautes sphères. Mais, nous ne sommes pas ni chez les Premières Dames et tellement de choses mettent des bâtons dans les roues pour conter fleurette. Sarkozy, au départ avait réconforté Lagardaire. Voyant que Lagardère se faisait "chahuter" sur les forums, il changeait de cap en disant "Arnaud est vraiment idiot de s'être livré à cette mise-en-scène". 

Que communiquer et comment le faire, quand on est à la tête dans les étoiles et que la situation n'est plus au top de ce qu'on pourrait espérer?

Présenter son égo? Faire rêver, c'est dur. Laver plus blanc que blanc dans une lessive de chiffres?

1.jpg"L'égo des CEO?", était le titre de l'article qui en parlait, ce jour-là.

L'ère "people", "bling-bling" avait plu dans toutes les lignes de l'égo. C'est un peu râpé. L'intérêt dépend toujours de l'auditoire, des spectateurs et des lecteurs. Les "fleurs bleues" nagent aussi dans les "petits chiffres" et en suffoquent d'indignation.

L'économie ne pousse pas dans les magazines "Nous deux", "France dimanche", "Closer", "Oops" qui présentaient Amy Winehouse dans leurs dernières couvertures, si ce n'est que pour faire une pause et penser à autre chose. Attention, aux suites car, même, alors, c'est encore le pognon qui en ressort.

L'émotion se heurte à la raison, en dur. Rester cohérent, responsable, partie prenante, participative, c'est autre chose. Dans une société privée, on partage son affaire avec ses actionnaires, ses clients ou fournisseurs et son personnel, en fait, tous ses créditeurs. Le bonheur du patron n'est pas transposable dans un esprit d'équipe. 0.jpg

Pour les marchés, les CEO se doivent de connaître une stratégie de la communication plus raide. S'empêcher de mentir. Dissocier sa vie privée de sa vie publique pour correspondre à ce pourquoi, il est payé, sans biaiser ses messages.

Si le sexe mène le monde, c'était probablement pour une raison physiologique et parce qu'on est le plus proche parent du bonobo. Amusant, on vient d'en découvrir le plus intelligent du monde, par chez nous.

0.jpgOn se rappelle des frasques de Bill Clinton-Monica. Les dernières confidences que Jackie Kenedy a concocté pour après sa mort, vont nous donner quelques idées supplémentaires en automne, puisque la publication a été autorisée par la fille.

L'affaire DSK continue, aussi, à montrer les deux courants de pensée. Et on trouve des fans de l'un ou de l'autre. Cela meuble le temps et remplit les journaux. Les lecteurs aiment les choses croustillantes.

Dans la semaine, l'émission de télé, "Secrets d'Histoires" présentait le séducteur François 1er qui a éveillé la Renaissance par son côté artiste. Sa séduction a été son arme de communication. Il aurait été en ligne ou en décalage avec ces flux aujourd'hui.

Communiquer, c'est toujours chercher à séduire. Frimer avec ses seuls frasques et des symboles qui ne touchent plus, devient le point de surchauffe.

Les religions n'ont jamais fait bon ménage avec le sexe. Elles parlent d'amour mais pas de sexe. Celui-ci est un concurrent qui ne dit pas son nom. 

Dans d'autres milieux, cela dépend de la culture. De toutes manières, la séduction par la voie du sexe, ne rassure plus face aux chiffres et aux lettres de la communication. Plus d'improvisation dans la communication. Il s'agit de séduire par des appâts vérifiables.0.jpg

Les anglo-saxons ont l'habitude de donner le panel complet de leurs richesses comme référence. Les "aventures" de leur gestion entrent dans le spectre de la communication et choquent les plus latins.

Si le "système"' anglo-saxon est et reste superficiel. Il a le mérite de se vouloir exhaustif, intransigeant. Son pragmatisme va jusqu'à introduire des "profits warning", des avertissements sur les résultats, bons ou mauvais, avant la parution des résultats comptables, quitte à faire chuter le cours d'une action. L'esprit latin essayerait de cacher ce "sein que l'on ne pourrait voir". Le côté noir, c'est qu'il est tellement préparé, trituré, moulé, qu'il prend des relents de propagande dans un "package" avec un nœud coulant qui entoure le tout sans pouvoir rien y ajouter.

En Italie, le "Berlusconisme" s'est maintenu parce que les femmes ne se sont rebellées que très récemment. Intelligemment, Berlusconi mettait en scène sur ses plateaux de télé,  les gens de le rue pour leur permettre d'exprimer leurs fantasmes. Rien n'est anodin (ou devrait ne pas l'être) dans les faits et gestes de n'importe quel dirigeant pour garder la confiance de son public.

Dans la communication, des phrases lancées sans réfléchir, réactives collent aux basques pour plus que les mandats politiques ou commerciaux. Alors, ça passe ou ça casse.

Quand cela casse, la population entre en scène et fait ressentir ses effets.

Les présidents français ont, tous, eu leurs petites phrases caractéristiques. Sarkozy avec son "casse toi, pauv'con" est sorti du politiquement correct, il est descendu dans les sondages. Chirac avec son histoire abracadabrantesque a fait sourire. Chez les Rois, un protocole existe et la réserve reste de mise, obligée dans notre monde qui s'est vu obligé de parler en politiquement correct. Pas d'improvisation dans le monde des "Hauts de Hurlevent". La communication officielle se doit d'être préparée et parfois, humoristique.

0.jpgDans le bas, déraper, commettre une erreur de jugement est naturel et quelquefois, souhaitable. Le reconnaître et corriger le dérapage est une bonne attitude ou une bonne latitude. 

Alors, filtrer l'information? Se taire?

Absolument pas. Se taire serait plus grave et laisser la place à la rumeur. Ce serait donc rater le coche. Une phrase m'est toujours restée en mémoire dans un vieux film qui relatait une situation de guerre "Je préférerais dire une connerie, plutôt que regretter d'être pris pour un con en n'ayant pas réagi".

Formater l'information pour qu'elle soit intelligible, claire et la plus complète possible avec les connaissances du moment. La répercuter sans complaisance. Présenter ses convictions, même si elles ne correspondent pas à la majorité du fil porteur, incitateur aux applaudissements, demande un certain courage dans notre monde du "diplomatiquement acceptable". 1.jpg

Avoir une bonne image, c'est être naturel, avoir un peu de charisme sans verser dans l'égocentrisme. Mettre l'émotionnel dans un tiroir ouvert sur demande et pas sur commande.  

Les attitudes, les gestes seront analysés. Ratés, cela devient le business des imitateurs. Il y en a de politiquement corrects et il y en a d'autres qui se mettent vraiment dans la peau de ceux qu'ils imitent, travers compris. Le but est de faire rire, mais pas de corriger le passage de l'information.

Le formalisme de l'information, son "contenant" est important, le contenu l'est encore plus.

De plus en plus, aujourd'hui, quand on n'est pas bon orateur, on passe la main (pardon la parole... quoique...) à des professionnels et on fait appel à des porte-paroles. Tout est, alors, cadenassé ou huilé en fonction du besoin. C'est étudié et payé "pour". Pas question de corriger le discours, il est fermé. Le porte-parole n'est pas "le" responsable du message. Il n'en est plus que son paravent, son intermédiaire, son drapeau. Les critiques seront ainsi déviées dans les arcanes des informations perdues, usées par l'esprit.

De manière humoristique, j'avais expérimenté le "phénomène" de la recherche d'un porte-parole dans un article. Un bon moment de rigolade lors de son écriture.

La communication est tout azimut. Internet s'est aussi intercalé dans la communication et a bouleversé les habitudes en ouvrant les opinions en plus dur. Les journaux ont dû s'y adapter. "La Tribune" vient d'annoncer que le journal abandonne sa version papier. La communication doit s’accélérer et devenir interactive. Facebook passe par tous les moyens techniques disponibles.

1.jpgLe contenu reste sous caution en fonction de son diffuseur. Et il y a des spécialistes, des intellectuels de la chose.

Pascal Boniface parle d'une autre vérité dans son livre "Les intellectuels faussaires". "En France, il y a l'impunité du mensonge. C'est une république du copinage. La connivence alimente le populisme". BHV, Fourest et d'autres sont pris comme l'archétype. "Les intellectuels n'ont pas l'influence dont ils se targuent". Plusieurs éditeurs avaient refusé de publier son livre. Trop sensible.  

Le monde politique, social, économique, académique et associatif allait-il prendre la mouche ou le miel de l'abeille? Le monde d'en bas a aimé. C'est déjà ça.

0.jpg

Dernièrement, je cherchais une fable de La Fontaine. La Fontaine n'a jamais écrit ses fables sans une arrière-pensée philosophique en mêlant les animaux aux hommes. Si ce grand homme a choisi les allégories et le monde animal pour définir les travers de notre monde d'humains, c'est dans le but de ne pas offusquer les oreilles chastes et pouvoir se retrancher derrière le monde des animaux dans ses attaques.    

Dans "Les Frelons et les Mouches à Miel", il mettait en scène une discorde dans la famille des hyménoptères. Elle allait lui servir de prétexte pour donner son avis sur la justice de son époque, de ses soucis, de ses longueurs et de ses traverses. En apanage, on trouvait les procès attachés qui exprimait la supériorité du bon sens sur le formalisme.

Comment conclure?

Le talent n'est pas une chose innée dans la communication. Être bon technicien ou bon patron n'est pas être, nécessairement, bon vendeur.

20090205_Foiré.jpgRupert Murdoch a vécu les pires moments de sa vie quand il a été interrogé sur l'affaire du "Watergate sur Tamise", disait-il.

Dire une vérité fait toujours peur. Cette vérité peut évoluer, se transformer et devenir complètement fausse dans le temps et revenir en boomerang. Donc, prudence.

A part l'ermite, chacun, suivant son éducation et son expérience, devient, à un moment donné, soit dictateur, soit intégriste dans l'opinion de quelqu'un d'autre. Dès lors, il vaudrait mieux que le message transmis de l'un à l'autre, soit le plus "vraisemblable" possible dans l'intérêt des deux. Il y avait parler avec sa tête ou son cœur. Il y a aussi parler avec ses tripes. Risquer d'aller à contre courant. Cela n'est pas gagné d'avance et n'est pas toujours rentable. Mais ce sera l'image de soi-même.

Quant à l'image de la communication, elle ne sera rien si elle ne sera pas accompagnée d'une confirmation dans la gestion d'un véritable contenu.

Une collègue disait de l'enfoiré, du rebelle "Il a toujours la pièce pour mettre au trou.". C'est toujours le même trou mais jamais la même pièce.

On apprend que les meilleurs employés sont toujours un peu ... excentriques. Ouf..

L'art d'avoir toujours raison, comme le disait un rédacteur en rappelant Schopenhauer? La langue de Léon Bloy, le plus féroce des écrivains français qui disait "Je suis forcé de vociférer jusqu'à la fin, étant missionné pour le Témoignage. Nul moyen d'échapper".

Non. Se mettre à la place de l'autre permet un recul sur soi-même pour réduire n'importe quel sectarisme et commencer un débat de fond, même si chacun reste sur ses positions en finale. Un message n'est jamais à prendre ou à laisser, mais toujours à analyser. Poser une question est aussi intervenir de manière judicieuse.

L'abandonner en route, ce serait, quelque part, une lâcheté sans nom.

Dixit: 

L'enfoiré,

 

Citations:

et toutes celles de Léon Bloy

| Lien permanent | Commentaires (13) |  Imprimer