Histoires d'eaux et de rencontres (26/08/2011)

Encore une fois, les vacances sont finies pour la plupart d'entre nous. C'est le moment de faire le bilan. Le bilan est mauvais dans beaucoup de domaines et parfois surprenant.

0.jpgMois des vacances, mois de rencontres? Mois fait pour sortir de ses habitudes, du boulot-métro-dodo et se ressourcer dans l'ordre des choses.

Ce 21 août, les festivités rangeaient leurs derniers artifices. On fermait beaucoup de chose, ce jour-là.

Des fêtes en plein air prévues. Tous les organisateurs de fêtes ont eu beaucoup à faire pour maintenir un peu d'humeur joyeuse. Les jours d'ensoleillement et les événements heureux ont été rares.

On se rappelle encore du Tarata en folie devant le Palais Royal de Bruxelles, mas c'était en juin. Plus de 50.000 personnes s'étaient rassemblés. La police avait été prise de court.

Un mois de juillet avec 20 jours de précipitations et 16°C en moyenne. Un mois d'août qui ne vaut guère mieux jusqu'à présent. Ce 26 août, c'est reparti. Précipitations intenses comme si on se trouvait sous les tropiques. Et le moral en prend un coup.

Rappelez-vous, comptez, peu de verres sur la terrasse, de barbecues dans le jardin, cet été. Les rencontres ne se sont pas vraiment organisées. Un printemps à la sauce "été", suivait par un été automnal. Averses, grêle, bourrasques de vent, orages violents, éclairs, la nuit en plein jour et ... catastrophes, synonymes de caves inondées, d'écoulements de boues, de coupures de courant, d'incendies...

Les "Last Minutes" du mois d'août ont vu leur chiffre d'affaire en augmentation de 8 à 25%.

0.jpgSur place, on tire la gueule et la langue.

Et, ça craint jusqu'à créer une peur viscérale.

En juillet, Brussels les Bains avait aussi avoué un flop, contrairement à l'année passée. On était vraiment dans le bain mais un bain, sans soleil.

Ce 21 août, la Foire du Midi fermait et accusait un succès plus que mitigé.

Le Brussels Summer Festival était organisé depuis dix jours. Bien sûr, il avait fait fuir ceux qui habitent dans les parages et qui ne supportent pas le bruit de rassemblement des jeunes. Mais, une fête, un rassemblement avec de la bonne humeur et de la musique, cela ne se refuse pas.

Un autre à Hasselt, il y a une semaine et ce fut le drame. Le giga-rassemblement du Pukkelpop s'était terminé par un déluge. Une tempête d'une force inouîe avait décidé de briser le destin de cinq jeunes. Pour rendre hommage aux victimes, la population des environs se réunissait dans la douleur, encore hier soir. Aura-t-on tiré les leçons et les risques d'un tel rassemblement de foule? L'imprévisible devenait, tout à coup, prévisible.

L'organisateur des Francofolies prenait Pukkepop comme modèle. 0.jpg

C'est la désolation dans le village de Orp-le-Grand. Les inondations et les boues en ont fait le symbole du désespoir pour une 4ème fois. Ce qui avait fait dire à une fillette qu'elle détestait l'été.

Sur les routes, on imaginerait bien passer aux véhicules amphibies.

Le grand rassemblement des jeunes catholiques, le JMJ, à Madrid, avait été contrarié par un orage magistral, mais, côté positif, un million de jeunes se rassemblait.

0.jpgEn France, ce n'est pas mieux.

De l'autre côté de l'Atlantique, on redoute l'arrivée d'Irène.

Que d'eau, que d'eau! On se noie, un peu partout.

En Belgique, on se dit que cela commence vraiment "à bien faire". On ne sait plus s'il faut sortir son "non peut-être" ou son "oui, sans doute", perdus dans notre inconscient.

Les musées ont eu plus de visiteurs que d'habitude. Ça, c'est sûr.

Le malheur des uns fait ... vous connaissez la suite du dicton. Cette fois, il prenait des allures surprenantes.

Alors, comble de malheur, quelque chose qui disparaissait progressivement dans la passivité, réapparaissait dans le malheur: la solidarité, contrainte et forcée pour résister aux éléments déchaînés. Dans l'adversité, les "étiquettes" se décollent. Un entraide pour nettoyer ou en hommage aux victimes. 0.jpg

Après une trêve de trois semaines, l'autre déluge dans la politique belge reprenait. J'en ai assez parlé pour en rajouter une couche.

Ce 21 août, donc, la météo avait prévenu: alerte orange en perspective. Tôt le matin, un coup de tonnerre pour correspondre aux prédictions. Du jogging vers le centre de la ville comme je le fais souvent. Une chaleur moite à ne pas mettre un coureur dehors. 26°C au compteur. Le soleil entre les nuages en avant-plan et l'humidité en arrière-goût. Un mois avant, je me rappelle encore du dernier 21 juillet, c'était alors la drache nationale.

Cette fois, la rue de la Loi, d'habitude encombrée d'un trafic intense, était déserte avec des poteaux de séparation en son milieu. Exception pour quelle raison? Un cycliste l'affichait sur le dos: promenade cycliste de Cyclovia. Photo de son teeshirt. Nous habitons dans la même commune. Un peu de parlote, cela entretient le moral. Une rencontre du hasard qui, comme chacun sait, fait bien les choses.

Un autre type de rencontre avec mon passé dans mon journal.

Le web fête ses 20 ans et rendait le Net d'application publique. J'apprenais qu'un des co-créateurs était belge: l'ingénieur civil belge tongrois, Robert Cailliau.

En 1989, il avait rencontré Tim Berners-Lee. Ensemble, ils imaginaient de créer une bibliothèque électronique. Relier les documents académiques des ordinateurs.  Le concept "Internet" existait depuis les années 60. Entre 1984 et 1988, seules les universités étaient reliées par Internet. Mais créer un réseau mondial nécessitait des techniques puissantes qui n'existaient pas encore. Le prix de la création n'était pas à la bonne hauteur de l'ambition. Le Web demandait un autre stade d'évolution pour gérer le trafic de l'information même avec des normes et des protocoles d'Internet bien connus. Il fallait y donner accès avec d'autres outils pour éveiller l'attention, comme un explorer, les emails, les chats et bien d'autres choses. Le partage du savoir allait de pair.

Il faisait le bilan de cette entreprise mondiale. Son bilan ne correspondait manifestement  pas à ce que l'on pourrait imaginer. Il regrettait que l'usage du Web se restreigne souvent à discuter avec ces mots: "Il y a d'autres utilités et finalités".

Il ne ménage pas ses mots: "Jadis, il y avait  la carte postale pour les banalités. Le café de commerce permettait les discussions. Internet n'est devenu qu'une sorte de Maxitel avec lequel les gens ne se passionnent pas pour le concept mais se focalisent sur l'opportunité de bavarder avec les autres. Aujourd'hui, c'est l’aberration de Facebook. Le monolithe Facebook attrape-mouches. Les mouches vendent leur âme au diable en espérant que celui-ci ne soit pas trop méchant. On crée une page web en quelques clics et on espère avoir des commentaires en retour, commentaires qui ne dépassent, souvent, qu'une appréciation banale dans la rapidité de l'instant. Le Diable, ce sont les virus, les hackers et les utilisations frauduleuses. Du temps du monde académique, Internet avait une éthique très homogène. Personne ne cherchait à s'infiltrer chez son voisin. Pas d'utilisations vénales. La néthique, la "net éthique" inventée pour la forme. Les réseaux sociaux, Google dans ses nuages, incitent à les utiliser puisque cela ne coûte rien, mais gardent leurs lois sous le manteau, cachées en petits caractères dans les règles d'utilisation que plus personne ne lit. "Hors-la-loi", manipulateurs potentiels utilisent les informations à leur propre profit. Un cadre juridique mondial serait nécessaire mais les blocs idéologiques s'y opposent. L’utilisateur ne s'intéresse pas aux adaptations technologiques et psychologiques que cela impose. Pas de cours de conduite comme on pourrait l'obliger pour la conduite d'une voiture. Apprendre un minimum sur ce qu'l y a sous le capot. Alors, ça passe et si ça casse, on remplace quitte à tout perdre.". 

Son site parlait plus de l'aspect technique du web avec ses standards W3C qui n'étaient pas respectés par...  Microsoft. Quant aux nouveaux gadgets que l'on trouve sur smartphones, ses revendications ne s'adoucissaient pas plus. Il déclarait: "C'est comme la commutation de stations de radio dans ma nouvelle voiture. Des fondus enchainés à l'entrée à à la sortie, prenant environ 5 secondes, chacun. Sur mon vieux poste de radio, le changement était instantané. Presque tout est maintenant lent, en raison des effets de transition. Comme le cerveau est plus rapide que les applications d'aujourd'hui, comment bénéficier d'une exemption de la nécessité d'attendre pour les transitions et des animations? S'il y a des paramètres pour ralentir les choses pour certaines personnes, pourrait-on avoir des paramètres pour les autres, de l'autre côté du spectre?".

J'étais près de l'approuver sur la majorité de ses points de vues. Mais, quand il n'y a plus qu'à se rencontrer par l'intérieur, sur Internet que peut-on encore ajouter? C'est vrai Internet a réduit les contacts d'homme à homme pour passer par l'ntermédiaire d'une machine, d'un traiement dans les nuages.   

Bilan pour bilan, que se serait-il passé, pour moi, sans Internet?

A y réfléchir, je serais, peut-être toujours actif au boulot. Sans connexions, le transfert des informations n'aurait pas été aussi facile. Mais, bon, cela a permis d'autres choses positives même si le traitement de celles-ci reste, à distance, perdu dans des incompréhensions culturelles. Je ne serais, probablement, pas ici à vous casser les pieds en adressant un caractère à base de bits, à demi-mots, restreint aux mots et, pire, à tenter d'écrire en double-mots pou traduire des doubles sens.    

Comme tous les ans, à date fixe, dans quelques jours, je tournerai une page de plus dans mon grand livre qui a pour titre "To be or not to be".

0.jpgQue se passait-il, ce 1er septembre 1947, le jour de ma naissance?

Aujourd'hui, c'est Google qui va faire ressortir, en long et en large, les événements du jour. Il n'en a pas tellement. Google doit avoir des lacunes ou des pertes de mémoire! 

C'était un lundi. Encore heureux. Je n'aime pas réveiller le dimanche.

Aux États-Unis, je trouve ces informations. Pas vraiment folichon tout ça...

En France, on ouvrait le 2ème Festival de Cannes. Deux films français se présentaient à la biennale de  Venise: "La Rose et le Réséda" d'après un poème de Louis Aragon, appel à la Résistance par-delà les clivages politiques et religieux, et "Le Diable au corps" de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe, critiqué pour avoir incité à l'exaltation de l'adultère et prôner l'antimilitarisme dont 15 minutes ont été censurées. Terribles entrées en matière évoquées par des vidéos en noir et blanc. Ni l'un ni l'autre ne se trouvent au palmarès. La même année, Bruxelles se donnait des allures cannoises en organisant une festival international du cinéma cette année-là.

Autre époque, autre monde... Amusant, il est dit 1947, une année de tous les dangers.

L'été a été très chaud. (vidéo). Incroyable canicule. Un millésime exceptionnel pour le vin. Un smartphone qui ne dit pas son nom, mais, seulement imaginé.

Si Google, avec son moteur de recherche, permet des recherches très efficaces, en 1958, lors de l'Expo 58 de Bruxelles, l'attraction "informatique" provenait du pavillon d'IBM. Cette société présentait sa dernière née, sa belle machine "magique". Le visiteur était invité à donner une date et recevait en retour, les événements qui avaient eu lieu à cette date de l'imprimante qui crachait les résultats de ses investigations diaboliques dans le temps. On comptait encore en gain dans le domaine du calcul pur avec la seule vue sur la comptabilité. Le progrès de la puissance du calcul était censé donner le tournis aux visiteurs. On gagnait sa confiance dans un futur enchanté. Dans le même temps, la machine faisait peur au management des premiers utilisateurs, au point d'être rejetée dans la plus grande panique de ne plus pouvoir assumer le travail de rond de cuir d'antan.

Mais, retour, une dernière fois à cet été pourri de 2011.

0.jpgLes marchés ont disjoncté. Tout a disjoncté, en définitive. Ce fut un "été meurtrier", sur les marchés, mais aussi en général.

La Norvège avait connu le massacre dans l'incompréhension la plus totale. Elle rendait un dernier hommage à ses 77 morts.

La Libye de Kadhafi a vécu son été arabe dans un dernier baroud d'honneur de ses derniers martyrs en plein Ramadan, en général, fête du rassemblement familial. 

La démocratie n'aurait-elle vraiment pas de prix?0.jpg

DSK, lui, était renvoyé chez lui. Ce fut une épreuve terrible et injuste, disait-il. Trop pesante, pour la mémoire, surtout.

Comme je le remarquais, cet été, on a visité des lieux inhabituels. Pour moi, je suis retourné au Palais Royal de Bruxelles. Cela faisait bien longtemps. Ouvert d'habitude à tous les visiteurs sans bourse déliée. On pouvait y jouer son rôle de touriste et y faire des photos jusqu'à plus soif. Le quartiers pauvre des Marolles m'avait, aussi, attiré, rien que pour le contraste. J'aime les contrastes du hasard. Le quartier des Marolles reste populaire, tout en étant le plus ancien de la capitale. Frondeurs et conviviaux par tradition, ce quartier se voit menacé dans son identité par la spéculation immobilière et l'arrivée des boutiques de luxe.0.jpg Alors, dans un dernier effort, tous les dimanches matins, il dispute ses prix dans une brocante monstre sur la Place du Jeu de Balle avec détermination et conviction de posséder la pièce unique. Tout évolue même avec le dépit en prime. 

En photos, tout cela, qui sait, cela passera mieux et fera oublié le pire.

Demain, ce sera la City Parade dans les rue de Bruxelles.

Il faut bien que la "Croisière s'amuse".

En vacances, on oublie tout. On se met au vert, quand c'est possible. On va à la rencontre des autres, l'espace de quelques jours ou de semaines, quand les moyens le permettent.

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Choc des mondes, comme on le lit souvent dans les romans ou comme on le vit dans les réalités des vacances. Bruxelles, ville de rencontres du x-ième type. Alors pourquoi pas?

0.jpgCet été est à oublier le plus rapidement possible, à mon avis. "Vivement la rentrée", disaient ceux qui rentrent. "Vivement l'automne" écrivais-je l'année passée.

Si on ne peut même plus compter sur l'été pour se ressourcer, où va-t-on?

Alors, à posteriori, on réfléchit. On pense aux autres dans une solidarité retrouvée, coincée.

Il ne faut pas aller trop loin et lancer des idées subversives, bien entendu, car il y a des retours de flammes des instances bien pensantes et qui n'apprécient pas le trop plein de vérités. 0.jpg

Le chanteur Stomae prêtait sa chanson « Alors, on danse » et son image en soutien à la campagne de sensibilisation de l’ASBL Access-It, afin de faciliter, durant tout l’été, l’accès aux festivals destinés aux personnes souffrant d'un handicap moteur. Là, oui.

Nous sommes à l'embouchure des histoires, même pas à leurs charnières. Qui va remonter leur cours jusqu'à leurs sources? 

Dans le déluge, on cherche la fée chez nous dont Zaz fait la promo... En attendant, si j'allais au bassin de natation, là, il n'y aura pas de pénurie et ce serait encore un autre endroit de rencontre en dehors d'Internet...

Allo, Moïse... Ici, c'est....

 

L'enfoiré,

 

Citations:

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