Avant-hier, aujourd'hui et après-demain (16/09/2011)

0.jpgÉtablir des prévisions dans le futur de 40 ans. Pas facile. Reculer dans le passé, c'est peut-être le moyen de s'en rendre compte. La machine à voyager dans le temps est prête.

Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) se posait la question, établissait un rapport et Michel Judkiewicz reprenait les conclusions dans un article.

Le rapport était complet et lancé à partir de New Delhi.

Amusant, il avait été traduit en 9 langues, l'anglais, l'espagnol, le portugais, l'allemand, le chinois, le russe, le hongrois, le coréen et le vietnamien, mais pas en français.

En prémices, on apprend que:

Pendant 18 mois, 29 entreprises, menées par Alcoa, Pricewaterhouse Coopers, Storebrand et Syngenta, ont uni leurs efforts pour repenser le rôle que les entreprises doivent jouer sur les prochaines décennies pour permettre à la société d'aller vers l'ère durable. Cet effort aurait abouti à un appel à l'action qui vise à encourager les entreprises à se réinventer ainsi que leurs produits et services, pour qu'ils arrivent là où, la société et les entreprises le veulent. Les participants ont contribué à travers des ateliers en groupes de travail virtuels, avec un suivi tout au long du projet. "Vision2050" gère également un programme d'engagement régional pour assurer le projet, en être informé et le valider par les principales régions sur le genre de questions suivantes:

Et, si on y ajoutait la parodie à ce rapport?

Pour ce faire, commençons par remonter à 1971, s'étonner d'aujourd'hui en passant en revue ses tendances et extrapoler l'ensemble sur 2051.

 

Nous étions en 1971.

Sans téléfax, c'était le fax qui faisait tout le boulot.

Les photocopies étaient débutantes et le carbone était le plus souvent de mise pour le "copier-coller".

Le téléphone portable était bien trop complexe pour entrer dans les populations. Bien peu portable et  efficace.

La photo se débattait pour atteindre un niveau concurrentiel par la qualité, la précision des appareils. On espérait combler le manque par la sensibilité des films toujours argentiques.

Le PC n'était pas même imaginable. Qu'est-ce que le consommateur aurait pu en faire?

Internet était dans les limbes dans les seules mains d'étudiants qui jouaient à se communiquer leurs dernières conquêtes dans la connaissance. Le Web, le "www" n'existait pas. C'était peut-être du "What We say is what we would Want". Le "What You See Is What You Get" était encore à inventer.

L’Imagerie Médicale se limitait à la radiographie et à l'échographie.

 

Nous sommes en 2011.

La flexibilité et la rapidité des processus ont la suprématie dans tous les processus. Rapidité à l'achat des biens et des services.

Que pourrions-nous encore faire sans technologie. GSM, GPS, radios, vidéos, PC sont entrés dans nos mœurs, devenus obligatoires, miniaturisés sur des appareils multifonctions qui en plus, téléphonent car il faut garder le dialogue homme-homme en transitant par des machines.

Les "e-" entrent en concurrence ou accompagne les "i-" des smartphones. Restons "smart".  Ce e-Commerce se tire d'affaire par la complexité de ses processus du producteur au consommateur, mais sans consentir, pour autant, de réductions de coût.

On vient d'apprendre qu'on est passé à 7 milliards d'individus sur notre planète.

La protection de ceux-ci se cherche toujours et veillent à diminuer les risques qu'ils engendrent.

La vie privée est mise de côté, face aux bénéfices qu'apporte la sécurité.

La résilience est mise en avant pour sauver le tout, comme garde-fous. Wiki nous rappelle que c'est "un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. La résilience serait rendue possible grâce à la structuration précoce de la personnalité, par des expériences constructives de l'enfance (avant la confrontation avec des faits potentiellement traumatisants) et parfois par la réflexion, ou la parole, plus rarement par l'encadrement médical d'une thérapie, d'une analyse".

Nous sommes donc tous malades, traumatisés qui devons nous connaître dès l'enfance et nous guérir par nous même en parlant, en réfléchissant, mais sans médecin. Mais quand il faut de l'adaptabilité maximale et garder l'optimisme, il vaut mieux jouer avec le principe de Peter retrouvé dans les hiérarchies et la Méthode Coué pour compenser un manque de visibilité.

Nous pouvons nous féliciter de ne pas avoir eu de conflits armés majeur depuis 13 ans et de faire régresser la criminalité  depuis 10 ans à raison de 3% par an.

 

Nous serons en 2051 à nous dire "what do you expect?" avec une publicité encore plus banale.

Moins prévisible, plus doux-amère, on lit en vrac, ce qui suit:0.jpg

"La bonne nouvelle serait que, pour les entreprises, cette croissance correspondrait à de nouveaux consommateurs qui veulent des voitures, des maisons et des télévisions. Les mauvaises seraient le rétrécissement des ressources et le réchauffement du climat qui va limiter les capacités des 9 milliards de personnes dont il faudrait maintenir le niveau de vie en proportion avec les nantis d'aujourd'hui. Le processus comprendrait l'éducation, la santé, la mobilité, la nourriture, l'eau, l'énergie, le logement et les biens de consommations qui devraient rester sans nuire à la biodiversité, au climat et aux écosystèmes. Utopie? Avec ou sans Vision 2050, la vie en 2050 serait radicalement différente. Vision 2050 serait le meilleur disponible pour piloter, basée sur les observations, projections selon les attentes des entreprises et des experts qui auraient contribué à cet effort. Ce guide serait une tentative pour aider les dirigeants à travers les gouvernements, les entreprises et la société civile d'éviter les erreurs du passé et prendre les décisions qui livreraient les meilleurs résultats possibles. Les décisions dans l'isolement entraîneraient des conséquences imprévues pour les personnes, l'environnement et la planète Terre."

Nous serons donc 9 milliards d'individus à "vouloir", à "expecter" puisque nous le vivons et que nous le valons bien. Et , oui, on parle anglais. En globish, peut-être, mais...

Il est dit qu'il y aurait ainsi 30% en plus de bouches à nourrir.

Le sexe pourrait être en régression sérieuse, par convictions religieuses, par désintérêts ou par obligations. On en arriverait à regarder l'autre sexe, mais on risquerait d'avoir oublié le pourquoi, en quelque sorte. On prédit une diminution des fécondations normales et une augmentation, in vitro, chez les plus riches. Le sida, le cancer, on en parle pas dans le rapport. Bizarre... un vaccin est-il en vue?

Là, je reste sans voix, soufflé, perdu... Les "outlook" fournis sont impressionnants.

Mais j'oublie, ce n'est qu'une vision. Alors, sauvés? Pas vraiment...

Du côté "longévité", Monsieur sautera sur sa chaise jusqu'à 92 ans, sans problèmes et Madame, sur les genoux de son nième mari, jusqu'à 97 ans.

La thérapie génétique aura diminué les effets de l'arthrose.

L'écosystème se voudra globalisé.

L'écolage serait devenu de l'auto-apprentissage "coaché" et payé par son utilisateur.

L'innovation serait prépondérante pour rester rentable.

Les hiérarchies pyramidales sont remplacées par des réseaux d'intelligences.

Serait préconisé l'éthique des responsabilités car les barrières du temps et de l'espace seraient abolies.

Ce serait se remettre en question par un apprentissage en continu pendant toute la vie ou se retrouver au chômage perpétuel.

Le CDI serait devenu l'exception. L'emploi deviendrait du "sur mesure" en fonction des besoins de clients potentiels et temporaires. Plus besoin de culture générale, de généralistes et donc, d'écoles publiques. L'entreprise pourrait ainsi construire son staff, dès l'âge de 6 ans.

Car, il faudrait une vision du monde "orientée objet". Avoir un esprit d'équipe dans un intelligence collective et le "crowd sourcing", des compétences, demultiples "skills" et avoir une réputation exemplaire. L'hygiène de vie se creuserait par l'expérience de vie. Expérience qui deviendrait très vite obsolète, pour suivre l'évolution.

Une ouverture à l'innovation serait imposée de fait. 

L'énergie serait fusionnelle et encore humaine car la première centrale à fusion subirait encore quelques années en gestation.

Un système éducatif greffé sur la stimulation de la curiosité et par le développement de la critique positive la passion d'apprendre à apprendre.

Les entreprises ont été créés par «Backcasting», c'est-à-dire en connectant le futur avec le rétroviseur sur les programmes et les politiques actuels.  

Les neuf domaines couverts sont les valeurs et les comportements, le développement humain, l'économie, l'agriculture, les forêts, l'énergie et électriques, les bâtiments, la mobilité et les matériaux.

De 2010 à 2020, nous serons dans une phase d'adolescents turbulents, dans une période où l'énergie et de dynamisme resteraient à la recherche de la durabilité.

De 2020 à 2050, à la transformation temps dans une période de consensus croissant, dans la formation des  idées et des relations intersidérales à se regarder en chien de faïence à se demander qui aurait ou n'aurait pas la place convoitée.

La crise financière mondiale à la fin de la décennie précédente rapprochera les gens d'affaires et la foi en les gouvernements en stimulant une quête de renouvellement de la confiance et de la coopération.

Gouvernements, milieux universitaires, des affaires et une gamme de parties prenantes travailleraient en étroite collaboration au commerce et à l'économie du développement, à la conception des systèmes et des métriques pour mesurer les progrès, aux solutions au changements climatiques, de la technologie, à son déploiement, à l'amélioration de la forêt et des rendements agricoles, à la rénovation urbaine, de la santé et de l'éducation vers la durabilité.

Conclusion donnée par l'article, ce serait un défi perpétuel. Un futur dans lequel tout pourrait tourner bien, était-il dit.

Vite un accélérateur de lecture pour lire ce rapport complet de 70 pages. Cela fait peu et beaucoup pour se faire une idée sur les buts du colloque.

0.jpgLe 12 septembre, article dans Le Figaro, un interview de Murthy Narayana, fondateur d'Infosys à Bangalore. Personnage, hors du commun, était-il dit. Pas faux... me suis-je dit.

Fortune estimée à 2 milliards de dollars avec 130.800 salariés dans le monde rassemblés en 30 ans.

En 2051, si la progression est arithmétique, son entreprise (pas lui, vu ses 65 ans) serait à la tête de 305.000 personnes avec une capitalisation boursière de 63 milliards. Toujours la conception de logiciels et la gestion de projets? Si oui, ce ne serait plus 30.000 ingénieurs à recruter et à former par an, mais 70.000. Les tarifs seraient-ils toujours 5 fois moins chers que les homologues d'un pays occidental? Les projets seraient-ils toujours à 25% conduits auprès des clients américains et européens? Un projet coûterait-il toujours 2 fois moins cher, en passant par ses soins, plutôt que dans un pays développé, comme il le disait aujourd'hui? Grâce à la formation, les clients obtenus avec la meilleure valeur et pour moins d'argent? L'Inde pour IBM serait-elle toujours son 2ème pays? Mais le patron a la réponse: "tant que nous serons capables de recruter de bons talents, nous poursuivrons notre croissance".  Ce qu'il oublie de parler c'est du "turn-over". Il oublie de dire que les talents cherchent les gros salaires ou à créer leur propre boîte en passant par des pays en transit, comme le Canada, après un tremplin londonien, pour arriver dans la "Silicon Valley" ou dans toutes les vallée du même genre. Un Indien reste un terrien comme un autre. Quel est le solde des talents qui seront donc toujours à bord d'Infosys après 3 ans?

Mais, d'après le patron d'Infosys, "les technologies servent à réduire le cycle de vie de conception d'un produit ou d'une activité, toujours à diminuer les coûts, à améliorer la productivité, la transparence, les systèmes de comptabilité en rendant la vie plus simple et améliorer celle des personnes pauvres".

De quels "pauvres", parle-t-il? De quelles technologies? Est-ce des logiciels, des téléphones portables? Je vois d'ici la pub qui représenterait un ascète, un intouchable avec un smartphone dans les mains en ce géolocalisant ou en téléphonant à ses semblables pour se renseigner du prix du riz et terminer par un "Yes, we can". 

La globalisation signifie trouver les meilleurs talents pour vendre sans être bloqués par des frontières nationales. Les règles des pays, nous pouvons toutes les suivre, nous y soumettre et nous y adapter", comme un caméléon, dirais-je.

Le mot "crise" n'existe plus dans cette vision béatifiante. 

Quant au bouton pour freiner ou revenir en arrière, je vous le laisse aux bons soins de vos recherches.

Maintenant, pour ceux qui n'aiment pas chercher, il reste à vivre au temps présent. 

Tu parles d'une chance qu'ils ont de ne penser qu'à cela!!!

 

L'enfoiré,

 

Citations:

 

| Lien permanent | Commentaires (7) |  Imprimer