Overdose identitaire (15/05/2006)

0.jpgAprès les événements dramatiques de la gare centrale de Bruxelles, Anvers et d'autres villes de la Flandre subissent de plein fouet une vague de violence. Sans vouloir précéder l'enquête dans ses conclusions, on peut néanmoins à première vue, qualifier cette violence de raciste.

Jeudi 11 mai, "Un Proche du Blok tue deux fois", écrivait le journal Le Soir. Même si le parquet d'Anvers estime qu'il est prématuré de s'exprimer sur le mobile du tueur, la motivation raciste du jeune meurtrier ne fait guère de doute. Une fillette de deux ans et la dame qui la gardait ont été abattues en pleine rue. L’homme qui, jeudi matin à Anvers, a tué deux personnes et en a blessé une troisième, était connu des autorités pour « ses sympathies d'extrême droite ». C'est aussi un skinhead. Il s'appelle Hans Van Themsche et est âgé de 18 ans.

L'individu s'est acheté le jour même une arme en vente libre et, puis, commença par faire feu sur une femme d'origine turque, dans la Kleine Goddaard. Cette première victime n'a été que blessée. Mais l'homme a poursuivi son raid meurtrier jusqu'à la Zwartzusterstraat, où il a tiré sur une femme d'origine africaine et la petite fille de deux ans dont cette dame avait la garde. Toutes deux sont décédées sur place. Hans Van Themsche a été blessé et arrêté par la police. Le nom de cet homme retiendra l'attention de ceux qui suivent la politique flamande de près. Sa tante n'est autre que Frieda Van Themsche, députée fédérale du Vlaams Belang. Son père, Peter Van Themsche, est un militant de la première heure du « Blok », le parti d'extrême-droite rebaptisé Vlaams Belang. Hospitalisé, le tireur n'a pas eu l'occasion d'expliquer son geste.
Voilà pour l'histoire et le cadre du drame. Maintenant, passons à des remarques et des tentatives d'explication si possible.
Le racisme est loin d'être nouveau. Il suffit de relire quelques commentaires qui jalonnent certains articles dans cette enceinte qui ne nécessitaient pas de prime abord une connotation haineuse dans les propos initiaux. L'idée même de racisme, à fleur de peau, est huée dans la théorie. Moi-même, dans l'article récent 'Autre temps, autres mœurs" en constatant un crime d'honneur entre Albanais sur notre territoire, avait été commenté et jugé à la limite de la xénophobie. Et pourtant... Oui, je n'aime pas les importations de chevilles entravées par de vieilles casseroles, et encore moins qu'en il s'agit d'un boulet anesthésiant... J'ose espérer seulement qu'il ne s'agisse pas d'une réponse du berger à la bergère à mettre en relation avec l'événement de la gare centrale
Le besoin identitaire, la volonté d'appartenir à un groupe bien soudé sont des volontés naturelles qui ne peuvent malgré tout se justifier que par une reconnaissance d'autres groupes, de couleur arc-en-ciel. Même les partis politiques se reconnaissent par une couleur bien définie sans nécessairement vouloir en découdre autrement que par des mots. Pourquoi pas, une couleur de peau, une idéologie différente, une origine exotique? La terre est grande. Imaginons que nous étions nés du même père et de la même mère (même si certains affirment que c'est le cas), en première ligne. Quelle morosité? Quelle manque de richesse et de diversité? 
"Eigen volk" ("Notre peuple"), slogan souvent mis en avant par des extrêmes que l'on situe, allez savoir pourquoi, à droite.  Acte haineux individuel, très certainement, mais idéologie qui est passée dans le domaine de l'acceptable et donc du "normalement" possible. Jusqu'où aller trop loin, est devenu la question de base. Pas de caricature, mais une discrimination qui se retrouve jusque dans les législations. L'égalité des chances prônée par un ministère se retrouve-t-elle pratiquement dans les faits et les interprétations de tous les jours? Le civisme et le comportement en société est-il enseigné dans les écoles avec la force nécessaire? L'adolescence est un âge difficile, qui peut virer dans les extrêmes de droite ou de gauche en très peu de temps et en fonction d'une vision que quelqu'un avec le charisme suffisant aurait pu promotionner. Dans l'affaire d'aujourd'hui, même le Roi est sorti de sa réserve pour dénoncer cette déviance et ce manque de volonté solidaire. Qu'on le veuille ou non, au vu des flux migratoires qui ne font que s'amplifier à nos portes, il faudra s'y habituer ou mettre des lunettes qui ajouteront un peu de flou. Bien balisé le terrain est praticable.

Une banalisation des injures est souvent le premier niveau de la violence. La situation économique est un apport supplémentaire au rejet de l'autre en tant que tel.
"Tout le monde, il est PAS beau", pourrait avoir chanté Zazie. Elle a choisi l'antithèse. Et, Claude Nougaro de ridiculiser la situation en découvrant les os noirs d'Armstrong et la trouver rigolo dans sa chanson.
Après le drame de Joe à la gare centrale, les violences de la côte, un nouvel électrochoc dans l'entourage de ce nouveau drame humain s'est produit et une manifestation de solidarité n'a pas tardé à s'organiser.

0.jpgLe sentiment d'insécurité, ce climat de violence vont-t-ils profiter à qui? Pourrait-on se poser comme question platoniquement. Une fois de plus à cette extrême droite friande de démonstration par l'absurde d'une politique des démocrates habituellement pointée comme laxiste. Ce serait peut-être aller vite de choisir cette voie habituelle. L'esprit démocratique ne devrait-il pas reprendre du poil de la bête, lucidement, franchement? Le réveil de cette volonté de sortir de l'ornière est une obligation morale par la voie démocratique vis-à-vis de ses courageux initiateurs. Une société multiculturelle bien comprise de part et d'autre n'est pas si mauvaise dans son fondement. Interdire un parti par un quelconque cordon sanitaire des partis démocratiques n'est pas toujours suivi du rendement espéré. 

La répression pour suite de l'acte de jeudi, mais c'est bien sûr. La prévention en faisant des citoyens responsables à l'école et dans les familles, c'est encore mieux. Le dialogue, en connaissance de cause, vaudra certes ensuite la palme de la réussite dans l'intégration. Cette égalité des chances sera peut-être enfin une réalité.

Je vous avouerai que j'aime le café au lait très sucré. Avec une bonne couche de crème fraiche par dessus, c'est encore mieux. N'en déplaise à mon médecin, ce sera au diable, le cholestérol et le diabète ! C'est parfois difficile et long de les guérir, mais avec un peu de philosophie et de patience, on y arrive, tandis que l'overdose, c'est pas sûr.


 

L'enfoiré,

 

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Une question de lexique français.

 

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