La guerre de cicatrices (20/06/2013)

0.jpgLe 2 avril à l'ONU fut une date historique. A une impressionnante majorité de 154 'Oui', 3 'Non' (l'Iran, la Corée du Nord et la Syrie) et 23 'Abstentions' (les USA, la Russie, la Chine,... les principaux marchands d'armes), le traité qui régule le commerce des armes de guerre a été adopté dans une résolution qui empêcherait de massacrer des gens. Chaque pays devra s'assurer que les armes,  du pistolet jusqu'aux avions de guerre, n'iront pas à l'encontre des Droits de l'Homme et qu'il ne sera pas détourné à des fins de terrorisme. Le marché des armes dans le monde représente 100 milliards de dollars par an.  

Au musée de la guerre de Bruxelles, l'exposition "Scars war", rien à voir avec "Star war", montrait les dégâts des armes sournoises que l'on appelle "mines terrestres" ou "mines antipersonnelles". 

Chaque conflit militaires entraînent des victimes militaires et civiles. Chaque conflit militaire trace ses marques dans le paysage.

L'héritage cruel, ce sont les mines enterrées qui peuvent, sans limite de temps, en période de paix, faire beaucoup de victimes et de dégâts collatéraux avec effet retard.

Leur but, blesser plutôt que tuer comme des représailles à destination, le plus souvent, de civils. 

Elles constituent la menace la plus sournoise qui, à peu de frais et sans beaucoup d'efforts pour leur déplacement, ne visent personne en particulier mais tous ceux qui passeraient par là.

En 1998, le Traité d'Ottawa était signé pour tenter d'éradiquer le problème avec l'interdiction des mines antipersonnelles.

A l'époque, 161 pays ratifiaient le traité. Des programmes de conscientisation, des traitements de réhabilitation furent mis en place.

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On se rappelle des images de Lady D, qui un peu avant son accident, s'était promené dans un champ de mines.

L'UNMAS, Handicap International, le PNUD et d'autres encore, se sont chargés de cette "guerre d'après coup". 

L'Afghanistan est considéré comme le pays le plus touché par ces "Scars war". La manoeuvre de déminage s'organise avec l'aide de 15.000 Afghans sur plus de 6000 zones, qui sont reconnues comme dangereuses sur 600 kilomètres carrés, Pour l'année 2011, c'était encore 33 personnes par mois, souvent de jeunes enfants, qui en étaient victimes. Mais ces chiffres baissent d'année en année, preuve de l'efficacité.

Au Cambodge, ce sont 700 km2 qui ont été traités. Plus de 63.900 morts ou blessés dans la dernière décennie pour redescendre le nombre de victimes, en 2011, à 211.   

Dans le monde, 48.000 mines antipersonnelles et un million d'engins explosifs ont été détruits. Les actions ne sont pas inutiles et le monde est devenu plus conscient des risques encourus dans l'agriculture. 

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La Belgique a été le premier pays au monde qui, dès le 9 mars 1995, avait signé une législation interdisant ces mines. En juin 1997, à Bruxelles, fut lancée l'idée d'interdire l'emploi, le stockage, la production et le transfert d'armes non conventionnelles sous le nom de "Déclaration de Bruxelles".

Depuis 2005, des ONG sont financées pour assister les victimes et pour des opérations de déminages en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient.  

Dans le cadre du centenaire de début de la Grande guerre de 1914, d'autres expositions avaient déjà été présentées.  

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"Les jouets de la guerre" ne présentait pas cet aspect après un conflit. 

"Aux armes ou aux larmes citoyens", un article écrit, quand G.W. Bush était encore président des États-Unis.

Monumentum, une expo qui montrait comment on tente de se souvenir des guerres en les fixant dans la pierre mais qui se perdent dans "Les amalgames de l'histoire". 

Le massacre des enfants aux États-Unis a été un nouveau détonnateur pour prendre conscience que les armes ne sont pas des jouets.

Obama, dans son deuxième mandat, tente le coup avec de nouvelles initiatives pour corriger la situation en signant 23 mesures pour règlementer les armes.

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Et c'est la réponse du berger à la bergère, en plein débat sur le port d'armes aux États-Unis, la NRA publiait une vidéo qui qualifiait Obama « d’élitiste hypocrite » qui protège ses enfants avec plus d'armes.

Plus de guerres en Europe... en fait, c'est ailleurs que cela se passe. 

Au Mali, les Français ont été un secours pour repousser les Salafistes qui progressaient dangereusement.

Deux articles Pourquoi la guerre au Mali? et Honni soit qui mal y pense.

La réponse, toujours la même, le pognon et une sorte d'investissement sur l'avenir. Il ne faut pas chercher trop loin. 

La guerre civile en Syrie n'a jamais été aussi meurtrière. Le véto de deux pays qui y ont des intérêts et c'est le statu quo. Même l'utilisation des gaz ne fait rien à l'affaire. G8 : accord sur l’échange automatique de données et projet minimal sur la Syrie.

Une idéologie contre une autre. Dieu contre dieu.  Dollar contre dollar.

Les occidentaux redoutent un lourd bilan. Les guerres sont plus larvées, plus communautaires, plus régionales. Ce ne sont plus des guerres qui mettent en présence des pays, mais des régions suite à des conceptions diamétralement opposées de comment vivre en communauté.

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"Envoyé spécial" du 17 janvier, nous montrait "Tunisie: sous la menace salafiste". 

Deux ans après la Révolution de jasmin, l’euphorie a fait place au désenchantement en Tunisie.

L’économie est en berne, la transition politique bloquée et les extrémistes religieux réclament l’application de la charria et l’instauration d’un État islamique. En Turquie, on fait du commerce sous la surveillance de, par et pour l'islam.

Les plus radicaux de ces islamistes se revendiquent "salafistes jihadistes" et recrutent parmi la jeunesse.

Au travers de son histoire, nous découvrons qu’à l’université, les extrémistes radicaux veulent imposer le port du niqab, jusqu’ici interdit, dans les salles de cours. Partout dans le pays, ils organisent des rassemblements spectaculaires au cours desquels ils stigmatisent l’Occident.

Les risques de la guerre, on oublie aussi les mines personnelles, les cicatrices morales qui laissent des séquelles.  

Au salon du Bourget, les avions civiles cohabitent "pacifiquement" avec les militaires. Le marché des jets privés stagnent, la relève est assurée et ils deviennent des avions de surveillance dans les conflits. Le journaliste qui présentait le salon ce mardi, tirait la conclusion "La guerre, finalement, fait rêver". Et c'est peut-être cela qui crée une attirance qui ne permet pas de voir la finalité de l'opération.    

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Il y a longtemps, les plus jeunes aimaient se diviser entre cow-boys et indiens avec des revolvers à eau ou des arcs et flèches.

Les arcs et les revolvers sont devenus plus virtuels. Plus efficaces aussi... 

Ce sera donc bientôt, l'anniversaire de l'armistice du 11 novembre. Les poilus seront de sortie. Le patriotisme sera de la partie.

Le documentaire en 6 épisodes, "Apocalype, La deuxième guerre mondiale", revient sur nos écrans de la télé belge. 

Nous sommes en temps de paix en Europe, pourtant tout rappelle la guerre et il existe toujours une bonne raison de la faire quelque part dans le monde. 

Guerre économique, guerre de religion, guerre des mots... Cette dernière forme fait moins de dégâts collatéraux, sans être exempt d'effets secondaires. Les mots, les figures de style esquivent les problèmes, plus qu'elles ne les mouchent.

Une guerre n'est jamais gratuite

Même si elle reste difficile à prévoir

On ne l'empêche pas d'être induite

Alors essayer de la surseoir?

Bien qu'on la dise fortuite

C'est oublier l'envie de pouvoir.

Mais quand les patates sont cuites

Gagnants ou perdants, c'est toujours choir

Sans plus penser prendre la fuite

Comme pour une vraie fausse victoire

Qui ne restera jamais sans cuites

Au casse pipe du champ de tir de la foire

Et les mines dans le sol comme suites. 

Jeu de mots sans humour?

Pour trouver une touche d'humour à la suite d'un tel billet, j'avoue, j'ai dû puiser dans mes derniers retranchements.

0.jpgUn vieux café serré de Thomas, peut-être,

podcast
qui tentait, après la nouvelle de confier les casernes à des firmes privées, de nous apprendre ce qu'est un militaire et ce que sont les casernes.

Oui, c'est le cinéma qui fait les gorges chaudes aux guerres et à ses héros.

Les réalités sont ailleurs.

L'exposition "Scars War" qui se termine dans une semaine, n'a rien de gai. C'est un rappel des risques. 

0.jpgAutant reconnaitre, de l'exposition, vous ne verrez aucune image prise à l'intérieur du musée. Vu l'interdiction, dont je ne m'étais pas aperçu, elles ont été détruites, après un mini incident diplomatique avec le personnel et le directeur du musée. Mon principal soucis résidait dans la manière de ne pas tout effacer, de ne pas supprimer les photos qui avaient été prises précédemment et pas de supprimer ces quelques photos de l'endroit. 

Sur Internet, les photos, pour étayer le sujet, ne manquent pas, alors pourquoi remuer ciel et terre? Dans un musée de l'armée, ce serait tenter le diable. Un souvenir de l'épisode, un crayon qui se trouve sur mon bureau avec l'adresse.

On n'allait pas en faire une cicatrice de plus en tirant sur l'ambulance avec les risques de dérapage. J'avais gardé le sourire et n'avais pourtant pas de mine patibulaire.

Les photos de l'extérieur du musée, c'est en cliquant, ici.


 

 

L'enfoiré,

 


0.jpgCitations:
 

  • « La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées. », Victor Hugo 
  • « Le troisième empereur de la vingt et unième dynastie, à qui on apporta des pierres précieuses trouvées dans une mine, la fit fermer, ne voulant pas fatiguer son peuple à travailler pour une chose qui ne pouvait ni le nourrir ni le vêtir. », Montesquieu 

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