Une idéologie liée au capital (13/09/2019)

0.PNGCe 12 septembre, Thomas Piketty sort un nouveau livre d'enquête de 1200 pages "Capital et idéologie"podcast.
Dans un article de 4 pages, le journal Le Monde le présente avec le titre "L'inégalité est idéologique et politique" en choisissant des extraits suivis par des commentaires critiques de chercheurs et économistes comme Branko Milanovic, James Galbraith, Orsetta Causa, Nicolas Ruiz et Esther Duflo.
Ce livre suit "Le Capital au XXIème siècle" qui avait eté vendu à 2,5 millions d'exemplaire depuis sa sortie en 2013 et été critiqué pour son occidentalo-centrisme. 

1.PNGLe livre

"L'inégalité n'est pas économique et technologique: elle est idéologique et politique" est sa conclusion.
Les conséquences sociales et historiques dépendent entièrement du système ni du marché ou de la concurrence, ni du profit ou du salaire, ni du capital ou de la dette, ni aux travailleurs qualifiés ou non, nationaux ou étrangers, ni aux paradis fiscaux et à la compétitivité.
Les rapports de force sont intellectuels, idéologiques et historiques mais pas uniquement matériels.
Les élites ont tendance à "naturaliser" les inégalités dans des fondements objectifs alors qu'elles varient fortement dans le temps et l'espace par leur ampleur et leur structure que les contemporains auraient pu difficilement anticiper à cause de la rapidité à se transformer.
Des alternatives aux différents régimes idéologiques, politiques et inégalitaires existent après la théorie du passage du "féodalisme" au "capitalisme" comme suite à la révolution industrielle.
Les rapports de propriété peuvent constituer un dépassement du capitalisme plus réel qu'à promettre sa destruction sans se soucier de ce qui en suivra.
Au 20ème siècle, les dégâts humains et politiques ont été causés par cette attitude de propriétarisme à laquelle certains penseraient s'opposer.
Les bifurcations du passé ont été un antidote au conservatisme élitiste et à l'attentisme révolutionnaire.
Les conséquences des désastres staliniens, maoïstes et de l'abandon de toute ambition égalitaire mettent en second plan les idéologies esclavagistes, colonialistes et racialistes.
Le postcommunisme russe ou chinois qui s'en est suivi, est devenu l'allié de l'hyper-capitalisme.

0.JPGLes progrès humains ont permis des avancées dans l'espérance de vie, l'éducation et la santé mais ils sont fragiles au point de se fracasser sur les dérives inégalitaires et identitaires.
Les moyennes statistiques commencent lentement à intégrer la soutenabilité du capital humain et naturel.
Les craintes d'apocalypse atomique liées au conflit communisme-capitalisme à peine oubliées, le réchauffement climatique, la tendance au repli identitaire et xénophobe ont remis la pression dans un contexte de remontées d'inégalités socio-économiques.
Le progrès n'est pas linéaire et la libre compétition entre les puissances étatiques et les acteurs économiques privés ne suffisent pas à conduire comme par miracle à l'harmonie sociale et universelle qui risquerait d'aller vers l'instabilité politique et le chaos permanent suite à l'ouverture de la boîte de Pandore contenant la redistribution des propriétés.
La sacralisation de la propriété est une réponse à la fin de la religion comme idéologie explicite.
La construction d'une norme de justice acceptable en PGCD pose des problèmes considérables face aux particularismes dans un besoin de stabilité institutionnelle pour justifier une forme particulière de domination sociale de manière excessive et caricaturale bien pratique pour ceux qui se trouvent tout en haut de l'échelle en ce qui concerne l'inégalité entre individus ou même entre nations.

Je propose de dépasser la propriété privée par la propriété sociale et temporaire:

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Les commentaires et critiques

Préambule:  Je n'ai pas lu le livre. Ce n'est qu'un résumé paru dans un article du "Le Monde". Ce qui suit dans ce chapitre n'engage que ceux qui l'on écrit. Chaque idéologie et chapelle sont empruntes de leur propres idées et propagandes, je propose qu'ils regardent le documentaire de ARTE "On nous ment... Propagande partout, vérité nulle part".
L'ambition du livre serait de "convaincre le lecteur que l'on peut s'appuyer sur les leçons de l'histoire pour définir un norme de justice et d'égalité acceptable par le plus grand nombre".
Son livre "Le Capital au XXIème siècle" fut critiqué pour son occidentalo-centrisme.
Son nouveau livre nourri d'histoire, de sciences politiques et de littérature pourrait suivre le même sort.
Si l'histoire regorge de points de rupture violents ou progressifs, cela n'empêche pas qu'elle échoue même la sociale-démocratie a bâti une justice sociale et éducative inégalée en Europe après la seconde guerre mondiale pendant les "trente glorieuses".
Le divorce entre les citoyens et leurs dirigeants s'est produit par des frustrations de ceux qui peinent à boucler leur fin de mois.
Les partis sécuritaires, même autoritaires, séduisent une part toujours plus importante de l'électorat alors que
la suggestion de Piketty est de construire un socialisme participatif à l'échelon d'une Union européenne plus fédérale et démocratique.
Utopie contre fatalité jusqu'à dépasser les égoïsmes nationaux.
L'égalité est incompatible avec les ambitions du capital intellectuel ou manuel.
Le futur peut-il se construire sur des bases du passé ou est-il a construire complètement différemment?

L’ouvrage collectif "Anti-Piketty, Vive le capital au XXIe siècle" regroupe les critiques d’une vingtaine d’économistes, historiens et fiscalistes de plusieurs pays.
S’il reconnaît la portée et l’intérêt du livre de Piketty mettant l’accent sur les inégalités), il souligne un nombre significatif d’inexactitudes, voire d’erreurs.
Entre autres, il réfute la thèse de l’accroissement des inégalités et dénonce une confusion des chiffres dans l’évaluation du rendement du capital.
Au niveau de la méthodologie, certains des auteurs affirment qu’il y a « des choix de données très discutables et des omissions regrettables. »
Plus précisément, Martin Feldstein, professeur d'économie à l'Université Harvard souligne que pour "justifier d’une augmentation des inégalités aux États Unis, Thomas Piketty utilise les déclarations fiscales de revenus sans prendre en compte les modifications significatives qui ont eu lieu dans les règles fiscales [...] qu’il ne prend pas en compte les transferts de redistribution" tandis que certains auteurs dont Robert P. Murphy vont jusqu'à parler « d'inventions de faits historiques afin de soutenir sa narration ».
Un échange d'opinions avait été organisé dans "Contre Courant" avec Alain Badiou.


 
Ce qui en ressortait, sans quolibet, c'est que rien ne sert d'analyser une situation sans en tirer des conclusions et avoir imaginé ce qu'apporterait un monde totalement égalitaire.
Cela ne veut pas dire qu'on le deviendrait totalement dans le futur mais au moins, en aurait-on un sentiment et une impression préliminaire.
N
ous sommes dans une ère du numérique et Picketty ne semble pas en faire mention.
M
ême si la nécessité d'ancrer la science économique à une meilleure connaissance des faits du passé et du présent ne peut se réalise qu'au travers d'un travail éprouvant sur les données pose la question de la soutenabilité du modèle de croissance contemporain, ce point d'ouverture demeure quelque peu spécifique ou limité par un regard polarisé sur le sommet de la distribution qui risque de passer à côté de l'importance du reste.
L
a défaillance des données officielles à mesurer les très hauts revenus laisse volontairement le public dans l'ignorance du vrai niveau des inégalités et plonge plus celui-ci dans une théorie du complot que dans la réalité.
C
omment converger les sources, corriger leur imperfections et se nourrir les unes des autres?
L
e peu de place accordé au travail est à regretter par la concentration des 1% des plus riches alors que pour les 99%, il représente la principale source de revenus et de bien-être et un moteur fondamental de cohésion sociale.
L
a fresque de Picketty dénote la profondeur de son optimisme alors que les économistes sont en général portés vers le fatalisme et le pessimisme sur la nature humaine, résultat de son égoïsme et de sa paresse essentiels.
U
ne partie du livre soutient la thèse d'une société précapitaliste sur un modèle divisé "noblesse, clergé et tiers état" au XIXème siècle avec le communisme n'étant qu'une "absurdité" qui fait penser que "Capital et idéologie" ne serait qu'une œuvre de confiance en soi universitaire et même égotique caractérisée par le retour méthodologique de l'économie à ses fonctions originelles et essentielles.
L
a révolution conservatrice enclenchée par Reagan et Thatcher pour relancer la croissance américaine a suffi à mettre les USA et UK sur la voie d'une explosion des inégalités inéluctable dans une crise de mal-être liée en finale au repli identitaire par la destruction du contrat implicite liant les gagnants et les perdants de la mondialisation.

..

Conclusions à la belge

0.JPGL'économiste belge Bruno Colmant vient d'être nommé CEO de Degroof Petercam et doit limiter ses sorites dans la presse.
Son "Grand oral" du 4 mai 2019 donnait une explication de sa vision d'économiste sur la société actuelle en relation avec son livre "Du rêve de la mondialisation au cauchemar du populisme".

0.PNGLe crack et le choc social apparu en 2008 comme indice métaphorique d'un appauvrissement important avec la croissance qui s'enfuit, la démographie qui devient un problème et l’État progressivement et volontairement disqualifié au motif que les marchés allaient réglé tous les problèmes sociétaux.
Dix ans après, des phénomènes de dissociassions sociales ont disqualifié les solidarités communes à cause du capitalisme anglo-saxon des années 80 avec Margaret Thatcher et Ronald Reagan, réduit dans un isolement social, un déficit budgétaire et un carcan monétaire de l'euro entraînant l'erreur historique de l'austérité qui empêche les États européens d'investir dans des projets productifs et ambitieux qui motivent même en s'endettant.

0.PNGL'histoire ne se répète pas. Elle se combine autrement à nouveau avec un président comme Ronald Trump mais avec les mêmes fondations.
L'euro, lui, a pour seul objectif de contrôler sa propre dépréciation par rapport à son taux d'inflation
avec des taux d'intérêts que l'on croit maintenir historiquement bas avec une croissance d'à peine 1%, sans pouvoir être adapté dynamiquement en fonction des PIB de chaque État membre.
Une monnaie doit refléter les rapport sociaux et non pas imposer une fausse homogénéité qui fait augmenter  les taux d’intérêts pour en assumer les risques
au lieu de changer la logique avec de nouveaux projets de société de socialisme de marché et pas par une obligation jusqu'au complexe de la recherche d'une égalité commune qui n'existera jamais parce que toutes les personnalités ont des désirs spécifiques, tous les groupements humains partisans sont différents idéologiquement et intellectuellement.

0.PNGSi les potentiels financiers sont différents, les envies et les méthodes pour les consommer et les user ne le sont pas moins.
Un CEO qui gagne un million d'euros par an est trouvé excessif, le double ou le triple payé à un joueur de foot ne semble pas
inquiéter ses fans.
Don Quichotte m'écrivait à ce sujet
0.PNG "Connaitre l’Histoire toujours l’Histoire c’est cela la clé de la compréhension d’aujourd’hui et de demain.
Même lui commence à comprendre ce que les soi-disant « de gauche » répète dans le désert depuis 30 ans.

Colmant ne dit rien d’autres que ce que démontrent les résultat des études des équipes de Thomas Piketty qui mettent en évidence, en appliquant une méthode d’analyse des histoires économiques et financières des pays, les décisions idéologiques de non-sens prisent par certains politiques au pouvoir et par le laisser faire d’autres comme les socialistes européens.
0.PNGLa conséquence politique de ces choix idéologiques depuis 30 ans est le réveil des nationalismes, de l’extrême droite et surtout de la perte de confiance des citoyens dans la capacité de leurs dirigeants de gérer les affaires économiques et sociales.
L’Histoire nous montrent que le grand capital a toujours préféré l’option des pouvoirs fort nationaliste ou d’extrême droite ou dictature, si nécessaire, pour faire fructifier plus rapidement leurs intérêts.
Et ceci n’a rien à faire avec « la gauche ». C’est seulement l’Histoire qui nous enseigne la réalité historique".

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Mais alors dans ce monde où on entend de tout, que penser du coq Maurice?

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Eriofne,

14/1/2021: La taxe sur les titres en portefeuille podcast

 

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