DémocraNet (31/01/2007)
La démocratie va t'elle encore subsister et fonctionner sans la technologie?
Internet est devenu l'entonnoir de la pensée.
Le journal "Le Soir" en parlait dans un article du 29 janvier de cette volonté, de cette obligation de passer par Internet pour diffuser l'info sur les présidentielles françaises. Le titre: "La bataille de l'internet pour les présidentielles". Vidéo compromettantes, rumeurs, sites officiels, blogs de tous bords étaient cités pour mettre en avant le jeu politique sur toile de fond incontournable.
Francis Balle, professeur de sciences politiques à l'université Paris II et spécialiste des médias s'étonnait presque en disant :
- "C'est la première fois, qu'Internet joue un rôle important dans une campagne présidentielle française".
2004 a déjà été le théâtre d'une première joute virtuelle avec la campagne autour des élections de deuxième tour de G.W. Bush.
Aujourd'hui, il faut faire plus fort, plus actuel, plus scientifique, plus ciblé. Si les candidats se font connaître, ils espèrent aussi que le sillon creusé par eux, fournisseurs, se poursuive par l'intermédiaire de ses clients, les fans, les opposants et les indécis. Ces derniers, par cet intermédiaire, pourront se forger à coup de pilon une idée plus précise.
Tous les candidats du « grand show » ont leur site propre. C'est un "must". On y met tout ce qu'on a sur le cœur mais avec le temps de la réflexion en sus. Les tête-à-tête débats sont risqués. La tranquillité de son sofa est bien moins aléatoire.
De cette manière, les idées arrivent avant tous dangers sur la table des négociations. Les objections sont connues par avance et peuvent se préparer avant l'étalage des "produits".
Les blogs apportent la bataille de l'opinion mais surtout l'orientation de la culture "citoyenne". Le populisme n'est pas exempt de la marche en avant. Pour le citoyen, les blogs sont également une source primaire d'information pour suivre un tant soit peu les bons et mauvais points des « artistes ». Consommer de l'information à bon compte est à la mode. Le haut débit a favorisé un mouvement qui prenait jour dès les élections de 2002. La cerise sur le gâteau est maintenant la vidéo avec allocutions intégrées.
You Tube, Daily Motion et ... le gîte de quelques élucubrations personnelles, Agoravox. Les coups bas et coups de gueule sont du parcours. Fragile s'abstenir. Zorro est arrivé car les signatures se font aussi en « Z » sous des couverts masqués.
En tant que rédacteur-lecteur et surtout par ma fonction acceptée de modérateur sur le site d'Agoravox, le "Journal citoyen", tel qu'il se définit, je n'ai pas manqué de remarquer le nombre des articles qui tournent autour des élections françaises dont la croissance en croissance exponentielle. Tout y passe. On va presque tout savoir sur ce que l'un utilise comme dentifrice pour obtenir le sourire le plus blanc ou ce que l'autre a comme rouge à lèvre pour refléter la couleur du parti. L'exagération ne fait pas nécessairement dans le caricatural.
Par définition, ma modération ne s'intègre pas dans ce débat trop spécifique. On parle de choses que l'on connaît et on n'aime que ce que l'on connaît bien.
En commentaire de certains des articles de ce site ou sur leur forum lui-même, j'avais signalé cet excès vu d'un acteur-lecteur qui aurait eu la mauvaise idée de sortir des frontières de l'hexagone. Agoravox a dépassé les frontières de France. Des rédacteurs et lecteurs s'y retrouvent en rangs serrés de tous les pays francophones.
Non seulement Agoravox poussait le flux vers le haut de la barre à la une du journal mais, en plus, s'est lancé dans des analyses dites volontairement "objectives" dans la présentation des candidats.
Mes commentaires ont apparemment passé sur la bosse de l'indifférence bleu-blanc-rouge. Il y a bien un rédacteur qui propose une déviation de tous ces articles sous un chapeau unique mais qui laissera très probablement peu d'excitation dans l'esprit des décideurs.
Il écrivait en forum :« En tant que lecteur d'Agoravox, je dois avouer une certaine lassitude devant le nombre d'articles sur la présidentielle. Cela représente parfois près d'un quart de l’article d'une édition et la majorité tient plus du commentaire ou de la tribune libre que de vrais articles (les 19/01 5 articles, le 18 4 sur 25 dont la une, le 17 6 sur 28, dont la une). Je pense donc qu'il est du ressort des modérateurs d'être sélectifs en ne 'laissant pas passer' que 2 à 3 articles sur le sujet par jour. Une rubrique spécifique pourrait être créée pour accueillir tous ces articles mais seuls les 2 ou 3 évoqués seraient mis en avant dans l'édition du jour.»
Fin de citation et fin du monologue. Car...
En super forme, les articles "Face cachée des présidentiables en sauce wiki", "Les chiffres qui s'emballent" (tiens, eux aussi), "Les sirènes vidéo", "Les citoyens filment l'actualité" font ressortir par définition que le citoyen français fait bien partie du cinquième pouvoir. Prélude à une grande messe à Paris de tous les rédacteurs et lecteurs désirant en savoir plus au sujet de ce pouvoir moderne avant les élections.
Or, comment rester impartial ? Comment être juge et parti ?
Cette question posée est restée sans réponse. A mon avis, c'est impossible.
Un arbitre au football est un homme qui vient d'office de l'extérieur. Il connaît les règles du jeu mais n'a aucune subjectivité inhérente à son état volontaire d'impartialité.
Qu'on ne vienne pas dire ce que je n'ai pas dit. Il faut en discuter, ferme, de la politique. Mais, il faut mettre une étiquette sur le bouquin ou la page internet. Se targuer d'impartialité est un leurre.
Dans un commentaire à un article susmentionné, j'avais même osé lancer la boutade volontairement ostentatoire pour faire réagir : "Les Français attendent-ils le Messie ?".
Rien en retour. Le petit belge est vraiment un enfoiré qui ne connait pas nos affaires intérieures. On ne va pas perdre son temps à lui expliquer.
De notre côté de la frontière, nous aurons, je vous le signale qu'en juin, nous aurons aussi des élections qui, quoique non présidentielles, seront tout aussi importantes. Donc, il ne faut pas nous là faire, la chanson de l'innocence.
L'année passée, j'avais écrit un article sur mon site qui s'intitulait « Internet, reste net ». A l'époque, je parlais des dangers devant cette meilleure et pire activité humaine du savoir. Je ne citais pas de point sur la politique et la démocratie, ce n'était, simplement, pas dans l'air du temps. Il n'en reste pas moins que le danger est bien réel dans ce domaine de citoyenneté. La représentation de reconnaissance de ce 5ème pouvoir en est une preuve. La segosarkozite aigue est donc la nouvelle maladie.
L'excommunication est peut-être le remède, mais, l'enfoiré, n'est-il pas un citoyen comme un autre ?
Non, dans ce domaine-là, peut-être plus qu'ailleurs, le problème d'Internet c'est, comme le faisait remarquer Anne Romanoff : « On ne sait pas ce qu'on y recherche, mais on trouve ce qu'on ne cherche pas ».
« En ce jour du mardi 30 janvier 2007, on a l'impression, comment dire, d'être diminué. En voyant Michel Daerden présenter ses vœux devant deux mille personnes sur la scène du Forum à Liège, ou en entendant l'imitateur Gérald Dahan piéger Ségolène Royal en contrefaisant la voix du Premier ministre québécois, on a le sentiment de rapetisser. C'est sans doute que l'on touche là à ce que l'on imagine être ce qui nous reste de citoyenneté, à cette façon dont nous pensons pouvoir être relié au politique, à ce qui fait que nous vivons ensemble, à la manière dont nous vivons ensemble, aux raisons que nous avons de vivre ensemble. C'est tellement compliqué de faire du politique aujourd'hui et c'est tellement difficile, aussi, de l'être. Alors, maintenant que la politique est devenue un spectacle, mais un mauvais spectacle, on a l'impression que quelqu'un qu'on n'avait pas vu vous a dérobé un morceau de votre bulletin de vote.
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