LobsterBies (22/11/2007)

d56602587396ec7c2a97f41db1e64830.jpgLes "Lobbies", le "lobbying", les mots souvent utilisés. Que cachent ses mots? Qui en sont les instruments? Pourtant, on se rend très vite compte que les repas qui s'y servent sont agrémentés de ce crustacé de grande renommée: le "lobster". 

L'origine du mot "Lobby" est "vestibule qui attend dans le couloir".

Comme, le homard !

"Questions à la Une", le 23 mai 2007, parlait de ces groupements qui se font payer pour conseiller ceux qui peuvent payer leur conseils d'expert.

L'invasion des lobbyistes.

A Bruxelles, on compte 15000 lobbyistes, presque autant qu'à Washington, la capitale mondiale du lobby. Les lobbyistes de Bruxelles travaillent dans un périmètre très restreint. Sur quelques kilomètres carrés, autour du rond point Schuman. Ils encerclent les institutions européennes et ça n'est pas qu'une image. Dans les faits, on constate que les lobbyistes sont partout, aussi bien au parlement et à la commission que dans les groupes de travail qui précèdent l'écriture des directives et des lois votées par les députés. Les lobbyistes ne travaillent pas dans le secret. Ils ont pignon sur rue. Ils sont d'ailleurs répertoriés et ils portent un badge précis pour rentrer dans l'enceinte du parlement. Sauf que les institutions viennent d'être secouées par plusieurs scandales. Un exemple, le licenciement de ce conseiller allemand qui travaillait pour plusieurs entreprises privées et en tant que conseiller du commissaire à l'énergie. La puissance des lobbies est spectaculaire. Ils réussissent à faire basculer certaines lois ou directives comme REACH (programme réglementant l'utilisation des produits chimiques). Pour ce faire, ils disposent de gros budgets qui leur permettent d'informer les autorités européennes. A l'appui, dossiers luxueux, très bien écrits et très bien documentés. Un constat, à Bruxelles, tout le monde travaille ensemble pour le meilleur et pour le pire. Des cabinets privés au service de grands groupes industriels, financiers ou agricoles pour intervenir auprès de politiques. Des groupes de pressions qui parviennent à faire modifier des lois. En France, on dénombre une vingtaine de cabinets de lobbyistes et une centaine de consultants. Des agences installées stratégiquement aux abords de l'Assemblée nationale, des ministères et qui ne cessent de se multiplier. Toutefois, cette profession n'est pas encore reconnue en France. La présence de lobbyistes est même interdite au Palais Bourbon. Et pourtant, on les croise dans les couloirs de l'Assemblée, dans les bureaux des députés. Ils arrivent ainsi, dans la discrétion, à toucher les plus hautes instances du pouvoir.

Quelques jours plus tard, l'Echo avait un article intitulé: "Vers un lobbying plus transparent" (Patrick Wilkins). La fonction de lobbyiste évoluerait et perdrait sa connotation négative associée à cette profession. "Concept fourre-tout à la limite de l'illégalité et du trafic d'influence". Les mots étaient lancés pour être corrigés. Le magazine "European Lawyer" était censé apporter la lumière. Le but avoué: "représenter ses clients pour influencer le processus législatif et politique".

L'origine du mot "Lobby", en ligne directe du 19ème siècle, proviendrait littéralement du mot « vestibule » ou « couloir ». Le général Grant, lors de la guerre de Sécession avait quitté la Maison Blanche en flamme et s'était réfugié dans le rez-de-chaussée (lobby) d'un hôtel pour chercher des conseils auprès des Membres du Parlement. Ces groupes d'influence et de pression voulaient influencer les pouvoirs publics pour défendre leurs intérêts particuliers, matériels ou moraux par le lobbying.

Plus comique encore, le dictionnaire Webster désignerait le mot "lobby" comme un enclos dans un champ pour rassembler les animaux avant le transfert à l'abattoir. Se rapprocherait-on de la véritable fonction?

Le rôle des lobbies est, paraît-il, d'apporter des conseils, un contrôle ou une représentation spécialisée à tous les niveaux de pouvoir. Les grands groupes industriels ou agricoles, les dirigeants politiques font partie des clients. La complexité des affaires et de la législation européenne, l'éloignement de l'endroit où sont prises les décisions, n'y seraient pas étrangers.

Ces lobbies existent dans tous les milieux. Tous les secteurs sont impactés. La culture, l'économie, la religion trouvent ses propres conseils avisés.

Les informations transitent-elles dans leur totalité? Sont-ils, en extrapolant, devenus les "mercenaires" de l'information et de l'influence ou, de manière plus humoristique, les "escort girls" du monde des affaires.

Passés dans le milieu politique, les lobbies apportent leur poids dans les décisions, bousculent ou en promulguent de nouvelles lois par ricochet. Influence de tout premier ordre au premier niveau.

Le risque existe que ces conseils cherchent à trouver les solutions les mieux adaptées à leur propre existence. En Europe, ce service de conseils juridiques aux États est né en 1970. Il commence seulement à évoluer après une connotation péjorative.

4c40780e779a1954727cf1b9c4d09608.jpgDepuis Bruxelles, un demi-milliards d'individus est impacté dans la vie quotidienne au niveau des normes et des impôts conseillés par les lobbies sans que sa population sache en attribuer l'origine. Et rien n'est trop beau pour les bâtiments qui les abritent au Rond Point Schuman. On démolit et on rebâtit.

Preuve de bonne santé, ces "Ombres aux Voeux Non Identifiés" (OVNI) sont toujours en augmentation à Bruxelles.

On apprend qu'un code de conduite, de déontologie et d'éthique sera mis en place fin 2007. Les cadeaux au dessus de 150 euros seront dès lors défendus.

Profiter des failles du système, suivre les lois du marketing, s'assurer des réseaux sont les outils à disposition. Les politiciens ont été désignés par la population pendant un certain temps dans un relatif "pouvoir", en bouc émissaire, souvent, en fusible, parfois. Elevés sur le pavois en ministre avec portefeuille, mais avec une bourse très réduite.

Ce n'est pas le sommet qui dirige et commande mais l'étage juste en dessous qui dirige la partition et souffle les notes. Et, l'électeur ne vote pas pour cet étage-là qui agît dans l'ombre. Quelques privilèges sont assurés pour assurer la collaboration de ceux qui vont propager la bonne parole au sommet au grand jour.

Tous les secteurs d'activité sont orientés par ces groupements de pression qui interfèrent comme arbitres. Les ONG en concertation avec le pouvoir et les entreprises multinationales impriment insidieusement leurs idées stratégiques pour décider de l'avenir de l'énergie, l'environnement, l'agriculture, les services. Les erreurs de parcours ont donné une orientation très péjorative dans l'esprit du public surtout français plus imprégné par la République et les Droits de l'Homme.

Minimiser les risques par l'industrie en s'appuyant sur des scientifiques, les médias et ensuite, prendre de grandes décisions ont engendré des erreurs directionnelles telles que les famines, les contaminations du sang, les désastres pour la santé par l'amiante, les OGM, les farines animales de ces dernières années. Les ONG ont leur mot à dire si elles ne dévient pas de leur objectif comme ce fut le cas récemment au Tchad (Arche de Zoé).

Menace pour la démocratie qui ne peut se régler que par la transparence et l'encadrement des "encadreurs" par une démocratie représentative et un pluralisme d'idées et d'idéologies. Le financement des partis, sources par excellence, est une question primordiale de cette zone d'influence. Le nombre d'agences de lobbying a doublé à Washington depuis le début de ce siècle et se rapproche des 40.000. Les budgets alloués dans ce but, frisent les 3 milliards de dollars. Depuis, le secteur a pris de l'embonpoint dans ses exigences en doublant ses tarifs.

On engage dans ces secteurs des collaborateurs avec des salaires de départ de 300.000 dollars et on suit patiemment l'évolution des dépenses du Capital. Le gâteau qui suit les "lobsters", n'en sera que plus grand. Les lobbyistes sont à la fois des professionnels, mais aussi des mercenaires se vendant au plus offrant. Enfin, ce sont des estimations car la transparence et sécurité n'est pas encore le maître mot. Sim Kallas de la commission s'est inquiété de connaître la source des budgets.

A ce tarif, cherche-t-on encore à se battre pour une idéologie ou pour gagner de l'argent et à en faire gagner au client. Le politique ne recevrait dans cette atmosphère, que des "miettes" un peu plus grosses de cette grande scène.

Dans le même esprit, le président Sarkozy a trouvé son gourou en la personne de Henri Guaino, écrivait le Nouvel Obs. Ses discours sont étudiés par son mentor pour trouver la bonne parole au bon moment. Quand, on a l'appui en exclusivité, a-t-on encore l'envie de dépenser du temps pour trouver les idées soi-même? "Un crayon qui se prend pour une plume" lancent ses détracteurs en provenance même de son propre parti. Ce conseilleur pousse à ne pas lever le pied de ses décisions dans le cas des grèves en France.

"Les conseilleurs ne sont pas les payeurs" est le dicton qui va le mieux. Ces sphères d'influence pourraient chercher à promouvoir ou empêcher des changements politiques sans chercher à se pousser eux-mêmes en avant par des élections. Interfaces entre le pouvoir des députés et ses administrés. Consultatifs et pas nécessairement responsables, donc. Ils se retrouvent trop souvent dans les rangs du politique.

"Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis" pourrait être le contrepoids pour celui qui a le destin d'un pays entre les mains. Se parler entre les véritables interlocuteurs, trouver les compromis, lobbies non admis, en fait, une solution, comme une autre.

Une prise du risque par la responsabilité citoyenne à tous les niveaux peuvent corriger ce dirigisme qui sort en droite ligne d'une élite. S'impliquer et ne pas uniquement voter pour des représentants est la voie de la sagesse.

Il faudra cependant prendre garde aux hébergeurs des "bonnes" paroles du peuple citoyen et des média citoyens. La manipulation des idées peuvent aussi transiter insidieusement par cette voie "blanche". Ne pas s'en inquiéter par un manque d'analyse ferait preuve d'un laxisme béat. L'enfer pavé de bonnes intentions, en quelques sortes.

La soi-disant "théorie du complot", commentée par certains affabulateurs, y a ajouté un goût de mystère dans l'esprit de romanciers. Il ne faut pas aller aussi loin pour expliquer cet aveuglement, mais plutôt par une mauvaise compréhension de la finalité.

Le lobbying des avocats américains avait une longueur d'avance sur les européens. Cinq cabinets d'avocats sur dix y sont consacrés. Partie du procédé démocratique, le lobbying y serait plus implanté car réglé par les institutions. Passer du cabinet privé au cabinet public y est d'ailleurs très courant.

Des gens comme Al Gore qui vont à l'encontre des idées reçues de bas en haut et de haut en bas n'auront de cesse de rechercher une vérité qui dérange. Le pacte écologique de Nicolas Hulot en est la version française. Tous deux se sont retrouvés, un jour, devant une terrible vérité qui a changé leur vie par la philosophie qui s'est réveillée en eux. Dans leurs mains, la physique a pris un nouveau départ en transformant l'énergie potentielle réfugiée dans les rêves par l'énergie cinétique dans l'action.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Transformer le "soi" en "nous" serait la réplique. Regarder l'étage juste au-dessus ne suffit plus. Il y a désormais une triangulaire. L'apathie et le laisser-faire par la délégation des pouvoirs de décision n'écartent pas la responsabilité. Chacun joue le requin et les rémoras de l'autre. Véritable pyramide mais sans pyramidion bien défini.

Internet sauvera-t-il le monde ? Peut-être s'il n'est pas déjà "lobsterisé". Surveiller le processus de décision dans une chaîne de la vie qui s'ajuste, cette fois, par un brin de réflexions en plus. L'abrutissement par le travail ne serait plus pour tout le monde, dit-on. Cela donnerait plus de temps pour cet exercice de recul et offrir une autre chance de sortir d'un engrenage s'il existait un jour.nature,homme

Les citoyens pour sauver le monde? Encore faut-il le prouver et que l'argent n'est pas la seule panacée des prérogatives... Les bonnes consciences, les aveugles et les malentendants ont été mis au courant que les choses doivent changer. Alors, conseils impartiaux, complets et objectifs, alors, oui.

La comitologie peut être vraiment un danger pour la démocratie. Le lobbying, un art.

Vive le Grand Jeu, à condition qu'il soit pour tous et que les cartes distribuées soient les meilleures pour assurer le succès de la planète citoyenne entière.

 

L'enfoiré,

Le sujet analysé ailleurs ... et encore

Citations:

 

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