Vivre dans un monde démocrate, ça vous gratte ? (21/04/2005)

0.jpgComme toutes choses, la démocratie a ses travers, mais c'est la moins pire des contraintes.  Et, en plus, elle coûte cher. Alors...comment?

Dans les sujets qui animent et qui monopolisent les conversations, la Démocratie arrive en bonne place. Cette grande idée de donner des pouvoirs à chacun a été inventée par ces précurseurs que furent les Athéniens à leur apogée au cours du 5e siècle avant JC.
La Démocratie, même si elle a été souvent galvaudée, mal comprise dans son essence ou mal appliquée, reste la meilleure des choses pour l’Homme avec un grand ‘H’.
Mais, lors de chaque élection qui fait sa raison d’être, c'est rebelote : de moins en moins de votants parmi la population appelée aux urnes.

Dans les pays où le vote n’est pas obligatoire, le pourcentage de participation est devenu ridiculement bas et le résultat des votes ne parvient plus à être représentatif de la population consultée.
Une lassitude s'est installée inexorablement et les raisons invoquées par les électeurs sont des plus irréfléchies ou irresponsables. En gros : ‘Pourquoi me déplacer et perdre mon temps pour quelque chose qui ne changera pas ma vie de tous les jours’ ...
Sans aucun doute, tous ne raisonnent pas ainsi. Les adeptes des partis extrémistes parfois liberticides, eux, seront bien présents parmi les électeurs et parmi leurs candidats.
Si la politique ne vous intéresse pas, la Politique, elle, s’intéresse à Vous.
Et si vous perdez vos droits ou vos libertés, vous n'aurez vraiment qu'à vous en prendre à vous-même.
Récemment, lors des dernières élections présidentielles en France, (pays qui se veut démocratique par excellence) le premier tour du scrutin a montré ses faiblesses et le taux d’abstention était monté au plus haut. Au vu des résultats des extrémistes de la droite qui se trouvaient en ballottage grâce au ronron de nos habitudes, ce fut l’électrochoc salutaire, le réveil, la peur des résultats lourds de conséquences pour nos libertés. Des meetings, des manifestations, la mobilisation générale s’en suivirent dans un temps très court. Un nouvel élan salvateur, une résurgence de l’esprit démocratique étaient née. Au deuxième tour, on ne nous y prendrait plus. La France était sauvée…
Malheureusement, on oublie vite et aux élections suivantes on se retrouve face au même absentéisme.
La faible représentativité de la population est un problème majeur. En général, le taux de participation s’élève en moyenne à une bonne cinquantaine de pourcents de l’électorat possible. Ce qui veut dire que les partis gagnants qui décrochent péniblement leurs 50% n’ont en fait que 25% de l ‘électorat complet. La mobilisation, malgré toutes les actions via tous genres de média et toutes tentatives de séduction de nos hommes politiques, n’arrive pas à s’élever beaucoup plus. Certains partis poussent même à l’abstention pour contrer les autres candidats dont ils ne partagent pas les idées parce qu’ils ne sont pas assez bien en lice pour gagner l’élection. En somme, la technique de l’autruche qui se met la tête dans le sable en attendant que ça passe.
Les pays totalitaires se targuent de faire réélire leur ‘champion’ à des niveaux de plus de 90%. Comment ne pas rester pantois ou soupçonneux devant de tels résultats ?
En Belgique, les élections sont obligatoires et les non votants sont passibles d’amende en cas d’abstention non justifiée. La raison en est historique : la lutte ouvrière voulait rendre impossible tout magouillage qui aurait permis de ‘payer’ un électeur pour l’empêcher de faire son devoir. Cela n’arrange malheureusement pas tout, et tout est bon pour s’éclipser par la recherche de dérogation pour cause médicale, professionnelle ou de vacances et j’en passe. Si les électeurs se présentent, ce sera souvent contre leur goût. Le devoir de civisme est encore plus galvaudé si par malheur, ils ont été désignés comme assesseur ou président de bureau de vote. A nouveau, c’est : courage, fuyons…
C’est pourtant une responsabilité qui nous incombe par respect de nous-même et pour nos aïeux qui se sont battus parfois au péril de leur vie pour obtenir ce droit dont nous jouissons avec tant de désinvolture aujourd’hui. Au 19e et 20e siècle, la lutte ouvrière a été dure pour nous permettre de jouir des droits que nous consommons aujourd’hui avec délectation sans compter et en pensant qu’ils sont naturels ou allant de soi.
Mais qui dit droit, dit aussi devoir. Le civisme en est un, et il nous faudra prendre ce flambeau et le garder avec vigueur pour espérer conserver nos acquis.
Sinon, bientôt, nous ne devrons plus aller voter, mais nous devrons dans ce cas accepter la dictature aux effets diablement plus embarrassants.
Que reprochons-nous à l’esprit démocratique ?

Pourquoi, existe-t-il des gens qui vont jusqu’à le considérer comme la pire des choses ?
Les partis antidémocratiques eux annoncent avec véhémence : "Les partis démocratiques sont tous corrompus, ils n’apportent rien de nouveau, ils se ressemblent tous, les idées sont les mêmes de chaque côté de la barre", et j’en passe. Le message est clair, concis, efficace et surtout accroche-cœur ou racoleur.J’en conviens : l’impression que rien ne change dans notre vie de tous les jours (métro, boulot, dodo) peut apparaître ainsi et l’envie de jours meilleurs est bien naturelle sinon salutaire.
Le degré de complexité de la gestion d’un pays, les décisions difficiles à prendre, toutes les discussions contradictoires pour acquérir la certitude que la décision prise était la bonne, nécessitent un temps très long avant la mise en place. Ce n’est pas nécessairement ‘Mammouthland’, mais ça pourrait en avoir des relents. Un temps non négligeable est certes nécessaire pour s’assurer du maximum de chances d’avoir pris la bonne décision dans l’élaboration d’une loi.

L’Homme dès son arrivée sur terre s’est imposé par nécessité le choix d’un chef. Chef qui devait prendre en charge le reste du groupe, le protéger contre les dangers venant de l’extérieur, lui fournir l’aide, le conseil nécessaire à son épanouissement. Dure responsabilité, mais qui étrangement trouve toujours des candidats. Le Pouvoir (avec un grand ‘P’) sur les Autres, c’est ça la carotte.
Mais il grise très vite : les honneurs, le respect des autres, la disponibilité des choses réservées seulement à l’élite, la fortune (et oui, l’Argent..) font la différence.
Une dictature par l’abolition de la démocratie accentuerait d’autant plus ces ‘extras’ et écraserait tout esprit trop indépendant à la source.
Et voilà, sortir du rang avec des pouvoirs exacerbés, voilà ce que désirent les partis extrémistes.
Un dictateur ne l’est que rarement au début de sa gouvernance, il le devient.

La Démocratie, elle, fait ce qu’elle peut. Elle doit accepter par définition tous les compromis qui apparaissent lors de coalition de différents partis, couleurs et visions qui partagent la gouvernance Elle suit simplement par obligation le pluralisme de son électorat. Elle doit contrôler et tirer les conclusions et décisions des oppositions les plus disparates dues aux alliances « contre nature ».
Par là même, elle ne peut refuser en principe l’existence des extrêmes liberticides.
Là réside ‘Le’ danger : cette obligation statutaire contient en son sein les germes de sa propre destruction.
Les inégalités et l’insécurité sociale concourent au succès de l’extrême droite et, pour la vaincre, la tenir à l’écart par les partis démocratiques n’offre pas nécessairement la recette magique.

Je dois l’avouer, ce qui me gène le plus vis-à-vis de la démocratie, c’est que les politiciens en place ou leurs challengers sont en général trop éloignés de la base de leurs concitoyens. Qu’ont souvent les électeurs à leur disposition pour décider du choix d’un candidat ? Les capacités et l’intégrité des candidats apparaissent de manière peu précise. Est-ce le show très médiatique des partis à la télé, le ‘chant des sirènes’ qui va les aiguiller en leur âme et conscience. Le choix reste difficile.
L’électeur aurait plus de chance de faire le bon choix s’il avait eu l’occasion de coudoyer les candidats, de leur parler de ses propres problèmes, d’avoir pu confronter ses idées personnelles avec celles du parti. Les discours de ceux-ci sont parfois trop stéréotypés, trop lissés pour paraître honnête.
Le commun des mortels a du mal à se retrouver dans le fouillis des partis et de leur programme qui se ressemblent parfois furieusement que cela soit de gauche ou de droite qui n’assument plus leur identité. Juste avant une élection, les indécis de dernière minute sont souvent très nombreux. Après le vote et la nomination d’un nouveau gouvernement, l’électeur a l’impression que les résultats ne correspondent pas à son choix à cause des alliances multiples entre les différents partis qui forment la coalition. Souvent, on entend dire que la population s’écarte de plus en plus du monde politique et que les idées des politiques ne sont plus comprises par la base. C’est la raison principale de l’indécision qui plane au dessus du scrutin.
Les partis le savent bien d’ailleurs et souvent la population ralliée à leur cause avant les élections ne les intéresse plus et ce sont ces derniers groupes d’ »incorrigibles indécis» qui vont attirer toute leur attention et de tous leurs efforts pendant les derniers jours précédant le scrutin.
Ce sont eux qui vont en fin de parcours influencer les résultats.

Par l’intermédiaire ou par l’appui de la ‘petite lucarne’, les animateurs de TV qui décident de quitter leur job de journaliste et entrer dans la carrière de politicien ont énormément de chance d’y parvenir.
Plus proche des gens, ils sont entrés dans leur foyer. A force d’être vu, ils sont devenus presque des membres à part entière de leur famille et sont de ce fait mieux compris et appréciés.

"Progressiste, oui, fataliste, non" une devise ?
A nous de l’assumer pleinement en notre âme et conscience.

Car comme il est dit dans le film:

 "Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages".



L'enfoiré de service

PS. Ce texte donne une analyse du statut. Un suivant donnera des idées d’amélioration. A suivre.


Citations :

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