Grève autrement (28/08/2007)

marchéIl y a eu le socialisme et le communisme qui se sont mis dans la bataille contre le capitalisme. Même aujourd'hui pour David, les armes pour contrer Goliath ne sont plus nécessairement ajustées. David reçoit des coups par la bande larvée.

Dernièrement, la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts, Ryanair se plaignait d'avoir subi une grève sauvage dont ils n'étaient pas en cause. Le patron Michael O'Learly n'a pas digéré et l'a fait savoir à la région wallonne ce 21 août.

Pour la bonne forme, il réclamait un million d'euros de dédommagements aux responsables de l'aéroport pour avoir été clouée sur le tarmac de Charleroi pendant le week-end du 15 au 17 juin dernier. 22.500 passagers avaient alors été pris en otages de cette "grève sauvage".

Un protocole d'accord pour sécuriser la gestion de la sécurité des aéroports avait été signé avec les syndicats. Mais, cette compagnie n'est pas un modèle de respect vis-à-vis des législations belges.

L'accord était clair: un revenu pour les travailleurs et possibilité, s'ils le désirent, de retourner travailler pour l'administration. En attendant, Ryanair a décidé de suspendre ses réservations à Charleroi à partir du 12 novembre. Bluff? Peut-être. Date du hasard? Non, certainement. Pas de mal pour la période d'été, on assure et on a le temps pour trouver des solutions.

Ryanair se dit prêt à assurer ses vols avec "l'assurance qu'une éventuelle grève ne pourra plus bloquer cet aéroport international". Un "Signal fort" est demandé pour mettre la pression au besoin par un coup de force.

L'argent ne semble pas être la seule revendication. Ryanair espérait que l'esprit de la grève, lui-même, change. En fait la grève ne serait plus permise dans certains cas. Et si la recherche d'une volonté était plus profonde et n'était pas recherchée? Est-ce briser le pouvoir de grève.

Le ministre des télécommunications, André Antoine persiste et signe: le droit de grève doit être maintenu. Le lendemain, les choses semblent s'arranger. Le million demandé n'était là que pour donner du poids à la revendication. Le lendemain, les responsables de l'aéroport s'envolaient pour l'Irlande pour discuter avec ceux de Ryanair. Fumée blanche, tout est rentré dans l'ordre. Il est annoncé un plan d'urgence qui va être constitué pour "arrondir les angles". On ne dit pas qui et comment on prendra en charge cette nouvelle bouée de secours. Mais, supposons le problème résolu et n'en parlons plus.

De quoi débattre à nouveau sur le service minimal?

En juillet, déjà, la question s'était posée dans le sens de revoir la notion d'"emploi convenable". Cette notion permettrait un service minimum dans les ports et les aéroports. L'Echo en parlait dans un article qui avait pour chapeau: "Cette mesure devait faciliter la mobilité régionale des travailleurs", cela en marge du rapport de Didier Reynders dans son rapport au Roi.

Il était question d'une discussion entre les acteurs riverains de l'aéroport et du patron de Belgocontrol. La logistique est bien entendu importante pour un pays. Veiller à l'accessibilité en toutes circonstances des aéroports. « Bloquer » est le mot qui énerve. Une zone neutre comme un Parlement est même envisagée. Annoncer 48 heures avant une grève, un mot d'ordre de grève, préconisé par Nicolas Sarkozy qui a aussi dû plancher sur le problème. Ce qui, il faut bien l'avouer perd un peu de son « sel ».

La question à se poser est simple comme toujours: "jusqu'où aller trop loin en croyant gagner la proie pour l'ombre?". La lutte des classes existera toujours. Les compromis, toujours eux, pourront sauver des situations conflictuelles. Probablement.

Où est à la limite de l'acceptable. Si la force du travail avec les syndicats lâchent du lest et qu'on interdise la grève dans certains cas, soit par une formule de service minimum, soit en refusant ce droit parce qu'on ne peut plus assumer un service parce que les effectifs trop réduits ne le permettent pas, que se passera-t-il?

Comment contrer un patron qui dirait que son staff en entier est absolument nécessaire en toute occasion et qu'ainsi, une grève serait complètement mal venue et préjudiciable pour l'économie du pays?

Quelles seraient les professions qui pourraient user encore du droit de grève sans risquer un retour de flamme devant un juge?

Tous conflits futurs proposés à la justice se référeront d'une manière ou d'une autre au poids de la jurisprudence.

A des arguments aussi convaincants que répondre? La population et les consommateurs des services sont eux-mêmes souvent lésés et considère que quand cela va trop loin, cela commence à bien faire.

J'avais écrit dans le passé un article intitulé "Grèver la grève" pour un conflit ancien qui avait généré des piquets de grève, des manifestations musclées très durs en Belgique.

Alors, que dire pour avancer le schmilblick?

marchéComment exprimer son ras le bol devant une situation inextricable sans rendre difficile ou inextricable la situation des "voyageurs du même temps mais sur des voies différentes". Ce voyageur est le consommateur dans la triangulaire.

La grève est affaire de combat dès le début et sans elle, y aurait-il une véritable classe moyenne qui serait née chez nous pendant le 20ème siècle? La Chine n'est qu'un des exemples connus du résultat de cette absence.

La grève ne pourrait-elle trouver une autre forme par les résolutions des problèmes et les conflits de pouvoir? Question difficile et je n'ai pas vraiment trouvé une option adaptée à toutes les situations.

La solidarité dans la compréhension des buts à atteindre par exemple? Être dans le même bateau ne veut pas dire couler ensemble.

En Belgique, dans le secteur des transport, des tentatives de solutions avaient été utilisées en ne faisant pas payer à l'utilisateur le titre de transport en commun. Les utilisateurs en étaient évidemment ravis prêt à féliciter par cette initiative.  

Mais cela ne marche pas totalement.

En France, par exemple, il y a des lois qui obligent les cheminots à faire leur travail dans les règles. La grève de la pince, est considérée comme une faute grave.

Des astreintes pourraient être demandées comme ce fut le cas lors d'une grève en 1989 pendant laquelle il y eu de lourdes sanctions. 

A la suite d'une augmentation des prix à cause de l'euro, l'Italie avait boycotté les commerces pendant une journée de grève de ... la consommation.

Dans un monde démocratique, qu'espérer de mieux qu'une franche explication sans effusion de sang, ni grosses colères, mais avec efficacité sur le domaine sensible de l'économie et de l'argent, nerf de toutes les guerres? Une sorte de responsabilisation du client qui se trouve un jour ou l'autre sur un des bancs de gauche ou de droite. Les problèmes peuvent ne pas être uniquement au niveau "fournisseur" mais se répercuter au niveau "client". Une sorte de conscientisation de tous les acteurs à tous les niveaux de la chaîne. Une concurrence qui élargirait le cadre de la production pour augmenter la qualité de l'ensemble. Tout ne trouve pas solution par cette voie, bien sûr. Ne pas en tenir compte...

Je viens de lire dans la presse qu'au sujet de la consommation, il y aurait de plus en plus de rappels d'articles défaillants (poupées, hamburgers, appareils électriques, véhicules, cosmétiques...). Cela pas uniquement dans les pays dits "en voie de développement". Il y a manifestement un problème qui plombe bien plus que les travailleurs.

L'humour pour critique, est une autre technique pour toucher l'adversaire et c'est quasiment sans risques. Il se partage, se disperse de bouche en bouche. 

Internet est l'outil qui est sous la main de chacun et à portée de click. Il ne sert pas qu'à vendre, souvent bien plus qu'à apporter du savoir. Et, en plus, il dépasse allègrement toutes les frontières. Donc, seule, la solidarité entre les consommateurs restera efficace.

Autant s'en souvenir. 

L'enfoiré,

 

Déjà discuté sur Agoravox

 

Citations: 

 

marché25 mai 2016: Grève nationale en Belgique. Résultats: podcast

1 septembre 2022: Comment remplacer les grèves insipides qui embêtent les citoyens par des variantes rigolotes qui mobiliseront tout le monde?
podcast

 

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