Mobilité contrôlée (25/03/2006)

0.jpgQuand notre monde grouille de plus en plus et que ses habitants ont besoin de mobilité dans les villes et autour d'elles. Voici un kaléidoscope d'idées vagabondes "à la Belge", une fois.
 
Il est tout à fait normal de penser à imposer des règles de conduite pour se relancer à l'assaut de nos routes et de nos rues. Partager celles-ci et pouvoir éviter les pièges, éviter l'anarchie qu'un manque de cohésion entraînerait, est une obligation salutaire. Ce qui grince parfois, c'est le manque de souci de cohérence dans les choix de ces règles imposées sans concertation avec la population qui doit s'y soumettre.

1.  Les villes engorgées sont des endroits qui ne devraient plus accepter les voitures qu'avec parcimonie. Il n'est plus possible d'envisager un futur pour ces villes qui auront perdu la mobilité dans les embouteillages quotidiens. Pourtant, certains commerçants se sont mis à hurler d'indignation quand leur quartier a été proposé pour devenir piétonnier comme si l'absence de voiture entraînerait la pénurie de clients. Pour ma part, au contraire, ils afflueraient bien plus dans le calme, la sécurité et le silence de rues piétonnes. Un peu de marche ne fait tout de même pas de mal à nos populations trop engraissées. Exemple à suivre Montpellier, 'ville pilote' totalement piétonnière dans son centre historique.

2.  L'augmentation des parkings de dissuasion à l'entrée des villes, des bus et tramways opérant sur un site propre dans les villes, des taxis collectifs, soutien des usagers du vélo pour les courtes distances sont des points qui apporteraient un peu d'oxygène dans les villes.

3.  Les points "car-pooling", les co-voiturages, existent généralement à la périphérie des villes, mais pas souvent en leurs seins. Trop peu de parkings pour les y installer? Que fait-on des terrains vagues en attente de reconstruction?

4.  Une véritable gestion active et en temps réel du trafic qui informerait l'usager de la route du temps nécessaire pour atteindre le point qu'il veut atteindre serait bien plus utile que le nombre de kilomètres à parcourir.

5.  L'utilisation des pistes cyclables, si elles existent, est imposée aux cyclistes. En soi, quoi de plus normal. Ce qui l'est moins, c'est que souvent ces pistes sont mal entretenues, mal agencées (des pointillés sur le bas côté des routes) et pleines de 'casse-vitesse naturels' et qu'elles deviennent plus dangereuses que les routes elles-mêmes.
Dans d'autres circonstances, pourquoi trouver des pistes destinées aux cyclistes qui s'arrêtent subitement et obligent à les quitter sans réelles raisons apparentes à l'approche d'un croisement avec un carrefour très dangereux? Si les autorités compétentes ne voulaient que se donner seulement bonne conscience vis-à-vis de leurs électeurs en installant des pistes cyclables de la sorte, elles ne feraient pas mieux.

0.jpg6.   En Belgique, nous avons un des plus mauvais score quant à l'utilisation de vélos en ville. Seulement 3%, alors que la moyenne est de 10%. Les raisons sont simples: encore et toujours le risque du partage des rues avec les autres véhicules et les pollutions. La combustion des carburants et le bruit ne se retrouvent pas vraiment dans la pub pour l'utilisation de nos "bécanes".

7.  Je ne sais pas si vous l'avez remarqué comme moi, les ronds-points commencent à fleurir (au sens propre et au figuré) un peu partout autour de nous dans nos villes et ailleurs pour ralentir la circulation et les ardeurs de certains conducteurs trop pressés ou stressés (ce qui revient au même). L'idée est bonne dans le fond mais elle est poussée dans des extrêmes qui n'ont plus beaucoup de relation avec le bon sens. Des passages trop étroits et non prévus pour ce genre d'entrave relèvent de la gageure. Si les voitures parviennent encore à circuler normalement en contournant l'obstacle, les bus ou les camions, qui restent encore avoir leur 'mot' à dire dans cette circulation mixte, ont toutes les peines du monde à se sortir honorablement de l'épreuve et écrasent cet objet d'entrave sans le vouloir ou en l'ignorant volontairement. D'autres espaces beaucoup plus larges mériteraient de telles attentions des autorités compétentes, mais allez savoir pourquoi ne se retrouvent jamais dans les projets.

8.  Parlons toujours "autour" des ronds-points et du code de la route qui lui a été attaché en Belgique. Récemment, l'obligation d'indiquer sa direction par les clignoteurs n'est plus requise qu'à la sortie de l'espace des ronds-points. Quelle a été la conséquence de cette décision? Ce qu'il fallait attendre en toute logique: l'oubli complet de l'utilisation des clignoteurs. S'engager dans le tourniquet est devenu un jeu de roulette russe! Incompréhension notoire des décideurs des règles à appliquer pour augmenter la sécurité.

9.  Des feux synchronisés entre eux sont un minimum dans une ville aux grands trafics. S'ils étaient 'intelligents' en plus et s'ils indiquaient aux conducteurs la vitesse qu'ils devraient adopter pour espérer ne rencontrer que des feux verts sur leur chemin, ce serait encore mieux. Cela a existé et existe encore probablement en Allemagne. Beaucoup moins de démarrages en trombe augmentant d'autant la consommation et une circulation plus fluide à la clé. A notre époque de pétrole cher, je crois que c'est un genre de modification qu'il faudrait envisager dans nos villes encombrées. On nous serine de plus en plus de filons à l'oreille pour épargner ce cher carburant. Eviter les embouteillages, les arrêts à répétitions devant chacun des feux rouges, qui font consommer les voitures à fond perdu, ne serait certes pas une idée saugrenue. Circulez, il n’y a rien à voir. A réactualiser, donc?

10.  Les travaux d'entretien entrepris sur les routes se planifient un peu trop souvent en juillet à la veille du départ en vacances des travailleurs de la route. Cela se résume à des rétrécissements de la chaussée en créant embouteillages à n’en plus finir en pure perte car le chantier lui-même reste souvent inoccupé et inactif. Quel gâchis et quelle perte de productivité pour tous les usagers !

11.  La fréquentation des poids lourds sur nos routes augmente d'une manière qui devient de plus en plus insoutenable. Les accidents graves comptent très souvent un de ceux-ci, impliqué avec souvent mort d'homme. Le pot de terre contre le pot de fer. Il n'y a pas une semaine sans que l'un d'entre eux se retrouve couché sur le flanc laissant échapper sa cargaison qui, toxique ou non, occasionne des embouteillages à n'en plus finir. Le 10 janvier, le ring de Bruxelles a été paralysé entre 15:30 heure et 02:00 heures, le lendemain matin après glissades et plusieurs accidents, car un camion avait laissé échapper de l’huile de tournesol. Aucune mesure drastique n'est prise. L'automobiliste n'a qu'à subir cet état de fait. La France et la Suisse ont résolu le problème partiellement par l'interdiction des camions durant le weekend ou par la traversée en train. On n'ose même pas évoquer le prix des réparations des autoroutes, judicieusement réparti parmi tous les contribuables, qui se détériorent à une vitesse décuplée par rapport aux voitures. A quand une ou plusieurs solutions nous seront-elles proposées? Pourquoi tant de camions? La réponse est plus simple qu'il n'y parait: ils constituent une grande partie des stocks. Ceux-ci coûtant très chers, on minimise au maximum les hangars stockant les marchandises. A la sortie des autoroutes, il n'est pas rare de trouver ces mêmes camions apparemment à l'abandon sans leur motrice en attente d'une future livraison. Le ministre de la Région bruxelloise tente en février de refuser l'entrée de la ville aux camions de grand tonnage. Tollé, de la part de la profession. Pourtant, à y regarder de plus près, est-ce normal de bloquer des rues étroites (parfois en 2ème file) pour des livraisons? Si les camions jouent le rôle des trains, pourquoi n'auraient-ils pas les mêmes obligations en s'obligeant de recharger les cargaisons transportées dans des camions à la taille plus ajustée? Je n'ai jamais vu un wagon de train dans les rues.

1.jpg12.  Dernièrement, événement qui arrive de plus en plus souvent, l'autoroute était bloquée à la suite d'un accident de camion qui heureusement n'avait pas fait de dégâts humains. Très vite des kilomètres de files s'étiraient lamentablement et la police organisait les déviations. Alors là, pour ce qui est de dévier, ça déviait, mais pas sur la bonne route. Manque de coordination ou de concertation, difficile à dire, mais la déviation s'effectuait en direction d'une route qui subissait des travaux. Charybde en Scylla, vous dites?  Ce matin 7 avril, à la radio, le monsieur qui parle des problèmes de circulation expliquait en long et en large les problèmes de travaux et d’accident sur l’E411 et indiquait qu’à la hauteur de x, il fallait quitter l’autoroute et prendre la nationale y. « Ensuite, vous continuez votre rut vers le Luxembourg » ! Je savais que l’Ardenne à une « ardeur d’avance » mais de là à continuer son rut au volant, il y a quand même un pas…Je vois mieux ce que c’est que du sanglier sauté à la poêle.

13.  Nouvelle année, nouvelles illuminations. Voilà que j'entends à la radio une information, provenant de je ne sais plus qui, qui propose pour éliminer les bouchons du matin sur les autoroutes de rouler en bloc comme il est déjà d'application sur les routes de la mer trop fréquentées en été. Là, l'œuf de Colomb va avoir des triplés! En fait, le matin, on ne roule pas en bloc, mais on "sèche" à l'arrêt en bloc. Une idée originale serait plutôt de placer un tapis roulant sur les autoroutes. On consommerait moins en bloc. Autant pour moi pour l'originalité, cela existe déjà mais cela s'appelle un "train".

14.  En controverse, il a déjà été de multiples fois signalé l'hypocrisie qui se cache derrière la volonté des constructeurs de voitures qui s'obstinent, pour soi-disant raison commerciale, à fournir des voitures pouvant atteindre les 200 km/h et plus, alors qu'aucun pays ne permet de dépasser une vitesse maximale de 130 km/h. Vitesse maximale choisie avec une appréciation spécifique au pays traversé. Vous avez dit "Europe"? D'un autre point de vue, il ne faut pas perdre de vue que des vitesses même très réduites sur petites routes sont tout aussi mortelles face à notre fragilité de piéton. Cela devait aussi être rappelé.

15.  Beaucoup de progrès ont été entrepris pour sécuriser l'usager de la route, c'est un fait. Une grande cause d'accident et de mortalité se découvre dans l'usage de l'alcool et des boissons au degré d'alcool amenant à un excès de ce 'nectar' dans le sang. Bien. Mais, sachant cela, pourquoi ne pas pousser le bouchon plus loin (pas celui de la bouteille)? Pourquoi ne pas utiliser la technologie existante et retrouver dans chaque voiture, et de base, le système qui imposerait au conducteur l'alcootest avant chaque prise du volant? Que de morts épargnés.

16.  Des capteurs de vigilance existent aussi et ceux-ci pourraient détecter l'endormissement du conducteur au volant et prévenir de toute déviation de trajectoire initiatrice des pires accidents. Une affaire de budget, encore une fois !

17. On construit l'Europe. Bien. Une route s'arrête-t-elle à la frontière? Non, évidemment. Pourtant, on passe en France: péage autoroutier. On continue en Suisse ou en Autriche: vignette et revignette. Plus loin, l'Italie, ... Tout récemment, une idée vient de germer: instaurer une vignette wallonne. Le communautaire revient par la même porte. Et la Flandre, et la région bruxelloise? Solidaire, la vignette? Antidémocratique puisque non reliée aux kilomètres parcourus et à l'usure engendré de la route. Quoi qu'on en dise, le payage reste la meilleur manière. L'infrastructure nécessaire démesurée pour le pays? N'avons-nous pas l'Europe en tête?  Qu'y avons-nous d'unifier? Ah, oui, on paie en Euros. Ouf....    

18.  Je suis sûr que dans un futur pas tellement éloigné, nos petits enfants (ou les suivant) se demanderont comment il a pu être possible à leurs aïeux de prendre la route avec si peu de sécurité et autant de risques à la clé en prenant leur voiture sans l'aide de sonar évitant les collisions et les obstacles qu'ils auront, eux, alors à leur disposition.
Cette idée de sonar vient d'être installée à l'approche d'écoles, (je ne me rappelle plus où) en aide à des feux intelligents qui passent au rouge à l'arrivée de véhicules trop rapides. Les flashs de rappel à l'ordre seront évidemment là pour les incorrigibles.

19. Les transports en commun. Pour être "communs", ils le sont incontestablement, je dirais même "très communs". Peu de places assises pour pouvoir "confiner" un maximum de personnes aux heures de pointe. Comment organiser aussi un rendez-vous sans prendre des précautions "bien larges"? Combien de transbordements que l'on qualifie de transit pour arriver à destination? Heureusement, si l'on reste dans l'heure (je dis bien "si") de trajet, il ne coûte rien de plus que le montant de la course initiale. Mais, le "sport" à bord existe. Les péripéties les plus diverses, les bousculades se retrouvent dans les almanachs des tramways, des bus qui desservent nos villes. Quand un retard vient vraiment contrecarrer les plans de l'horaire, tout est bon pour y arriver. Ces bouchons, ces voitures, ces camions n'ont vraiment pas de raison d'être !

20. La mobilité de nuit, parlons-en. Les activités nocturnes s'intensifient comme dans toutes les grandes villes. Le travail ne se limite plus aux seules heures de la journée. Théâtres, cinémas retrouvent des couleurs, mais qu'en est-il du retour dans ces pénates? La voiture n'est plus en odeur de sainteté dans les rues de nos villes. Que reste-t-il? Les transports en commun mais qui mettent les clés de contact au vestiaire bien plus tôt que nécessaire. L'offre de mobilité permanente est loin d'être assurée. De nuit, le problème de la sécurité à renforcer n'est pas une mince affaire. Pas besoin de prendre des "airs de New York" mais un effort dans ce domaine ne serait pas un luxe.

21. Le train, c'est bien connu, est le moyen de locomotion le plus sûr. Ce qui l'empêche d'améliorer encore son score est tout ce qui arrive à l'entraver sur son chemin. Ce 17 octobre, un bus conduisant des enfants est tombé en panne sur les voies du chemin de fer au passage à niveau. Plus de peur que de mal, cette fois, heureusement. Tous les occupants ont eu le temps de s'échapper à temps de la catastrophe annoncée. Ce problème, résultant du croisement de deux moyens de transport qui ne se marient pas, est pourtant très courant et ce n'est pas les barrières automatiques qui donneront la solution. Pour rappel la catastrophe de Pécrot, encore dans toutes les mémoires des riverains, qui à la suite d'erreurs humaines (ou non) a fait se rencontrer deux trains sur la même voie. Bien en dehors des erreurs humaines, il faut chercher le moyen d'éviter ce genre d'exception catastrophique. Des cellules, des webcams, des senseurs détectant la présence d'objets dans sa trajectoire...

22. Mais élevons les yeux un peu plus haut. Bruxelles, où je vis, a depuis de nombreuses années des problèmes de voisinage avec l'aéroport de Zaventem. Quand celui-ci avait été construit, il n’était nullement imaginé que la ville toute proche allait un jour devenir un "carrefour de l'Europe" et le trafic s'est intensifié apportant nuisances et risques. Des gouvernements successifs se sont penchés sur le problème, jusqu'à en tomber, sans y apporter de solutions définitives. La justice a bien sûr apporté quelques décisions, quelques vues objectives et même parfois de la schizophrénie en plus. Cette semaine, par exemple, la justice du "Nord" a statué et le jugement qui en est sorti est une obligation de disperser les avions de manière plus importante au dessus de Bruxelles sous peine d'astreintes journalières et importantes. Un autre jugement plus ancien mais toujours de rigueur, venant du "Sud", imposait au contraire de concentrer au mieux ces mêmes vols. Nous assistons véritablement à une politique par juges interposés. Est-ce une nouvelle quadrature du cercle ou plutôt une quadrature de la "boule" perdue? J'entrevois une possibilité: une conversion des avions en une aéro flotte de vol à voile. Mais, alors, les mandataires européens devront peut-être un peu patienter dans leurs déplacements de ville en ville. D'autre part, les risques de survol d'une ville, souvent mis de côté, ne sont certes pas nuls. Le crash de l'avion dans un quartier résidentiel d'Amsterdam peut en témoigner.

Nous sommes arrivés en fin de ma liste. Je suis sûr qu'elle n'est pas exhaustive et pourrait être mixée avec d'autres. On parle beaucoup de mobilité aujourd'hui, c'est certainement un bien mais il faut dégager nos vieux placards pour faire place aux idées d'un 21ème siècle qui se veut universel dans ces mouvements de foule.
Je suis un fervent de technologie qui apporte souvent une réponse à nos soucis si l'on veut bien les chercher. Les erreurs humaines resteront les résultats de notre faiblesse qu'il faudra admettre et qui trouveront réponse dans les automatismes que nous offrent la science en particulier celle qui s'occupe de robotique et de la cybernétique.
Un article suivant "Mobilité super contrôlée" nous enverra vers ce futur très rapproché.

J'ose espérer que je n'ai parlé que de "bonnes histoires belges". Mais, rassurez-moi tout de même.
 
Bonne route et souriez car de "petits oiseaux" perchés sont prêts aux clins d’œil.
 


L'enfoiré,
 


Quelques citations :


En route avec les Images

 

Mise à jour 26 février 2016: La mobilité, Alex Vizorek pousse une colère à ce sujet avec humour :podcast

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