Préfixe "évoluer" (05/02/2009)

0.jpgPour le mois de février, le "National Géographic" avait un article intitulé "De Darwin à la génétique". Le bicentenaire de la naissance de Darwin (12 février 1809) vient se juxtaposer dans le temps avec une recrudescence du créationnisme d'Outre Atlantique. La Biologie qui se mêlerait des affaires de l'homme contre les fondamentalistes en progrès et pourtant Darwin est conforté chaque jour.

Avant Darwin prévalait l'idée que Dieu avait créé les espèces indépendamment l'une de l'autre, de manière arbitraire, par groupe pour éviter l'extinction. "La Terre a été créée le dimanche 23 octobre de l'an 4004 avant l'ère chrétienne, à 9 heure précise du matin", s'écriait en 1650 l'archevêque irlandais Jacques Usher, du haut de sa chaire. "Quant au Déluge, il s'est produit en l'an 2349 avant l'ère chrétienne. Il plut quarante jours et quarante nuits, tout ce qui était vivant sur terre fut exterminé. Seuls Noé, sa famille et certains animaux purent se réfugier dans l'arche le dimanche 7 décembre 2349 ; ils en descendirent le mercredi 6 mai de l'année suivante". Voilà, l'interprétation biblique qui a dominé la géologie jusqu'au milieu du XIXème siècle.

Le comte de Buffon, fut, peut-être le premier naturaliste à estimer scientifiquement l'âge de la Terre, cette "bille de fer qui se refroidit". A partir du taux de la déperdition de chaleur d'un modèle, il en conclut que la Terre devait avoir 75.000 ans.

Est arrivé ensuite, Charles Darwin, ce 12 février 1809. Il n'a rien inventé, vraiment et pourtant il va bouleverser les idées. Comme naturaliste, le français, Jean-Baptiste Lamarque, utilisait le mot biologie pour la première fois, mais avait aussi vu l'intérêt de l'évolution obéissant au dynamique du métabolisme et une variétés d'impulsions pour s'adapter aux circonstances et aux besoins.

Préfixe évoluer_Anniversaire.jpgMais, curieux, intuitif, Darwin a simplement constaté certains liens étranges au cours de son voyage autour du monde, à bord du Beagle de 1831 à 1836. Ce voyage change sa vie. De pasteur presbytérien de campagne, il s'autoproclamera après son voyage de "naturaliste". Devenu voyage mythique avec l'étrange et les fantasmes qu'il soulevait chez les uns, quitte à fouler au pied les croyances de son époque. Voyage du hasard dû uniquement à l'amitié qu'il entretenait avec le capitaine du bateau, Fitz-Roy. L'image des Galápagos avec ses tortues géantes et le pinson, est une anomalie plutôt pour meubler l'envie touristique que faisant de partie de la révélation. Les Galápagos ne correspondaient qu'à la fin de son voyage. Les premières découvertes datent, elles, de trois ans en arrière. En Argentine, à la vue de fossiles, il a des révélations à la vue de certaines ressemblances avec les êtres vivants. Cela lui donne l'idée que ce serait une descendance dans ce qu'on dirait un arbre généalogique des espèces, avec les modifications dues à la sélection naturelle. Que le meilleur gagne. Sélection sexuelle, aussi. Les nandous distribués géographiquement l'intriguent. Son journal de bord deviendra le livre "Voyage d'un naturaliste autour du monde". Les cirripèdes, dont la balane, fossiles ou de son époque, vont le passionner jusqu'à l'indigestion. Richard Owen l'applaudira dans son travail.

Préfixe évoluer_Homme.jpgVéritable bombe qui devait bouleverser des siècles de doutes et de mensonges contenus derrière une église qui voulait garder la barre de la manœuvre. L'idée que Darwin s'en faisait, tient à ce que l'évolution puisse se produire par des forces purement naturelles. La théorie de l'évolution sera admise de son vivant par ses contemporains sans, cependant, obtenir de décoration de la Reine Victoria. La sélection naturelle, elle, ce sera, bien plus tard, au 20ème siècle. Descendre du singe pour un homme, c'était difficile d'imaginer à première vue. Ses détracteurs n'ont pas manqué de lui faire ressentir. Torturé entre l'idée de conserver la respectabilité de son statut d'aristocrate et la volonté de faire part de ses constatations et de ce qu'elles entraînent.Préfixe évoluer_Singe.jpg Hypocondriaque, toujours maladif

A son retour de voyage, il passe de la religion à la science. Mais, il va tenir sous silence pendant vingt ans ses constatations en ne les divulguant qu'au compte-goutte à des scientifiques, spécialistes dans chacune des espèces. Ce sera Richard Owens, anatomiste, pour tout ce qui concerne les mammifères. John Gould, pour les oiseaux. Thomas Bell, pour les reptiles. La ressemblance entre le bras d'un singe pour saisir, l'aile d'un oiseau pour voler et la nageoire d'un poisson pour nager, ne lui échappa pas.

La sélection naturelle, la lutte pour la vie s'accompagne insensiblement de la reproduction pour tomber dans une confrontation avec l'économiste Thomas Malthus qui extrapolait l'idée de "sélection" aux rapports entre la population et la production. Processus d'un humanisme partisan qui montrerait que seuls, les mieux adaptés, les supérieurs auraient une chance de survivre avec le contrôle de la croissance de la population comme corollaire. Darwin, avec ses 10 enfants, devait être contraire à la pensée malthusienne de la limitation de la reproduction devait couper l'évolution dans son élan. Malthus n'a jamais voyagé. Il s'intéressait lui aux chèvres qui dévastaient la végétation. Compilateur avisé se voulait en contradiction avec William Godwin qui expliquait la misère par l'incurie des gouvernements. La vision noire malthusianisme d'un monde qui se meurt, ne revient qu'en période de crise comme nous la vivons.

Préfixe évoluer TRex.jpgCe n'est qu'en 1859, poussé ou pris de vitesse par un certain Alfred Russel qui aurait les mêmes idées, qu'il sort "L'Origine des espèces" avec sa théorie de l'évolution. Ce sera en 1971 qu'il lancera complètement sa théorie en l'appliquant à l'homme. (La descendance de l'homme et la sélection en relation avec le sexe". Thomas Huxley, Alfred Wallace seront ses défenseurs acharnés. Comme le rappelait Paul Hermant, une réunion, à Oxford en 1860, mit aux prises les partisans de Darwin et ses opposants. Un évêque, Samuel Wilberforce et ce biologiste, Thomas Huxley, dans la lignée duquel on trouve un écrivain et pas n'importe lequel : Aldous Huxley, le Meilleur des Mondes. On disputa devant 700 personnes de cette origine des espèces et la controverse donna lieu à des réparties cinglantes mais malheureusement apocryphes. « Est-ce par votre grand-père ou votre grand-mère que vous descendez d'un singe, Monsieur Huxley ?» aurait demandé l'évêque. « Je n'aurais pas honte d'avoir un singe pour aïeul, mais bien d'être apparenté à un homme qui utilise son talent pour obscurcir la vérité » aurait répondu Huxley. Des idées telles que "la fonction crée l'organe", la "survie au plus apte", l'"adaptation au milieu", le "chaînon manquant", les "animaux progressent ensemble", tout à tour, lui serviront ou lui desserviront dans ses convictions. Préfixe évoluer Girafe.jpg

La localisation géographique des espèces, c'est le météorologue, Alfred Wegener qui donnera une explication par la "dérive des continents". Il en avait déjà la conviction dès 1911, ayant constaté la ressemblance entre les côtes entre l'Afrique et l'Amérique. Mais les scientifiques avaient crié au scandale. Il parvient pourtant à les rallier à sa cause. L'idée de la Pangée était née. On trouvait des racines semblables sous des longitudes et des latitudes différentes. Il se trompait pourtant dans sa théorie des forces de la fuite des pôles et des marées dues à la Lune et au Soleil. Harold Jeffreys prouve par les mathématiques l'impossibilité. C'est Arthur Holmes et la tectonique des plaques, avec les courants de convection du magma profond qui va compléter la théorie. Le fossile reptile, lystrosaurus, découvert en 1968 en Antarctique, vieux de 203 millions d'années, rassemblait à un melting pot de caractéristiques, herbivore qui vivait comme l'hippopotame et avait un bec muni de deux dents.

L'ADN et la génétique apporteront d'autres preuves qui manquaient. Le même gène accomplirait le même travail chez des espèces différentes, sur des continents différents pour définir les paramètres de l'évolution. Les chromosomes en seraient les porteurs de cette information génétique. Les erreurs et leurs corrections pouvant se localiser au deux niveaux et engendrer de nouvelles pistes à l'évolution dans le "laboratoire" de la nature. C'est comme dans le domaine du verbe, les lettres, les mots constitueraient des livres différents par leur seul ordonnancement. Le génome humain est identique, mondial dans une homogénéité génitale à 99,9%.

L'erreur de Darwin est sa conception incohérente des mécanismes de l'hérédité et d'avoir eu la conviction que l'évolution ne procède jamais par bonds. L'acquis d'une génération, du père et de la mère ne se reflète pas automatiquement dans la suivante comme il le supposait. A l'hérédité, Grégor Mendel s'y intéressera plus précisément, et dont la théorie aurait très certainement désarçonné Darwin en reliant la race à un génotype particulier. Darwin considérait que le cerveau de la femme était plus petit et était inférieur alors que, non raciste, il ne voyait aucun inconvénient à se placer sur le même pied n'importe quel noir ou jaune.

20070913Extinction.jpgL'évolutionnisme a son néo-darwinisme. L'environnement n'est pour rien dans les mutations des individus par le génome. Les erreurs continueront d'exister. Le taux de reproduction en sera seulement plus bas en éliminant les mutations inutiles. L'interaction du génotype et de l'environnement détermine seulement le phénotype.

Quant à l'âge de la terre, le géologue de Charles Lyell proposa 240 millions d'années. Lord Kelvin calcula par la déperdition de la chaleur, l'âge de la terre à 100 millions d'années. Rutherford remarque que les éléments radioactifs ralentissaient le refroidissement. Un journal à sensation titrait, alors : "La fin du Monde est ajournée". Plus tard, Claire Patterson donna les chiffres actuels de 4,55 milliards d'années et beaucoup de savants pensent que notre planète serait à l'état d'équilibre.

20090203Religion révisionniste.jpgLe 28 octobre 1996, Jean Paul II acceptait que l'évolutionnisme fût plus qu'une hypothèse. Les polémiques sont devenues plus vives avec la résurgence des religions qui ont difficile d'associer l'évolution naturel au Dieu de la Création. Le créationnisme en 1990 n'en est que la forme, la plus concrète. Le créationnisme dans les écoles a reçu son antidote par le pastafarisme. Le pape Benoît XVI ressortait récemment de vieux démons de ses tiroirs pour éviter un schisme et devait se reprendre. "Retour à l'intégrisme", comme l'écrivait Christian Terras. A l'extrême droite de Dieu? Le créationnisme passe aussi par d'autres artifices tel que le dessein intelligent, la dianétique qui ne sont pas plus scientifiques. Un musée du créationnisme existe à Pittsburg. L'homme viendrait de la poussière et les dinosaures seraient contemporains des hommes pour respecter la Génèse.

Le chanoine Georges Lemaitre a tenté de faire le lien entre religion et science. Mais Darwin dérange encore. Car il y a aussi le néo-créationnisme qui avance un plan divin, d'intelligence supérieure pour expliquer la vie. William Paley qui ferait ressusciter une théologie naturelle. Certains vont plus loin et disent que Dieu aurait été un jour, un virus, une question de gènes qui se dédoublent pour ensuite laisser les deux copies vivre chacune leur propre vie.

0.jpgAlors, d'où vient cette peur d'évoluer? Est-ce un péché d'espérer un passé de construction progressive et naturelle pour espérer un avenir meilleur ou rejeter le pire par autre chose qu'une vision de Dieu, réductrice par sa stabilité, son conservatisme jusqu'au refus de la comparution et de la tolérance ? S'il est vrai que la nature choisira le meilleur chemin, le plus durable pour évoluer à la suite de tests successifs, l'homme avec sa plaquette intelligence en sus se doit d'animer l'humanisme en assumant son présent sans peur. Il est clair que toutes les religions s'opposent au laïcisme de manière viscérale et originelle. Dieu devait être suicidaire d'avoir créé Darwin, penserait-on avec humour... Le Chat humorisait "En s'adressant au Seigneur, je tourne mon prie dieux vers la Mecque. Il vaut mieux être en bon terme avec tout le monde". Peut-être, et puis, là-bas, on n'est pas innocent non plus....20090313Vatican.jpg

Le Nouvel Obs avait écrit un dossier "Dieu contre la science". Beaucoup de réactions en sens divers. Match nul. L'hypocrisie, c'est de tomber dans l'idée de la tolérance et d'en même temps, de passer à la pensée dogmatique et à l'excommunication dans le cas du non-respect de la "pensée unique". Moralité : quand on veut clouer le bec pour écarter de son désir... prudence. Les gourous ne sont pas loin.

Que adviendra-t-il de l'homme et après lui ? Il n'occupe que tellement peu de temps à l'échelle de la planète. Si on pense à l'évolution, il y a toujours un début dont on essaye de donner une version dans la fin ("La théorie du tout"). La science-fiction imagine le futur.

Le cinéma "magique" de Walt Disney, lui, avec WALL.E, ne se gène pas d'en donner une version robotique qui ne serait certes pas le meilleur filon par l'autodestruction. Le Cauchemar de Darwin n'était qu'une extrapolation sur notre mondialisation. Pas d'autres liens ni de contre indications.

Préfixe évoluer_Cauchemar.jpgLa paléontologie, la biologie, la génétique se disputent le flambeau de la connaissance de l'évolution. L'être humain, un animal comme les autres.

Comment cela a commencé ? Très probablement, comme cela. Dans les 500 derniers millions d'années, il y a eu 5 extinctions massives. Nous vivons, peut-être, la 6ème. Le monde ne meurt pas, il évolue à son rythme. La spéciation et le flou du concept d'espèce essaye de l'expliquer. 

20090210Darwin.jpgDe toute manière, c'est et ce sera une véritable saga, cette évolution avec mêmes quelques révolutions dont notre planète, la Terre vivante, garde encore les secrets... nous sommes seulement préfixés pour évoluer. Nous voilà affublés d'un ancêtre commun, qui a eu le privilège ou l'inconvénient d'avoir des descendants avec modifications tout azimut par la sélection naturelle. Darwin a changé complètement la façon de voir le monde.

Une Foi comme une autre, en fait.

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 Musée des Sciences naturelle sur l'évolution en photos et en un clic

 

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L'enfoiré,

 

Sur Agoravox

Questions à la Une sur le sujet

Le Vif L'Express se posait la question récemment "Et si le monde se portait mieux sans Dieu".

"Les Dossiers pour la Science" du mois d'avril avait comme titre "L'évolution, rien ne l'arrête".

"Les Dossiers de la recherche" ont aussi un Hors Série sur Darwin

Question à la RTBF toute la journée du 05 février, suite à un sondage, en radio 'Vivre "avec" ou "sans" dieux' et en télé.

Dernière nouvelle, on en parle sur nos antennes à partir du musée de Bruxelles et pour l'anniversaire de Darwin.

A lire: de Marc Giraud "Darwin, c'est tout bête".

 

Citations:

 

Mise à jour 22 mai 2014: "Pourquoi faudrait-il donner un sens à l'Univers" disait Richard Dawkins, figure de proue de l'athéisme mondial avec la Science comme étendard. "Le Gène égoïste", un livre qui a été vendu à un million d'exemplaires. Le corps est le véhicule des gènes. L'ARN étant la base qui est passé ensuite sous forme d'ADN et de protéines. Le créationnisme est encore vivace aux Etats-Unis et renaît sous la forme musulmane. L'eugénisme positif qui éradiquerait l'hémophilie, le gène des maths ne sont pas à rejeter.

 

Mise à jour 6 juillet 2016: Les oiseaux qui n'ont plus d'ailes. Cliquer sur l'image:

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