Des trucs pour les Turcs (17/10/2006)
La Communauté Européenne joue aussi le scénario connu de "Je t'aime, moi non plus" avec la Turquie depuis le début des relations. Débat idéologique, culturel, on n'en a pas fini d'en parler de l' "intrusion" de la Turquie dans la CE.
Voilà plus de 40 ans (1959 en fait) que la Turquie frappe aux portes de l'UE. Le feu vert pour les discussions sur l'adhésion de la Turquie dans l'Union Européenne venait d'être donné en 2005, la porte s'entrouvrait et elle entrait dans le sas de l'Europe sans certitude d'en dépasser le seuil. Si les choses arrivaient dans le sens désiré par les Turcs, dans quinze ans, ce grand pays pouvait entrer dans la grande "famille européenne".
La journaliste Chantal Istace avait ces mots à la radio RTBF1 le 4 octobre 2005 :
"Le pari est ambitieux. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que les européens le tentent à reculons. Il y a pourtant déjà 6 ans qu'ils ont en fait dit oui à la Turquie. C'est en 99, à Helsinki, qu'ils ont reconnu à Ankara le statut officiel de candidat à l'Union. Ils avaient posé leurs conditions : le chemin vers l'Union passe obligatoirement par la démocratie. La Turquie a accepté de tenter le coup. Mais au pied du mur, aujourd'hui, les 25 hésitent, s'inquiètent, tremblent devant leurs opinions publiques. Alors à chaque étape, on rejoue la même pièce, on ressort les mêmes répliques, et on frôle le même psychodrame. Déjà en décembre dernier, l'Autriche et même la France avaient voulu imposer une alternative à l'adhésion pure et simple. Et déjà Ankara avait menacé de claquer la porte avant même de commencer. L'Autriche a une nouvelle fois tenté de remettre ça. Et l'a monnayé contre un feu vert à la Croatie. Le spectacle est plutôt lamentable. D'autant que ces négociations ne garantissent rien. Si au bout du compte, Ankara n'est pas à la hauteur de la tâche - ou si l'Union n'est pas en état de faire le grand saut - la Turquie ne franchira pas la porte. Ce qui met le plus mal à l'aise dans ce débat, ce sont les non-dits. Et ils existent dans les deux camps. Ceux qui sont contre l'entrée de la Turquie, le sont aussi - si pas plus - pour des raisons peu avouables. Ils avancent des arguments politiquement corrects : la reconnaissance de Chypre, le statut des Kurdes, l'aveu du génocide arménien. Mais les catholiques ne veulent pas d'un grand pays musulman. Et les pays riches craignent la multiplication des immigrés turcs. En face, le discours n'est pas toujours plus franc. Ainsi, la Grande Bretagne ne dit pas qu'une Europe toujours plus large lui paraît aussi le meilleur moyen de la réduire définitivement à un grand marché. Et de faire plaisir aux Américains. Il n'empêche qu'au delà des bonnes et mauvaises raisons des uns et des autres, ce que l'Europe tente ici, c'est le pari de la démocratie. Si les négociations avec Ankara amènent à installer définitivement la Turquie dans le camp des grandes démocraties modernes, le Moyen Orient n'aura plus jamais tout à fait le même visage. Et depuis un certain 11 septembre, ce n'est pas rien. Or ce pari de la démocratie moderne, l'Europe l'a déjà relevé en aidant ses anciennes dictatures - l'Espagne, le Portugal, la Grèce - à le gagner. Et elle est en train de le réussir aussi avec les ex-pays de l'Union soviétique. Encore faut-il qu'elle en fasse un vrai projet politique. Pour l'heure, c'est trop lui demander".
Et pourtant, à l'époque, tout allait encore bien dans les relations entre l'UE et la Turquie, maintenant, c'est plutôt "rien ne va plus. Impair et passe". Les perpétuels sujets de désaccord sont là plus importants que jamais pour refuser par un chantage de part et d'autre son adhésion dans la communauté.
Erdogan en est le principal acteur et l'islam devient sa pièce maîtresse sur son propre échiquier intérieur.
Le problème chypriote est le principal talon d'Achille pour l'extérieur.
Le couac d'envergure: Ankara a refusé l'atterrissage d'avions en provenance de la partie grecque de Chypre. Les ports turcs se ferment aux bateaux de la même provenance. Depuis 1974 et l'invasion aéroportée des Turcs sur l'île, une scission en deux parties, un véritable schisme s'est produit qui se ressent le plus durement à la capitale, Nicosie, se présentant comme une réminiscence à la Berlinoise avec son mur.
L'autre problème, la reconnaissance du génocide des Arméniens par les Turcs, a une ampleur très dépendante de l'importance de la présence de la communauté arménienne sur le sol des pays européens. La France est le porte drapeau du rejet sous cette forme pour cette raison. En 1915, selon les Arméniens, il y eu 1,5 millions de morts. 250.000 à 500.000 selon Ankara. Faudra-t-il se poser la question de savoir à partir de combien de morts, on parle de catastrophe humanitaire? Pas de programme d'extermination, mais une tragédie tout de même. Les Turcs, eux-même, ont eu aussi leurs morts à déplorer en représailles. Est-ce une affaire d'historien ou de politique qui ferait dépendre l'avenir des peuples? Accepter son "erreur" n'est qu'une manière de montrer qu'on ne veut plus la refaire.
Alors le chantage commence en ping-pong entre les deux acteurs. Laisser passer les transports grecs qui font partie de l'UE, reconnaître l'histoire dans ses délicats moments contre un ticket d'entrée pour 2020. Quand la stabilité de l'Europe en place à 25 n'est pas assurée on se dit tout à coup "Trop, c'est trop". Il faut s'arrêter pour réfléchir des avantages ou inconvénients de l'élargissement de l'union. Les frontières géographiques ne sont pas extensibles indéfiniment. En plus d'autres pays se pressent au portillon qui, eux, font part entière du territoire européen. Dire "non" après avoir dit "oui" fait désordre. Mais ça fait aussi beaucoup d'argent à mettre dans la tirelire qu'on a promis mais qui en période creuse ne parvient pas à quitter les poches des "généreux" donateurs. L'intendance ne peut arrêter les tendances au financement mais le freiner, on s'y emploie. Le "non" à l'Europe des Français et des Néerlandais, on l'a encore entre les dents. La France soumettra à un référendum toutes décisions à un éventuel élargissement futur de l'Europe. Elle veut une Europe de résultats. Entre-temps, la relance de l'élan de construction européenne a un peu plus de plomb dans l'aile. Point.
L'intégration différenciée est la solution envisagée comme le préconise Jacques Delors.
Sous des airs volontaires, l'Europe semble vouloir aller de l'avant. Le journal l'Echo titrait le 2 novembre 2006 : "L'Europe met la Turquie sous pression". Les réformes étaient pointées du doigt comme trop lentes. Le 8, le commissaire européen à l’Élargissement, Olli Rehn, présente sont rapport sur remise en conformité avec les prescrits européens. Ce n'est pas tendre et très critique pour Ankara. Aucun point de résolu dans les exigences, Chypre, les droits fondamentaux sont même au point mort.
La Turquie est une vieille connaissance de l'Europe. Dès le 16ème siècle, Soliman le Magnifique entretient des relations diplomatiques avec la France. L'Empire Ottoman, d'abord, envahisseur d'une grande partie de l'Europe, fut dépecé par l'entremise des Français et des Anglais entre 1916 et 1922. Ce pays, au passé très riche, a eu comme président Mustafa Kemal dit Atatürk pendant les années 1923-38 et celui-ci l'a voulu laïque. Depuis lors, l'Islam, avec ses 98% de fidèles, y occupe aujourd'hui une position ambiguë. L'armée détient la réalité du pouvoir pour faire peur malgré son républicanisme à cause des atteintes aux Droits de l'Homme. La position géographique de la Turquie aux limites du territoire de l'Europe, son identité culturelle sont les prétextes principaux pour freiner son entrée dans l'UE. La francophonie détient en la Turquie un "digne représentant". Le français enseigné dans la plus chic école de Turquie (université Galataserail). Mais n'est-ce pas une chance de démontrer qu'au delà de notre géographie, il y a une idéologie européenne qui nous est chère et qui pourrait être partagée par plus d'hommes de bonne volonté?
Ce qui pèse dans la balance, c'est le nombre de Turcs que compte ce grand territoire, qui bouleverserait les plateaux de cette balance dont les équilibres sont déjà très subtils. Un orteil dans la partie géographique de l'Europe et tout le corps en Asie fait aussi reculer les meilleurs sentiments de fusion. Tout le monde ne peut pas faire partie du Club.
Ne parlons même pas de la Russie qui elle, fait partie intégrante de l'espace européen.
L'été 2005, notre tourisme à destination de la Turquie a fait un carton à cause des prix très bas pour aller nous dorer sur leurs plages. 2006 a été par contre un peu plus boudé probablement à cause des attentats qui ont troublé les endroits les plus touristiques.
Allons-nous égoïstement et définitivement fermer nos frontières et éviter de leur renvoyer l'ascenseur en les empêchant de faire rattraper le retard financier à leur population, de rejoindre le drapeau étoilé bleu, et les accueillir chez nous dans une quinzaine d'années selon leur désir le plus cher? Je crois que ce serait une manière efficace de leur montrer le chemin de la démocratie vraie, de leur permettre de ne pas virer dans l'intégrisme qui nous fait si peur. Apprenons à connaître un peu mieux ce grand peuple fier.
Les "Loups Gris", eux, sont déjà en place chez nous. Les frontières ne leur ont jamais fait peur.
Ignorer les Turcs au 21ème siècle? Faut-il passer par une intégration complète ou une collaboration main dans la main?
Perpétuer les haines, n'est pas acceptable pour ce peuple fier et fort, mot pléonasme par la traduction du mot "turc". Ils entendent prendre leur part de responsabilités dans la consolidation de l'Europe. Fortifier leur démocratie est devenu leur tasse de thé (turc évidemment). Abolir la peine de mort dans les temps de paix et de guerre n'a pas été sujet de débats douloureux et très loin de suivre un esprit de vengeance. Les traditions archaïques sont remisées au placard de l'histoire. Le niveau de vie se poursuit et l'éducation est leur point d'honneur.
Un autre texte d'un collègue journaliste, Paul Herman ensuite:
"La Turquie a un premier ministre dont le nom commence par E et ça, vous comprenez c'est inacceptable dans l'Union, on ne peut donc pas commencer les négociations d'adhésion, on ne dérogera pas aux principes de l'Union". Cette phrase absolument absurde, personne ne l'a prononcée, évidemment mais parfois on se demande si certains n'y songent pas. Car visiblement dans le chef de certains états membres, tout est bon pour tenter de repousser l'ouverture des négociations avec la Turquie sans avouer qu'en fait, on ne veut tout simplement pas des Turcs dans l'union. Depuis quelques semaines, l'horreur suprême pour certains états membres c'est que la Turquie ne reconnaisse pas la république chypriote membre de l'union européenne. Ça c'est absolument inacceptable estiment certains qui ont laissé planer quelques jours l'idée qu'ils pourraient demander un report des négociations. Que la Turquie ne reconnaisse pas l'un des états membres, pose évidemment un vrai problème. Mais les opposants à la Turquie seraient plus crédibles si leur indignation était intervenue plus tôt. On sait depuis décembre que la Turquie ne reconnaîtra pas Chypre, que politiquement le gouvernement ne peut sans doute pas agir avant un plan global sous l'égide des nations unies. Les 25 en cœur ont d'ailleurs accepté que cette reconnaissance ne soit pas une condition pour l'ouverture des négociations. En outre, la république chypriote pourrait elle aussi faire quelques efforts. C'est elle qui bloque les mesures promises par l'union à la partie turque de l'île, les Européens avaient pris ces décisions pour récompenser si l'on peut dire les chypriotes turcs qui avaient accepté le plan de paix de l'ONU, un plan refusé par les chypriotes grecs. Et puis cette histoire chypriote est tellement hypocrite. Ce n'est pas le problème chypriote qui inquiète réellement la plupart des gouvernements : ils craignent ce grand pays musulman, qui n'est pas à proprement parler un pays européen, ils s'inquiètent de l'arrivée d'un tel état dans une Union qui n'est prête ni politiquement ni financièrement, ils redoutent la réaction de leur opinion publique. Toutes ces interrogations sont légitimes et mériteraient un vrai débat, une vraie réflexion. Mais en 97, puis en 2004, les européens ont, à reculons pour certains mais tous avaient le choix de dire non, confirmé à la Turquie sa vocation européenne. Comme disent les autorités belges, maintenant il faut respecter nos promesses, il faut vérifier si la Turquie tient ses engagements et on verra si elle est un jour prête à entrer dans l'union, si la Turquie ne joue pas le jeu, les Européens ont instauré un mécanisme qui leur permet de suspendre les négociations. Ce sera à eux d'oser le mettre en oeuvre".
Sur le génocide, lui-même, le même journaliste continuait le 22 janvier 2007 par:
"Je ne sais pas s'il y a eu ou non un génocide contre les Arméniens en Turquie en 1915. J'ai bien ma petite idée là-dessus, mais aujourd'hui tout est moins sûr qu'avant et ma mémoire elle-même n'est plus ce qu'elle était. C'est pareil pour le Rwanda d'ailleurs. Est-ce qu'il y a eu un génocide au Rwanda en 1994 ? Certains disaient que oui mais aujourd'hui certains disent que non. Et d'ailleurs, qu'est-ce que vous en savez ? Vous y étiez ? Non, vous n'y étiez pas. Et puis d'ailleurs, comme disaient des manifestant hutus, il y a quelques mois dans les rues de Bruxelles, le prochain qui parle encore de génocide, je lui coupe la gorge. Et la Shoah, est-ce qu'il ne serait pas plus simple de se rallier à l'opinion de Bruno Gollnisch, numéro deux du Front national français, tout récent président du nouveau groupe d'extrême droite - Identité, Tradition, Souveraineté - au Parlement européen ? Est-ce qu'il ne serait pas plus simple de dire : « «Bien sûr que je ne remets en cause ni les déportations ni les millions de morts, mais quant à savoir la façon dont les gens sont morts, le débat doit avoir lieu ». Le débat doit avoir lieu. Dans son édition de 2003, le Quid, cette encyclopédie familiale et utile, avait, dans son article consacré à la Turquie, noté ceci : "1915. Transfert d'Arméniens vers les provinces méridionales (...) nombreux décès pendant le voyage". Une plainte fut déposée et un interminable procès eut lieu qui trouvera sans doute son épilogue le 24 janvier prochain, ce mercredi donc. Si la justice prend son temps et est aujourd'hui si circonspecte, c'est que le débat entre historiens et législateurs bat son plein. Échaudés par des procès qui les empêchent de faire leur travail de révision - car, on l'oublie trop souvent, l'objet de l'histoire est de réviser et les révisions sont parfois déchirantes-, les historiens disent aujourd'hui : « Ce n'est pas à la loi d'écrire l'histoire ». Une balle, cependant, règle la question. Vendredi dernier, Hrant Dink, a été abattu par un type qui considérait que ce journaliste arménien, en parlant du nécessaire devoir de mémoire, avait insulté le peuple turc. Je ne sais pas s'il y a eu ou non un génocide contre les Arméniens en Turquie en 1915. Mais ce dont je suis sûr, c'est que nonante-deux ans plus tard, le génocide continue."
Le prix Nobel de littérature de littérature 2006 est un Turc, Orhan Pamuk.
Il sera peut-être le trait d'union entre les deux blocs.
Il est pro-européen et en même temps, ses écrits parlent du génocide arménien. Ce qui veut dire qu'il se dissocie de la Turquie.
Je connais le pays pour l'avoir visité quelques fois.
Trésors archéologiques, beautés naturelles, tout y est dans ce grand pays.
La Cappadoce est unique.
Peu de voile sur les visages de femmes encore. Celles-ci ont le droit de vote depuis 1923. La Turquie est laïque depuis les années 30 avec le concours de Mustapaha Kémal, dit Atatürk.
Mais jusque quand? Si Erdogan qui veut être un anti-Kémal est là, c'est peu probable.
Pas prêt pour le 21ème siècle? Ça, je n'ai pas dit. Les USA vont les aider. Pour cet allié, la Turquie est une pièce trop importante comme intermédiaire avec le Moyen-Orient, pour ignorer ce pays.
Capitale Ankara, mais aussi Istanbul, reste un passage stratégique pour tous.
Ce 30 novembre, Ankara est encore une fois rappeler à l'ordre et la CE propose de geler plusieurs chapitres de l'adhésion. Crisette ou crise? Les débats ont été vifs et créchendo entre les membres qui restent très divisés sur l'attitude à adopter. L'Allemagne, très ferme, veut un partenariat privilégié, sans plus. Du doigté de diplomates avec quelques cuillerées de sucre en entremets?
"Fort comme un Turc", répétons-le, c'est comme un pléonasme étymologiquement et ils sont 6 millions de Turcs.
Alors, déjà très présent sur le sol européen, faudra-t-il leur accorder un ticket d'entrée à part entière dans l'Europe de manière plus officielle ou un partenariat, pour qu'on ne devienne pas trop leur "Tête de Turc"?
L'Europe se questionne. Un référendum européen pourrait en donner le blanc seing. Depuis sa première demande de rentrer dans le Marché Commun en 1959...
Les États-Unis ont bien moins de complexes. Une industrie turque robuste et une économie en forte croissance. Une véritable crainte de perdre un allié tel que la Turquie dans l'OTAN. Une armée de conscrit de 800.000 hommes, puissants et populaires, cela ne compte pas pour des prunes. Retrouver la mémoire pour les Turques... Quand l'histoire enseignée se limite pour commencer à l'invasion des Huns et s'arrête à Atatürk avec l'Empire Ottoman comme agent liant? Être musulman et laïque, une difficulté associative, très certainement.
A vous, à nous, Européens, de choisir l'Europe de demain et elle risque de ne pas être triste avec les "Mille et une nuit" ou non, d'ailleurs.
Mais, si les loups sont gris, alors, il vaut mieux changer de trottoir.
L'enfoiré,
Citations :
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"Bien que je n'en parle pas un traître mot, je vais prendre un bain turc", Spike Milligan
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"La nature, qui ne nous a donné qu'un seul organe pour la parole, nous en a donné deux pour l'ouïe, afin de nous apprendre qu'il faut plus écouter que parler.", Proverbe turc
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"L'avenir ressemble à une femme enceinte ; qui sait ce qu'elle mettra au jour ?", Proverbe turc
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""Si" et "Quand" étant plantés, il poussa "Rien"., Proverbe turc
Mise à jour du 9 février 2008: "La laïcité mets les voiles", le parlement turc a adopté un amendement à la constitution permettant d'autoriser le port du voile à l'université. Un vent d'intégrisme éloigne la Turquie de l'Europe, même si la CE dit ne pas avoir d'objection.
Mise à jour de 15 décembre 2008: Une pétition pour demander pardon aux Arméniens circule.
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Commentaires
"Pas de programme d'extermination, mais une tragédie tout de même". Connaissez-vous vraiment l'Histoire. La volonté du pouvoir turc était d'éloigner les Arméniens et de les emmener ... nulle part.
Écrit par : profdisaster | 17/10/2006
Bonjour Profdisaster,
Je l'ai lu, l'Histoire turque. Le problème, c'est qu'on ne parle pas de ce qui se passe réellement au plus profond des populations qui la font. Que de choses se disent sous le manteau et pas dans livres d'école.
Le NouvelObs de cette semaine, coïncidence (car, comme la plupart du temps, mon article ne date pas d'hier) parle du problème turc et de l'admission dans la UE (p76). Deux interlocuteurs se font face: l'un parle de genocide, l'autre ne veut pas en entendre parler. On n'en sortira jamais.
Écrit par : L'enfoiré | 17/10/2006
Jamais la Turquie ne doit rentrer un jour dans l'UE ! Point barre ! Democratique, laique ou quoi que ce soit pour moi la Turquie n'est pas un pays européen et ne partage en rien notre culture.
Je n'accepterai jamais une loi votée par des députés turcs au parlement européen.
Écrit par : Nicolas | 17/10/2006
L'enfoiré/Pourtant il existe de nombreux témoignages.
D'autre part, il existe aussi des gens pour mettre en doute la réalité de la shoah; doit-on aussi les écouter et sombrer dans le nihilisme relativiste?
Écrit par : profdisaster | 18/10/2006
« Oui à la Turquie » de Michel Rocard, député européen
L'article de Fady NOUN
« Pour un Libanais, c’est sous l’angle des rapports islamo-chrétiens que le projet d’arrimer la Turquie à l’Europe est le plus important. »
L’ancien Premier ministre français Michel Rocard, aujourd’hui parlementaire européen, vient de publier un essai à la fois clair et stimulant, Oui à la Turquie *, dans lequel il affirme : « J’ai la conviction qu’ouvrir l’Europe à la Turquie est économiquement intelligent, stratégiquement indispensable et culturellement visionnaire. » « L’adhésion de cette nation musulmane, puissante et en plein essor économique, ne servira pas les seules ambitions de cette dernière. L’adhésion de la Turquie, c’est une assurance-vie pour l’Europe », renchérit Rocard qui estime que c’est l’aspect économique de ce processus « qui devrait emporter la conviction » des Français.
Pour lui, il est évident aussi que l’arrimage de la Turquie à l’Europe est également avantageux pour l’UE du point de vue stratégique. Il montre en particulier que la Turquie, tournée vers l’Europe depuis déjà plusieurs siècles et orientée résolument vers l’occidentalisation et la sécularisation de l’État par Mustapha Kemal Atatürk (1923), « fut une pièce essentielle du dispositif de défense atlantiste pendant la guerre froide » et continue à être une pièce maîtresse du dispositif géostratégique occidental.
« L’adhésion de la Turquie, précise-t-il, est pour l’Union européenne l’accès aux marchés et aux routes énergétiques d’Asie et du Proche-Orient, c’est également une influence stratégique et géopolitique plus étendue. »
Certes, pour rejoindre l’Europe, la Turquie doit également subir des examens sur le plan de l’État de droit : libertés démocratiques, droits de l’homme et de la femme, problème kurde, partage de Chypre, pluralisme politique sont autant de dossiers sur lesquels la Turquie doit évoluer pour correspondre aux normes européennes.
Les rapports islamo-chrétiens
Pour un Libanais, cependant, c’est plus particulièrement sous l’angle des rapports islamo-chrétiens que le projet d’arrimer la Turquie à l’Europe est le plus intéressant à observer.
Au cœur de ce processus, il y a trois constantes à observer. D’abord, c’est toujours la Turquie qui est demandeur et l’Europe l’entité sollicitée. Ensuite, l’histoire de ce processus est celui d’une humiliation constante du gouvernement et de l’opinion publique turcs, ce qui en dit long sur l’Europe. Enfin, le flottement dont fait preuve l’Union européenne a son pendant à l’intérieur de la société turque, partagée entre ouverture et repli.
Dans les faits, il est indéniable que l’adhésion d’un grand pays comme la Turquie à l’UE représente un grand pas vers un pluralisme religieux qui n’existerait plus seulement dans les textes, aussi mais dans les faits, alors même que l’Église catholique, pour ne citer qu’elle, continue de se battre pour faire inscrire dans la Constitution une reconnaissance des « racines chrétiennes » du Vieux Continent. L’Europe compte aujourd’hui 15 à 20 millions de musulmans, soit environ 10 % de sa population totale. Avec la Turquie, elle en comprendrait 75 millions de plus.
En outre, une adhésion de la Turquie à l’Europe influerait certainement sur l’avenir même de l’islam. Sous l’influence séculariste de l’État, la religion musulmane sera contrainte à s’adapter à un nouvel environnement constitutionnel et juridique qui ne pourra pas ne pas influer sur la pratique rituelle de cette religion, sinon sur ses croyances dogmatiques.
« Si l’Europe rejette la Turquie, il en résultera qu’elle se définit comme un club chrétien. Qu’on le veuille ou non, ce sera une défaite pour la laïcité », dit Rocard.
« Or, si j’ai un grand respect pour toutes les religions et d’abord pour la mienne – je suis protestant –, je reste méfiant devant le fanatisme et l’intolérance qu’elles éveillent souvent », ajoute-t-il.
Aux objections culturelles et religieuses à une entrée de la Turquie dans l’Europe, Michel Rocard oppose enfin une réponse tirée de l’histoire même de la construction européenne, dont il constate le grippage. « L’Europe fédérale et politique est une chimère, constate-t-il. Si elle était à l’ordre du jour, je reconnais bien volontiers que l’adhésion turque la rendrait plus difficile. Car la taille, le poids et la situation d’un pays tel que la Turquie freineraient sans doute l’élaboration d’une diplomatie européenne commune. (...) Malheureusement, cette vision n’est plus d’actualité. (…) Le projet d’une Europe fédérale est mort en 1972. » L’ouvrage se conclut donc par une réflexion résumée sur l’Europe, ce qui représente encore l’un de ses points d’intérêt.
* Paru chez Hachette, dans la collection Tapage dirigée par Joël Roman.
Écrit par : Pierina | 22/12/2008
Paydoyer pour les Turcs: http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/ceux-qui-ont-dit-oui-a-la-turquie-55295#forum2087731
Écrit par : L'Enfoiré | 29/04/2009
La suite de l'histoire, c'est ici
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2012/04/21/cap-en-cappadoce.html
Écrit par : L'enfoiré | 27/12/2012
Est-ce vraiment nécessaire? La Commission européenne veut accélérer l'adhésion à l'UE de la Turquie, de l'Albanie et de la Macédoine
La Commission européenne souhaite que l’Albanie obtienne le feu vert pour entreprendre les négociations d’adhésion à l'UE. Il y a trois ans, la candidature de l’Albanie avait été refusée par la Commission, qui avait jugé que Tirana devait poursuivre ses efforts en matière de lutte contre le crime organisé et la corruption. Les gouvernements des Etats-membres décideront si l’Albanie peut déposer formellement sa candidature au cours d’un sommet qui se tiendra au prochain mois de décembre.
«Cinq priorités importantes séparent l'Albanie des négociations d'adhésion : la corruption, le crime organisé, les réformes judiciaire et administrative et les droits de l’homme», a déclaré Štefan Füle, le commissaire européen à élargissement.
La Serbie, la Macédoine et le Monténégro se sont déjà vus accorder le statut de candidats officiels à l’entrée à l’UE, bien que cette entrée ne devrait pas intervenir avant 2020. Cependant, la Commission travaille actuellement sur la reprise des négociations avec la Turquie, qui avaient été ralenties depuis 3 ans.
Les négociations avaient même été totalement stoppées en juin de cette année, après que le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait pris la décision d’écraser les manifestations pacifiques qui s’étaient déroulées à Istanbul. Selon Füle, l’adhésion à l’UE « demeure le cadre le plus adéquat pour promouvoir les réformes de types européennes ».
La commission a salué les progrès réalisés par le Monténégro et la Serbie. Füle a même indiqué que le Monténégro devrait entamer le premier les négociations en matière de réforme judiciaire, de droits de l’homme et de sécurité avant la fin de cette année.
Cependant, les négociations d'adhésion avec la Macédoine ont été systématiquement bloquées par la Grèce au cours des 4 dernières années, parce que cette dernière exige que l’ex-République yougoslave change de nom, de sorte qu'aucune confusion ne soit possible avec la province grecque de Macédoine. Les autorités de Skopje ont déjà modifié le drapeau et la constitution en signe de bonne volonté, mais elles refusent de trouver un compromis sur le nom de leur pays. En outre, la Macédoine a également un différend avec la Bulgarie qui l’accuse de discriminer les ethnies bulgares.
En revanche, la commission a indiqué que les discussions avec la Bosnie-Herzégovine étaient au point mort.
Le Dagelijkse Standaard a exprimé de « sérieux doutes » concernant les négociations d'adhésion accélérées avec la Turquie et le statut de candidat de l'Albanie et de la Macédoine:
«Il s’agit d’un pays islamique qui tend de plus en plus vers le fondamentalisme islamique. Récemment, une présentatrice de télévision a été renvoyée parce qu'elle était habillée « trop sexy ». Mais ce qui est bien pire, c'est le règne carrément anti-démocratique du Premier ministre Erdogan. Les journalistes qui écrivent des choses désagréables au sujet de ses politiques sont mis derrière les barreaux, ou pire. L’armée et la police ont été «purgées» de leurs dissidents, et elles terrorisent la population. C’est ce qui s’est passé l'été dernier lors les émeutes dans plusieurs villes turques ". (...)
« En outre, l'UE voudrait également à l'Albanie la rejoigne, avec la Macédoine dans son sillage. (...) Deux pays démunis, corrompus, qui n’apporteront aucune valeur ajoutée pour une contribution significative à l’exception de la criminalité et de la corruption, qui sont déjà en train de devenir un problème croissant au sein de l'union actuelle »
Le journal polonais Gazeta Wyborcza doute quant à lui de la qualité de la candidature de la Macédoine (traduction Presseurop):
«Le gouvernement +autoritaire+ de Nikola Gruevski +se sert du différend [avec la Grèce, ndlr] pour rallier le soutien de l'opinion+. Tandis que l'hystérie nationaliste muselle le débat public, les vrais problèmes du pays demeurent, notamment l'adoption du budget de cette année, après l'éviction de députés de l'opposition du parlement. Un accord signé sous la pression de l'UE entre le gouvernement et l'opposition reste également lettre morte à l'heure qu'il est ».
Source: http://www.express.be/business/?action=view&cat=economy&item=est-ce-vraiment-necessaire-la-commission-europeenne-veut-acclrer-ladhsion-a-lue-de-la-turquie-de-lalbanie-et-de-la-macdoine&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email
Écrit par : L'enfoiré | 21/10/2013