Fête de l'Iris en grisés (10/05/2010)
Cela faisait la 4ème année que j'étais présent à la fête de Bruxelles. Fête de l'iris entonnée sur différents thèmes. Pas vraiment de thème, cette fois. Plutôt une suite de symboles.
Un rapide coup d'œil sur le programme des deux journées, apparemment, cela pouvait faire oublier les problèmes politiques que nous avons intra et extra muros de la ville de Bruxelles.
C'était déjà la crise, l'année passée dans un Anniversaire loin du XXL.
On chantait, on dansait encore. On lisait sur le Berlaimont "Beyond the crisis, a changing economic landscape".
Non, peut-être... dirait le Bruxellois et la Bruxelloise.
L'année précédente, on hésitait pour l'Europe, entre rêve et réalité" avec des jeux de caisses à savon à l'appui.
Tandis qu'en 2007, L'Europe était encore tout irisée, Ah, l'Europe...
Cette année, nous avons une crise politique très locale sur les bras. Trop locale pour faire les choux gras de la presse internationale sinon dans les journaux à sensation en mal de thriller. Mais la Belgique va devoir assurer 6 mois de présidence tournante au niveau européen dès le 1er juillet et cela fait désordre.
Des sueurs froides quand on connaît les problèmes d'existence que redoute l'Europe actuellement.
Le mot "faillite" est sur les lèvres. On rigole de moins en moins.
Vendredi soir avait déjà donné le ton. Ce fut "La nuit des lumières". A la clé, une entrée potentielle dans le Guiness Book avec la plus grande estafette.
"En 1834, l'ULB occupait le Palais Charles de Lorraine, place du Musée. Le 7 mai 2010, l'Alma Mater retourne aux origines et fête son 175e anniversaire au coeur de Bruxelles. ".
Le Guiness Book de la plus grande estafette? Curieux, me direz-vous?
"Une estafette est chargée de faire passer les messages entre différents camps, ou lignes de fronts." nous dit wiki. Un premier symbole?
Les messages, je n'oserais pas les rappeler avec les risques de me tromper. Quand aux lignes de fronts, elles étaient connues. Nous étions en crises multiples. Économique, comme pour tous, bien sûr. La dernière en date, crise politique et la vacance du pouvoir avec un gouvernement démissionnaire.
Les affaires courantes, selon les mots choisis pour la circonstance, seront les seuls recours.
L'après midi, le Magic Land Théatre revendiquait plus de subsides sur la place de La Monnaie.
Le soir, c'était Christophe qui ajoutait un peu de nostalgie, tandis que Lio essayait de donner le punch d'une brune qui ne compte pas pour des prunes.
Notre baryton national, José van Dam avait récemment annoncé qu'il tirait sa révérence. Un ket de Bruxelles qui est allé partout dans le monde.
Pour son départ, samedi soir, en direct de la Monnaie, on pouvait le voir sur grand écran dans la représentation de "Don Quichotte" de Jules Massenet, alors qu'Arte le présentait en même temps sur nos écrans numériques larges et que la Deux belge se l'offrait, en différé, bien plus tard dans la soirée. Cherchez l'erreur.
Mais à y bien regarder de plus près, le scénario de la pièce n'était peut-être pas innocent. La Belle Dulcinée de la pièce mettait au défit Don Quichotte d'aller chercher le collier que lui avaient dérobé des bandits. Même, si celui-ci récupère le collier, malgré sa lutte contre les moulins à vents, la Belle n'est pas femme prête à se marier. Éconduit, mourant, dans un délire de la fièvre voit, pour la dernière fois, sa bien-aimée Dulcinée. Deuxième symbole caché.
Si cela ne vous rappelle rien, les événements politiques autour et à l'entour de Bruxelles sont là pour prouver le contraire. Mais il s'agissait, dans ce cas, d'une Belle Histoire d'une Veuve grise ou noire qui cherche les puces de la Belgique.
Le nombre d'actes était-il en rapport avec les actes politiques que Bruxelles était occupé à jouer en coulisse? La barre était fixée. On refusait une tutelle de cogestion sans compétence, était dit dans les discours. Mais oublions les affres de cette politique. On a dit que c'était la fête de l'iris.
Le dimanche 8 mai commençait dans la grisaille d'un brouillard épais. Se mettait-on déjà au diapason ?
8°C au compteur du thermomètre. On prévoit de la pluie dans la journée.
"Waterloo, morne plaine", écrivait Victor Hugo. Avec de l'humour, par ce seul nom prononcé, on pourrait croire que cette ville est une ville bilingue: water, l'eau. Waterloo est francophone et n'en a cure. Mais, Bruxelles, l'est dans les faits.
Pour rappel aux enfants, c'était la fête des mères. C'était aussi le 65ème anniversaire de l'armistice, en plus. L'armistice de quoi encore? Qui s'en souvient? Non, ce n'est pas l'armistice entre les partis. Faut pas rigoler. Là, faut garder la tension pour garder des électeurs.
Ce matin, à la radio, on annonce un séisme en Indonésie avec le risque de tsunami. Les cendres du volcan islandais qui empêche à nouveau les vols vers le Nord de l'Italie. Il parait qu'elles reviennent nous visiter en Belgique.
On a connu vraiment des jours meilleurs, ici et ailleurs.
Alors, j'ai enfourché mon vélo. Parti à la recherche d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Le soleil traversait la brume. L'air du matin était frais et gardait un degré de pollution pas trop élevé.
La chaussée de Tervuren était barrée pour les automobilistes. Commençons par là. Les échoppes détendaient leurs ressorts. Le melting pot de cultures de tous les horizons, des nourritures migrantes s'apprêtaient à la grande bouffe de midi.
Le cinquantenaire présentait une enseigne qui rappelait une certaine voiture. Quand on a le commerce en tête...
Cela avait l'air de commencer fort. Si c'était le cas, c'était surtout en force de symboles.
Les vieux trams sortent fièrement leurs chauffeurs d'un autre temps.
Plus loin, une petite cérémonie devant la statue de Shuman faisait semblant d'oublier que le Bermaymont, encore plus loin, allait cacher les institutions européennes sans reliefs, sans enseignes sur sa façade, sans personne pour animer la fête. Le vide d'activités le plus complet. Vendredi dernier, les chefs d'États, en ténors de la politique européenne en étaient sorti avec une tête qui en disait long sur les discussions orageuses qu'ils avaient orchestrées la feta ou la moussaka grecque dans les dents.
Continuons. Place Royale, là, je tombe, nez à nez, avec des gens en costume d'époque, arbalètes à la main.
- Si vous voulez visiter, le Musée de l'Arbalète, c'est ouvert.
Je m'y engouffre dans cet antre propice aux symboles d'un autre temps. On s'y exerce à l'arbalète. On veux garder la forme sans beaucoup d'efforts mais en gardant la précision. Tout n'est donc pas perdu.
En face, c'est le maître du symbolisme qui invite: Magrite et son surréalisme. Pas de doute, nous sommes à Bruxelles. Les vélos qui fonctionnent sont dans les airs. Ceux qui sont au sol, font du sur-place. Un symbole à chercher de plus?
Dans une marre d'eau, assis sur des fauteuils en plastique, un couple s'y prélasse et m'appelle "Belmondo". Enfoiré, peut-être, mais Belmondo, là on nage dans le surréalisme, à plein. Un Belmondo qui voudrait, en plus, tenir la forme, le vélo à la main. Pour entrer dans leur jeu, pourquoi ne serais-je pas, en plus, incognito et en convalescence pour compléter le tableau? Derrière mon casque, derrière des lunettes de soleil, cela pourrait s'entendre.
Mais, le temps presse et il faut continuer mon reportage. L'invitation pour les rejoindre dans la marre d'eau n'aura pas l'effet escompté.
Étape suivante, je descend l'Albertine en suivant la cascade des marches pour rejoindre la Grand Place.
Sur cette derrière, plus rien ne rappelle la fête de l'Iris. Le grand écran de la veille a disparu. Les touristes se bousculent en petits groupes bien drillés. Rien de festif. Quelques Chinois cherchent des affiches en souvenirs de cette place mais aucune de la fête. Des plantes complètent le tableau habituel.
La matinée s'est achevée sur un manque de peps. Austérité comme leitmotiv.
Le peps sera nécessaire pour le 13 juin, lors des élections. Cela devient une habitude ces élections..
Cela faisait certainement partie de nos symboles cachés derrière un surréalisme qui nous caractérise.Tant qu'on a la santé pour l'assumer.
C'est l'heure de la grande bouffe. Si on parlait de paralysie du pouvoir, la bouffe, ça nous connaît, bien plus certainement.
On associe Bruxelles à un laboratoire de l'Europe.
"Mourir pour des idées, mais de mort lente", chantait Brassens.
Seulement, pour des idées, il faut en avoir les moyens. Son manque casse l'envie d'en trouver de nouvelles.
Le "bloemendroeger" (le porteur de fleur) comme le disait, le lendemain, Coco à Bruxelles Capitale, reste une insulte pour celui qui ne travaille que 4 fois par an lors des grandes occasions.
L'humour est resté, seulement, un peu plus au bord. Il faut simplement le chercher plus longtemps.
Malgré les prévisions, pas de pluie et pour les deux jours du weekend. Pas de "draches" nationales malgré un ciel plombé, en finale.
J'hésite à y trouver un signe ou un symbole.
"Le doute m'habite", disait Desproges.
Mais, de la fête, il en reste les images. En un clic on y est.
L'enfoiré,
Sur Agoravox, sera-ce une autre fête?
Citations:
- "Rejetez le noir, et ce mélange de blanc et de noir qu'on nomme le gris. Rien n'est noir, rien n'est gris. Ce qui semble gris est un composé de nuances claires qu'un oeil exercé devine.", Paul Gauguin
- "N'importe qui peut être plein d'allant et de bonne humeur quand il est bien habillé. Y a pas grand mérite à ça.", Charles Dickens
- "La connerie, c'est comme le judo, il faut utiliser la force de l'adversaire", Jean Yanne
Commentaires