Histoires d'eau (15/01/2006)

Comparaison entre deux catastrophes: le Tsunami, dommage humain et écologique sans précédents dans l'histoire de l'humanité, et le cyclone Katrina. 

Le mot "Tsunami" n'avait jusqu'à lors que peu de signification pour le commun des mortels. Après le passage de la vague meurtrière, la détresse des habitants qui ont enduré ce cataclysme n'a eu d'égal que l'élan de générosité qui s'en suivit dans le monde entier. Les opérations "12-12" de tout horizon ont eu le mérite de réveiller une conscience de solidarité mondiale.

Les cérémonies de commémoration du premier anniversaire se sont achevées dans le recueillement.
Tout de suite, comme beaucoup de monde certainement, quelques questions me sont venues à l'esprit.


Une véritable montagne d'euros (12 milliards de dollars) de promesses de dons a été rassemblée pour être transférée vers les sinistrés (75 millions pour la Belgique). Mais, une analyse avec le recul m'interpellerait sur la question de savoir "Que ferais-je avec une valise contenant un million de dollars au milieu du désert?". Un coussin pour la tête?
L'émission de télévision "Questions à la Une" s'est encore une fois penchée ce 21 décembre sur les problèmes de notre temps en combinant deux sujets "Tsunami, où est passé l'argent récolté" et "Katrina, le cahot".
Le bilan général n'est pas toujours des plus brillants et cela pas nécessairement pour des raisons de pénurie de moyens. Seulement 32% de la somme ont été dépensés jusqu'ici. Au Sri Lanka, 15.000 maisons sont à construire et seulement quelques dizaines sont réellement en place. Vu de loin, tout cela n'est pas allé de pair avec l'urgence requise. L'aide alimentaire et les abris temporaires sont encore toujours le seul secours pour certains. Le temps perdu l'a été à cause d'une règle de sécurité édictée au départ des travaux et qui obligeait la reconstruction à plus de 100 m du rivage. Bien légitime cette idée, mais qui s'est révélée très lentement comme inapplicable dans la pratique. Cette mesure a tout de suite été impopulaire par les pêcheurs à cause de l'éloignement de la mer. Ils se sont vite opposés au projet de reconstruction de nouveaux villages à l'intérieur des terres. Des blocages, des choix arbitraires ont suivi. Les élections ont forcé les candidats à vouloir assouplir cette contrainte et les règles à la longue ont sauté. L'élan des ONG s'est émoussé et parfois ils ne savent toujours pas où reconstruire. Les lourdeurs administratives locales ont allongé les délais et les tentatives de corruption deviennent inévitables quand trop d'argent est en jeu.
Ensuite, ce qui est proche de la civilisation est naturellement le plus vite servi. Dans d'autres parties des régions sinistrées, la politique et les guerres larvées n'ont également pas facilité le travail.
La nature avec ses nouvelles intempéries et moussons ont apporté quelques bâtons de plus dans les roues d'une reconstruction rapide.
La logistique est dénoncée comme problème important. Avoir l'argent n'est pas tout et seul le temps pourra peut-être lui donner une chance d'aboutir.
La TAFRAN (Task Force pour la Reconstruction de la Nation) n'est pas excessivement explicite et franche dans les explications pour justifier les retards.
Dès le départ pourtant, les hôtels ont retrouvé leur place le long des rivages comme par le passé. Le tourisme a ses règles. Les touristes, eux, reviennent au compte goutte. Un plan touristique de 80 Millions de dollars circule, d'autre part, sous le manteau du gouvernement. "Business is business" !
Les ONG n'ont vraiment pas chômé, avec sincérité, elles se sont mises à la tâche et si plus de précipitation avait été de rigueur, beaucoup de nouveaux villages auraient été construits, mais seraient restés inoccupés par la population par la suite.
La bonne nouvelle, l'argent n'est pas perdu, il sera seulement réparti sur une période de 5 ans. Ce n'est, en définitive, pas plus mal. Car trop d'argent devient contre productif.
Un enseignement a pu être déduit de la catastrophe: aucune épidémie de choléra d'aucune sorte. L'eau de mer n'est pas propice à la prolifération et les moustiques préfèrent l'eau douce.
L'aspect psychologique a été le plus important. Des familles entières décimées ne s'effaceront jamais avec un budget si grand soit-il. Le deuil n'est pas terminé surtout quand les corps des victimes n'ont pas été retrouvés. Les traces du drame ne sont pas prêtes à disparaître sur le terrain et dans les cœurs. Le retour sur les lieux par ceux qui ont subi les événements n'est pas encore à mettre à l'ordre du jour pour la plupart et cela malgré l'aide financière qui est souvent nécessaire aux populations asiatiques.
Je ne résisterai pas à l'envie, et que les victimes de la catastrophe me pardonnent dans le choix d'un sous-titre éventuel qui m'a servi un peu de moyen mnémotechnique pour retenir le mot de "Tsunami" : "Les dessous de l'ami".
Fatalité? Oui, certainement. Même si le système d'alerte aux tsunamis dans l'Océan Indien peine à voir le jour, aucune sirène ne peut venir en aide pour avertir des populations trop proches de l'épicentre d'un séisme et la terre a de ses surprises fantaisistes dont elle a seule le secret.
Le volcan Cumbre Vieja à La Palma aux Canaries aura son heure de "gloire" un jour, destructrice en s'effondrant dans la mer. Quand? Que pourra faire l'homme sinon siffler la fin de la récréation ?
Une vague est plus visuelle et éveille plus l'esprit du sensationnel qu'un tremblement de terre trop connu et trop fréquent dans l'histoire. Il ne faudrait pas perdre de vue que c'est un tremblement de terre sous-marin à l'origine.
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Des dégâts du cyclone Katrina, j'en ai déjà touché un mot sur le vif tentant d'en expliquer par la "lucarne" les raisons sous le titre "Des paroles lourdes de conséquences". Cette fois, tout était prévisible bien des jours à l'avance. Le fiasco humanitaire dans le pays le plus puissant du monde n'a pourtant pas été évité.
Pas d'évacuation planifiée (ou trop tard), pas d'armée, pas de force de secours et une parfaite incompréhension dans la réalité des événements à cause de réseaux de communication insuffisants sont les principales raisons du cahot.
Les fameuses digues "invincibles" du Pontchartrain qui devaient retenir les eaux, ont cédé le 29 août. Ce fut la surprise même pour ceux qui auraient du prévoir avec toutes les données à disposition.
La FEMA en charge de la gestion des sinistres depuis 1979 n'a manifestement pas été à la hauteur de la charge ou a sous-estimé l'ampleur du cyclone. A la tête, des gens inexpérimentés, la FEMA a été intégrée dans un département de Sécurité Intérieure avec une diminution de budget ou une réallocation de celui-ci. Un exercice de simulation (PAM) a été exécuté en 2002 mais n'a pas été achevé.
La Nouvelle-Orléans se remettra, affirment les autorités. Les morts n'auront évidemment plus droit au chapitre.
Est-ce une fatalité ou une crise mal gérée et appelée par les journalistes "Katrinagate" ?
Cette année, le pli est pris. Tous sont prévenus. Les Américains devront s'y faire, l'année prochaine, l'alphabet grec viendra à la rescousse pour donner des prénoms aux cyclones dont la fréquence ne peut être recherchée que dans l'activité "réchauffante" de l'homme. Donc, paré de ce côté.

Moralité des histoires d'eau: "Vive la montagne" !
 

L'enfoiré,
 

Citations: 

 

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