Blocages soldés ? (09/01/2011)

0.jpgLes soldes de janvier sont arrivées. Soldes de petits bonheurs pour vendeurs et acheteurs. Objectif, solder les comptes de fin d'année. Sauveuses des invendus, récupératrices d’une mode éphémère. Soldes avec des raisons que la raison oublie avec amours et avec humour.

Il y a 3 ans, je sortais une première version humoristique de "Sketches en solde". Je vais me payer un remake.

Janvier 2008, la crise était encore à ses débuts en version 1.0. Pas même de banques dans le collimateur de nos soucis. A peine, une "subprime party" étrangère et une PPDA, une Perte de Pouvoir D'Achat un peu plus sensible localement. Mais, à part cela, Madame la Marquise...

Depuis, en cette fin d'année 2010, nous sommes en crises en version 5.2.1 pour parler "logiciellement vôtre".

Marre d'entendre le mot "crise" dont on ne se souvenait plus de l'origine.

Cette année, un nouveau mot est apparu sur toutes les lèvres: "blocages".  Blocages sur toutes la ligne avec des acteurs trouble-fêtes totalement inédits. Blocages politiques, démocratiques, climatiques. Croissance en panne avec austérité en prime pour beaucoup de pays, blocage des salaires et des envies.

0.jpgBlocage belge en forme d'objections répétées par tous nos "routeurs politiques". 210 jours de crise avec gouvernement en affaires courantes et c'est loin d'être fini. Encore un petit effort et ce sera dans le Guiness Book. Une petit compensation: aucune "méchante" décision d'austérité, qu'un gouvernement, en plein exercice, aurait pu prendre.

A la maison, quand il y a "blocage" dans l'évier, il suffit de prendre du DeStop pour déboucher le putain d'évier. Ici, même après un diagnostique bien établi, pas de remèdes. Bloquer le bordel, c'est tellement facile...

Pour le commun des mortels, c'est surtout le blocage par Dame Nature que cela a été le plus dur à supporter. Avant la Noël, de la neige et encore de la neige.

Sur les routes, ce fut la débâcle. Des camions que l'on confondait avec des chenilles processionnaires. Des voitures, qui glissaient pour terminer leur chemin dans le fossé. Un trafic aérien, tous à l'arrêt. Pas d'avion pour aller en famille pour le réveillon de Noël. Pour certains, il s'est même terminé sur les "doux" fauteuils des aéroports mais sans crèche.  Pour certains, ce fut un rappel d'un autre blocage dû à la méchante grippe d'un volcan islandais qui avait mal digéré son repas de scories printanier.

0.jpgTrop, "is te veel", en bilingue local. 

Changer le disque rayé, choisir, au moins, un autre sillon ou trouver une autre plage... quelques palliatifs, au besoin.

La Noël, c'est sacré. Des gâteries, on en veut pour la fête. Alors, on danse, comme le chantait, Stromae avec ses accents lancinants. Pour cela, on est prêt à sortir le grand jeu avec le porte-monnaie.

En janvier 2008, on sortait encore le vieux dicton, "Noël au balcon, Pâques au tison".

Renversement de situation, insoutenable.

Cette fois, la neige avait tout gaufré.

Un réveillon de Noël sec ! était-il dit. Chat enneigé craint les froidures et ce furent les désistements en cascades pour les sorties au restaurant. Les restos du cœur, eux, en ont eu plus de plaisirs en récoltant les invendus de nourritures. Lâcheurs, ces clients ont repoussé les dernières emplettes jusqu'à la dernière minute.  Les magasins faisaient la gueule, accusaient un déficit qui faisait pâlir la tête du plus enthousiaste.

Même, "Plaisirs d'Hiver" à Bruxelles qui attirait, en général, la grande foule,  faisait tourner sa roue à vitesse réduite.  Dans les Fagnes, là où les sports d'hiver auraient pu bénir les neiges, c'était du manque à gagner jusqu'à Noël. Pour dessaler les routes, plus de sel. Les fournisseurs habituels faisaient faux bon ou ne savaient pas suivre pour le livrer. Donc, ça continuait à glisser. Pas de traîneau du Père Noël à l'horizon.

Seul, les carrossiers pourraient y trouver un avantage. En plus des accidents, les nids de poule ressortaient sur les routes et déglinguaient les bagnoles. Un site avec leur inventaire, mais aucun GPS qui aurait une gentille dame qui dirait "Attention, nid de poule, serrez à gauche".

2.jpgDurant la dernière semaine de l'année, quelques degrés au dessus de zéro et l'espoir renaissait. Déneiger au plus vite, faciliter les parkings, sortir les bulldozers de l'armée pour débloquer ce qui était bloqué. Peine perdue.

Le caviar, le foie gras, les huîtres dont les Belges restent friands, c'était à la maison que cela s'est dégusté avec les amis en attendant l'an neuf. D'ailleurs les restaurants avaient compris et plusieurs ne levèrent même pas leur volet.

Cette fin d'année, ce fut, le plus souvent, gris, humide avec une température au sous-sol et une couche de blanc en finale.  Voilà que la grippe saisonnière s'y mettait pour bloquer les derniers rescapés au lit.

L'année 2010, une année à oublier à toute vitesse. 

Pour 2011, il faut en faire une année "utile" disait Sarkozy dans ses vœux.

Dès janvier, la population acheteuse s’était retrouvée sur les "starting blocks" avec la ceinture de sécurité relâchée.     

Vive les premiers jours pour les soldes d'hiver...la chasse à cour, aux bonnes affaires est ouverte.

Il est connu que quatre belges sur dix se lancent dans l'aventure. Le taux d'épargne élevé, le marché du travail qui se stabilise et fait moins peur, le contexte de taux d'intérêt-inflation qui n'incite pas à postposer les achats vu que les augmentations se dessinent à l'horizon... Tout cela pouvait combler les déficits et faire disparaître les stocks que l'on dit plus importants que d'habitude. Pas question d'attendre le 6 janvier comme c'était le cas, il y a 3 ans. On commence dès ce 3 janvier, alors qu'en France, les soldes sont prévues pour le 12 janvier. Les vacances tombaient, cette fois, à pic.   

En Belgique, depuis le 12 mai 2010, l'autorisation est donnée aux commerçants d'offrir des rabais à l'ensemble des articles sur les stocks actuel ou passé, s'ils ont été proposé à la vente, au moins, un mois avant les soldes.

Les commerçants ont donc travaillé, jour et, peut-être, la nuit du dimanche qui précède l'ouverture des soldes. Tout était donc prêt. Remonté à bloc.

Les soldes, hautement recommandées, reste affaire de spécialistes. On ne rembourse pas. Mais, radio et télé ont déjà fait oeuvre utile de repérage dans ce jeu de piste.

0.jpgQue le jeu de l'oie commence avec énervements pour certains, humour ou recueillements, pour les autres.

Le premier jour, cela démarrait très doucement, sans ruées. Commençons par la grande surface.

Dans les couloirs entre les rayons, le slalom de la foule met immédiatement au parfum de l'ambiance. Les affiches "Soldes" apparaissent, partout, suspendues au plafond. Plus loin, ce sera des panneaux avec les mentions "Promo" ou "Prix défis". Pas question de faire semblant qu'on n'a rien vu. Étiquettes rouges égale -50%.

Telles des abeilles dans la ruche, on y court à gauche, on y butine à droite sans relâche. Premier vases communicants à l'entrée, les CD-Rom, les DVD d'une époque révolue avec les films de Laurell et Hardy, de De Funes, qui iront peut-être s'ajouter aux collections dans une armoire après avoir été revu une dernière fois. Mais, c'est en numérique et ça change tout.

0.jpgCela n'empêche. il faut oser, quand on se rappelle que pour les fêtes réveillons, on a ressorti à la télé plusieurs films avec Louis De Funes de la "Grande Vadrouille" aux "Aventures de Rabbi Jacob". On peut dire qu'ils les auront amortis jusqu'à ne plus avoir le moindre pixel vierge.  

A quelques mètres, de grands cartons contiennent des vêtements en vrac, mélangés dans lesquels les mains se plongent avec avidité. Dans le fond, un pantalon dont on se vérifie la taille en l'apportant le long d'une jambe d'un oeil plongeant. 

A côté, une véritable "loterie". Dans de grandes désertes pleines à raz-bord, à bas-bord, tri-bord, des lots de chaussettes, de cravates, de chemises et j'en passe et des meilleures. Les candidats candides et passionnés sont déjà autour et vont tirer les lots un à un. Question d'encolure, de pointure, de taille, de fantaisies. On s'y perd un peu dans les mesures. Une tombola est affaire de chance.  

Il faut trouver quelque chose pour monsieur qui n'a pas pu accompagner. On commence par là. Ainsi, ce sera fait. Il doit avoir son dû dans l'affaire pour garder l'équilibre de ce qui va suivre. On cherche, on chine et sans être chinois. Ça y est, des chaussettes! Ce n’est peut-être pas la couleur désirée, mais à la vue d'un rabais de 50%, on a vite oublié la petite désillusion de les harmoniser avec le pantalon. La paire raillée a un de ses chics avec ses petites lignes colorées arc-en-ciel. Cela va avec tout. Harmoniser au mieux viendra  par après avec deux ou trois cravates. Tout est affaire de compromis.

En surcouche, voilà, qu'une mère s'enfile un pull au dessus d'un autre pull déjà en place.

- "Qu’est-ce que tu en penses de celui-là ?", demande celle-ci à sa fille, avec la plaquette qu'elle arbore dans le cou avec quelques plis mal lissés.

- "Pas mal, maman. Cela doit être très chaud, répond la fille avec les yeux pétillants en ayant remarqué que sa mère transpirait déjà à toute évidence et qui pensait déjà à passer au rayon suivant pour aller voir le petit ensemble remarqué auparavant pour elle-même dans le dépliant publicitaire.

Le problème, c’est que si maman n'enlève pas la couche précédente, cela risque d'être un peu large pour cette nouvelle venue. Quand on pense aux cabines d’essayage, tout au bout du grand magasin, on ne pense plus vraiment à s'adapter au mieux aux réalités futures. Alors, on espère que le lavage va régler plus tard les excès de taille. Si cela ne marche pas, on pense monter la température de la machine à laver pour accélérer le processus de rétrécissement. Si, au moins, une vendeuse perdue, s'avançait, ce serait l'occasion de lui poser la question du lavage et l'importance de la sur-couche. Mais, faut pas rêver.

1.jpg

Cela ne dure pas longtemps. Maman, confiante dans le jugement de sa fille, ainsi harnachée s'arrache du rayon, le pull sous le bras. Ce lundi est tellement court. La fille a pris congé pour la journée et il s'agit de la rentabiliser. Maman aura toujours une occasion d'augmenter sa surcharge pondérale, se dit la fille.

Maintenant, chercher « chaussures à son pied ». Le rayon des chaussures est tellement proches l'un de l'autre que l'on mélangerait un peu tout. Là, il s’agit d’ouvrir l'oeil et le bon. Nous ne sommes pas dans le petit magasin où le chausseur sait chausser. Le terrain est encombré, miné. En équilibre sur une jambe, on trouve des essayeurs très zélés qui sautillant sur une jambe, tentent toutes les pointures approchante. Les boîtes ouvertes ne laissent que peu de chance de retrouver la paire correspondante. Des petites bottes, des courtes, des longues plus fantaisistes. On n'est plus trop regardant à l'aspect esthétique. Les plus belles ont disparu depuis longtemps. Comme on peut vraiment assumer, on assurera comme tel. Si, la neige ne se représente pas cet hiver,  les bottes seront pour le suivant.

Bravo. Voilà, de vrais investisseurs au boulot. Le réchauffement climatique a montré ses véritables affres alors, on est, dès lors, prêt à affronter le pôle Nord de tous les hivers.

Les hauts parleurs inciteraient à penser qu'il y a encore d'autres ressources ailleurs.

Plus loin, en effet, c'est le domaine de la librairie. On a séparé ce qui constituait les livres en soldes, des autres qui n'ont pas reçu l'honneur de passer à la moulinette des prix sacrifiés. De vieux Science et Vie à 1,5 euro, des livres à cinq euros et qui, en autre temps, coûteraient bien quatre fois plus. L'âge des livres et des magazines apporte encore plus de dégradations physiologiques que chez les humains. C'est à se demander où tout cela avait été stocké en attendant cette période de soldes.

Faire les courses habituelles dans les rayons "nourritures". Là, rien à changer au moins. Alors, les caddies se complètent. Pas d'argent en poche, la carte de crédit, plastique, magique assurera. Les files s'allongent à la caisse. Faut se presser. Au suivant.

Nouveau blocage, la température est remontée cette première semaine de janvier. La neige a disparu, mais c'est la pluie qui s'est mis en tête de faire sortir les cours d'eau de leur lit. Quand beaucoup pensaient sortir du lit, eux-mêmes, de manière plus agréable. Elle n'en ratera pas une, cette nature pour gâcher les plaisirs. Les inondés ne penseront plus aux soldes. Pour eux, les soucis sont bien ailleurs à jouer les Moïse.

Pour les autres plus privilégiés, c'est le week-end que les soldes se passent vraiment. En famille au complet, cela se perpétue souvent dans les Shopping Center. Là, tous les flonflons d'avant réveillon ont disparu. Le pianiste qui essayait de donner un peu d'ambiance avant les fêtes, les guirlandes, les décorations, tout. Les consommateur de champagne se font plus rares. Efficacité oblige.

Étrange, tout de même, pas de voitures d'exposition, comme il y avait 2 ans, alors que le Salon de l'Auto approche de même. D'après moi, le prix au mètre carré pour l'exposition avait oublié de passer à l'esprit "solde".

0.jpgC'est écrit partout: on travaille même le dimanche 9. Les syndicats ont dû accepter des con_cessions pour satisfaire les con_sommateurs.

Les gros manteaux, les pulls, les chaussures, les bottes n'ont, là, qu'à bien se tenir. Rabais comme miroirs aux alouettes? Les vitrines des magasins n'ont plus que des décotes de 30% à 70% comme décoration. La valse des étiquettes avec chiffres de pourcentages barrés, sur-barrés, sur-sur-barrés, les -50, -60, -75% a commencé. Personne n'a encore eu l'idée de pousser jusqu'à la décimale comme on le fait avec nos gentils euros. Quant à trouver du 100%, t'es con ou quoi ?

Les vendeurs espèrent que la fonte des neiges entraînera celle des portefeuilles. Il faut oublier les bouderies avec les quelques lumières qui scintillent encore. Artifices des attraits aux antipodes. Il ne faut plus qu'une certaine habilité et de la patience pour concilier. La sacro-sainte relation prix-performance et accéder, avec un peu de chance, à l’inaccessible étoile. Cela marche du tonnerre, disent les spécialistes.

Les bancs, au milieu, sont complets. Ils sont réservés à ceux qui ont dépassé le trop plein. Généralement des mâles malicieux. Ils semblent aimer cette valse autour d'eux dans laquelle ils ne sont plus que spectateurs. Philosophes, ils ont gagné la bataille et la plénitude se lit dans leurs yeux hébétés.

Le luxe, lui est resté sur des bases de réductions bien plus discrètes de 10 à 20%. "J'achète peu, mais j'achète cher", dit un consommateur avisé. Cela me rappelle un vendeur qui me disait qu'il fallait être riche pour acheter bon marché de nos jours. Il n'avait pas, tout à fait, tort. Mais, nous ne sommes pas ici pour joueur une scène du "Penseur" de Rodin.

Comme tout à une fin, les fantasmes seront bientôt à remiser dans les souvenirs.

La famille se recompose, sur l'escalator et les idées pratiques reprennent. Shiva reprend du service. Monsieur, avec tous les paquets dans ses bras multiples, planifie la place nécessaire pour ceux qui vont devoir se garer dans le coffre de la bagnole habituelle. Le coffre n'est pas petit, mais il a oublié de faire de l'ordre à l'intérieur. Tandis que Madame, elle ne se souvient, peut-être, déjà plus de ce qu’il y a dans chacun des paquets.

Cette fois, tout le monde est radieux. C'est gagné. Affaire réglée en win-win.

La croisière de l'imaginaire s'est amusée. Le scénario était "Comment l'un peut rouler l'autre ?".

En définitive, la quête du Graal était bien plus simple qu'on le dit. Sur le chemin du retour, une affiche présente des soldes de 80% pour des matelas. Faudrait bien ça, se dit Monsieur.

0.jpgVous vous rendez compte quelques soldes, quelques compromis économiques ont suffit pour faire revenir les sourires de chacun des partenaires. Il faut toujours les prendre par les sentiments, ces consommateurs... Sentiments, que l'on va chercher, du côté poche révolver, évidemment.

Rien à voir avec les mois de discussions pour former notre gouvernement par l'entremise d'un informateur, de deux médiateurs, d'un clarificateur (et pas un scarificateur) et d'un conciliateur. Seulement, on n'a pas jouer au cascadeur ou à l'emmerdeur. Depuis, on cherche un gouvernement, même en solde, peu importe le pourcentage de rabais de prix. Pas trop cher, mais qui rapporte un maximum.

0.jpgIci, on a débloqué en soldes, après avoir blogué.

Dans 6 mois, ce sera "l'épreuve soldes" suivante, celle de l'été.

Dans un an, pourquoi pas fêter Noël, qu'une erreur de calcul du solstice d'hiver avait calé au 25 décembre,  juste avant  la période de Carnaval? Il ferait meilleur et les soldes auraient été encore plus fructueuses.0.jpg

Mais, ce sera chaque chose en son temps, comme d'habitude, pour cette "bonne année" 2011.

On parlait d'ivresse, il y a trois ans...

Un nouvel exercice ? Pourquoi pas en triumvirat ?

Toujours pas trouvé ?

 

Alors, passons aux images.

 

L’enfoiré,

 

Sur Medium4you, les Belges s'y retrouveront-ils?

 

Citations:

 

0.jpg3 janvier 2013
: Les soldes d'hiver débutent avec d'importantes réductions.

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