Innover, oui, mais comment? (10/06/2011)

0.jpgDébut mai, un dossier paraissait sur l'innovation et ce que l'on entend par elle.
I
nnover, c'est un changement dans le processus de pensée visant à exécuter une action nouvelle. Elle se distingue d'une invention ou d'une découverte dans la mesure où elle s'inscrit dans une perspective applicative.
T
out est dit dans la théorie, mais dans la pratique, ce que l'on fait aujourd'hui correspond-il vraiment à de l'innovation?
L
a Wikinomie est face à une grande stagnation dit Tyler Cowen..
S
elon lui, les progrès technologiques pourraient être de la poudre aux yeux et être bien moins impressionnants que ceux qui ont existé entre 1880 et 1940.

Sans contester, Tyler Cowen ajoutait que si la technologie a ajouté quelques avantages dans la vie de tous les jours, ses potentiels ont été rabotés à cause de son caractère ouvert et gratuit. Sur le plan matériel, on se retrouverait au même niveau qu'en 1953. Les moteurs, l'électricité et Internet pour relier les gens entre eux, sont arrivés mais le manque de capitaux et le côté lucratif de l'économie, ont été oublié dans l'opération. 4.jpg

L'emploi a dégringolé dans le processus de radicalisation. Apporté par Google, Facebook et Twitter, il n'entre plus en comparaison avec l'emploi que nécessitait l'automobile de Detroit au début du 20ème siècle. La virtualité a, décidément, brisé l'emploi dans l’œuf.
E
n conclusion, par ce phénomène de restriction des moyens, on se trouvait plus matérialiste à l'époque qu'aujourd'hui.

Étonnant de conclure ainsi, alors qu'on aurait l'impression du contraire dans cette période agitée, fébrile, dans laquelle chacun a l'impression d'avoir fait avancé le schmilblick du progrès avec la machine à produire.

Dans ma "Grande Gaufre" qui parle de l'informatique, j'exprimais déjà une idée du même type. Seule l'image qu'on donne à cette pseudo innovation, semble donner une fausse impression de nouveauté. Nous ne sommes plus dans une période de révolutions mais d'évolutions successives, soit positives, soit négatives, mais qui se font sentir très faiblement du côté "innovations" mais plus, du côté des ratés, des déconvenues.

Sans rire, on peut ajouter qu'il y a eu des reculs dans le progrès du bien-être des gens. Rétrograder, débrayer sont des réponses à une erreur d'orientation. Dans un processus normal, un produit qui, tout à coup, se montre plus cher ou moins rentable à l'exploitation, engendre le retour sur la marche du dessous.

Le "buisson de la vie" que l'on trouve dans l'évolution naturelle prend beaucoup plus de temps qu'à l'échelle humaine plus encline à la rentabilité immédiate. Les chainons manquants sont en quelques sortes, des ratés de l'évolution naturelle. L'homme, d'aujourd'hui, améliore (du moins, il le tente et l'espère), on n'invente pas vraiment, il évolue par à coups voulus rapides mais sans réelles révolutions. Tout a un prix et on n'a plus les moyens de notre politique.

Il reste à espérer qu'il existera des bénévoles géniaux.

Si on remonte avant l'époque de la révolution industrielle, la plupart des inventions étaient chinoises, indiennes ou arabes. Ce sera grâce la force de l'économie occidentale de transformer et de valoriser les inventions des autres. Ils ne feront qu'améliorer les techniques connues en remarquant que chaque petit progrès pouvait générer de la productivité et du profit. Pour cela, il a surtout bénéficié de l'énergie bon marchée du pétrole.

L'accès bon marché aux matières premières permettra de rentabiliser plus vite la recherche. La libéralisation du commerce, la régulation transnationales, la mondialisation se partageront enfin les quotas à atteindre et les synergies pour les atteindre.

Les entreprises qui innoveront de nos jours, ne se retrouveront plus dans les sociétés les plus énormes, mais dans les startups et les spins-offs plus agiles.  Plus légères, plus rapides dans leurs réactions aux succès et aux échecs, elles se débrouilleront mieux face aux crises.

Internet incite à la connaissance, à l'éducation, à la portée du plus grand nombre d'utilisateurs. Sortir de l'élitisme par le bon marché de l'information, est une bonne chose en soi. Sans validation, sans médiation, sans orientation, cela resterait plus douteux. Cela ne veut pas dire "contrôle", mais simplement, par une volonté de ne pas dérailler du convoi de la connaissance de base.

Don Tapscott et Anthony D. Williams y voient une opportunité par la transparence, par le partage, la collaboration, l'intégrité, la sensibilité d'une population sans frontières, ultra-connectée et mondialisée. Travailler en réseaux en espérant qu'il y aura un chef d'orchestre qui sélectionnera le meilleur, est pourtant un rêve dans l'état actuel de l'utilisation d'Internet.

La société devient poreuse, avec les conseils d'experts ou d'expériences et la sous-traitance toujours pour rechercher le meilleur prix-performance. La société se raccroche à tout ce qui lui parait stabiliser le flux en prenant le plus d'accents de vérités et se retrouve parfois très éloignés de la vérité elle-même.

0.jpgInventer et placer un brevet n'assure plus rien. Tout n'est d'ailleurs pas "brevetable". Les brevets sont limités dans l'espace et dans le temps. Ils se payent dans chaque pays où ils sont censés apporter leurs effets de protection. Ils sont loin d'être gratuits. Rien qu'au niveau des taxes, on peut compter 1.033 euros par an en moyenne au niveau européen et 90.000 euros pour le brevet lui-même pour 6 ans. Au niveau international, on arrive facilement à 45.000 euros. 

Un brevet, pourquoi faire si c'est être galvaudé ou piratés dans les mois qui suivent leur déposition? Dans un monde interconnecté, le piratage devient un deuxième nature et se plaît à annihiler les effets.

Entre le "tout donné", l'"open source" et le produit propriétaire, il y a heureusement plusieurs degrés. Le shareware présentait une solution de test aux utilisateurs, candidats acheteurs de solutions. Il a été détourné. Des processus de limitation dans le temps de l'efficacité du software, ont été trouvé comme palliatif. Le "freeware" est une manière d'espérer une introduction dans le monde de la finance comme carte de visite. 

0.jpgVendre de l'IT comme de l'électricité, ne résout pas tout dans la nouvelle mode du "cloud computing". Les processus "clé sur porte" resteront fort peu compatibles avec le "tout fait". Pas de solutions intégrées qui reprennent un processus général qui commencerait au début d'une exploitation et se terminerait en fin de cycle. Une série d'interfaces devront se développer pour construire un ensemble cohérent. Des "fichiers plats", comme interfaces, risquent de perdre quelques bribes de raffinements au passage.

Le "Pay as you go" n'offre-t-elle pas l'innovation et pas l'assurance du prix minimum? Sommes-nous à la fin des coûts fixes? Le blog de CloudPlaza rappellerait les limitations du processus. Mais, cela dépend du cas.

Steve Jobs  semble montrer le chemin de l'innovation technologique et a vu l'avantage et le désavantage de ce "cloud computing", dans un "nuage de raisonnements". Il lance "iCloud" pour suivre la concentration de toutes ses inventions de moyens de communiquer en utilisant la nomenclature précédée par le "i" magique. Cela permettra aux utilisateurs d’iTunes d’écouter leur musique en streaming sur leur iDevice mais également depuis un ordinateur qui il l'espère sera un Apple ou iApple. Prix 25$ par an. Systémisation du concept intégré dans une congrégation presque religieuse.

L'Open Source, faut-il le rappeler, fait souvent appel aux idées déjà sur le marché depuis un certain temps. Copier le design coûte moins cher que prendre les risques de la création.

La valeur ajoutée par le partage existe car l'idée du bénévolat, de laisser une trace "inventive" à bon marché existe.

0.jpgLes financements des projets restent trop concentrés sur un croissance rapide. Il faut que cela rapporte beaucoup et tout de suite. Le besoin de changer s'impose par la volonté du marketing, sans pour cela apporter une innovation. Il suffit de consulter un catalogue de portables pour dénombrer une série de variantes, à des prix concurrentiels, mais qui à l'analyse ne diffèrent que très peu de choses, souvent de gadgets, entre le haut et le bas de gamme. La consolidation de leurs utilisations réelles, n'a plus droit de cité. Aucune statistique n'existe qui démontrerait que les "plus" sont réellement des plus. Le matériau pour construire ces engins de hautes technologies n'entrent plus dans les plans d'une bonne compréhension des finalités du mieux vivre, du mieux utilisé.

Une batterie d'un portable qui n'apporte plus son électricité dans un temps suffisamment long et c'est le remplacement de l'appareil tout entier qui s'impose. Si le GSM fonctionne encore, il sera réutilisé en 2ème main dans un pays moins technologique. Les métaux précieux qui les composent seront récupérés à bas prix. Si ce n'est plus le cas, il sera décomposé, désossés, en pièces détachées où remis en circulation au niveau de la matière inerte qu'il est toujours resté sans sa technologie. Certains pays comme l'Inde ont compris que la matière première reste "première".

Les goûts des consommateurs sont versatiles, c'est vrai. Mais, il faut garder en mémoire que l'on n'a jamais tout à fait raison d'avoir raison trop tôt. Se retrouver dans le "just in time" relève de la chance et de la perspicacité. De cette gabegie de versions intermédiaires que l'on nomme d'un indice de sous-versions, peut-être faudra-t-il un jour faire patienter les consommateurs, un peu plus, sous peine de se voir écraser par une production non achevée. Inachevée mais tout autant consommatrice de matières premières, non renouvelables.

Un principe de base dit qu'innover, c'est inventer un créneau auquel personne n'y a jeté un coup d’œil auparavant.

0.jpgTrouver des sponsors n'est pas encore garanti sur facture. Le capital à risque en période de restriction est une denrée rare. Faire une étude de marché.

Les innovations, toujours en porte-à-faux, en avance sur les besoins de ses consommateurs font partie des erreurs des décisions.

Quand seul des spécialistes parviennent encore à les comprendre et à suivre le rythme des évolutions, il y a danger.

Le recyclage est devenu un cycle que l'on observe pour le papier journal qui ne transfère que de l'information. Le plastic a jusqu'ici été le matériau noble prêt à toutes nos fantaisies. Un GSM contient beaucoup d'autres matériaux comme le précieux coltan.

Être seulement respectueux de l'environnement est déjà en soi, une innovation.

Peut-être faudra-t-il réinventer le recyclage pour qu'il coûte encore moins cher et qu'il rapporte plus.

Consolider les acquis ne semble plus la panacée.

Les sciences ancestrales ont, souvent, été reléguées au statut de superstitions, mais pourraient relancer les moteurs de l'innovation.

0.jpgLa technologie est venue s'ajouter, mais, elle n'est qu'un outil, pas une fin en soi.

Si la science accumule les connaissances, s'est pour, en définitive, s'apercevoir de la mesure de notre ignorance avec plus de précision. Le monde se fond en un gigantesque enchevêtrement d'informations, de nouvelles technologies qui deviennent, chaque jour, de plus en plus complexes et inextricables.

Dire je sais qu'on se sait jamais comme Gabin le chantait, c'est surtout se donner de la motivation pour toujours aller plus loin et de se dire qu'il y aura un autre siècle des Lumières.

Pas question de penser à la décroissance pour croire que tout va s'arranger. On ne revient jamais complètement aux sources. On les complète toujours.

0.jpgPlutôt que de transbahuter nos rébus, nos déchets, nos ratés, nos nouveautés inachevées, propres à toutes civilisations du progrès qui ne rend plus le temps au temps, pour les retrouver ensuite. Et si on les téléportait?

Ça, au moins, en période de grandes tranhumances, ce serait génial. Oui, il y a la méthode originale.

Mais, il y en a d'autres, comme celle-ci ou comme celle-là...

La Tour de Babel que l'on atteindrait par la téléportation?

Un rêve, un cauchemar?

Non, cette fois, une innovation pure et dure, tout simplement.

 

L'enfoiré,

 

Citations:

 

0.jpgMise à jour du 06/06/2012: Internet déjà trop petit, entame sa révolution aujourd'hui.

Le réseau a atteint la limite théorique des adresses IP disponibles, il y a déjà un an.

Un nouveau système règlera, tout en finançant l'ICANN, discret gestionnaire du WEB.

0.jpg

 

Mise à jour 5 août 2014: Le brevet européen est mal vu.

 

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