Gauche, droite, gauche.... (09/09/2011)

1.jpgNon, ce n'est pas une marche militaire, à laquelle je vous invite. Seulement, un retour vers les oppositions politiques. Andres Breivik, décrit comme d'extrême-droite, n'était que le Dieu exécuteur chargé d'une mission mythique à ses yeux. Aucun remord. On pouvait s'y attendre. On a appris qu'il avait une idole politique, un Dieu idéologique, Fjordman alias Peder Jensen, qui, lui, n'aurait jamais pris les armes. Le penseur et l'éxécuteur. Responsable, mais pas coupable, dirait-on.

 

Les idéologies se construisent, se détruisent et se retrouvent, parfois, avec un raté sur leur fil rouge ou une déviance par rapport à l'idéologie du début. Les extrêmes prennent alors la relève et dévient vers de nouvelles trajectoires idéologiques moins respectables. Par volonté de rester en ligne avec ses partisan par populisme, suites à des déceptions? 

La psychologie peut parfois expliquer ce virage.

Traditionnellement, les valeurs de gauche sont égalité, solidarité, progrès, insoumission opposées à celles de droite qui sont mérite, ordre, sécurité, conservatisme, tradition. La liberté et la justice se trouvent en partage au milieu du gué. Mais la gauche et la droite se confondent souvent dans la gestion trop dépendante de points qui les dépassent jusqu'à se demander qui est qui? 

Remontons dans l'histoire dans une autre période de crise. Nous étions en 1933.

0.jpgPaul-Henri Spaak a dit de Henri de Man que c'était un homme réprouvé, exilé et le plus authentique penseur socialiste du 20ème siècle. Du socialiste, il a dérivé progressivement vers le fascisme. Qui était-il?

En Noël 1933, Henri de Man était un homme politique, vice-président du Parti Ouvrier Belge. Devenu une sorte de prophète, il allait résoudre la crise de la Belgique, au bord de la faillite, après la dépression des années 30.

Créateur d'un "Plan de travail", ou plus péjoratif, d'un "Arbeitsplan" comme quelqu'un le traduira, plus tard, quand De Man a changé de parti plus extrême. D'où la phrase magique "Arbeit macht frei" de sinistre mémoire.

Ce plan prévoyait de pousser le secteur privé à sa place, en nationalisant le crédit et certaines entreprises.

Pour ce faire, il donnait des directives pour résorber le chômage et voulait réformer le régime parlementaire.

Le courant "Planiste" était né. Le mot d'ordre devenait "Le Plan, rien que le Plan et tout le Plan" par le groupe X-Crise, inspirateur du Fordisme.

Le 23 mars 1935, c'est l'échec de la politique économique traditionnelle, concrétisé par la chute du franc, résultat de la politique du gouvernement précédent, dirigé par Theunis. Le POB avec De Man entrait dans la formation du nouveau gouvernement. Au programme, pas d'orientation du crédit par l'Etat, pas de nouvelles nationalisations du secteur. L'Office pour le Redressement Économique (l'OREC) est créé dans le même temps.

En juin 1935, le Plan De Man cale. Il est abandonné par Paul Van Zeeland qui prend la direction du gouvernement.  

Léon Blum était opposé à ce "Plan de travail" car il faisait trop de concessions au capitalisme. Il faudrait qu'il soit possible de renverser la Haute-Banque occulte avant de l'implanter.

Cette fin de non recevoir désoriente De Man. Il s'éloigne du marxisme et de la démocratie.

Le 28 juin 1940, Henri de Man verse dans l'opposition et l'extrême-droite. Il crée un Manifeste suite à l'invasion allemande et pousse Léopold III a capitulé. Pour lui, l'invasion correspond à l'effondrement d'un monde décrépit, qui, loin d'être un désastre, sera plutôt une délivrance. Il crée un syndicat en accord avec l'occupant allemand, le "Leiding" proche du VNV et proche du nationalisme flamand. Ce penseur belge estimait que le marxisme étant avant tout un comportement, une sorte d'éthique de vie, mais il était possible d'y rester fidèle tout en s'en écartant.

0.jpgSur le plan philosophique, Henri De Man critiquait surtout le déterminisme marxiste, en expliquant que la morale, la psychologie et la volonté humaine étaient des facteurs essentiels dans le déroulement historique, que Marx a eu tort de négliger.

Sur le plan sociologique, comme Jaurès, De Man récusant la distinction rigide entre deux classes sociales, s'affrontent violemment. Entre la bourgeoisie et le prolétariat, une infinité de classes sociales prenaient place et l'on passait insensiblement de l'une à l'autre.

Sur le plan moral et psychologique, De Man estimait que la grande erreur tactique de Marx était d'avoir écarté la religion, l'«opium du peuple». Les croyants devaient apporter aux autres le soutien fondamental d'une morale métaphysique et des valeurs sur lesquelles s'appuyer.

0.jpgSur le plan politique, De Man estimait que Marx n'avait pas vu que le véritable pouvoir était détenu par les fonctionnaires et les hommes politiques.

En 1946, il est condamné à 20 ans de prison pour trahison. Exilé politique en Suisse, il meurt, en 1953, dans un accident de voiture.    

En parallèle, il y a eu un banquier voyageur, Emile Francqui. Autodidacte, il avait gravi tous les échelons par l'expérience du terrain. Appelé au gouvernement après la crise de 1929, sa politique fut un échec. Il était arrivé à son niveau d'incompétence que l'on pourrait appeler, bien plus tard, Principe de Peter.

Fin de l'histoire d'avant, passons à l'histoire qui se construit sous nos yeux.

Dutronc chantait qu'il était Opportuniste. Mais c'était une chanson.

Être réglé en courant alternatif entre gauche et droite. Pourquoi? Parce que les événements nous obligent à le faire. Devant une balance, chacun se retrouve, de plus en plus hésitant, avec un curseur avec lequel, il joue au petit bonheur la chance, quitte à, parfois, aller jusqu'à l'affrontement incompréhensible et devenir des indignés, bien malgré eux, devant un programme mal compris ou trop changeant. En temps de crise, la droite et la gauche se creusent pour trouver des solutions plus efficaces et utilisent au besoin des artifices de l'autre bord en sortant de leur propre champ d'investigation. Réformer et tester ces réformes.

La Grèce, l'Espagne, l'Italie, Israël, Bruxelles, avaient ouvert la contestation des indignés. 

La Norvège avait été étonnée de ce qui était arrivé dans ce pays sans histoires dramatiques.

0.jpgL'Angleterre était passée à la vitesse supérieure et sombrait dans Madmax. Hooligans? Provocations et plan d'urgence. Les quartiers de Londres, de Croydon, de Manchester et de Birmingham basculaient dans la violence. Cela rappelle la fin 2005 dans les banlieues françaises, si on oublie l'âge des manifestants qui a baissé. Alors, partout, on craint la contagion.     

En Belgique, le clivage n'est pas une surprise. La droite dans le nord et la gauche dans le sud a seulement été plus ferme que d'habitude par le vote du 13 juin 2010. Les apparentements entre partis dans chacune des parties s'il existe, s'en écarte. En esprit, le belge, Modrikamen rejoint Marine Le Pen, en France. Celle-ci ne renie pas les dires de son père qui avait estimé que "la «naïveté» du gouvernement norvégien sur l’immigration était «plus grave» que les massacres" qui ont fait 77 morts le 22 juillet. Le VB a perdu de sa superbe face à la NVA.

Les élections américaines de 2008 avaient créé un espoir extraordinaire. Il fallait redresser la barre après les chocs des crises bancaires. Le parti démocratique n'a pourtant rien à voir avec la gauche européenne.0.jpg

Le virage à droite avec les thèses du Tea Party est de retour avec Michèle Bachmann, Rick Perry...  

En 2002, élection française, l'extrême droite de Jean-Marie Le Pen avait créé un choc en se retrouvant au deuxième tour face à son adversaire Chirac. Un énorme rassemblement s'était produit et Chirac en sortit vainqueur. En 2007, les réformes ont été le cheval de bataille de Nicolas Sarkozy.

0.jpgDans l'UMP, il montrait ses tendances de droite, ostensiblement pour certains, en transparence pour d'autres alors que l'idéologie sarkozienne était déjà en place en tant que ministre de l'intérieur. A l'aube des élections de 2012, rebelote, les sondages montrent le Président en chute libre. Comme opposition volontariste, on parle de "Gauche Caviar", pour la gauche avec l'affaire DSK qui a troublé les esprits de la gauche. Alors, certains électeurs potentiels poussent le bouchon et se tournent vers l'extrême-droite de Marine Le Pen.

Thomas Gunzig disait dans un café serré humoristique, "C'est pas tout d'avoir une bonne histoire, si l'on veut que cela passe, il faut savoir l'écrire". 

Alors, la fin de la démocratie?

Pourquoi les démocraties échouent-elles comme les dictatures?

0.jpg«Les dictateurs échouent, parce qu’ils racontent des mensonges», s'apercevait un diplomate singapourien à la retraite, Kishore Mahbubani, dans une publication du Financial Times. Pour un dictateur, il faut éviter à tous prix, les dissidences. Dans une démocratie, on ment également aux électeurs pour maintenir "l'église au milieu du village". Dans un monde imbriqué, plus d’apartés, plus de décisions sans concertations avec ses voisins, en dépit des accords pris avec les citoyens dans des promesses électorales.

Mais, n'est-ce pas le niveau encore plus supérieur qui détient plus de clés? Le niveau qui se fout des frontières? Et qui place ses billes, là où cela rapporte le plus? Je veux parler des milieux financiers multinationaux. Ceux-ci n'attendent pas les réactions des Etats, Ils les précèdent.

Le résultat? Les citoyens poussent leur curseur plus fort à gauche ou à droite, comme nous l'avons vu dans les années 30. Les extrêmes de gauche ou de droite croissent par le mécontentement des populations pris dans le vent du populisme. Elles se confondent d'ailleurs à certains moments.

Qui fait encore peur aux autorités et pourquoi?

Le Vif l'Express d'une semaine précédente, reprenait les réflexions de Alain Winants, de la Sûreté de l'Etat belge. Pour lui, l'extrême gauche serait plus redoutée par ses services que l'extrême droite.

L'extrême droite, plus structurée, quelque peu déliquescente, ne présenterait plus de danger à ses yeux. Le risque de radicalisation par un loup solitaire comme ce fut le cas en Norvège, subsiste mais n'est pas suffisamment "flashant". Le laxisme des autorités était, pourtant, dans la ligne de mire du Norvégien, en bonne place dans les listes d'affaires à suivre de Breivik et pourrait générer des émules idéologiques. Mais, les dissensions internes diminueraient les risques.

0.jpgÊtre contre l'islamisation de l'Europe, l'immigration sont les actions ciblées, bien cernées, bien connues des services de la Sécurité de l'Etat. VMO, WNP, TPO et autres sont identifiés.

Les mouvements d'extrêmes ont toujours le vent en poupe en période de crise. 

Les mouvements d'extrême-gauche, suite à la paupérisation de la société, des marches des indignés, inquiètent donc plus.

Du côté gauche, le PTB, seul parti belge national, ne fait plus mystère de ses objectifs. Le PC et la ligue communiste révolutionnaire de tendance trotskiste restent marginaux. Les mouvements anarchistes visent le matériel et pas les personnes. Mais, ils sont appuyés par des mouvances hacktivistes sous Internet, plus virtuelles et donc plus secrètes.

0.jpgLes Anonymous inquiètent. On trouve, dans leurs rangs, des éco-terroristes, des anti-globalisations, des anti-nucléaires qui attaquent les symboles du capitalisme, lors de toutes les manifestations et rassemblement de ses représentants à Davos ou ailleurs.

"Au diable les partis"...

Alors, qui reste fréquentable, se questionnait le magazine?

Question sans réponse...

En anglais, on pourrait dire, "The show must go on, only depending on if it's really an acceptable show?".

 

L'enfoiré,

 

0.jpgCe 11 SEPTEMBRE 2011, difficile de ne pas rappeler le dixième anniversaire du drame des tours jumelles du WTC à New-York.

Comme il est dit: "'une nouvelle étape dans l'évolution d'un mouvement général de notre monde, marqué d'un sceau indélébile par le 11 septembre 2001, et qui continue aujourd'hui d'en porter les séquelles."

Les commémorations ont commencé.

 

0.jpgCitations:

 

Mise à jour 2 novembre 2016: Les gauches radicales en Europe:
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Mise à jour 20 décembre 2017: L'extrême droite s'installe dans le gouvernement autrichienpodcast
 

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