Veux-tu être dans mon réseau? (06/10/2011)

0.jpg"Est-il utile de renouer des liens avec de vieilles connaissances sur Facebook ou LinkedIn?". Question posée par un  article, lui-même relais d'une analyse en anglais. Question à réponses multiples, qui engage d'autres questions et d'autres réponses. Premier volet, donc.

L'article disait: "Les scientifiques se sont posés la question y ont répondu de façon absolument affirmative. En renouant avec de vieilles amitiés, on bénéficie à la fois des avantages que l’on gagne avec des relations éloignées, et de ceux que l’on a avec ses amis les plus proches.

Les chercheurs ont demandé à des étudiants en MBA de consulter leurs contacts anciens en sommeil pour leur soumettre une question à propos d’un travail important qu’ils devaient exécuter. Les résultats de ces sollicitations furent plus intéressants que ceux qu’ils avaient obtenus de la même question posée à des proches avec lesquels ils étaient couramment en contact.

De plus, renouer des liens qui avaient été forts autrefois permettaient d’obtenir les avantages associés aux contacts éloignés, c'est-à-dire l’efficacité et la nouveauté, et les bienfaits que l’on retire des liens avec ses plus proches amis, la confiance et les perspectives partagées.

Ces résultats indiquent que les amitiés en sommeil, souvent négligées, peuvent fournir une excellente source de connaissance et de capital social."

Facebook a franchi le cap des 800 millions d'utilisateurs. Le but est-il de reprendre contact avec de vieilles connaissances perdues de vue suite au temps qui passe? Est-ce vraiment le but et si oui, cela représente-t-il un intérêt réel ?

Les gens sont encouragés à construire de larges réseaux personnels pour obtenir l'information, pour partager celle-ci, se tenir informé et pouvoir en parler en société.

Facebook, Google et d'autres sites Internet ont rendu la tâche plus facile que jamais, mais avec un but personnel qui est très vite oublié.

Au préalable, dans le même but, des émissions de télévision, telle que "Perdu de vue" se faisaient un honneur de retrouver des relations familiales, des connaissances, des amitiés perdues qu'être un individu privé ne permettait pas de rouvrir. Comment retrouver de vieux amis, de collèges s'ils n'ont pas rejoint son association d'anciennes élèves? Il y a eu des sites comme Copains d'avant qui se sont insérés dans ce créneau des retrouvailles, mais encore fallait-il en connaître l’adresse et l'existence. Cela restait très local et pas assez international. Facebook a apporté cette possibilité dans un espace global, au petit bonheur la chance et par la technique de la boule de neige, aidée par les "robots". Avec une aisance relative, les gens pouvaient renouer avec des relations «mortes». Les amis de mes amis ont un potentiel de devenir mes amis comme réel citoyen du monde. Le champ d'application s'est pourtant progressivement rétréci, recentré plus localement dans une sorte de Minitels parallèles. La chasse aux amis devient un jeu à qui perd gagne.

Même si le jeu réussit, les rapports se négligent et perdent très vite de leur valeur en manque de substances en commun et meurent.  Comme tous les jeux, les "proies" une fois ferrées, la lassitude s'installe. A déplorer? Non, quelque part naturel. Le nombre de rapports qu'une personne peut activement maintenir est loin d'être pérenne. Les goûts de chacun changent dans le temps. Alors, pour ne pas rompre sèchement, pour ne pas déranger ou vexer, ils deviennent dormants. Question de mémoire et d'occupations, de temps libre des interlocuteurs avec des choix multiples.

Facebook a choisi de s'adresser aux "murs" des interlocuteurs pour créer des contextes de discussions. Les commentaires devraient normalement se poursuivre et faire grossir ainsi le groupe d'interlocuteurs. Son utilisateur intensif en arrive à confondre message personnel et public. La vie de chacun s'y déballe comme dans un livre et répond ainsi à l'utilisation commerciale de l'hébergeur, Zuckerberg.

L'erreur de Facebook est de considérer tout le monde de la même façon, comme un ami potentiel.0.jpg

La re-connexion des liens dormants fournit pourtant une foule d'avantages inattendus et parfois extrêmement utiles, disent les résultats de l'enquête.

Consulter les gens déconnectés via le téléphone ou Internet est efficace. Le « re-branchement » est un pactole réel, d'après les psychologues.

Mais de quel pactole, parle-t-on, de quel attrait et pour qui, peut-on espérer?

L'article Facebook et Google, ces Rois du Marketing explique le but global de l'opération de séduction.

"Google sait déjà tout sur nous. A quelle heure on se lève, à quelle heure on va se coucher, quelles vidéos on a regardées, quels sites on a visités. Cette masse hallucinante d’informations détermine les publicités – de plus en plus « géolocalisées » – qui s’affichent à l’écran.".

Cette géolocalisation est encore dans les limbes de l'utilisation et de la législation. Comme pour toutes les technologies de pointe, elle comporte des bons et des moins bons services pour la communication. Le GPS peut expédier à une fréquence prédéterminée tous les déplacements d'un individu. Ce qui permet de localiser un copain à son insu, de vérifier tous ses déplacements. Tout dépend du but suivi.

"Dans Facebook, l’utilisation de plus en plus frénétique du bouton « J’aime », qui permet de jauger la popularité d’un contenu sur le Net lui a permis d’emmagasiner une montagne de données précieuses. Et cette icône déjà classique va désormais se décliner sous de nouveaux vocables, plus explicites, permettant à Facebook de cerner avec une précision redoutable les profils des internautes.".

0.jpgGoogle+, toujours en phase de test, fera-t-il mieux que Facebook?

Il va ratisser en plus étroit et en plus large, à la fois. Il va "screener" en référençant dans le même temps. A l'origine, c'est un moteur de recherche, ne l'oublions pas.

Il n'y a plus de murs auxquels on s'adresse, mais on parle dans des cercles. Des cercles de compatibilité qui se composent, se dessinent avant de commencer en planchant sur les mathématiques des ensembles. Enfin, partiellement. Ces cercles se composent de différentes couches: famille, amis d'écoles, cercles d'influence, collègues et amis tout court.  Elles ne s'intègrent pas.

On y a compris au fait que l'on peut être ami avec tout le monde. Qu'il fallait organiser les rencontres virtuelles. Bien, mais... tout dépend, encore une fois, de ce que l'utlisateur y recherche.

Les cercles s’intègrent comme des poupées russes, mais ne se juxtaposent pas naturellement. Les ensembles cohabitent mais ne fusionnent même pas en partie, étant chacun sur sa propre planète de la connaissance, sa sphère d'influence. On y cherche une confirmation de ses pensées parmi un groupe de personnes qui ont les mêmes prérogatives, les mêmes points de vue. L'opposition par la complémentarité n'est absolument pas gagnée dans le processus. Le mélange peut être plus enrichissant qu'il n'y parait. Voir le même monde avec des yeux différents mais sous des angles aigus demande surtout plus de compréhension, plus d'humilité, plus de compréhension.

Si le but est de se retrouver entre amis purs et durs, se voir parfois félicité, plébiscité, c'est gagné, même si cela peut friser le narcissisme. Trouver des copies conformes, des affinités sans conteste à l'autre bout n'apporte que le genre de dialogue qui reste calé à l'intersection de deux droites.

Après tout ce qu'on dit de négatif sur les communautés identitaires, n'est-ce pas un mauvais choix de créer des exclusivités dans des cercles fermés, concentriques? Est-ce qu'une information ne peut-elle pas être diluée vers d'autres interlocuteurs dont on ignore, au départ, les idéologies, les intérêts, les tares, les fantasmes?

Des contacts interculturels, cela demanderait plus d'effort pour placer son ego en retrait.

Google+ a bien compris le phénomène de l'info qui se tue à cause de son trop plein. Il impose de bien construire ses propres cercles, ses communautés, au départ. Il permet de les amender, de les agrandir ou au contraire, de les réduire mais il organise une nouvelle ségrégation dans des compartiments qui feront, peut-être, des experts dans les domaines choisis, mais qui oublieront toute velléité, de visions généralistes  pour associer les sciences, les connaissances entre elles. En fait, Google+ construit  sans le dire, des ghettos. 

Les recherches ont montré que les adultes accumulent des milliers de rapports pendant leur vie dans le réel. Avant Internet, ils en ont activement maintenu bien moins de 100. Le reste du réseau reste dormant comme un potentiel éventuel. Les liens les plus dormants s'éteignent simplement en manque de pertinence ou de motivation. Internet, Facebook, Google+ ne feront pas exception dans le temps.

L'information meurt toujours, de sa belle mort, perdue derrière les méandres des raccourcis ou des envahissements.  Il faut s'y faire à une règle de la vie: tout passe, tout se modifie, tout casse, tout lasse...

Viennent, alors, les réseaux sociaux, dits plus "spécialisés".

La fréquentation de LinkedIn, réseau social de travail, aurait pu progresser en parallèle à cause de la crise et, ainsi, avoir la prétention d'égaler la fréquentation de Facebook. Ce n'est pas le cas.

Dans le haut de l'échelle sociale, la plupart des directeurs, des CEO n'ont pas attendu la crise et maintiennent des centaines, si pas des milliers de sources potentielles de soutiens et de conseils qu'ils peuvent utiliser... à leur niveau. Comme on a vu le jeu de chaises musicales à ce niveau n'est pas qu'une vision de l'esprit.

Dans le bas de l'échelle, ce n'est pas vraiment le cas. Pourquoi? Peu connu. Il faut s'y inscrire et y être actif. L'indice "Klout", qui calcule l'activité, permet à l'employeur en quête d'un profil, d'être repéré. Les étudiants qui sortent des cours n'ont pas encore apprivoisé l'outil. On reste dans l'amical. Interrogés, les étudiants de Louvain la Neuve, s'ils connaissaient bien Facebook, ne s'embarassaient pas (ou pas encore) de LinkedIn.

Pour plus anciens, si le jeu de chaises musicales existe, la propension à rester au courant des évolutions des anciens collègues reste faible. Ceux-ci, s'ils entrent dans les mêmes qualifications, peuvent devenir des concurrents et postuler les mêmes postes. La fréquentation de LinkedIn reste très confidentielle par rapport à Facebook. Perdu de vue dans le travail dès que la démission pour n'importe quelle raison s'est produite.

Les tentatives de renouer les "bouts" entre eux s'ils sont surtout professionnels, n'aident pas à retrouver un emploi à un collatéral mais permettent à des chasseurs de tête de trouver des "disponibilités" pour leur propre cause. On n'y trouve pas de secrets de fabrication, ni la volonté d’encenser un ancien collègue. On s'expose soi-même sur une vitrine virtuelle.

En cause, l'inertie simple. Les embarras de l'abandon de contacts. Peur du fait d'être considéré comme opportuniste. De s'imposer à d'autres anciens collaborateurs parce qu'un "appel froid” est considéré comme impoli. S'adresser à l'échelon supérieur ne s'imagine même pas après une rupture.0.jpg

J'ai coudoyé et travaillé avec les Indiens pour en connaitre les méthodes. Leurs réseaux sociaux ont amélioré leurs potentiels, pas les nôtres. La solidarité existait dans leur univers réel. Il s'est virtualisé avec les mêmes règles via Internet. Pour un Indien, c'est une question de vie ou de mort. C'est ainsi que l'on obtient des points d’évaluation de compétences.

Pas questions d'amis, mais de condisciples, de contemporains avec les mêmes prérogatives, les mêmes buts, vaincre: prendre de la valeur et progresser par la solidarité. Esprit de castes? Peut-être, mais sans cela, c'est toute la caste qui avance par des ponts de connaissances ou recule sans eux. Quand un problème se pose, et qu'un Indien ne peut y répondre, immédiatement, que fait-il?

Pas question de dire, non merci, ce n'est pas mon problème. Non, d'un dodelinement de la tête, il vous fera un "oui" approximatif, indéfinissable.

Ensuite, après votre rencontre, il se mettra derrière un écran d'ordinateur, ira sur Internet et lancera la question posée dans son réseau. Réponse au problème qui ne manquera pas d'arriver plus vite que prévu. Le problème était devenu le sien, puisque le client européen ou américain l'avait, mais il l'éclate au travers de son réseau. Décevoir, c'est la mort.

On connait la démonstration de leurs succès par notre absurdité qui croit trouver plus dans une tête bien pleine que dans plusieurs têtes. La concurrence, les rivalités se retrouvent dans les bêtisiers de la techno.

1.jpgDans le milieu occidental, on ne copie pas sur son voisin. Le plagiat, c'est encore plus laid. On réinvente la roue, au besoin. Tu sais ou tu ne sais pas. Si tu ne sais pas, passe ton chemin, tu ne m'intéresses pas. Les cours de rattrapage ne sont pas de mises. On accepte, ainsi, implicitement, le principe du "divide ut imperes" chèrement voulu par le haut du panier. 

La réponse à ton problème se cherchera entre la page de garde et la table des matières qui se trouve en fin d'un bouquin exhaustif de 1000 pages, comme il m'a été dit un jour à la suite d'une de mes questions.

Dans notre Occident, nous étions arrivés à ne plus nous parler tellement la volonté de la concurrence, notre égocentrisme ont pris le dessus. L'occidental n'aidera que s'il y voit son propre intérêt.

Internet n'a rien changé à ce niveau-là. Il s'est virtualisé pour exprimer sa différence, c'est tout.

La "version occidentalisé" de Facebook, si on va jusqu'à se déshabiller, insensiblement, en public, on ne partage pas ses "vêtements" et l'information de manière constructive.

Pas de castes, mais des classes sociales. Cela semble plus poli, moins sectaire, mais non moins péjoratif et dénigrant pour celui qui se voit exclu de l'une d'elle. Le rat des villes rencontre le rat des champs, en permanence, et cela va jusqu'au clash, si la culture vient à s'ajouter.

Autre culture, autre mœurs? Probablement.

Les mots "culture" et "culte", s'ils n'ont pas les mêmes racines, commencent par les mêmes lettres et cela n'est peut-être pas un hasard.

Hors business, les relations évoluent tout autant, sans devenir perceptibles. On suppose, on dessine un portrait robot figé, au travers de dires, d'écritures des autres. Les étiquettes se collent ainsi, s'écornent avant de se déchirer. Ce qui est considéré comme un troll par l'un, ne l'est pas pour l'autre. En dépit d'un "A propos", bien construit, explicatif de sa personnalité, on reste dans la virtualité et l'image que l'on veut voir représentative de soi. On n'y raconte pas tout et l'appréciation de l'ego n'est pas à la disposition des contradicteurs. Un nom propre en place d'un pseudo n'apporte pas plus d'informations dans ce jeu de quilles.

Les nouveaux outils sociaux vont-ils faire disparaître ses concurrents pour autant arranger les "bidons" de la communication? 

0.jpgVoyons le prédécesseur, l'ancêtre, pourrait-on dire.

L'email fête ses 40 ans comme le rappelle le "Science et Vie". L'arobase, le "@", est né en octobre 1971. Si au départ, il n'allait pas bien loin, à peine trois mètres, l'email, le courriel (en version française) allait bouleverser la communication en utilisant la méthode asynchrone. On le consulte quand on veut. Il commence à vieillir, à s'user.

Certains, comme Zuckerberg, parle de son élimination. Les spams sont passés par là. Le trop plein de mails comme le trop d'informations tuent l'info surtout non demandée. C'est devenu parfois un calvaire de retrouver une somme de mails après un retour d'absence. Grand consommateur de cet email, je me posais la question si son utilisation rendait la communication "Reçue ou comprise cinq sur cinq", il y a longtemps.

Les facilités de l'email ont permis d'établir des listes de réceptionnaires d'un type d'information fonctionnelle, d'un projet. Si au départ, ces listes se justifiaient, dans le fil des conversations, des extensions ou modifications de projet initial apparaissaient, rendant les dérives inintéressantes pour le même cercle d'influence. Résultats des courses, les listes se sont, le plus souvent allongées, sans jamais se réduire de personnes qui n'étaient plus impliquées dans un processus déterminé. Que d'emails sont allés, ainsi, à la poubelle de l'histoire sans plus être lus? Le problème est d'élaguer les duplications qui prennent un temps considérable.

Alors, obsolète le bon vieux mail qui avait, déjà, remplacé le facteur et ses lettres sous enveloppe timbrée?

Ce serait aller un peu vite en besogne. Mais c'est vrai, il a trop servi en dépit du bon sens.

Pour suivre le progrès, les réseaux sociaux l'ont, quelque peu, cannibalisé.

Comme en tout, faut passer à des solutions hybrides.

La nature montre souvent la marche à suivre.0.jpg

La lumière porte trois couleurs fondamentales et peut reproduire des millions de nuances colorées par synthèse additive et ainsi reconstituer la lumière blanche avec des températures de couleurs.

La température des "amis virtuels" serait-elle, aussi, en cause?

Quand je vous disais que tout est un peu lié à la physique, de théorie des ensembles avec en arrière-plan, quelques règles d'algèbre booléenne qui utilisent des "ou", des "et", et des "et exclusifs"....

La synthèse est additive et la lumière blanche apparait. Soustractive, c'est le noir absolu.

 

Le monde est beau (Oldelaf)

Refrain:

Oh, le monde est beau

Il font partie du même réseau

Oh, le monde est beau

Chaque jour, on est plus nombreux

A être seul dans le même bateau.

 

L'enfoiré,

 

PS. Si vous aimez les anecdotes, ne quittez pas. Juste un peu de souffle et on reprend dans un deuxième volet.

 

 

0.jpgMise à jour 28 juin 2012: un article de l'Echo "Facebook peut-il remplacer un vrai réseau?

Facebook, arme à doulbe tranchant avec des tours et des détours.

Buzz, pitch, où on y avoue ses failles, ses faiblesses et ses failles personnelles.

une adresse "Million Dollar Homepage" dit bien de quoi il s'agit où il faut ou tendre:

- à réunir les mêmes affinités

- donner un effet de loupe sur son ego et son expo

- se faire connaître ou mourir

- être actif et avoir une présence quotidienne

 

Citations:

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