Vies en conserve (16/12/2008)

médecineNos médicaments nous tromperaient-ils ? N’apporteraient-ils pas toujours une prolongation à notre vie en ce 21ème siècle, alors que l'on annonce, grâce à eux, pouvoir en moyenne arrivé à l'âge de 80 ans. En complément, peut-on tout se permettre au nom de la science ? Deux "Questions à la Une" de la RTBF, deux enquêtes sur le sujet de nos pilules de vie en conserve.

Les médicaments apportent une réelle aide pour nous soigner, nous maintenir en forme, nous soulager dans les cas difficiles que la maladie ne manque pas de nous faire subir.

Il est pourtant à retenir que les entreprises qui créent et diffusent ces médicaments sont commerciales et ont comme toutes les autres des impératifs de rentabilité à surveiller.

La constitution d'un médicament avant son homologation et sa diffusion dans le public prend très souvent dix ans en moyenne. La période de recherche pure, qui précède a déjà pris un temps long d'investissement sans retour financier. Quelques grands groupes pharmaceutiques mènent la recherche à travers le monde au bénéfice d'une population avide de garder la jeunesse et une forme d'"enfer" (sans vouloir y aller, bien sûr). Malgré tout le soin pour apporter le côté curatif, les médicaments ont toujours des effets secondaires plus au moins indésirables. Les placebos ne l'ont pas théoriquement, mais pratiquement, même, eux, dans leur état "insensible" peuvent avoir un effet espéré ou inespéré.

Il n'est donc pas dans l'air du temps de "se dorer la pilule" chez les pharmaciens. Certains médicaments ont défrayé la chronique, tel que le VIOXX. Ce médicament apparaissait lors de son lancement comme une nouvelle génération de médicaments anti-douleurs pour l'arthrite efficaces et venant en remplacement à la génération précédente qui avait la fâcheuse habitude de s'attaquer à l'estomac. Sa diffusion a commencé sur les chapeaux de roue et a généré un retour sur investissement de 169 millions de dollars par an. Dès 2000, pourtant, certains "ennuis" se sont présentés d'une manière inattendue pour le patient mais qui aurait pu l'être un peu moins pour le fournisseur Merk: des troubles cardiaques qui augmentent de 2 à 5 fois. La posologie n'était-elle pas assez explicite ou complète ? Dans le monde, 140.000 infarctus, dont 30.000 mortels, peuvent se dénombrer et être attribués à ce médicament au futur prometteur. Aux Etats-Unis, 6.000 plaintes suivies de procès n'ont pas manqué de tomber un à un. Le 30 septembre 2004, ce qui devait arriver arriva et le VIOXX fut retiré de la circulation et quelques 250 millions de dollars ont été versés en guise de dédommagements.
En Belgique, aucune plainte. La seule qui ait existé concerne la dolantine spéciale administrée aux enfants et qui aurait créé un problème respiratoire mortel. Après 27 ans de procédure, procédures normales, en appel et en cassation n'ont pu en venir à bout et se sont toujours terminées par un non-lieu ou un rejet.
Comment arrive-t-on à ses extrémités ? Manque de sérieux dans les homologations ? Effets mis en silence et à l'écart de la vue des intéressés ?

A Londres, EMEA vérifie le bienfondé de l'efficacité et identifie les dangers. Mais EMEA est également rétribuée à 60% par les demandeurs pharmaceutiques pour leur travail. Impartialité?
Le budget entourant un médicament est énorme et rentabiliser au mieux est impératif. Les autorités des pays qui n'ont qu'un budget de la santé en perpétuel diminution sont obligées de donner leur confiance et la recherche est sponsorisée par l'industrie. Les résultats de ces recherches restent évidemment la propriété des investisseurs. Les autorisations de mise en vente suivent ces résultats. Les revues médicales n'en sont informés que si les sociétés pharmaceutiques le veulent bien. C'est à dire parfois pas du tout. VIOXX n'est pas le seul "scandale". Bayer a fait les frais de son Lipobray dans le passé.
En dehors du budget énorme de la publicité, les délégués médicaux sont les instruments de propagande et de promotion des produits "miracles". La concurrence entre entreprise de produits pharmaceutiques est devenue tellement rude que les médecins généralistes se plaignent d'être harcelés de plus en plus. Sous le couvert de l'incognito, certains délégués avouent qu'ils doivent parfois arriver à graisser certaines pattes pour percer. Les OPA sont entrées dans le jeu de ce côté aussi. Merk s'y est mis par le côté dit "hostile" sur Schierman et Bayer en "chevalier blanc" apporte une contre-offre. Un budget de restructuration d'un milliard d'euros a été mis sur la table. il ne faudra plus qu'attribuer les places et répartir les préavis. Mais cela c'est une autre histoire.

Les Belges sont au top des consommateurs d'antidépresseurs, d'anxiolytiques, de psychotropes et de somnifères. Ce genre de médicaments ne devraient être qu'une sorte de béquille temporaire. Car on ne peut dénigrer leur qualificatif de "drogues". Qui dit drogue, dit accoutumance majeure. Certains patients consomment un véritable cocktail de l'ensemble : Xanax, Temestat, Lexotan et j'en passe qui sont prêts à apporter le "bonheur en pilules". Le problème est devenu si aigu que des cliniques ont créés pour soigner les malades de médicaments générant dépendance. Sans cette bouée de sauvetage, des accros iraient jusqu'au suicide s'ils étaient sevrés de leur "remontants". Il s'agit d'une crainte viscérale d'être en manque. Ces patients exigent la prescription de cette "drogue du pauvre" à leurs médecins traitants. Les causes et le genre de patient est évidemment souvent le même : stress, difficultés économiques, perte d'emploi associée à un sommeil difficile. Les médecins prescrivent souvent ces médicaments en désespoir de cause par facilité sans chercher les raisons réelles et originaires des maux. La Benzodiazépine, le Rohypnol apporteraient l'effet « Rambo » par sa capacité à donner l'impression de jouir d'une force artificielle. Les résultats sont dans la suite catastrophique et aboutissent dans les cas extrêmes au suicide des patients. Nous ne sommes plus ici pour réparer le cerveau mais plutôt pour le "casser". On se lève de son lit, parce que l'on a oublié de prendre le Temestat qui devra selon la notice faire dormir dans le quart d'heure. On ne sent pas bien dans sa peau sans la Xanax "rose". Pas besoin d'apporter des additifs pour organiser la dépendance comme ce fut le cas pour les industriels du tabac. Cette fois, tout est dans tout, de base. La fidélisation est automatique par les clients. La recherche paraît bien financée par les consommateurs assidus. La crise de notre époque va probablement augmenter les ventes.

Le dictionnaire Vidal qui reprend la liste de tous les médicaments a deux versions. Une pour professionnels très complète et une autre pour le grand public plus allégé, moins "risquée". Exhaustifs, tous deux, ils n'apportent pas de conseils pratiques en donnant des préférences.

Alors, quoi ? Condamné à consommer sans réfléchir et à dorer la pilule des marchands de rêve ?

Pfiser vient récemment de lever un voile sur un futur qu'il voit moins "productif". Quand on est un peu en mal d'idées et que les brevets viennent à échéance bientôt pour tomber dans le domaine public, il faut bien penser à limiter les coûts et ... à se libérer de charges sociales.

Mais, de l'avenir parlons-en. Comment tester ses nouveaux produits risqués et toujours sous le coup de validations longues et coûteuses de la part d'autorités étatiques trop réglementées ?

Les tests de ces médicaments sur animaux sont pointés du doigt par les organismes qui défendent nos semblables.

Il y a bien les tests sur cellules en micro pharmacie, mais ce n'est pas du "grandeur nature".

Alors, il existe des pays tel l'Inde qui a un "potentiel" de 2 millions de cobayes sur le milliard d'habitants. Quand la santé est réservée à ceux qui savent payer et que l'on gagne un dollar par jour, que reste-il sinon accepter les médicaments avec consentement parfois douteux ? La RTBF fin janvier dénonçait des pratiques de médication confidentielle que les entreprises pharmaceutiques dénigraient aussi sec. Des signatures sous forme d'empreinte digitale acquissent de la moralité. Et pourtant... Le Code Éthique Médical existe et est signé par les acteurs. Traitement et expérimentation sont bien dissociés dans ce code.

Les maladies du siècle tel que cancer, cœur et cerveau poussent eux dans le dos.

Des expérimentations sur le cancer ont été tentées. Le M4M du Dr Wang, cité en référence dans l'émission, n'est peut-être qu'un exemple.

Le livre de Antoine Filissiadis, médecin journaliste, "Le premier et le dernier Miracle", est un thriller psychologique qui apporte un dossier noir sur les laboratoires pharmaceutiques à en donner peur au ventre, est-il dit.

Le budget "médicaments" de l'assurance maladie ne grimpe plus en Belgique. En 2005, le taux de croissance des remboursements était quasi nul pour commencer sa descente en 2006. Les médicaments génériques pèsent sur les résultats de certains. Les vaccins sont aussi dans le collimateur un article sur Agoravox en parlait : "Procès vaccinal aux États-Unis"

Les médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres. Ils relèvent du Ministère de la Santé.

Si le secteur public partageait un jour les rênes de la production avec le privé, les médicaments génériques ne seraient plus un problème de rentabilité. Payer en direct pour sa santé, n'est-ce pas le meilleur compromis ?  
La prise de conscience serait tous azimuts et le début de la sagesse.

Ces vies en conserve deviendront alors des vies à part entière.




 

L'enfoiré,

 

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