Le Laos est un pays communiste ! (12/07/2012)

0.PNGAujourd'hui, nous partons loin. Je cède la place à un autre p'tit Belge comme moi. Un Zinneke qui a choisi d'aller déposer ses valises successivement en Équateur, à Cuba, à Molenbeek, en Thaïlande, au Laos, où il vit actuellement. Il va vous servir de guide dans ce dernier pays. Certains le connaissent et le reconnaîtront. Son pseudo, Sapanhine.  

Le Laos est un pays communiste ! Oui, communiste mais cela ne se voit pas. Ni dans l’ordre social, ni dans la répression attenante à ce type de gouvernement plus autoritaire que ce que nous nommons, de manière pédante, une démocratie de type occidental. Il n’est ni la Chine conquérante, ni Cuba la répressive à tout va.

En quoi le Laos est-il communiste, alors ?

Certainement pas au niveau de l’initiative privée qui est omniprésente. Il n’y a quasi pas de réglementation de l’accès au travail, une forme de consensus social où tout le monde voudrait passionnément devenir riche et se sacrifie pour. Dans le respect des traditions bouddhistes, d’abord éradiquées par le nouveau régime qui l’avait interdit après la révolution mais redevenues, avec l’aval des autorités, omniprésentes dans la société. Ce Bouddha Dieu le Père qui veut que tout le monde ait à manger. Ce Moloch pacifique de l’anti-désir, de la solidarité des petits, de la superstition et des fantômes, du billet de loterie gagnant, de la vie qui renaît, paraît-il sept fois et toujours en mieux si l’on obéit à ses préceptes, ou si l’on donne sous forme d’indulgences assez d’argent à la construction de nouveaux temples pour se faire pardonner les excès commis durant la vie présente. L’espoir de renaître mieux que cette fois-ci, dans une famille plus opulente, épargnée par le malheur qui se doit donc d’être présentement accepté en tant que tel. 

Efficacité, efficacité : voilà qui évite de facto toute contestation, toute remise en cause de l’ordre, je ne vais pas dire public mais social.

Si Bouddha n’existait pas, on devrait l’inventer car, ne nous leurrons pas, d’ordre public, il n’y en a guère. De l’anarchie organisée pour tout modernisme, ça oui. Et plus qu’il n’en faut ! On ne change pas ce qui ne va pas, on s’adapte parce qu’on a toujours fait comme cela depuis des siècles. Ne rien remettre en question, pourquoi voudriez-vous que cela change ? Se dissocier du temps présent implique remise en cause. On ne remet rien en cause au nom de l’ordre immémorial.

Quel ordre ?

En quoi est-il immémorial ?

Parce que le puissant est resté puissant. Il a changé de camp en devenant la nouvelle aristocratie rouge que lui a imposé l’histoire mais est resté le puissant, celui qu’on respecte, qu’on adule et que l’on craint, celui dont il ne viendrait jamais à l’idée de contester le jugement, le pouvoir. Les familles nobles ont toutes immigré et nombre d’entre elles reviennent au pays, fortune faite ailleurs. Le puissant est celui dont le père, ou la génération précédente, a choisi le bon camp lors de la guerre du Vietnam. C’est lui le chef, le nouveau noble, le nouveau propriétaire. Celui qui s’en met plein les poches, car le décideur s’en met toujours plein les poches, c’est cela l’ordre immémorial. Au vu et au su de tous, sans révolte, juste avec une pointe d’envie de la part de ceux qui n’aspirent qu’à en être.

Le veau d’or, plus le mouton à 5 pattes et le Naja qui veille à la prospérité. 0.jpg

Un monde sans pitié, mais la compassion compense. Allez comprendre…

Sachez également que le Laos fut le pays le plus bombardé au monde. Une horreur dont le pays subit encore les stigmates aujourd’hui. Merci à ces satanés Américains !

Tout Laotien veut posséder une moto et un téléphone portable. Celui qu’on jalouse de tous ses pores dispose ou est propriétaire d’un pick-up dont il ne sait pas se servir, sauf pour aller droit devant lui avec le droit de tout écarter sur son passage, une performance sans trop de morts au passage vu le taux d’alcoolémie ambiant (1,7 pour mille, tel est le niveau d’infraction!) Heureusement qu’il y a des trous partout et que tout le monde roule à la tortillard au milieu des voies, sinon ce serait le massacre. Pensez : il y a onze fois plus de morts accidentelles qu’en Belgique pour une population qui en fait les deux tiers. Des trous, encore des petits trous, toujours de plus grands trous. Peu, très peu de routes et des pistes souvent à la limite du praticable. Jamais de casque à moto, c’est comme cela et cela le restera malgré le lourd tribut payé à l’inconscience. De la Lao beer, toujours plus de Lao beer depuis que l’opium est devenu interdit - une réussite ! Les jeunes générations n’ont même plus idée de cet enracinement culturel, cet esclavagisme qu’ont favorisé Français et puis Américains. Elles préfèrent le Yabba (textuellement, le médicament qui rend fou…), ces pilules de méthamphétamines réduites en poudre que l’on inhale à l’aide d’un billet roulé. L’effet est sensiblement égal à celui de la coke, addiction comprise. Trois jours de montée, d’excitation totale. Attention, la descente prendra au bas mot huit jours. Atroce cette descente. Impossible de dormir et hallucinations à tout va. Le seul remède, c’est d’en reprendre. Six mois d’usage vous rendent fou, cassé des neurones, débile, incontrôlé, vieilli de 20 ans. Cinglé, quoi !

0.jpgTout le monde sait qu’il ne faut pas y toucher, mais il n’y a aucune campagne gouvernementale qui le rappelle (un peu comme chez vous avec la coke…) et bien trop d’individus, ignorant pour la plupart, tombent dedans par manque d’information. Des jeunes et des moins jeunes. Seules dissuasion : les sanctions énormes en cas de trafic et l’obligation de cure pour les consommateurs qui en font la demande à condition d’avoir de quoi la payer ou pris dans l’engrenage des petits délits.

Une chance de s’amender, une seule. Elle consiste en une mise à l’écart à long terme dans des camps qui ne sont pas des hôpitaux ou des hôpitaux qui ne sont pas des camps. Une solution à méditer chez nous, chez vous…  Le meilleur des mondes a un prix et le prix de celui-ci est cher, très cher. Sans doute le Yabba est-il devenu impossible à éradiquer car personne n’en comprend les dangers à titre individuel. On en produit trop, très facilement et partout, que ce soit ici, en Chine, au Myamar ou au Cambodge, en Thaïlande aussi mais les Thaïs vous jurent que non. Ils sont si menteurs.

Une arme de guerre pointée sur le monde de demain qui rapporte gros à ceux qui ne se font jamais prendre parce qu’ils sont trop hauts dans la société, trop protégés. Et leurs petites mains éparpillées dans une jungle si impénétrable. 

Chez nous, le succédané s’appelle l’extasy, du pipi de chat à côté de l’original. Ce problème est en passe de devenir un danger majeur pour toute la jeunesse d’Asie et s’incruste lentement en Occident aussi.

Oh, ne croyez pas pour autant à l’effet colombien. Ici, tout est feutré, ne dépasse pas le cadre qui lui est indiqué. Aucune violence envers le citoyen lambda. Aucun camé ne vous tombera sur le râble, vous pouvez vous promener partout sans crainte. Bizarre alchimie ! Il doit être communément admis par la société qu’on ne peut faire de mal qu’à soi. Mais attention lorsqu’on a trahi les siens, auquel cas cela n’ira jamais devant les tribunaux.

A bon entendeur…

Mais, c’est un enfer chez vous ! Pas du tout, vraiment pas du tout. Étranger, ne te mêle de rien et rien ne t’arrivera, c’est tout simple. Contrairement à la Thaïlande où ils pullulent, les zonards n’ont rien à faire ici.0.jpg

Fondamentalement, le Laotien de base est un brave type. Un travailleur acharné mais uniquement quand cela lui botte. Un fêtard invétéré quand cela lui botte aussi. Il brûlera aussi sec tout l’argent qu’il a en poche, uniquement pour montrer aux autres qu’il en a. Aujourd’hui, pas demain qui est un autre jour, un autre défi à la subsistance. Qu’il ait 1, 10, 100 ou 1.000 euros en poche ne changera rien au problème, il va se précipiter pour acheter le futile, tout ce dont il rêve en pensant qu’il aura une vie meilleure, qu’il a le droit d’oublier provisoirement ses malheurs présents.

Et demain, il repartira à zéro. Comme si de rien n’était.

Seul le riche met son argent en banque. Des banques à peine surveillées par un ou deux flics, par la milice en civil qu’on ne voit pas mais qui est partout. Des liasses et des liasses. Des millions de dollars à vue – preuve que de l’argent, il y en a - sans que personne ne songe à se les accaparer. Qui tenterait le diable le sait : il va être tiré à vue comme un lapin sans aucune chance de s’en sortir vivant. L’économie d’un procès et personne ne s’en plaindra… L’inverse serait incongru. L’argent se respecte, comprenez-vous ?

C’est que la richesse permet tout et surtout d’écraser l’autre qui vous enviera d’être plein aux as. Mieux, il n’y a personne, vraiment personne pour remettre ce blanc-seing financier en cause. Ni cela, ni la corruption qui tourne autour. Le politicien en vit, le flic pourra racketter où il l’entend dans le territoire qui lui a été concédé, l’administratif vous exigera un dessous de table, cela fait partie intrinsèque de son salaire et vous évitera d’avoir à faire la file, de vous voir opposé un  "non !" forcément comminatoire. Plus le zig est haut dans la hiérarchie, plus il le fera. Tout service se paie, non ?

Un exemple : vous vous faites voler ? Soit le système récupérera à votre place, soit – c’est plus rare - il attendra sa légitime récompense et ne vous avisez pas de refuser de la lui donner, c’est presque un crime.

L’ordre règne. Est-ce un bien ou est-ce un mal ? Depuis que je suis ici, je n’ai plus de vraie réponse, d’autant que je n’ai jamais volé ni corrompu personne.

Le Laos connaît deux saisons : celle de la poussière et celle de la boue. L’eau qui tombe du ciel, drue, drue ! C’est le moment de piquer le riz (manger se traduit littéralement par "manger du riz", car sans riz, il n’y a pas de subsistance) Tous les paysans, hommes et femmes réunis, vont travailler aux champs des jours durant, courbés pieds nus dans la fange sous une chaleur étouffante.

L'histoire d'un explorateur breton aux pieds nus vient bien à propos

La récompense viendra trois mois plus tard sous forme de sacs de nourriture céleste qui, une fois délestés de vingt pour cent par le propriétaire de la machine à écosser, permettront aux familles de passer la saison sèche le ventre plein. Avec en supplément le cochon, les poules, les oies, quelques canards, des bœufs quand on en a. On baffrera les jours de fête sous une musique tonitruante crachée par les immenses baffles d’un DJ amateur (vraiment amateur !) ou les amplis crachotants d’un orchestre lorsqu’on a les moyens ou l’envie de s’en payer un. En attendant la prochaine fête, les prochaines fiançailles, un autre mariage, une autre grande bouffe collective sur le dos de l’invitant qui donnera l’occasion  de s’envoyer encore et toujours des litres et des litres de Lao beer ou de Lao-kao, cet alcool de riz distillé on ne sait trop où ni comment, mais toujours avec des racines censées vous donner … la gaule, comprenez-vous ?

Et tout le petit peuple dansera la gigue jusqu’à plus soif devant les autorités forcément logées à la plus belle table sous le parasol. Chokdee, chokdee (à ta santé !) Et chacun beuglera tour à tour sa petite chansonnette dans le micro de 8 heures du matin jusque passé minuit, sans respect pour les vieux du hameau qui s’endorment avec les poules. Et les basses boum-boum badaboum s’envoleront jusqu’au village d’à côté lorsque les jeunes vont à leur tour s’y mettre avec leur satanée techno chinoise qui s’entend sur des kms, c’est une question de standing.

Non, je n’ai pas à juger. De là à comprendre…

Et personne ne se plaint. Non pas que cela dérange, là c’est évident. Mais un tien vaut deux tu l’auras. Le village d’à côté fera de même un de ces jours prochains pour une autre promesse de mariage, une autre fête de divinité. Et il n’est jamais de bon ton de rouspéter, tout le monde sait cela. Alors, on s’exaspère de l’intérieur en attendant la légitime revanche, le droit d’agir de même lorsque son tour viendra.

Simple, non ? Et puis, c’est si "sanouk"  de s’amuser sans tenir compte de rien…

Le Laos régi par un parti unique, mais qui présente des candidats qui ne sont pas du Parti sur ses listes, est un pays à la fois hyper-centralisé et hyper-décentralisé. Comme cela, pas de jaloux. Chacun aura sa part, s’il dispose d’une parcelle de pouvoir bien entendu. Car sinon…

Le Gouvernement reçoit ses invités de marque en grandes pompes, encaisse ses commissions sur tous les travaux d’infrastructure, l’aide internationale et autres concessions de terrains agricoles ou miniers sans propriétaire légal. Gens de la haute, ministres et députés roulent tous en Toyota Fortuner, en Mercédes grand sport ou en Hummer (des monstres américains sur roues qui ressemblent à des tanks à tourelles, consomment au moins 25 litres au 100 et coûtent presque 200.000 euros l’unité). Les gouverneurs de province font la loi chez eux. Les chefs de district et les maires - appellés Maey baan - aussi. Les flics locaux font leur loi et l’appliquent à qui ils veulent. Tout se passe bien, personne n’empiète sur le pouvoir d’autrui, d’ailleurs est-il seulement au courant de ce qui se trame ailleurs que dans sa sphère propre ? Quel serait son intérêt de le savoir ?

Le plouc besogneux et sans qualifications (un mot qui ne veut rien dire ici car ils sont tous à la fois maçons, charpentiers, paysans, réparateurs de tout et n’importe quoi, de vrais multi-spécialistes pour tout dire) gagnera un peu moins de 100 euros par mois, travaillera six jours par semaine à raison de dix heures passées à crever dans les champs ou au volant, à moins que ce soit au meilleur des cas sur une chaise en attendant que le client les interpelle ou que le chef - qui ne foutra jamais rien, lui - leur en donne l’ordre. Dans ce genre d’emploi, la productivité n’est pas vraiment un élément qui rentre en ligne de compte.

Tenez, il y a huit jours, je suis allé acheter du carrelage. J’étais seul dans le magasin plus grand qu’un terrain de foot. Six comptables toutes habillées de seyants tailleurs roses, trois hôtesses tout sourire dont une avec ses deux enfants, quelques hommes à tout faire qu’il ne fallait manifestement surtout pas déranger, un gardien de parking et deux femmes de ménage sempiternellement occupées elles à briquer le sol. Le plein emploi, quoi ! Aucun membre de ce staff d’entreprise n’a su me renseigner sur le prix d’un litre de peinture, sauf la seule capable de manipuler un ordinateur. Tenez, je suis même persuadé qu’ils ont dans un parfait ensemble trouvé ma question bizarre, moi qui m’enquérais de savoir combien de mètres-carrés on couvrait avec un litre de peinture blanche.0.jpg

Ces Occidentaux ont de ces questions… Pourquoi veulent-ils tout savoir alors que cela n’a manifestement aucune importance ?

Bo pe gnaan. Relativisez, relativisez, vous ne vous en porterez que mieux, amigos !

Ceci dit, si le boss, souvent un Chinois, en fout un dehors ou se met à pousser une gueulante, il risque bien de se retrouver sans personne à son service demain. Le bloc au boulot, c’est la version locale du syndicat. Et du travail – sous-payé, il est vrai - il y en a partout. Donc, pourquoi se casser la tête ? Si le patron est méchant, on se barre, point ! Pourquoi faire grève lorsqu’on dispose de l’arme absolue ?

Vu comme cela, à se demander qui est au pouvoir.

Chacun pour soi et Bouddha pour tous. C’est très efficace. Moral même !

0.jpgEt si tu ne travailles pas, ce qui est ton droit le plus strict, il y aura toujours bien quelqu’un pour te donner une assiette de riz aux légumes et une natte pour aller passer la nuit au temple en attendant des jours meilleurs ou de refaire fortune. Au moins 50 euros, la fortune ! Les pauvres les plus riches n’ont qu’à les demander à leur famille, ils auront largement de quoi ne jamais rien faire, sinon s’amuser durant les sept jours que comporte la semaine. Pourquoi travailler dans ces conditions si dantesques puisqu’un prestigieux tonton, l’amant de votre grande sœur ou papa satisfera à tous vos besoins, mmh ?

Ne croyez pas que je suis pour. Ni que je suis contre. Je constate seulement et là, j’en arrive bêtement à ne plus être aussi sûr des valeurs qu’on m’a enseignées. En quoi seraient-elles effectivement les bonnes? Avons-nous, nous les héritiers d’une culture doublement millénaire qui a réussi à garder une partie des traces et des leçons de son passé, vocation à nous considérer comme l’exemple à suivre, les meilleurs ? De vrais démocrates, ceux qui savent, ceux qu’il faut imiter dans leurs délires, singer et copier au nom du progrès économique censé tout guérir.

Ouais, je crois qu’on doit s’être gouré quelque part. Dubito ergo sum…

Cette terre laotienne qui mérite mille fois d’être vue par tout touriste féru de nature, de culture et de sociologie , je l’ai fait mienne après de nombreuses pérégrinations qui m’ont mené d’abord chez les Incas d’Equateur, puis dans l’enfer cubain, à Molenbeek commune la plus kasbhatique de Belgique et dans le Nord de la Thaïlande que j’ai parcouru durant 4 ans en vélo. Fait curieux, jamais durant ces quatre années, je n’ai envisagé mettre ne fut-ce qu’un pied au pays des mille éléphants par peur, par révulsion du drapeau rouge (l’effet Cuba, me direz-vous…). Un quart d’heure après avoir passé, toujours en vélo, la frontière terrestre qu’est le pont sur le Mékong pour y faire renouveler mon visa à l’ambassade thaïe, je m’y suis immédiatement senti chez moi. Pourquoi? Je n’ai pas de réponse, si ce n’est a contrario : le dégoût du matérialisme sans foi ni loi, de la putasserie immonde et du racisme profondément culturel des Thaïs.

Un jugement que j’ai affiné depuis. Sauf sur les Thaïs, cela va sans dire.0.jpg

Je ne tiens pas à jouer au guide touristique de type initiatique, mais Luang Prabang est magnifique sur deux kilomètres-carrés, la rivière Nam. Ou à remonter en pirogue, Phongsaly tout en haut à la frontière vietnamo-chinoise hors du temps, les pistes ne menant qu’à des villages perdus extraordinaires, le plateau des Boloven et les 4.000 îles dans le sud à voir au moins une fois dans sa vie, par exemple avant d’aller à Anghor au Cambodge qui n’est plus qu’à 300 km. Où que vous soyez et quel que soit votre moyen de transport (vélo – jeep – moto) vous trouverez un logement pour deux muni de toutes les commodités au prix de 10 euros par jour (sauf à Vientiane et à Luang Prabang où il vaut mieux compter le double).

Une histoire française au Laos

L'aventure de l'explorateur breton aux pieds nus mérite une histoire

 

Bannissez la plaine des Jarres où il n’y a rien à voir, sauf le souvenir des cratères creusés par les bombes américaines. Un conseil, il vaut ce qu’il vaut : SURTOUT n’entreprenez pas un périple en voyage organisé où vous serez plumés, non par les locaux, mais par les agences vide-goussets qui vous proposent à trois fois le prix le nec plus ultra du tourisme toc. Ici, l’aventure a encore un sens mais encore faut-il avoir la volonté d’aller à elle.

0.jpgDans mes rêves d’enfant, il y avait encore la Nouvelle-Zélande et le YuCON pour que je finisse mon tour de ce que je voulais voir du monde, mais je commence à me faire vieux. Ayant atteint l’âge fatidique de 65 ans aujourd’hui même, je sais juste que le paradis terrestre n’existe pas. Mais aussi que s’il existait, il devrait probablement se trouver ici. Les paysages sont somptueux, les gens fondamentalement gentils même s’ils sont rivés sur vos dollars (trois jours, pas plus car la nécessité refera immanquablement surface), la nature vierge, la vie douce et pas chère, aucune agressivité, les demoiselles gentilles et diablesses à la fois mais pas farouches pour un sou ( cfr Malraux ).

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Dans le fond, le Laos ne m’a appris qu’une chose : ne pas juger.

Et une autre : avec le sourire, on ouvre toutes, vraiment toutes les portes.

Une troisième et ce sera la dernière : le respect de l’autre tel qu’il est, sans préjugé aucun.

Le Laos, c’est le port d’attache de ceux qui n’en ont plus.

S’il n’existait pas, il faudrait absolument l’inventer.

Bien à vous tous,

 

Alain alias Sapanhine (le 28.06.12)




 

Proverbes laotiens:

 

 

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Puis il y a eu cette annonce touristique du Touring-Explorer (ci contre) à laquelle Alain avait répondu de manière impromptue, d'un seul jet, sans même réfléchir:

La belle saison, c'est de novembre à mars. La croisière sur le Mékong, c'est un peu toc. Mieux vaut remonter la Nam ou de Luang Prabang vers Phongsaly. Les Akha, venus de là-bas, issus du Yunnan, sont aussi immigrés dans le nord de la Thaïlande où ils sont considérés comme des sous-hommes, comme d'anciens spécialistes de la culture de l'opium puisqu'ils sont les avant-derniers arrivants. Ils ont occupé les terres entre 500 et 1.000 mètres de haut, là où le pavot pousse tout seul. On y construit des pièges à serpents qui viennent manger les oeufs des pigeons. Un militaire, qui royalement y est payé 60 euros par mois, a un boulot qui consiste à capturer les clandestins Chinois qui viennent empoisonner les rivières du nord en se livrant à l'orpaillage illégal ... et bien sûr rejettent sans le moindre état d'âme le mercure dans les rivières. Cela ce militaire ne savait pas et a même été surpris d'apprendre que cela tuait toutes vies animales en aval et, pire encore, que ce poison se concentrait dans le foie de tous ceux qui ingèrent du poisson ! Il venait enfin de comprendre le sens de son travail... Un militaire est là pour obéir, pas pour comprendre le sens de ce qu'on lui demande de faire. Tout un symbole...
Vulnérable le Laos ? Oui et non, sa position centrale fait que Vientiane deviendra un jour la capitale de l'ASEAN parce qu'elle sera le second choix de toutes les autres capitales après elles-mêmes évidemment.
Les Vietnamiens colonisent l'armée et l'administration.
Les Chinois achètent toutes les terres cultivables. Les Japonais, payent pour des épouses car la Laotienne est réputée être restée fertile.
Les Thaïs sont détestés pour des raisons historiques et de comportement. Mais ce sont eux qui importent tout ce qui est l'alimentaire dit de luxe. Le Laos n'a aucun grand magasin de style "grande surface". Les Laotiens se précipitent, dès lors, tous de l'autre côté du Mékong, là où il y a un pont - donc un poste frontière - et en reviennent émerveillés par l'abondance. S'ils savaient...
Le gouvernement s'en met plein les poches. Les Laotiens ne sont pas scandalisés, tout au plus jaloux de ne pas pouvoir en faire autant. Pire, il ne s'intéresse aucunement au problème, tant il s'enfonce dans la spirale de la consommation. Là où je vis à la campagne, toutes les terres agricoles sont à vendre. Dès que la vente est devenue effective, ils s'achètent tous des Toyota Fortuner et, six mois plus tard, ils n'ont même plus de quoi mettre de l'essence dedans. Alors, ils redeviennent ouvriers agricoles pour les autres...
L'artisanat reste confiné. Chaque village ayant sa spécificité et tous les locaux vont alors faire la même chose, ce qui permet aux acheteurs de fixer eux-mêmes le prix minimum.
Luang Prabang est magnifique sur 2 km carrés, bordélique partout ailleurs. L'UNESCO et les autorités locales sont en perpétuelle bagarre. On trouve un nombre d'experts internationaux largement payés à ne rien faire et plus de touristes que d'indigènes dans les rues...
A Vientiane, il n'y a pas grand'chose à faire. La ville ressemble à une sous-préfecture française. 
Le beau Laos, c'est celui de la campagne, des sentiers non-battus. Celui où les touristes ne vont jamais par manque de temps. Bokéo dans le Nord, le plateau des Bolovens dans le Sud.
La religion a été interdite après la guerre mais les autorités lui ont redonné force parce qu'il sert de CPAS et entraîne les gens à obéir à certaines valeurs sans se poser de questions.
Ponsavan et la plaine des Jarres, il n'y a vraiment RIEN à voir.
Ce que j'aime vraiment, la tranquillité et partir à l'inconnu le long des pistes en jeep (hélas plus à vélo). L'aventura, quoi....
Il faut être conscient qu'il y a 25 ans, le Laos était plus pauvre que n'importe quel pays africain sauf peut-être le Soudan. Aujourd'hui, il est plus riche et le standing de vie augmente tous les jours. Grenier à riz et électricité via les barrages qu'on construit partout où c'est possible. Regrettable peut-être mais les lacs de retenue sont empoissonnés. 60 pour cent des protéines consommées sont à base de poisson.
Pas beaucoup d'imagination, aucun respect de l'environnement, le déboisement sauvage puisqu'on ne leur apprend pas ce que cela veut dire. 

Un article d'Agoravox parlant du Laos, avait généré une longue réaction

Mais il y a aussi les images et un clic pour y partir en voyage

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