Gran Canaria, l'île continent (12/08/2013)

0.jpgUne partie du monde que je connais bien, ce sont les Canaries.

On les a appelé les îles au printemps éternel.

Entre 1975 et 2009, pas moins de quinze voyages à destination des Canaries, dont dix à Gran Canaria, quatre à Tenerife et un à Lanzarote.

Les Canaries sont constituées de sept îles très différentes, mais toutes ont un point commun: un climat plus humide et plus nuageux dans le Nord de chacune d'elles, et un sud, plus aride et plus ensoleillé.0.jpg

Cet ensoleillement attire, évidemment, plus les touristes pour des îles qui sont à la même latitude que le Sahara Espagnol au sud du Maroc. 

Gran Canaria est la troisième île en superficie. Pourtant, c'est l'île qui cumule le plus de superlatifs. C'est elle qui accueille le plus de vols internationaux par l'intermédiaire de l'aéroport de Las Palmas, elle qui jouit du plus de diversités de ses paysages et de climats à tel point qu'elle est comparée à un continent en miniature. De forme circulaire, chaque point de l'île n'est pas à plus de 25 kms des côtes à vol d'oiseau. 

La douceur de climat oscille entre 18 et 25°C, grâce aux alizés humides de l'anticyclone des Açores. Cela ne veut pas dire que l'île ne subit pas de pointes du sirocco (calima), en provenance du Sahara tout proche. Ce vent chaud peut faire grimper la température à 40°C, même en dehors du milieu de l'été. 

Le climat reste printanier toute l'année, ce qui fait que la saison touristique se caractérise par une montée spectaculaire en hiver, considérée comme haute saison. L'île voit apparaître les Scandinaves, les Belges, les Allemands et d'autres en provenance de pays moins cléments. Les Allemands y trouvent leur "konditorei" et leurs salons de thé comme chez eux. "Hier, sprechen wir duitsch", la mention la plus fréquente sur les devantures...

Trois millions de touristes séjournent chaque année dans cette île alors qu'il y a moins d'un million de résidents.

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On apprenait récemment que les Allemands sont devenus indésirables à Majorque, pas encore à Gran Canaria. On ne la peut-être pas remarqué où le bénéfice de l'opération "tourisme" dépasse les inconvénients.

Sur ses 1.560 km2, Gran Canaria réunit toutes les richesses naturelles. Deux parcs naturels. 236 kilomètres de côtes dont 60 kms de plages de sables blancs. Les plantations bananières se répartissent dans le Nord-Ouest. C'est le sud avec ses plages de sable blanc et les dunes de Maspalomas qui impressionnent par son côté de mini Sahara et qui attirent le plus les touristes. Puis, ce qu'on nomme la petite Venise, Puerto de Mogan, qui suit plus le modèle de Marina que l'originale ville italienne.

La vie extra-touristique se déroule beaucoup plus dans le Nord de l'île. 

L'intérieur montagneux a un point culminant à 1949 mètres au Pozo de las Nieves et des sommets volcaniques comme les rochers Roque Nublo et Bentayga, massifs rocheux de 2000 mètres d'altitude entourés de vallées profondes qui feraient penser aux canyons américains. D'anciennes coulées de lave de toutes les couleurs rappellent que toutes ces îles sont d'anciens volcans.

Les villes et villages du nord comme Arucas, Teror, Galdar, Telde, Tejeda... ont tous gardé les noms d'origine des premiers habitants: les Guanches qui descendaient de Berbères d'Afrique du Nord au nombre de 30.000.

0.jpgDans l'histoire, les sept îles Canaries (Tenerife, Fuerteventura, Gran Canaria, Lanzarote, Palma, Gomera et Hierro) ont été affublées de noms divers comme fabuleux jardin des Hespérides, filles du roi Atlas, de Champs Elysées d'Homère, les "Islas Afortunadas" (îles fortunées) de Pindare, l'Atlantide de Platon, "Nivaria et Canaria" de Plinio... . 

Les Guanches ont laissé beaucoup de vestiges dans les grottes et des batailles terribles ont été menées par eux, tour à tour contre des envahisseurs génois, maures, portugais et catalans.

Le normand Jean de Béthencourt vint à bout de leurs résistance sans parvenir à vaincre totalement ceux de Gran Canaria. Entre 1461 et 1483, les Espagnols terminèrent le travail de conquête grâce à Pedro de Vera Les Guanches sont tués, se suicident ou seront réduits à l'esclavage et convertis au christianisme. 

Ces épisodes historiques se retrouvent dans "Le Canarien".

Selon ce que rapporte Boccace« les îles Canaries  sont des terres rocailleuses sans aucun type de cultures agricoles, mais riches en chèvres et autres animaux et remplies d'hommes et de femmes dénudés s'apparentant à des sauvages. Certains de ces hommes semblent avoir du pouvoir sur les autres et s'habillent de peaux de chèvres teintes à l'aide de safran et de colorants rouges. Ces peaux ont l'air fines et sont cousues avec soin grâce à des fils faits en tripes d'animaux. Leur langage est très doux, et leur façon de parler très vive et rapide». 

Devenue tête de pont pour Christophe Colomb pour y trouver épouse et poursuivre sa traversée de l'Atlantique.

L'archipel fut attribué à l'Espagne en 1479 par le traité d’Alcáçovas.

De nombreuses attaques se poursuivent. En 1599, par les Hollandais. En 1797, par les Anglais. Nelson, à l'assaut de Santa Cruz de Tenerife, y perdit un bras.

Las Palmas est devenu un port franc, comme porte d'entrée au Nouveau Monde, jusqu'en 1898 qui entraîne la mobilisation pour l'indépendance des Canaries sous forme de deux provinces, ratifiée en 1927. Les Isleños, les descendants des Canariens, se retrouvent à Cuba, au Vénézuela, à Porto Rico, en République Dominicaine, jusqu'en Louisiane, pays dans lesquels ils y ont installé un peu de leur culture.    

Las Palmas, la capitale au nord-est de l'île, longue de plus de onze kilomètres, peut être vue avec avantage à partir de la forteresse militaire, Castillo de la Luz, construite au XVIème siècle pour résister aux attaques des pirates. La cathédrale, les maisons de style colonial, les musées canariens et des beaux arts "Casa de Colon", les plages, les rues et places apportent les compléments au pittoresque de sa situation.

Le folklore est encore vivace. Maintenu par le tourisme, bien entendu. Les danses et les chansons "isas" et "folias" en font partie, accompagnées par la guitare "timple", un instrument qui ressemble au charango des Incas et qui s'accorde en "sol do mi la ré" mais qui ont un mélange de racines guanches et espagnoles.

La gastronomie passe par le gofio, le puchero canario, le sacocho et autres. Le dessert s'accompagne de l'alcool de banane  ou de rhum. 

0.jpgDans le Nord, les côtes sont abruptes. Faire le tour de l'île est presque hasardeux. L'Ouest de l'île, n'est une autoroute de tout repos. Au Nord, à Puerto de las Neves, "el Dedo del Dio" (le doigt de dieu), un rocher en forme de doigt, s'est effondré dans les flots depuis quelques années. Une anecdote à ce sujet? Pour le photographier, une belle baignade avec appareils photos, après une glissade sur les rochers érodés par la mer.

Autres intérêts, le mini-volcan à côté d'Arucas et, surtout le cratère éteint de la Caldera de Bandama rappellent que c'est une île volcanique comme toutes les îles consœurs. Le passé aborigène de la Grotte de Los Frailesdans la commune de Santa Brigida, est creusé dans la pente du volcan de la Caldereta dans un gisement formé par 37 grottes naturelles, découvertes en 1933. 

Rien à voir avec la vision du volcan Teide, visible de partout du haut de ses 3718 mètres, sur l'île de Tenerife en face.

0.JPGRien à voir non plus comparativement au volcanisme toujours en activité sur l'île de Lanzarote, qui a subi des éruptions pendant cinq ans dans son histoire. Quant à l'île de Hierro, elle a vu apparaître, plus récemment, la naissance d'un volcan sous-marin qui a fait penser à la sortie d'une huitième île.

Retour dans la partie de l'île la plus "sacrifiée" au tourisme, le sud de l'île avec Playa del Ingles et Maspalomas. Là, ce sont les hôtels, les locations de maisons, d'appartements qui leurs sont destinés, octroyés pour quelques dollars ou euros. Tous défilent et défient l'aridité du paysage aux alentours. 

Playa del Ingles, la "Plage des Anglais", s'étale sur 2000 hectares et étire une plage de sable de 17 kilomètres tout en longeant des dunes à perte de vue en largeur et en hauteur devenues patrimoine national. Se retrouver entre deux dunes qui peuvent atteindre les 20 mètres de haut, c'est se retrouver au cœur du Sahara. 

A part cela, qu'y a-t-il à voir dans ce sud? Des habitations qui peuvent être originales et des centres de shopping qui rassemblent les desiderata de touristes en restaurants et lieux d'amusements. Les excursions dans l'île sont escortées par des guides qui s'épuisent à répéter, jour après jour, les faits historiques, très vite oubliés par ses hôtes. Ceux-ci garderont peut-être plus de souvenirs amusés à la dégustation de boissons aux liqueurs de bananes.  

Gran Canaria, je l'ai parcourue de part en part, en car ou en voiture. Localement, à partir du point de départ, à courir, à chercher comment on y vivait vraiment en dehors du tourisme, sans vraiment le trouver car l'île reste secrète.  Le touriste s'il le veut, en cherchant, y trouvera aussi son bonheur... 

Tous les matins, une sortie aux aurores. A courir, toujours un peu plus loin. A suivre la montée du soleil sur l'horizon. Le point d'observation, pas vraiment une digue, mais un promontoire qui surplombe les dunes, permet de suivre la côte vue de haut. Le soleil qui se lève sur la mer ou seul dans les dunes avant que les touristes ne se lèvent ou quand ils dégustent leur petit déjeuner, c'est ça, le pied.

Si on aime le sport, Gran Canaria est une destination idéale.

La crise économique n'était qu'à ses balbutiements lors de ma dernière visite. L'Espagne ne sortait pas encore du chapeau des pays à risques. Depuis, elle y a fait mouche ou tâche. A l'époque, les côtes du Sud marocain et du Sahara espagnol distants de 200 kilomètres, faisaient que les passeurs délaissent les îles Canaries pour franchir la Méditerranée. Ils changeaient de route, à bord de bateaux rapides, avec l'objectif des îles de Lampedusa et de Malte, moins risquées que par l'Atlantique. 

Les Canaries sont bien loin des côtes espagnoles, mais cela ne doit rester insensible pour autant, pensais-je. 

Un territoire d'outre mer de l'Espagne à quatre heures de vol au départ de Bruxelles. 

Des voisins y sont allés récemment, je me suis informé de ce côté. La crise n'est pas sensible pour le touriste. Tout serait donc toujours "blue sky".

Des appartements, si c'est la même chose qu'en Espagne continentale, doivent avoir chuté de prix. Les soldes forcées, cela devient très contagieux. Pour ce qui est du travail et de l'ambiance plutôt morose qui sévit en Espagne, pas un mot.

La grande fougue du Time-sharing est passée. Cela ne crée plus la folie d'achat vu les arnaques qui se sont déroulées dans le passé.

Consulter Internet pour y trouver des événements spécifiques et plus précis, plus caractéristiques, sur la vie de tous les jours, ne m'a pas permis d'en connaître plus.

S'il n'y a pas de saisons marquées aux Canaries, le temps s'y passe sans se rendre compte des changements.

Un printemps éternel et cela se sait. Un peu trop peut-être. Les touristes arrivent par flots continus dans des cars bondés de valises de janvier à décembre à partir de l'aéroport de Las Palmas.

Un souvenir de 1977, en provenance de Gran Canaria?

Un retour précipité, un bug à domicile qu'il fallait résoudre coûte que coûte.

Lors d'une escale à Ténériffe, la vision de la catastrophe aérienne la plus importante, une semaine après l'accident. Une piste roussie à l'endroit du drame. L'aéroport dans le sud de l'île était encore en construction. Le 27 mars 1977, sur l'aéroport de Los Rodeos au nord de l'île de Ténérife aux Canaries, un Boeing 747 de la compagnie néerlandaise KLM qui entamait son décollage, avait percuté à plus de 250 km/h un autre Boeing 747, de la compagnie américaine Pan American qui roulait sur la piste. La catastrophe avait fait 583 morts. A l'origine, un attentat à Las Palmas et un Boeing 747 qui avait été dérouté sur le seul aéroport de l'époque, Los Rodeos alors dans un brouillard intermittent.

En octobre de la même année, je suis retourné tous frais payés, par la société qui m'employait 

Les îles Canaries, les "îles aux chiens" d'après l’étymologie, sont autonomes dans l'archipel de la Macronésie. Aucun lien avec la mère patrie espagnole, si ce n'est historique et géopolitique.

A 1300 kilomètres à vol d'oiseau, comment en serait-il autrement même si le raffinage du pétrole et l'agroalimentaire sont d'autres ressources de l'île?

0.jpgUne différence d'approche entre le vacancier et le résident dans l'appréciation de la situation économique? 

Ce qui est positif aux yeux des "temporaires", peut devenir négatif à la sortie de cet espace-temps. Le point négatif pour un jeune, c'est comme pour tous les insulaires: l'éloignement de tout. 

Gran Canaria, perdue au milieu de l'océan, ne fait pas défaut.  Certains s'en suffiront, d'autres auront des envies de s'évader même si c'est un paradis.

"Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient?", se demandait Jacques Brel. 

Rien à voir avec l'autre destination de vacances, Madère, autre île de cette Macronésie, avec Funchal et le fun de chaleur, humide partout et dans laquelle, il n'y aucune surface plane et où les fleurs et les plantes poussent sans leur ajouter de l'eau grâce à l'humidité de l'air. 

Rien à voir, non plus, avec les lagons des Antilles. Nous sommes dans l'Atlantique, ne l'oublions pas.

0.jpgLes oiseaux migrateurs survolent Gran Canaria, haut dans le ciel.

Le Chevalier Aboyeur, égaré, pose ses pattes sur le sable mouillé.

Le touriste migrateur aboie tout autant "Vamos à la playa" et y pose ses jolies jambes de Super Star.  

Dès qu'il n'a plus d'euros en poche, ce vacancier retourne chez lui pour refaire une santé à son porte-monnaie et fait de la place au suivant à midi pile.

Elle n'est pas belle, la vie canarienne? 

Un continent, Gran Canaria?

A l'échelle des îles Canaries, très certainement...

Saint Saëns en a fait un lieu de repos

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Agatha Christie, une concrétisation de son envie d'écrire

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Et si on se payait "un cafe negro de España" pour se mettre dans l'ambiance?

podcast

ou une visite de Lanzarote

sous la vision de Michel Hoellebecq

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Sur le Teide à Ténérife

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 Mieux encore, la chanson de Jacques Brel dans "Itinéraire d'un enfant gâté", même si ce n'est pas Papeete, aurait quelques vers qui pourraient faire penser à Gran Canaria, bien plus que ses Marquises...

 

Une île au large de l'espoir

Où les hommes n'auraient pas peur

Et douce et calme comme ton miroir

Offrant l'océane langueur

D'une sirène à chaque vague

Une île chaude comme la tendresse...

Espérante comme un désert

Qu'un nuage de pluie caresse...

Qui nous cachent les longues plages

Car c'est là-bas que tout commence ...

Je crois à la dernière chance...

 

Les photos de là-bas

 

L'enfoiré,

 

Citations:

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