Femme, avenir de l'homme (20/11/2006)

homme

La femme a pour la plupart du temps occupé une place de second plan derrière le "machisme" de l'homme, le sexe "fort" par définition.

Dans l'histoire, quelques exceptions se sont produites parfois en "cachette" de la véritable identité de l'intéressée.

 

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Jean Ferrat le chantait voilà déjà de nombreuses années. Le paternalisme, le patriarcat qui a entretenu les évènements de notre histoire dans sa plus longue période, l'homme est-il en train de subir une revanche de la part de sa moitié?

Dans Égypte antique, en 1500 AC et au cours de la 18ème dynastie, la tante du pharaon Thoutmosis III a usurpé le trône destiné à son neveu trop jeune sous le nom d'Hatchepsout. Pendant trente ans, la Dame du Nil va régner en maître sur l'Egypte dans une régence qui fut loin d'être anodine.

Son neveu Thoutmosis III va ensuite l'évincer et s'empresser d'effacer les traces laissées par sa tante en tentant de rogner sa mémoire de l'histoire. Deux autres reines incontestées en dehors de la plus connue, Cléopâtre VII, ont pris place sur le trône tant convoité en empruntant les échelons du pouvoir avec détermination et opiniâtreté. Succès ou échecs dans ni plus ni moins de cas que leurs homologues masculins. Dans les autres cas, les Pharaonnes sont restées dans l'ombre de leur mari, chef incontesté. Elles n'ont pas, néanmoins, imprimé leur marque dans les décisions de leur maître, mais les manuels d'histoire de l'enseignement ne reflètent souvent que la moitié d'une histoire bien incomplète vue par le détail.

Dans le Pacifique, certaines civilisations ont vécu des matriarcats, mais ces îles sont bien lointaines de nous et les historiens que je soupçonne de machisme sont très peu empressés d'ouvrir ce genre de boite à souvenir.

hommeLa femme n'a jamais eu les droits dont son valeureux compagnon de route jouissait de plein droit. C'est un fait. Certaines religions retranchées sous de faux airs d'explication religieuse ont également mis en sourdine les envies d'équité de filles que l'on considère comme moins que rien. Les harems masculins n'ont également pas hanté les cours intérieures sous les yeux envieux de belles et puissantes déesses. Dans nos civilisations, jusqu'à il y a peu, la femme était reléguée à des tâches ménagères et à des rôles subalternes très limités au foyer en attente de l'époux destiné par définition à des tâches plus nobles ou plus rémunératrices. Car de ce côté aussi, si on retrouve actuellement des femmes au bureau, elles doivent d'entrée de jeux avoir quelques longueurs d'avance en points positifs pour s'installer en lieu et place d'un concurrent masculin. Le salaire plus bas que l'on veut garder secret, peut parfois expliquer le choix voulu "impartial" des décideurs (22% inférieur aux hommes pour la même fonction). Être appelé "Madame" n'a pas que la galanterie désuète comme faux avantage. Le modernisme n'a pas prise sur les vieilles coutumes. Le Japon avec ses Geishas est un exemple de contraste entre l'excès de modernité et de coutumes d'un autre temps. La Geikho se forme après plusieurs années de préparation et d'apprentissage en même temps que la vie moderne pendant la semaine de travail. Car pour rester une jeune fille de bonne famille et trouver le bon parti, il faudra y passer. Après le mariage, finie la vie à l'extérieur, retour à la cuisine et à l'attente du mari qui reviendra tous les soirs après une dernière visite au café du coin entre collègues. Le mari n'a évidemment pas les mêmes obligations.

Simone de Beauvoir, existentialiste, disait de la femme qu'elle était immanente en désirant être là où elle est dans sa famille et son entourage immédiat. Les valeurs douces ont sa préférence. L'homme, par contre, recherche des visées externes. Son livre "Deuxième sexe" faisait ressortir l'idée générale selon laquelle la femme est réduite à n'être que l'"objet" de l'homme, lui, le seul "sujet". La responsabilité, elle, l'a conquise pour sa propre vie dans le féminisme. Les "Droits de l'homme" ont toujours volontairement écarté l'autre moitié de la population. A la sortie de ces articles, la passionaria, Olympe de Gouges tentait d'obtenir des Droits égaux pour son genre et a bien essayé de constituer une part d'articles dans ce sens. La Révolution de 1789 l'a tout simplement guillotiné. Il a fallu attendre le début du 20ème siècle pour voir d'autres avancées dans ce sens par le droit de vote accordé aux femmes.homme

En politique, seul 10% de femmes se retrouvent sur les listes électorales. Des quotas de parité ont été fixés mais "Où sont les femmes" était le sujet de "Questions à la Une" du 27 septembre 2006. L'histoire nous montre que l'affaire des femmes en politique est bien récente en Belgique: 1er vote aux Communales en 1920 et en 1948 pour le reste. En 1994, plus des 2/3 des élus ne pourraient plus être du même sexe. "Femmes, je vous aime", chanterait Julien Clerc. Mais est-ce le nombre ou la position occupée qui est importante? 7% de femmes arrivent au poste de Bourgmestre. Le beau mâle macho, c'est logique à la force nécessaire et c'est un métier d'homme, non? Mais des "Super Nana" existent et Michel Jonas les a trouvées. Le sexe "sexe" de certaines candidates apporte aussi des voies aux partis. Le marketing a ses lois. La compétence et la motivation restent les seules raisons pour voter pour un candidat. Mais les choses changent, dit-on en haut lieux.

Les pays scandinaves ont déjà une avance importante après avoir pris un virage prémonitoire. Dans un ménage, depuis longtemps, le choix de celui qui gardera les enfants à la maison n'est plus d'office destiné à l'épouse. La politique a compris le message qui renverse la vapeur des élections et aménage les listes électorales en conséquence. Il accorde plus de parité sexuelle pour suivre la tendance déjà emmanchée aussi dans les postes de direction de nos sociétés modernes. En Suède, la parité existe depuis 30 ans. Question de structure et de mentalités à changer, donc. Cela reste une question de partage de responsabilités de savoir qui des deux dans un couple va choisir celui qui va s'occuper des enfants ou de la politique du rendement. Les quotas n'aident cette fois que les hommes pour garder une représentation masculine.

Les femmes sont absentes du Bel20 (la NASDAC belge) avec seulement 7% des sièges d'administration attribués à la gent en jupette (18 femmes sur 240). Donc bien loin des 30% préconisés. Les scores atteints avec cette vision "inédite" des affaires sont pourtant dans le haut de la fourchette. Les comités de direction, plus bas, n'en parlons même pas: le sexe dit faible est absent.

Du côté de la pub, la femme reste le "cheval de bataille" ou le "cheval de Troie" pour l'homme. J'utilise le mot "cheval" parce que j'adore cet animal, rien de péjoratif, donc. Un sein bien moulé sur une image fait vendre. C'est toujours, si pas plus, d'actualité. Les fantasmes resteront dans le moule des rêves. Dans beaucoup de pays, une plus-value a été pourtant accordée aux profils de nos dames bien en chair et à celles qui ont gagné un peu plus d'assurance par les années. Il ne faut d'ailleurs pas se leurrer, chers Messieurs, vous êtes aussi scannés de haut en bas par ces gentes dames. La pub l'a compris aussi. Juste retour des choses.

Au sujet de la présidence des pays démocratiques, l'autre bord aux ongles rougis par les produits cosmétiques a également ses figures de proues.

homme2007 va être le théâtre d'élections importantes majeures en France après un climat morose. Voilà c'est fait avec plus de 60%, c'est décidé pour le choix des candidats qui représenteront le parti socialiste de la candidate Ségolène Royal. Elle avait cependant une longueur d'avance dans l'estime de beaucoup de Français par la nouveauté et parmi les médias qui ne cessent d'examiner la personnalité de cette candidate sortie de l'ombre. Le "Phénomène Royal" a été choisi comme titre provocateur d'un des débats autour de sa personnalité. "Étrange Segolisme" que d'encre n'a-t-on pas versé en ton nom! Issue d'une famille "old style", avec un père qui ne manquait pas de faire ressortir son aversion envers le sexe dit "faible" en désignant et comptant sa nombreuse progéniture d'un total "de cinq enfants dont trois filles". Construite, à force de volonté, elle semble, vue à travers les médias, apporter une volonté d'écoute nouvelle et plus attentive des gens qu'elle sera appelée à gouverner si son ascension se poursuit. Sortant souvent du clivage habituel gauche - droite, elle ne manque pourtant pas de se créer des antipathies dans les rangs de l'opposition et de son propre parti. Sa popularité se reflète dans les sondages qui traduisent le pouls de l'opinion publique montée, il est vrai, par les médias. Évitant les slogans, les leitmotivs iniques, quitte à être ambigu ou même antagoniste. Radicale et sociale à la fois, elle brouille les pistes. Sur les 35 heures vues comme symbole, initiées par son parti, elle a dévoilé certaines batteries en demi-teinte résumées par "Ce qui est populaire n'est pas nécessairement social". Pour nager entre deux eaux, on ne fait pas mieux ! De toute manière que le meilleur gagne... A suivre

hommeUne autre fois, cette même radio invitait, pour une interview, Joëlle Milquet, présidente du parti CDh devenue aussi 1ère échevine de la ville de Bruxelles ce 6 décembre. Dans le rayon "femme à barbe" (qu'elle me pardonne pour cette réflexion caractérielle tout à fait en opposition avec le physique très "sympa"), on ne peut rêver mieux. Femme de conviction, elle a redressé son parti pro-chrétien et affiche des idées neuves et très en dehors du "bac à sable" des injures électorales comme elle le disait à l'antenne. L'éthique en douceur, pour attaquer les problèmes de fond du futur avec réformes s'impose à ses yeux. Le parti équivaut à un projet de société pour une population qui veut être gouvernée. Ce n'est pas mon parti, mais je veux rester objectif.

Que dire alors du "Grand" frère outre Atlantique. Dans l'actualité, Madame Condolezza Rice a pris une place de plus en plus importante dans les sphères du pouvoir. Puissance et grâce café.

Les armes s'aiguisent aussi de ce côté pour le futur. Si Bill Clinton a eu sa chance, il y a déjà près de 8 ans, son épouse Hillary va se lancer dans la bataille. Après la victoire à plusieurs postes d'importance de la population de couleur, une femme sur le siège du pays le plus puissant de la planète, ça va aussi remettre les pendules à l'heure. La dette monstrueuse va-t-elle se mettre sur les rangs de la sagesse? Je crois que la terre entière en profiterait. Ca commence à bien faire d'entendre avoir une épée de Damoclès au dessus de ses épaules. Dick Cheney, lui-même, en complet désaccord avec elle, avoue qu'elle pourrait gagner les élections si elle décidait de se présenter au présidentielle en 2008. "Les femmes risquent d'être incontournables, qu'elles soient électrices ou candidates", titrait l'Echo le 26 octobre en parlant du rôle féminin aux élections de mi-mandat du 7 novembre. Nancy Pelosi est devenue présidente du camp démocrate, une première à ce poste suprême, à la tête de 55% de femmes si le raz-de-marée prédit a bien lieu. Les "soccer moms" (mamans foot) issues de la classe moyenne américaine sont bien entrainées et pas uniquement dans le foot. Séduites d'abord par le discours sécuritaire, elles en ont, cette fois, mare des scandales de corruption, des mensonges, d'entendre les soldats qui reviennent du front soit handicapés ou tués, elles soutiennent traditionnellement le clan démocrate. Le ministre de la défense, fusible républicain, Donald Rumsfeld, mâle du Pentagone, met la clé sous le paillasson dans le même temps. Le patron de la CIA prend sa place. Espérons qu'il aura appris les secrets de la bonne gestion.

L'Angleterre et les Pays-Bas par tradition ont eu des destinées portées très certainement avec des idées plus féministes même s'il s'agit de gouvernance seulement représentative et que la parlementaire est plutôt traditionaliste.

hommeL'Angleterre s'est payés le "luxe" de se donner un premier ministre au surnom bien représentatif de "Dame de fer". Margaret Thatchera exercé cette fonction pendant de nombreuses années qui n'ont pas été de la figuration, caractérisant du même coup un mouvement fort dérivé de son nom. La guerre des Malouines n'est qu'un exemple que son long fleuve tranquille avait des méandres moins souriants. Renaud aime les femmes. Il n'a pourtant pas raté de la mettre à part dans sa chanson "Miss Magie".

L'Allemagne se lance dans une politique de redressement avec Angela Merkel. Nous arrivons dans ce cas-ci à un renversement pas toujours du meilleur résultat. Le problème de la maternité est devenu un problème qui ne dit pas son nom officiellement. La succession par les enfants allemands est de moins en moins assurée. La femme veut prendre des responsabilités qui ne lui permettent plus d'assumer le rôle de mère.

Du côté des règnes couronnés, si l'Angleterre, les Pays-Bas, la Suède sont en place et occupent l'actualité, par le jeu des successions, la Belgique va normalement laisser sa jeune princesse dans un monde futur.

La télévision et le cinéma ne sont pas en reste pour appuyer ce bouleversement dans le monde macho. Des feuilletons bien ficelés ayant pour cadre des situations de femmes bien haut placées dans les hémisphères juridiques et d'enquêtes en tous genres défilent sur nos écrans: "Une femme d'honneur", "Femmes de loi", "Miss Marple", "Julie Lescaut" et j'en passe.

hommeLe showbizz compte également des modèles du genre qui cassent la baraque avec les armes de la simplicité mais avec le courage contre l'adversité et la volonté de gènes extraordinaires. L'invité de Drucker le dimanche 29 octobre était la petite Sheila des années 60 de ses débuts devenue la grande Sheila que nous avions sous les yeux? Attaquée de toute part, dans une carrière en dents de scie, elle s'est vue même remise en question et désignée de transfuge sexuel. Sa manière de réagir fut très simple: "Je vais leur montrer que j'ai des couilles". Pour cela, elle devait avoir sa place ici dans ces lignes. Merci, Sheila, j'ai bien aimé vos "couilles". J'espère qu'elles resteront encore longtemps aussi bien en forme.

 Le 29 septembre dernier, au Kazakstan, la première touriste de l'espace, l'américaine de 40 ans, d'origine iranienne, Anousheh Ansari, revient après une balade dans l'espace de 10 jours. Cela après avoir déboursé 25 millions de dollars, il est vrai. Pendant ces 11 jours de rêves éveillés, elle aura certainement pu voir les choses humaines avec plus de recul. N'est ce pas le but à atteindre?

Mais au fait, redescendons les échelons en cascade et regardons plus près de chez nous, dans notre propre assiette et dans les ménages modernes. Que voit-on, parfois surpris par le nombre d'occurrences? Pas encore au parfum? N'avez-vous pas dénombré un peu plus de culottes qui avaient changé de propriétaire? Par facilité, par souci d'égalité des sexes ou que sais-je encore, l'homme abdique de plus en plus face à sa douce moitié. Le sexe, dit faible, a pris décidément une autre dimension dans le couple d'aujourd'hui. Les enfants en bas âge n'ont plus les habituelles mamans autour d'eux en permanence pour s'occuper des besognes bien peu reluisantes mais dont les responsabilités auparavant incombaient d'office à l'épouse. Est-ce un mal? Juste retour des choses, très certainement. Non, vraiment, les femmes de par le monde en ont un peu marre d'être poussées vers la cuisine et ses fourneaux. Elles commencent à aimer les échelles du pouvoir, les hiérarchies entravées par des liens ancestraux mais aussi machistes. Et ça se sait de plus en plus au sommet. Une femme, pour obtenir un poste donné, a toujours eu une obligation de ressortir du lot et d'avoir une case en plus. (je ne vous dirai pas nécessairement où, :-)) Comble de "malheur", comme nous allons le voir ci-dessous, elle a une case en moins du côté salaire.

hommeCertains osent parler d'un temps de la révolution féminine. Le statut de la femme évolue. Bien sûr, elles le valent bien", comme dit la pub mais pas uniquement à cause de la mode, de la beauté et des recettes pour maigrir. Ce n'est pas en affirmant que tant que le monde sera dirigé majoritairement par des hommes, aucune amélioration sérieuse ne se fera. Si les femmes se disent victime de sexisme, c'est très vrai mais ce n'est pas où cela se passe réellement. L'éducation, la religion discriminent la femme dans les pays caractérisés en voie de développement et, ce l'est beaucoup moins ailleurs. Phallocrate, peut-être au début, l'homme se fait détrôner de plus en plus et sa dignité humaine devra trouver des chemins plus aléatoires. J'ose dire que chaque sexe a ses qualités propres, sa vision pour la résolution des problèmes. Ne pas en tenir compte ou faire semblant qu'il n'en est rien, ne changera pas le monde vers une amélioration de bon aloi.

 Égalitaire, mais pas dupe. Ni pute, ni soumise. Émasculer l'homme comme le voudrait peut-être les féministes, ne fera pas le bonheur ni de la femme, ni de son égo et ni de son intuition innée. La compétence et la motivation et non pas les quotas seront le point unique de partage du pouvoir. C'est du moins mon humble avis. Les enfants et leur gardiennage ne sera pas la raison essentielle d'une non-volonté d'inverser les rôles.

Pour finir, laissons la parole aux femmes. Voici l’interview radiophonique récente de Pascale VIELLE, directrice de l'Institut fédéral pour l'Egalité des Femmes et des Hommes, et professeur de Droit social à l'UCL, interrogée par la journaliste, Anne-Michèle Cremer.

Son CHOIX MUSICAL : Cade l'Uliva, Bella Ciao, musique populaire italienne.

AMC : Alors Cade l'uliva, le chant des ramasseuses d'olives, il fallait absolument un chant du travail pour parler des femmes ?

  • Un chant du travail parce que c'est le thème de l'émission aujourd'hui. Un chant italien, parce que je suis italophile. Un chant de lutte pour rendre hommage à Giovanna Marini qui a fait un travail d'ethnologue extraordinaire pour ressusciter cette tradition orale en allant dans toutes les régions d'Italie retrouver comment et ce que chantaient les femmes. Et ce chant là en particulier, parce que c'est les ramasseuses d'olives qui chantent la beauté de l'olivier et pour rappeler que le travail des femmes n'est pas une invention des années 70, mais bien une réalité de toute éternité, de tous lieux.

AMC : On a l'impression que c'est quelque chose qui revient toujours en disant "ah les femmes". La phrase "à travail égal, salaire égal", qui était un slogan des ouvrières de la FN de Herstal. On a l'impression que c'est un vieux slogan dépassé, or manifestement il y a encore des problèmes.

  • Il y a encore de gros problèmes de discriminations pures à savoir que parfois dans une même entreprise deux personnes qui exercent le même travail ne sont pas payées de la même manière. Les femmes restent payées moins que leurs collègues masculins. Mais de manière générale, ce qu'on appelle l'écart salarial exprime encore une autre réalité au-delà de cette discrimination pure qui est interdite par la loi, il exprime la situation inégale des femmes et des hommes sur l'ensemble du marché du travail dans toute une série de dimensions.

AMC : Les choses vont peut-être un petit peu changer puisque le gouvernement, c'était dans la déclaration gouvernementale, a décidé de faire un pas. Alors, on a l'impression que ce sont des choses assez techniques, or ce sont peut-être des moyens de constater qu'il y a des disparités et d'y apporter un remède ?

  • Peut-être qu'avant de comprendre en quoi ces mesures sont intéressantes, utiles et pertinentes, il est utile de rappeler ce que c'est qu'un indicateur et en particulier ce fameux indicateur de l'écart salarial. Un indicateur n'a pas prétention de dire très précisément le nombre de femmes et d'hommes qui gagnent moins les uns que les autres. La principale vertu d'un indicateur est d'être recueilli de manière homogène dans le temps et dans l'espace. De telle sorte qu'on puisse suivre l'évolution d'un problème et qu'on puisse le comparer, le cas échéant, avec d'autres pays européens. Des tas de propositions d'indicateurs sont aujourd'hui sur la table.

AMC : Pour essayer de voir les disparités entre les salaires des hommes et des femmes ?

  • Oui. Ces indicateurs expriment des choses différentes et sont constitués à partir de statistiques différentes et recueillies différemment. Si bien qu'on arrive à des chiffres entre 6 et 35% selon la manière dont on construit la chose. L'institut pour l'égalité des femmes et des hommes que je dirige propose que l'on se tienne à l'indicateur européen agréé par la présidence européenne en 2001, qui est suivi par la commission européenne depuis 6 ans maintenant. Indicateur qui exprime la différence entre les salaires horaires moyens bruts des femmes et des hommes. Cet indicateur est recueilli de la même manière dans tous les pays européens et recueillis de la même manière dans le temps. Ce qui est tout à fait ennuyeux pour la Belgique, c'est qu'il augmente. Alors, selon cet indicateur là, on est à 15% de différence, à peu près.

AMC : Le salaire des hommes et des femmes ?

  • Mais ce n'est pas tellement ça qui est important. C'est de voir que ça évolue dans le temps. Et ça, on ne peut plus se le permettre. Je fais remarquer qu'on n'est pas le seul pays pour lequel ça évolue dans le temps, le Danemark aussi, par exemple, qui est un pays très avancé socialement et sur le plan de l'égalité des femmes et des hommes.

AMC : Ce qui était important pour vous, c'est que cet indicateur soit celui que l'on utilise en Belgique parce qu'il montre, effectivement, qu'il y a ces 15%, mais que c'est en augmentation. Là, maintenant, il faut agir aussi?

  • Il faut agir. Cet indicateur reflète toute une série de disparités sur le marché du travail. Il reflète la ségrégation, ce qu'on appelle la ségrégation horizontale, le fait que les femmes et les hommes sont concentrés dans des secteurs et des professions différentes et que les secteurs masculins sont mieux payés. La ségrégation verticale, le fait qu'elles sont moins bien promues ou qu'elles atteignent ce qu'on appelle le plafond de verre, c'est-à-dire qu'elles n'arrivent pas à dépasser certains postes. Le fait qu'il subsiste de la discrimination, on en a parlé. Le fait qu'il y a encore un partage des tâches familiales entre les femmes et les hommes qui est beaucoup trop inégal. Que les hommes ne s'investissent pas assez dans les tâches domestiques. Que les femmes devant supporter ce qu'on appelle la double journée de travail ne peuvent pas toujours s'investir autant qu'elles le voudraient.

AMC : C'est difficile d'agir si ce n'est sur les mentalités ?

  • On peut agir sur les mentalités, mais il y a une panoplie de mesures qu'on peut prendre pour encourager les hommes à prendre les congés parentaux, les congés familiaux. Il y a quand même des choses que les pouvoirs publics peuvent faire. Et puis, il y a ce qu'on appelle la classification des fonctions. Problème un peu technique qui fait qu'aujourd'hui, les fonctions, la classification des fonctions va déterminer votre salaire et ce sur base de critères qui sont encore marqués par des stéréotypes masculins et féminins. En d'autres termes, la force physique, comme critère, va être mieux pondérée que la précision. Cela explique que les secteurs masculins, où les hommes sont encore massivement concentrés et vont souvent être mieux payés que les secteurs féminins sans vraiment de raison objective. Il y a tout un travail à faire pour neutraliser du point de vue du genre, de l'égalité, ces classifications de fonctions.

AMC : Avec ce que le gouvernement a décidé, est-ce qu'on va vers un mieux et comment ?

  • Il y a une série de choses intéressantes. Tout d'abord, étoffer l'appareil statistique, l'appareil d'indicateur pour mieux monitorer les politiques, mieux comprendre ce qui se passe. C'est essentiel en terme de diagnostic. La classification de fonctions, tout à fait remarquable, est difficile de faire admettre aux partenaires sociaux de modifier ces classifications. Le ministre de l'emploi s'engage à travailler, à promouvoir lui-même de nouvelles classifications de fonctions, neutres du point de vue du genre, et à travailler dans un délai de 5 ans avec les partenaires sociaux pour les modifier. Il s'engage aussi à faire une réflexion autour des conventions collectives de travail en général pour voir comment on pourrait les screener pour éliminer les biais d'égalité. Voilà, ce qui risque de faire bien avancer les choses. Le gouvernement demande aussi qu'on améliore l'effectivité d'une série de règles qui sont bonnes, qui existent, mais qui ne sont pas ou plus mises en œuvre. Par exemple, la loi de 1999 sur l'égalité entre les femmes et les hommes au travail. Un arrêté de 1973 qui demande que les entreprises fassent des plans d'action positifs, qui ne sont plus faits. Un arrêté royal qui demande depuis 1979, que les annonces, les offres d'emploi soient formulées de manière neutre du point de vue du sexe, et s'adressent aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Ouvrez demain votre quotidien favori, vous verrez que les offres d'emploi sont très souvent adressées à l'un ou à l'autre sexe. On cherche UNE secrétaire, on cherche UN ouvrier. C'est illégal. Là, l'institut pour l'égalité des femmes et des hommes a une compétence, va engager des poursuites beaucoup plus systématiques à l'égard des personnes qui enfreignent la loi. Néanmoins, on va essayer d'aller plus loin et de voir comment on pourrait encore l'améliorer.

AMC : Dans toutes les décisions qui viennent d'être prises qu'il y a beaucoup de points où on dit "vous allez étudier pour essayer de voir la situation". Est-ce qu'on en est si loin dans la réflexion ou dans le fait de pointer les problèmes ?

  • Il y a une série de choses qu'on sait ou sur lesquelles, on en est encore à formuler des hypothèses. Je vous donne un exemple: la loi interdit depuis très longtemps, depuis 1975, la discrimination salariale pure et, si vous, comme femme, vous estimez que vous êtes moins bien payée que votre collègue masculin, vous avez le droit de revendiquer un salaire égal. Nous n'avons aucune plainte. Pourtant, nous savons que cette discrimination subsiste. Pourquoi ? Des hypothèses, j'en ai, il faudrait les vérifier. Je pense qu'il y a un gros tabou qui pèse sur les salaires en Belgique.

AMC : On n'ose pas dire le salaire...

  • --- on n'ose pas dire combien on gagne, il faut lever le tabou sur le salaire. En plus, ce sont des salaires nets,  salaire poche. On ne connaît pas son salaire brut. Difficile de comparer. Et puis, je pense qu'il y a de la part des femmes l'intégration du fait que c'est quand même normal qu'elles gagnent moins que leurs collègues masculins puisqu'une ou deux fois par semaine, il leur arrive de partir 5 ou 10 minutes plus tôt pour aller chercher leur enfant à l'école ou à la crèche. Ce n'est pas normal. C'est interdit par la loi. Il y a un travail de sensibilisation, de conscientisation à mener auprès de tous les acteurs, les femmes, les hommes, les employeurs, les syndicats, les autorités publiques...

AMC : Une réflexion commune. On parle beaucoup aussi des temps partiels et peut-être qu'il y a aussi cette idée des femmes de dire "mais de toute façon, moi je ne travaille qu'à temps partiel, c'est normal que j'ai un si petit salaire".

  • Non, ce n'est pas normal. A temps partiel, pour un travail équivalent, vous devez gagner le même salaire horaire que votre collègue masculin. Et pourtant, on constate que quand on examine le temps partiel, même quand on neutralise ces temps partiels en ne comparant que les salaires-horaires, le salaire des travailleurs à temps partiel reste inférieur. Ceci s'explique par la discrimination, mais aussi par le fait que les emplois à temps partiel massivement occupés par des femmes sont concentrés dans des secteurs particuliers et peu qualifiés. Il subsiste donc une très grosse différence entre le salaire horaire du temps partiel et du temps plein. Par ailleurs, les femmes à temps partiel obtiennent beaucoup moins facilement de promotion que leurs équivalents à temps plein.

AMC : On se dit "elles ne seront pas là, elles ne sont pas tout le temps dans l'entreprise".

  • On leur donne moins de responsabilités, on valorise moins le travail qu'elles font.

AMC : Il y a tout un travail, au niveau des entreprises, de respect de la législation existante. Mais ce qui semble fou, c'est que, en vous entendant, on a l'impression que le plus gros travail, finalement, est un travail de conscientisation des femmes qu'il y a ces discriminations ?

  • C'est le plus gros travail et le plus difficile. Mais je voudrais attirer l'attention sur le fait que la conscientisation des hommes est au moins aussi importante que celle des femmes. Que l'égalité atteint un certain point qu'on a du mal à dépasser depuis un bon nombre d'années et qu'on ne dépassera que si les hommes s'engagent avec, aux côtés des femmes, pour plus d'égalité, pour une société plus démocratique. C'est leur affaire et je pense qu'ils ont aussi tout à y gagner. Je voudrais attirer l'attention sur le fait que sous l'égide du ministre Christian Dupont, une charte des hommes qui s'engagent pour l'égalité se trouve actuellement sur le site de l'institut et que tous les hommes de bonne volonté peuvent la ratifier et la signer. 80 grands signataires l'ont déjà apportée. Et c'est quelque chose qui pour nous est essentiel.

AMC : Est-ce qu'il y a un pays européen - moi je pensais le Danemark mais vous avez démenti - est-ce qu'il y a un pays européen où il y a vraiment un pourcentage très bas de disparité entre les salaires hommes-femmes, par exemple ?

  • Les pays scandinaves sont meilleurs que nos pays à nous. La raison pour laquelle au Danemark comme en Belgique, l'écart s'accroît, elle est un peu particulière, c'est parce qu'en fait, il y a plus de femmes sur le marché du travail. Mais ces femmes n'entrent pas dans des jobs aussi bien qualifiés et bien rémunérés qu'elles le devraient. C'est qui explique que l'écart s'accroît. Ce n'est pas une question de nombre de femmes sur le marché du travail, mais de qualité du travail qu'elles occupent, de conditions de travail. Et les pays modèles sont les pays scandinaves parce qu'ils ont gagné, qu'ils sont très loin dans l'articulation pour les femmes et les hommes de la vie privée, de la vie professionnelle. Toute la société s'y est mise, aussi bien les pouvoirs publics que les employeurs, que les hommes. Ce n'est pas encore parfait, mais c'est un modèle à suivre.

Elles sont bien conscientes, ces femmes. Non? Et en plus volontaires.

Des statistiques récentes de 2006 révèlent pour la Belgique, que les femmes perdent 5,8 milliards d'euros par an dans la compétition homme-femme. Pourtant, nos pays sont encore privilégiés. L'Afghanistan n'a pas retrouvé les filles à l'école malgré la guerre qui a été déclenchée avec le prétexte de changer cette situation comme arrière fond. Là bas, les femmes toujours analphabètes à 90% ont retrouvé la burqa. Le Cambodge, lui, envoie encore toujours ses fillettes dans les travaux les plus vils avant de les vendre ou de les forcer à se prostituer.

Alors, si un jour vous vous trouvez chez un disquaire qui possède de nombreux disques vinyles, cherchez à la lettre "F" et écoutez ce titre "La femme est l'avenir de l'homme". Un peu plus loin à "L", Lama vous en donnera un complément avec "Femme, femme, femme". Vous découvrirez que vous vivez en pleine actualité et cela ne sera pas un hasard car le 21ème siècle se conjuguera très fortement au féminin.1.jpg

Pas trouvé? Une nouvelle version de "Femmes des années 80" de Sardou qui serait devenue subtilement de l'année 2007? Alec Manson va même plus loin en chantant "Cette femme est un héros".

Alors, nous, les hommes, ne faudra-t-il pas enfin prendre en compte notre moitié à part entière avec ses bons et ses mauvais points?

En anglais, il existe une expression féministe qui dit que "Derrière un Grand Homme, il y a toujours une Grande Dame". Moyen très féministe de voir le monde. Mais cela aura toujours un côté positif de rendre les femmes tellement heureuses. Quand en plus de ce bonheur, il y aura, à coup sûr, la responsabilité désirée, il n'y aura pas besoin de quotas en porte à faux pour imposer cette parité. Plus de discussions stériles, plus de maux en dilemme.

Il est une vérité aussi: pour acquérir les mêmes droits que les hommes, les femmes devront d'abord renoncer à quelques uns des leurs et oublier certaines prérogatives.

Et tout cela, c'est déjà une bataille de gagnée pour le futur à nous les "hommes".

hommePourquoi ne pas finir dans un style un peu "provoc"? Je dois bien mériter mon pseudo, non?

Nous venons de parler des "Femmes savantes", nous avons eu les "Folles de mai", alors, combien de temps restera l'adresse ouverte:

http://www.follesanonymes.com/?

Femmes, je vous aime...

 

L'enfoiré,

 

Citations:

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Mars 2007: L'association "La Rose Marie-Claire" a lancé le projet "toutes à l'ecole", parrainé par les cinq grandes de l'info qui se sont réunies pour envoyer toutes les petites filles aillent à l'école. Le 8 mars, journée de la femme à ne pas oublier, donc.

Christine Ockrent a publié "Madame la..." sur les femmes qui nous gouvernent.

  

homme10 janvier 2014: Première patronne d'une entreprise publique. 

Laurence Bibot en faisait un retour de kick

ou  podcastépodcast

 

 

 

Et pendant ce temps-là>>>>

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