Tremblement de l'esprit (12/01/2015)

Il y a cinq ans, le 12 janvier 2010 à 16:53, il y eut un tremblement de terre en Haïti. L'année d'après, Dany Laferrière écrivait un témoignage dont j'extrayais quelques passages dans  "Tout bouge autour de moi". Pour lui, dans ce cataclysme, il y voyait une occasion de sortir du marasme avec l'esprit haïtien. Hier, nous avons eu un tremblement de l'esprit et quatre millions de personnes outrées se sont déplacées dans rassemblement mondial avec un épicentre à Paris. La liberté d'expression comme un séisme, vacillait sur ses bases.

0.jpgDans mon billet de 2011, je qualifiais le témoignage de cet auteur haïtien, de "troublant de sagesse".

L'analogie de situations n'est pas une vue de l'esprit. 

A Haïti, il s'agissait d'une agression physique, ici elle était morale.  

En sciences sociales et comportementales, l'agression définit une atteinte à l'intégrité physique ou psychologique.

Les agressions contre nos propres visions des choses nous en recevons tous les jours, mais elles restent souvent en travers de la gorge, sans en sortir.

 

0.jpgCette fois, l'agression est ressortie avec fermeté. Quatre millions de personnes de par le monde étaient agressés dans leur liberté d'expression. Et rien ne devrait être comme avant après ce choc des consciences.

Qu'apprenons-nous en Haïti après cinq ans?

Cela avait nécessité une énorme mobilisation et des moyens financiers dans l'urgence.

Les ONG sont encore là. La pauvreté aussi. 

Je reprends quelques passages mais en les adaptant aux nouvelles circonstances,  car cette fois, il s'agit d'une révolution des esprits.

"Pour un occidental, l'incompréhension est toujours grande de constater le manque de progrès que l'on pourrait attendre. Pour un citoyen de pays dits "riches", l'argent devrait tout résoudre.

Être utile, rester solidaire, mais comment? 

L'argent et la démocratie. Des mots, des symboles qui doivent seulement être distillés en fonction de besoins conformes à l’efficacité maximale.

Quand l'homme ne comprend pas ce qui lui arrive, il se nourrit de symboles. 

Bien sûr, il fallait réveiller les consciences, comme les grandes catastrophes peuvent le faire. Il s'agissait ou suffisait parfois d'organiser un "festival des bonnes intentions", de casser la "structure de l'instantané", de négocier avant de décider. Ce serait sans compter sur le choc de cultures qui diminue d'autant l'efficacité.

0.jpgUn rassemblement s'imposait pour marquer cette semaine d'une pierre plus blanche. On pense aux symboles, toujours en premier. Cette fois, ce fut le crayon. Le but, reconstruire, redresser les idées qui ont été partiellement déséquilibrées. La méthode forte, on ne connaît pas en principe sur le terrain. Contourner l'Etat quand celui-ci n'apporte pas d'aide. Prévoir l'imprévisible dans une intelligence émotionnelle en oubliant la possibilité d'un "effet caméléon" et en espérant pas qu'elle ne devienne pas trop "effet papillon". L'humilité du projet fut, dès lors, très nécessaire.

Nos civilisations de l'efficacité ont l'habitude de se baser ou de s'exprimer via des "personnalités" déléguées comme des chefs d'états, mais c'est sur le terrain que tout se passe, en définitive.

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Dans nos pays, le symbole de  la démocratie semblait très futile surtout à l'idée des changements que cela pourrait apporter. Il s'est réveillé.  

A Cuba, il a fallu plus de 50 ans pour voir ce symbole comme une éclaircie au bout de l'horizon.

Les réalités exigent souvent plus de macération pour reconstruire que de construire.".

Après ces souvenirs réadaptés, voyons comment réagir.

Le choix n'est pas anodin. Jamais seulement par la précipitation et par l'urgence.

Comment réagir? 

Réagir l'humour des caricatures comme l'ont fait les caricaturistes: 

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 ou avec tout le sérieux nécessaire:

 podcast podcast

ou surprendre par la parole humoristique:

podcastpodcastpodcastpodcastpodcast

ou, encore, par la profondeur de la musique et de la chanson:

Tout est bon pour l'esprit surtout quand c'est emprunt d'optimisme.

Analogie entre les deux séismes, disais-je au début.

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Même vocabulaire, même électro-choc, même symboles, des prévisions à faire dans le futur...

Mais pas le même nombre de morts, pas la même ampleur du désastre naturel contre les hommes mis en vis-à-vis avec une affaire d'hommes, d'humanisme.

Amalgame? Pas vraiment si l'on réfléchit un peu.

A nouveau, beaucoup de tam-tam pour ce genre de caricatures dans le nouveau Charlie Hebdo --->

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Alors que celles-ci, bien plus que caricaturales, pourraient passer comme une lettre à la poste...

 

L'enfoiré,

 

0.jpgCitations:

 

Mise à jour 15/02/2015: Attentat à Copenhaguepodcast

Eurovision 2013 Danemark: "Only tears drops" 


 

 Mise à jour 18/3/2015: Nouvel attentat à Tunis au Musée du Prado0.jpg

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