Ode aux îles (28/06/2015)

Répondre à Léopoldine après la description qu’elle à fait de l’île de Ré, le faire de manière ni bête ni méchante mais avec un fifrelin d’originalité... je le tenterai en appelant le Grand Jacques, mon maître à penser, au début et à la fin de ce billet. Au milieu, je prendrai son habitué, Fabrice Luchini, en dérision, tout en faisant sauter de mon propre chapeau de paille des séjours dans d'autres îles. 


Une îleUne île au large de l'espoirOù les hommes n'auraient pas peurEt douce et calme comme ton miroir
Une îleClaire comme un matin de PâquesOffrant l'océane langueurD'une sirène à chaque vague
Oh viensViens mon amourLà-bas ne seraient point ces fousQui nous disent d'être sagesOu que 20 ans est le bel âgeVoici venu le temps de vivreVoici venu le temps d'aimer
Une îleUne île au large de l'amourPosée sur l'autel de la merSatin couché sur le velours
Une îleChaude comme la tendresseEspérante comme un désertQu'un nuage de pluie caresse
Oh viensViens mon amourLà-bas ne seraient point ces fousQui nous cache les longues plagesViens mon amourFuyons l'orageVoici venu le temps de vivreVoici venu le temps d'aimer
Une îleQu'il nous reste à bâtirMais qui donc pourrait retenirLes rêves que l'on rêve à deux
Une îleVoici qu'une île est en partanceEt qui sommeillait en nos yeuxDepuis les portes de l'enfance
Oh viensViens mon amourCar c'est là-bas que tout commenceJe crois à la dernière chanceEt tu es celle que je veuxVoici venu le temps de vivreVoici venu le temps d'aimer

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"Ces îles qui valent de l'or" était le titre du magazine "Grands reportages-4 saisons sur les îles d'Or" passé sur TF1 ce 7 juin. Il s'agissait de Porquerolles, Port-Cros et Le Levant.

Cela commençait mal. Sur aucune d’elles, je n'y suis allé. Je les ai vue de loin du côté du rivage continental. L’idée de prendre le bateau du puriste bon teint, n’est pas toujours le reflex habituel.

Sauvages et accueillantes, était-il pourtant dit dans le commentaire...

Probablement trop accueillantes en haute saison et trop peu fréquentées, en basse.

Le juste milieu reste toujours à trouver.

L'île de Ré, une île que je ne connais pas non plus et que Léopoldine nous a fait connaître.

Le facétieux Fabrice Luchini y habite quelques fois par an d'après ce que j'ai cru comprendre.

Il en parlait comme d'un passé révolu dans une vidéo qui n'est plus disponible.

Oui, à l'île de Ré, il y a du lourd comme il a l’habitude de dire. Du lourd de Bourges dont il se dit en faire partie.

Beaucoup de fortunes de "petits retraités" s'y éparpillent quand ceux-ci se rassemblent pour passer leurs dernières années d'existence.

Les jeunes s'ils ne travaillent pas dans le tourisme, s'en sont souvent allés voir ailleurs si l'herbe n'était pas plus rentable même si elle a perdu son vert profond. 

Pour aller sur le continent, alors ils prennent un bateau qui n'a aucune ressemblance avec celui des boot-people de Méditerranée et planifient des retours à des dates stratégiques connues d’avance pour retrouver les vieux qu’ils y ont laissés 

Oui, je sais, l'île de Ré a depuis 1988, un pont long de 3 kms qui la relie au continent mais cela ne change pas beaucoup si ce n'est que la transhumance est plus facile pour y aller où en revenir.

Comme Paris, Luchini ne vaudrait-il pas une messe? 

En 2012, il rencontrait son miroir en la personne de l’imitateur, Raymond Gerra:

 

Rencontrer son miroir, une opération à hauts risques dont je ne connais, moi-même, pas l’issue..

Luchini était l’acteur principal du film "Alceste à bicyclette" qui avait pour cadre cette île de Ré.

Le sujet: "Gauthier Valence (Lambert Wilson), un acteur de cinéma et télévision qui connaît un grand succès, a décidé de monter 'Le Misanthrope'. Il effectue un voyage express à l'île de Ré afin de commencer la distribution des rôles. Il espère y convaincre son ami retraité et grand acteur Serge Tanneur (Luchini), de remonter sur les planches. Tanneur, dont Valence estime le talent, a brutalement, au sommet de sa carrière, tout arrêté et complètement coupé les ponts avec le métier. Il vit depuis plusieurs années en ermite, sur l'île, comme il peut, dans une vieille maison délabrée dont il a hérité...".

Le décor était planté comme du "sur mesure" pour ce billet.

Ce film passait récemment à la télé juste avant les vacances de Léopoldine sur cette île. 

Elle m'avait demandé de le regarder.

Ce que j'avais fait.

Bonne entrée en matière, me dis-je, mais avec la question qui subsistait : était-ce pour elle ou pour moi que l'entrée était destinée ?

Comme on retient toujours mieux son voyage quand on l’écrit c9e que l'on y ressent et pense, je lui intimais l’envie. Elle l'a fait sur place, sur le théâtre des opérations.

Quand on relit et que l'on récite un texte, en général, tout devient de plus en plus lumineux avec le temps sur ce que désire y découvrir son auteur.

S’écarter du monde habituel, et qui sait rencontrer un alien. 

Apparemment, l'exercice d’écriture a été profitable pour la rédactrice et pour son mentor, devenu lecteur cette fois. 

Dernièrement, François Morel faisait une ode à Fabrice Luchini avec une poésie en quatrains et visiblement, Luchini en jouissait de plaisir tellement Morel l’avait plébiscité :

Alors, je me suis dit pourquoi ne pas écrire une ode aux îles qui m’ont vu déambuler au cours de tellement d’années ?

Une ode à toutes les îles qui entrent vraiment en compétition par ma propre vision. Des îles sur lesquelles j'ai séjourné et dont je n'ai écrit que très peu de billets et dont j’ajouterai les liens quand ils existent ...

Séjours pendant lesquelles il y pourrait aussi y avoir du très lourd.

Enfin, je vous en laisse juge....

Ode aux îles

Rikiki pour Napoléon cet'île d'Elbe ? 
E
xil où l’aigle ne pouvait étirer ses ailes. 
C
ynisme pour l'homme issu de l'île de Corse. 
C
onnue par moi encore gosse en code morse. 
U
n miracle inouï, ces îles des Baléares. 
P
alma, Luna park public qui oublie ses phares. 
A
ssidu à l’idée poétique de Sicile. 
L
'Etna qui craque et plus besoin de phare aux cils. 
F
emmes légèrement vêtues des Canaries. 
G
uanches qui n’avaient rien de beaux canaris. 
E
n Grèce, la vie est un décor à Rhodes. 
L
’histoire, la mer et les chevaliers rodent. 
L
e ciel et la mer bleue, merveilleuse Malte. 
B
us bariolés et couleurs méritent une halte. 
L
e vacancier n'a pas de mots pour décrire la Crète. 
Avec l’idée du Minotaure dans la tête. 
P
ersonne n’oubliera les fleurs de Madère. 
N
i la montagne qui use l'homme qui s'en sert. 
Ultime étape pour Ulysse, l’île de Corfou. 
P
etite île mais grande pour tous les corps fous. 
R
echercher ce qui est turc ou grec sur Chypre. 
C
’est avoir une chance de découvrir des mitres. 
F
ace à la Turquie, mer Égée cache l'île Kos. 
D
es sanctuaires pour Hippocrate et Asclépios. 
U
ne République qui se dit Dominicaine 
D
evrait se targuer d'être bahamienne. 
L
aissée à un sort solitaire, voilà Cuba. 
Q
ui s'ouvre au monde agité par la samba. 
I
les autour de moi dans cette envie étrange. 
E
nvie de vacances reconnait des jours d'anges. 
D
es villes et des provinces, venons-y-en nombre. 
A
ssister au soleil et sortir de l'ombre. 
D
ans une ronde, nous entrons joyeux dans la danse. 
T
entés de passer à la vitesse de la transe. 
A
u mariage subtil de la folie de l'esprit. 
D
e la pensée qui court et du vœu bien choisi. 
C
eux qui n'ont plus de congés doivent patienter. 
P
endant des jours, des mois, des saisons, des années. 
L
es vacances font rêver toujours de paradis. 
C
hérie, habille-toi, on part à l'île de Sein. 
T
ous les copains, tout le monde en dit du bien. 
T
u sais, c'est cette île avec ce nom rigolo. 
Q
ui a, en ce moment, un succès diabolo. 
P
our un cœur enflammé parmi le public. 
P
etite île seule dans l'océan Atlantique. 
E
st-ce un sexe maniaque, l'auteur de ce nom ? 
E
st-ce un cœur délicat passionné de renom ? 
E
st-ce du beau langage, un virtuose champion ? 
E
st-ce un bon client pour la dérision ? 
P
our un voyage vachement bien dit en "quatrains".

Non, je ne suis jamais allé à l'île de Sein. Je l’ai prise au hasard.

Une île qui se trouve loin des côtes et fait face à la pointe du Raz, n’est-ce pas déjà tout un programme, toute une aventure...

Pour en savoir plus, j'ai écouté ce qu'en disait, un chanteur local de cette île qui parle de  Marie-Jeanne-Gabrielle:

Bon, à bien écouter les paroles, pas très engageantes, n'y aurait-il pas plutôt une tendance à aller plus loin encore et fixer un projet futur plus enjôleur ?

A l'île de Sein, y aller avant de trouver trop de seins de touristes et ne plus rencontrer que de petits saints qui passent leurs derniers moments de solitudes ?

Sur ce genre d’îles, le non-îlien a parfois l’impression que rien ne se passe, que la rubrique des chiens écrasés prend le page de garde des journaux locaux.

Oui, pour tout dire, à la longue, le citadin risque d’être en manque d'animations.

Être un îlien dans l’âme, c’est devoir aimer une ambiance totalement différente que sur le continent et découvrir les choses autrement.  

J'avoue mon ignorance de la plénitude de l'idée à ne penser à rien.

Si j’aime la médiation que l'on peut y trouver ? Bien sûr.

Mais, quoiqu'on en dise, l'esprit humain est incapable de penser à rien.

Il cherche, en permanence, à se nourrir d'émotions vraies ou fausses, mais pas au néant.

Une nourriture banale de l’esprit suffit quand il n'y a plus autant de questions habituelles à se poser. Mais, pouvoir reporter son attention sur les grandes choses du monde alentour avec des yeux qui frisent le mépris. Là, non...

Je suis insulaire à mes heures de silences mais la mer piège quelque peu ses hôtes.

Je suis allé chercher l’anecdote qui le prouve. 

Tiens, une cavale de deux évadés du pénitencier de Ré n’aura duré que deux heures en janvier dernier.

Vu l’isolement qu’elles procurent, les îles ont souvent servi de prison dans l’histoire.

Napoléon  a eu son île Sainte-Hélène,  Al Capone son Alcatras, Sesneck er Dreyfus au bagne des îles du Salut en Guyane... l'Australie à l'origine.

Il fallait préserver là société de personnes mal famées.

0.jpgAujourd’hui, renversement de la situation, elles pourraient être le dernier rempart contre les exactions et les folies meurtrières de cette société quand on voit ce qui s’est encore passé ce vendredi. Devenues des endroits de vacances de différentes conceptions, ne font-elles pas la richesse de l'homme en partance ?

Dans son dernier café serré avant les vacances, Laurence Bibot ne rappelait pas l'histoire de Napoléon mais parlait, avec humour, de son amie française, Odette Mercadet Reblochon qui demandait l'asile en Belgique, justement comme Victor Hugo l'avait fait, il y a bien longtemps :podcast

0.jpgJ'imagine ce qu'Odette aurait pensé de l'île de Ré et j'ai une tendance à sourire à l'avance.

Elle ne pourra plus aller ni en Tunisie, ni en Egypte, ni en Grèce qui a fermé les banques.... alors, quelques îles restent encore dans son champ d'applications vacancières.

La question à poser à Léopoldine :

Si demain se présentait une occasion de vivre définitivement sur une île :

Jacques Brel y avait déjà répondu avec cette autre chanson Les Marquises :


L'enfoiré,

 

Citations :

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