Ile de Ré, rayons de soleil d'or (21/06/2015)

Qui n'a pas encore pris la parole sur cette antenne: une dame?

Léopoldine est en vacances sur l'île de Ré.

Elle n'a jamais écrit une ligne sur un blog. Je lui ai proposé d'écrire ses pensées au sujet de son voyage.

La mélodie du bonheur associe à la note "Ré", "rayon de soleil d'or".

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Ile de Ré, rayons de soleil d'or

Prenons le large, passons le pont de Ré et laissons-nous portez par le vent …..Je vous invite à découvrir l’ile de Ré……là ou comme le chante Nougaro  ….

   La fleur marine 

   Par les deux narines

   Grise la poitrine

   D’un encens sucré

Mais avant d’accoster ; un peu d’histoire ……..

Tout d’abord, pourquoi l’île de Ré ?

Au risque de vous décevoir, non cela ne vient pas de la note de musique ni du dieu égyptien  … 

En fait, il viendrait du mot latin « ratus » qui signifie fougère.

En effet, cette plante couvrait le sol de l’île.

Jusque là sauvage, sa conquête par l'homme prend naissance au Moyen-Âge, quand les premiers moines bâtissent l’Abbaye des Châteliers. Ils y plantent les premières vignes et extraient le sel de la mer, ce qui entraîne l'île à se peupler progressivement. Des villages sont créés un peu partout, autour des églises, et toute une vie rurale s’organise.

Soucieux de protéger l’Île des convoitises anglaises, Louis XIV demande à Vauban de construire des fortifications qui sont encore partout présentes.

L’essor économique de l’Île, fondé sur le sel, le vin et la laine, sera freiné par la Révolution française.

Les hommes valides rejoignent le continent afin d’être recrutés dans l’armée pour défendre la République; les autres font partie des patrouilles qui protègent l’Île, abandonnant travaux agricoles et entretien des marais. Les vignes seront touchées par le phylloxéra, le sel devra faire face à une concurrence étrangère nouvelle. La misère va progressivement apparaître, chassant au milieu du XIXe siècle les familles de notables et de négociants qui émigreront vers le continent.

Puis il y a une histoire particulière à l'île de Ré,

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Cette situation va perdurer pendant presque un siècle.

Passons le pont de Ré0.jpg

Nous sommes sur l’île…

30km de long, 5km de large au plus et un point culminant perché à 19m d’altitude !

L'île bénéficie du meilleur ensoleillement de la côte atlantique grâce aux eaux chaudes du Gulf Stream.

Dès qu’on la rejoint, on se rend compte qu’on est ailleurs.

0.jpgLa mer et la terre, on les respire à plein poumons !

La lumière est différente, le temps s’écoule différemment, le silence est autre….

L’ambiance est particulière.… Ici tout est simplicité et élégance ! 

Je vous emmène loin, très loin et encore plus loin … au bout de l’île.

Il faut une heure de voiture pour atteindre St Clément des baleines.

La pointe nord de l'Île de Ré porte le nom des baleines échouées sur ses côtes. Des navires échoués sur ses rochers au milieu du 17ème siècle est née la résolution d'y construire un phare pour signaler le danger qu'elle représente pour les marins qui s'en approchent d'un peu trop près. A ce phare, on a donné le nom de son Histoire : le Phare des Baleines.

Nous sommes au bout du monde, là où la mer, le vent et les terres s’affrontent parfois avec beaucoup de violence.

0.jpg« Je ne sais pas comment l’île, pendant le sommeil, s’arrange pour prendre de front toute la tempête possible. Parfois, j’ai l’impression qu’elle est allée, comme un grand navire, dériver au loin sur l’océan, pour se ramarrer en douce, le matin, pour le lever du soleil. », Philippe Sollers

Dans le petit village, on a l’impression que les maisons se sont effacées face à la nature pour être le plus discrètes possible. Rien d’ostentatoire aux yeux du passant……avec la volonté farouche de sublimer les paysages.

Elles sont petites, basses pour ne pas cacher l’horizon, blanches, modestes, avec leurs murs en chaux.

Balancées par le vent, elles se dressent vers le ciel avec leur cœur de papier froissé.

C’est le silence total à part le doux murmure incessant du vent.

Partout les roses trémières se dressent pour border les façades. 

0.jpgIl n'y a pas de rues mais des ruelles et des venelles qui conduisent à l’église avec son clocher blanc qui servait de repère aux bateaux avant la construction du phare.

Dans ce labyrinthe étroit, pas de voitures mais des vélos, des vélos, des vélos  et des piétons. 

0.jpgLes chats peuvent donc prendre possession des routes et se prélassent en plein soleil.

La grande gagnante, c’est la nature avec sa flore et sa faune.

Sa flore avec le canna, la lavande, le fenouil, le pin parasol, la giroflée, la vigne…

Sa faune avec la mouette le canard, le héron, l’aigrette……

L’île constitue un trait d’union entre l’Arctique et l’Afrique qui n’a pas échappé à quelques 330 espèces d’oiseaux.

L’île est le refuge de centaines de milliers d’oiseaux qui y font escale, notamment dans l’espoir de donner la vie.

On dirait que tout est sauvage, rien n’est dompté et tout s’imbrique.

Les paysages sont variés et passent des petites criques sablonneuses, aux forêts, aux marais salants avec leurs tas de sel brillants dans le soleil... et tout ce qui brille, dit-on c’est de l’or !

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0.jpgIl y a aussi les champs de coquelicots à perte de vue.

Cela donne des taches rouges flamboyants dans l’horizon.

Ces plantes auraient envahi au fil des années les champs laissés en jachère et comme çà se ressème au gré du vent… Il y en a partout.

Si la nature est dominante, si la mer est rythmée par les marées, l’histoire est aussi très présente rien que par les fortifications mais restons en là car je voulais juste vous laisser entrevoir la beauté d’une ile qui a su garder encore pas mal de secrets…. 

Fabrice Luchini y a sa résidence d'été. 

Le film "Alceste à bicyclette" y a été tourné...


L’océan t’apporte la clé du mystère que tu sauras taire…

et Claude Nougaro s'en rappelle....


 

Léopoldine,

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Bruno Barbier dans son livre, confirme et signe: "Ré est sans doute la plus coquette mais aussi la plus courue des îles charentaises. Une dizaine de villages, quelques ports colorés. La capitale : Saint-Martin, l'un des plus beaux fleurons de l'art militaire de Vauban, est encerclée par une citadelle et des murailles où l'on a multiplié demi-lunes, bastions, corps de garde, courtines, orillons, contrescarpes et fossés. Plus au nord, bien abrité de la houle et du vent du large, le Fier d'Ars est une grande baie enfermée par les vasières et les marais salants. Cet environnement est situé sur une voie de migration drainant les oiseaux de l'Europe du Nord. Ainsi l'hiver, on observe le vol puissant des oies bernaches et le ballet des courlis cendrés, des pluviers argentés ou des chevaliers gambettes. Entre le phare des Baleines et le petit bois de Trousse-Chemise immortalisé par Charles Aznavour, trois kilomètres de sable sont bordés par des hautes dunes fragiles plantées d'oyats en lisière d'un bois de conifères tièdes et odorants. On dit que c'est la plus belle plage de l'île. L'été, elle attire cavaliers et surfeurs. L'hiver, on vient y pêcher la crevette et respirer l'air iodé du grand large".

 

Léopoldine de l'article est un pseudonyme, bien sûr.

Chercher ce prénom sur Google et c'est Léopoldine Hugo qui apparaît immédiatement. Cela pourrait être le lien avec l'article de la semaine précédente.

Lire sa biographie comme une anecdote d'un destin, pourrait être triste et révélateur.

"A l'âge de 18 ans, Léopoldine épouse Charles Vacquerie le 15 février 1843. Arrivé à Villequier, Charles embarque sur la Seine à bord un canot de course que son oncle venait de faire construire, pour se rendre chez Me Bazire, le notaire de Caudebec, à une demi-lieue de Villequier, où il avait affaire. Au moment de partir, il demanda à sa jeune femme si elle voulait les accompagner. Celle-ci refusa parce qu’elle n’était pas habilléeLes trois voyageurs se mirent en route après avoir promis d’être de retour pour le déjeuner. Quelques instants plus tard, Charles revint prendre deux lourdes pierres au bas de la maison parce que le canot n’avait pas assez de lest.

Alors qu’il les met dans le bateau pour lui donner plus de solidité, sa jeune femme s’écrie : « Puisque vous voilà revenus, je vais aller avec vous; attendez-moi cinq minutes ». Léopoldine monte dans le canot. Madame Vacquerie mère recommande de rentrer pour le déjeuner, regarde le canot s’en aller, et pense: « Il fait trop calme, ils ne pourront pas aller à la voile, nous déjeunerons trop tard ».

En effet, la voile du canot retombait sur le mât. Pas une feuille ne tremblait aux arbres. Cependant un léger souffle venant de temps en temps gonfler la voile, le bateau avança lentement et arriva à Caudebec, où ils se rendirent chez le notaire auquel Charles allait parler pour des affaires relatives à la succession de son père, mort dernièrement.

À Caudebec, le notaire voulut les persuader de ne pas s’en retourner par la rivière parce qu’il ne faisait pas de vent et qu’ils feraient la route trop lentement. Il leur offrit donc sa voiture pour les reconduire à Villequier. Les voyageurs refusèrent et se mirent en route pour le retour.

L’oncle Vacquerie tenait la barre du gouvernail, lorsque tout à coup entre deux collines, s’éleva un tourbillon de vent qui, sans que rien ait pu le faire pressentir, s’abattit sur la voile, et fit brusquement chavirer le canot. Des paysans, sur la rive opposée, virent Charles reparaître sur l’eau et crier, puis plonger et disparaître puis monter et crier encore, et replonger et disparaître six fois. Ils crurent qu’il s’amusait alors qu’il plongeait et tâchait d’arracher sa femme, qui, sous l’eau, se cramponnait désespérément au canot renversé. Charles était excellent nageur, mais Léopoldine s’accrochait comme le font les noyés, avec l’énergie du désespoir. Les efforts désespérés de Charles furent sans succès alors, voyant qu’il ne la ramènerait pas avec lui dans la vie, ne voulant pas être sauvé, il plongea une dernière fois et resta avec elle dans la mort. 

Pendant ce temps, Madame Vacquerie, attendait dans le jardin. Elle avait pris une longue-vue et regardait dans la direction de Caudebec. Ses yeux se troublèrent. Elle appela un pilote et lui dit : « Regardez vite, je ne vois plus clair, il semble que le bateau est de côté.».

Le pilote regarda et mentit : « Non, madame, ce n’est pas leur bateau », mais ayant vu le canot chaviré, il courut en toute hâte avec ses camarades.".

Fin de l'anecdote et de Léopoldine Hugo....

La mort de la fille de Victor Hugo et de son gendre ont eu une très grande influence sur son œuvre et sa personnalité.

Vivante, avait-elle été, elle-même, influencée par son illustre père?

Début de l'aventure d'écriture de celle qui a pris son pseudo, aujourd'hui.

J'avais hésité d'ajouter cette anecdote historique et lui ai demandé son opinion. Elle a trouvé ce parallèle de deux époques intéressant.

Aura-t-elle été influencée par cette aventure maladroite?

Non, bien sûr. La Léopoldine de l'île de Ré l'a prouvé et n'a pas raconté d'anecdote de vents méchants lors de ses promenades en bateau.

Elle demandait de l'indulgence pour son premier billet.

Difficile et idiot de ne pas le lui accorder.

C'est poétiquement écrit.

A la semaine prochaine, pour ma réponse à Léopoldine.

 

L'enfoiré, 

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