Le monde comme il me parlerait si j'osais... (19/07/2015)

0.jpgLe magazine Psychologies de juin sortait un dossier "Osons les autres". Le dernier livre de Olivier de Kersauson, "Le monde tel qu'il me parle" démontre qu'il n'osait pas vraiment "les autres". Il vivait sa solitude sur les océans. 
I
l était dit qu'entrer en conflit, c'est : accepter l'affrontement avec sérénité et respecter ses ennemis et risquer la confiance basée sur la raison plutôt que l'émotion, faire tomber le masque au travail, tester le groupe qui est à la fois danger et réconfort, s'enrichir de nos croyances dans la paix sociale. 
P
arfois, il n’y a pas d’autre choix possible: il faut y aller ! 
O
ù ? 
À la bagarre, à l’affrontement, à l’échange musclé.

Quand le silence tue, quand le dialogue serein semble impossible – parce que l’autre ne s’y prête pas ou que les mots nous apparaissent insuffisants pour poser la limite , il faut oser affirmer fermement son opposition. C’est ainsi que l’on dit « non » à un enfant, que l’on se dresse contre un ami qui ne nous respecte plus, que l’on construit une relation adulte avec un conjoint. Pourtant, l’affrontement fait peur. Parce que l’on risque l’abandon ou la fin de l’amour, la destruction du lien. Mais, à ne pas nous y risquer, nous construisons une histoire où seul l’autre a sa place, une relation où nous ne sommes ni authentiques ni sincères". 

0.jpg

Les signes suivants montrent que nous manquons d’intelligence émotionnelle dans une relation:

0.jpg

Quelques solutions de fortune. Nous sommes en plein dans la période des vacances.

Laurence Bibot en avait assez d'entendre parler de la Grèce: podcast
Alors changeons de crèmerie. 
Évadons-nous.... 
Quand je ne suis pas en vacances, mon esprit l'est en lisant. 
J
'avais déjà lu "Ocean's Songs" de Olivier de Kersauson et j'avais adoré.

0.jpgLe livre suivant "Le monde tel qu'il me parle" m'opposait beaucoup plus à lui. 
U
ne opposition de conception du management sur la manière de commander son équipage plutôt que vis-à-vis de son efficacité qui doit donner de bons résultats en mer. 
O
ser affronter les océans sur les océans, faire des introspections, de Kersauson est un maître. 
L
aconique, le fait de chercher la rétroaction et d'évaluer une situation dans les deux sens quand il y a conflit, n'est donc pas sa tasse de thé. 
O
livier décrit ses équipiers comme n'étant que des bras en plus qu'il avait à commander et toutes relations ne pouvaient se dérouler que dans le regard sans discussion. 
C
omment l'obliger à le faire parler ? Comment lui dire qu'il n'y a pas qu'à choisir entre le métier de marin ou de danseur et qu'en course, il ne suffit pas de devenir "chaleureusement inhumain".

Nicolas Bedos avait un sketch d'arroseur arrosé avec Caron et Polony.. 
P
ourquoi pas un remake en lui donnant la réplique digne de lui ?

Nicolas: Cher Olivier, hier soir, j'étais dans un repas de famille, écoutant sagement mon père traiter ma mère de connasse et de salope, comme il le fait depuis trente ans, s'abritant derrière l'humour, qu'aurait pu revendiquer ma mère fort susceptible. Si on ne peut plus se marrer... Bref, je digérais un bon caviar de gauche, quand le nom de l'enfoiré s'afficha sur mon portable. Nicolas me dit-il, en suffoquant, il faut absolument que tu lises le dernier livre de Olivier de Kersauson et que tu viennes lui faire la réplique. Je lui répondis "Qu'est-ce qui se passe dans ce livre?". Il me dit "il parle de sa manière de naviguer et il était à la télé chez Ruquier". Le conflit me crée l'envie. Il me donne les références et je lui réponds tout de go "quand on lit des livres subversifs, faut pas s'étonner qu'on ait une envie de lire 'Blanche neige et les sept nains' par après pour se laver l'esprit. Kerso a toujours été un gars "space" qui a aimé punir ceux qui ne pensaient pas comme lui. Comme t'es un copain, je vais m'adresser à lui.  Ben, je l'ai lu ce livre et en plus, d'une traite, dans mon bain, avec des petits bateaux que je secouais en clapotant l'eau pour faire des vagues et me mettre dans l'ambiance. J'ai consulté la biographie de Olivier... cela va faire pâlir le commun des mortels.. Préparer un sketch pour faire le procès d'intention du vicomte Olivier de Kersauson de Pennendreff dit Olivier de Kersauson, j'y ai pensé. Je serais le procureur de la partie civile terrienne. Je débuterais "Accusé, veuillez écouter le réquisitoire puisque vous avez décidé de vous défendre seul, je vous demanderai de réagir immédiatement" et cela me bottait.

C'est alors que j'ai revu le film "Le maître de guerre" à la télé cette semaine...  

Figurez-vous que j'ai vu en vous, le sergent Tom Highway, en Clint Eastwood. Vous avez été dans la marine donc vous connaissez le langage fleuri que l'on y pratique avec la discipline, l'héroïsme et les mondanités des décorations que vous n'aimiez pas.. 
L
e film avait été tourné à la gloire des Etats Unis et des marines, votre film à vous l'était à votre propre gloire. 
G
arde à vous. Amiral...

Olivier de Kersauson: Nationalité, marin. Age officieux, 70 ans. Age mental, 15 ans. Tendance politique, bourru et parfois bourré. Sexe, gros du machiste qui a les burnes trop lourdes dans le slip trop étroit selon témoins. Coupe de cheveux, déterminée par le vent mais toujours trop longs. Signes distinctifs, dépendant de la tempête qui lui tombe dessus. Goût vestimentaire, les chaussettes trouées pour marcher sur les ponts des bateaux. Profession, casse-bombons pour un interviewer trop prolixe. Défaut: veut faire la guerre avec les tempêtes sans donner beaucoup ses instructions à son équipage. Moi, j'appelle cela du "job protection".
Le portrait n'est pas trop mauvais pour vous ? Vous pouvez m'appeler Olivier.
N
icolas: Ok. Va pour Olivier. Votre seule ambition a donc été d'assouvir votre plaisir en cherchant à faire en mer plutôt qu'à paraître sur terre, avez-vous écrit. Le Ministère public n'est plus d'accord quand vous pensez qu'il est moins dangereux de prendre des risques que de les éviter. C'est un peu de l'inconscience même avec votre expérience de la mer. Ne trouvez-vous pas?.
O
livier: J'assume ce que j'ai écrit.
N
icolas: Vous assumez aussi qu'il faut un peu de "poudre de perlimpinpin" pour s'en sortir après avoir risquer sa vie. Je suppose que la sortie, vous la trouvez la tête hors de l'eau. Si par cette prise de conscience, vous avez une certaine habileté pour échapper au danger, vous ne croyez pas qu'il vous faudrait aussi une cure aux limites de vos capacités et de votre savoir avec vos semblables terriens? Vous semblez vous foutre d'eux. Face à une quenelle circoncise, il faudra, un jour, accuser leur retour de flammes.
Olivier: Je me fous un peu d'eux, en effet. Ne serait-ce pas une bonne initiative? Je ne parle pas de me foutre de vous, bien sûr. Je vous aime bien, Monsieur le Procureur Nicolas, mais la poudre peut aussi permettre de les réveiller quand ils râlent en permanence sur Internet ou dans les rues.
N
icolas: Vous devriez essayer de mettre en pratique sur terre ce que vous avez fait en mer. Sur terre, nous ne sommes pas les mêmes manchots que vous avez rencontrés dans vos expéditions polaires mais nous savons et nous aimons aussi apporter la réponse aux problèmes de la vie. La poudre de la chance dans les veines, c'est pas dans votre bain que vous la trouverez ici, mais en lançant "Eureka" en sortant de l'eau.
Olivier
: (rire) Mon petit gars, sur mer ou sur terre, tu n'aurais pas été le même. Pardon, je me trompe, 'vous' n'auriez pas été le même, Monsieur le Procureur. Sur terre, on naît dans un liquide dans le ventre de sa mère et on en sort tout fripé, tout étonné de tomber du petit trou d'où on est tombé. Votre "Eureka" vous auriez toutes les chances de devoir le lancer de multiples fois pour réparer les accidents de la terre. Vous ne pensez pas qu'il y a des raisons de chialer?
N
icolas: Le problème n'est pas là. Ne noyez pas le poisson - expression bien à propos (sourire) - et encore moins, le bébé qui tomberait dans la flotte. N'essayez pas de vous disculper. Vous dites que vos coéquipiers ne sont là que pour apporter des bras en plus. Ne croyez-vous pas qu'ils aient autre chose que des bras?.
O
livier: Oui, mais en mer, mieux on commande, moins on parle.
N
icolas: J'ai lu et entre parenthèses vous ajoutez que la mer a aussi ses ermites. Si l'équipage a à anticiper et sait ce que vous voulez puisqu'il sait ce que vous voulez, je commence à en douter vu la sobriété de vos réponses. La démocratie participative, cela ne vous dit rien?.
Olivier: J'ai l'expérience de la mer pour cela. Tout doit s'enchaîner. En course, je deviens chaleureusement inhumain. Je suis le seul à savoir comment ça s'est passé jusqu'à huit heures avant que cela se passe.
N
icolas: Vous avez une boule de cristal. Quoi... L'harmonie entre les hommes, je crois que vous l'ignorerez complètement sur terre. En plus vous dites être discret et que peu de personne sont au courant, mais que vous apprenez tous les jours de la mer et que si vous avez du talent, vous n'avez pas de génie pour appliquer une pensée qui n'a pas été accomplie. Égocentrique, vous n'aimez pas le challenge ou la contestation dans votre bateau. Le monde des terriens le connait et il a aussi un intérêt sans devoir se fendre la poire au travers des vagues.
O
livier: Vous commencez déjà à me refiler des boutons. Je me fends la poire avec le plus grand plaisir, mais ne vous inquiétez pas, je prends aussi tous les moyens de transports modernes.
N
icolas: Peut-être, mais, dans ces cas, les risques sont calculés et assurés alors qu'en mer, vous n'aurez aucune assurance qui vous couvrirait. Cela veut dire que c'est la communauté des terriens qui devra vous rechercher en cas de pépin. Les voyages en "multicoqués", cela va vite, mais cela ne tient pas bien la mer.
O
livier: J'assume les risques. Le monocoque est fini pour faire de la course comme j'ai dit.
N
icolas: Désolé, je ne suis pas spécialiste pour vous répondre sur ce point. Vous n'avez pas vu le film "Fanny", diffusé samedi dernier. Cesare apprenant que son fils Marius était parti en bateau pour cinq ans, hurlait qu'il ne l'empêchait pas de naviguer, mais qu'il devait le faire sur terre. Vous allez rire comme je l'ai fait. Vous avez septante balais, pardon soixante dix, vous avez des rides, des poches sous les yeux et un menton qui traîne visiblement dans vos chaussettes. Vous avez eu raison de raccrocher. Vous êtes une vedette aimée par les Français. Vous allez vous les mettre à dos, ces terriens. Ils vous traiteront d'irresponsable, et tôt ou tard, de "has been" comme tout le monde pris par les filets de l'âge.
O
livier: Vous fermez votre clapet quand vous dormez quand même. Là, vous m'en bouchez plus d'un coin. Je ne me rendais pas compte que j'étais considéré en vedette par les Français et que vous me traitiez de la sorte en opposant votre vie minable avec mes plaisirs sur mer. Je m'en bas les roubignoles.
N
icolas: Vous vous en foutez avec 6.800 amis sur ce que vous appelez 'Face de book'. Quant aux plaisirs, je me souviens d'un jour sur un bateau à voile. J'ai dégueulé plus que la mer ne pouvait ingérer. Mais ce n'est pas moi qui est accusé. C'est vous. Je ne sais pourquoi, vous me semblez avoir le slip bien bourré d'orgueil en parlant de la mer. La mémoire vous manque au sujet des marins qui y sont morts. La mer n'est pas le milieu naturel des hommes, quoique vous pensez vous n'êtes pas un poisson volant.
O
livier: Vous êtes un peu pète sec trop terre à terre avec votre rythme de métro-boulot-dodo alors que j'ai ressenti des pics d'intensité sur les océans. J'ai vécu, revécu, attendu dans l'enchantement général ces épiphanies non isolables.
N
icolas: Pète sec, alors que c'est vous qui n'en sortez par un? Là, vous persistez dans votre erreur. Les bonheurs d'hier vous rendent aujourd'hui plus heureux encore sans faire le tri de vos enchantements. La rupture, c'est aujourd'hui. Fini la vie à voir les mouettes et les poissons volants qui vous suivent pour faire la nique aux requins. Je vous pose la question à la quille qui vous attend: cela ne vous gène pas un peu d'avoir besoin de vous faire remonter le moral qui vous pendait dans les chaussettes? Assumerez-vous un instant de protection en vous réfugiant dans votre coquille avant d'en parler à votre nouvelle dulcinée? Ce serait là votre plus grand risque au travers de ce que vous décrivez comme champs de mines.
O
livier Je suppose que vous avez fait cela toute une vie à ne pas pouvoir vous évader des groupes de terriens qui vous applaudissent quand vous sortez vainqueur d'un procès. Vous les avez niqués, en semaine et vous chantez un karaoké, le dimanche, pour vous en féliciter.
N
icolas: (sourire sentant que son rôle de Procureur fonctionne) N'essayez pas de me vendre votre psychologie à deux balles qui essayerait de corriger mes défauts de procureur avec vos histoires de baleines en coke en stock? Vous reniflez la meute de votre équipage sans parler. Vous ignorez ou vous oubliez ce qu'est une meute sur terre qu'il faut caresser dans le sens du poil pour garder vos clients, vos sponsors, les journalistes et un peu de conciliation pour conserver quelques amis à bord.
O
livier:  Je me fous des journalistes. Et vous, commencez d'abord par trouver votre stabilité, éloigné de tout ce qui est matériel. Votre portable, votre bécane, vos désirs de consommateurs bourgeois. Foutez tout cela à l'index et vous allez trouver autre chose de bien plus palpitant sur votre chemin.
N
icolas: Une de vos copines, François Arthaud a écrit dans son dernier livre "Cette nuit, la mer est noire" que grâce à une lampe frontale et un téléphone portable, elle a pu se sauver une première fois. "J'aurais dû mourir et cela me touche énormément. Vivre pour moi, franchement, je m'en moque. C'est que j'avais encore des choses à faire sur terre". Donc ce matériel peut avoir son utilité. Ici, c'est vous qui êtes accusé. Ni elle, ni moi. Nous avons appris à être solidaire, à apaiser nos craintes par le collectif et me voilà face à vous qui ressortez comme un individualiste pur et dur. On ne vous a pas beaucoup appris à l'école 'Crève Cœur' chez les jésuites. Elle puait. Elle vous a rendu solitaire et aventurier. L'aventure, c'est l'aventure, bien sûr. Mais quand vous faites le bilan et vous vous vantez de votre vie en intimant des vocations et de faux espoirs, en minimisant morts de l'aventure maritime comme des dégâts collatéraux. Vous charriez. Vos fantasmes, vous dites que cela ne marche plus. Ce n'est plus à l'ordre du jour. Il faut désormais plus de complaisance pour l'assumer chez les sponsors qui ne voient pas cela sous l'angle sportif mais sous celui de leur pub..
O
livier:  Touché. Votre empathie est un peu trop formatée à mon goût. (sourire jaune). Vous pouvez être fier de vouloir être différent avec vos idées sur les marins mais uniquement quand vous arrivez au bout de vos rêves. Je me trompes?
N
icolas:  Choper le choléras ou la peste, il faut choisir. Si je ne comprends rien aux marins, vous ne comprendrez jamais rien aux terriens et aujourd'hui, vous atterrissez aux Tuamotou pour chercher la protection.
O
livier: N'obéissez-vous pas un peu trop à votre instinct de protection ? Vous n'aimez pas trop les risques par la vitesse, à mon avis..
N
icolas: Aimer la vitesse? Sur terre, la vitesse excessive, je ne vous apprends rien, apporte le problème que l'on vous tire le portrait, le 'gouvernail' à la main et ensuite, je vous retrouve en tant qu'accusé. Mais, ne vous inquiétez pas, mes prestations sont à un prix défiant toutes concurrences. Voyez-vous, on ne s'emmerde pas dans le détail sur terre, on paye cash. Si vous préférez les palmiers de Polynésie, j'en suis fort aise, mais ce n'est pas sûr que cela soit très différent.
O
livier: Vous ne connaissez pas les palmiers comme je les connais.  Sous les cocotiers, je n'y cherche pas le confort qui serait une traduction de ma faiblesse, mais j'y ai réfléchi à mon livre.
N
icolas Vous dites qu'on ne s'impose pas sur la mer et que se tromper est interdit puisque la faute se paie cash avec une addition salée. Croyez-vous qu'on le fasse sur terre avec du sucre? Vous n'avez jamais reçu de C4. C'est un beau papier que l'on reçoit pour vous remercier de vos efforts. Allez leur dire que vous êtes un incompris. Même avec du sucré-salé, ce n'est pas garanti sur facture avec la cerise sur le gâteau à la hauteur de l'ambition.
O
livier: La canne à sucre, je la connais. Je vous en ferai cadeau d'un plan de canne. (sourire). Mais je ne dois pas avoir compris la question sucrée-salée..
N
icolas Le décor magnifique qui varie sous le coucher de soleil sur la mer, vous le retrouvez aussi bien à partir du quai avec un autre avant-plan. Mais dans mon monde, nous n'en faisons pas la lecture correctement d'après vous. La banque de l'énergie, cela ne change pas, les comptes sont toujours à découverts dans l'école du possible comme dans celle de l'impossible.
O
livier: J'ai toujours voulu que les choses se plient pour correspondre avec mes certitudes. Cela fait toute la différence.
N
icolas: Mais vous arrivez toujours au terminus du tramway nommé 'désir'. Vous avez une famille qui remonte dans la nuit des temps. Un nom qui signifie "ville des Anglais" en breton, un château à Plourin, un ancêtre qui prit part à la 7ème croisade, tout cela vous donne des obligations. Votre postérité, vous l'avez assurée avant vos 70 piges et un fils qui a dû construire sa vie un peu sans vous puisque marin, vous ne pouviez tout faire en même temps. Vous avouez être plus intéressé par le simulacre de la reproduction que par la reproduction. Votre nouvelle femme, Sandra, bien plus jeune que vous, pourrait aimer assumer sa postérité. Serait-ce du Durex pour elle et votre simulacre pilulé en bleue pour vous?.
O
livier: Avec tout le respect que je vous dois, vous commencez à me les gonfler. Étes-vous jaloux?
N
icolas: Cela se pourrait, car elle est assez agréable à la vue et au touché, mais ce n'est pas la question. Vous faites rêver les jeunes avec des histoires de mers et d'océans, alors qu'ils n'auront peut-être jamais la possibilité de les réaliser. Des histoires que vous avez enregistrées dans votre mémoire sans parler des tunes nécessaires que des sponsors et des mécènes ont misé en vous. Si vous en connaissez encore donnez-leur des adresses emails. Je les ferai suivre par lettre recommandée.
O
livier:  A mon avis, votre gros pépin, ce serait de chercher la parade en prenant la fuite car votre peur des risques reste viscérale.
N
icolasLà, vous me les faites exploser. A vous entendre, nous sommes des nostalgiques qui marchons à reculons dans le sillage d'une ornière puisque le futur nous inquiète... Si la mer ne vieillit pas, vous bien. Comme vous le dites, le monde que vous avez connu il y a quarante ans s'est dégradé. Vous rendez-vous compte de ce qui se passerait, si toute la jeunesse voulait aller en mer. Elle polluerait encore plus la mer.
O
livier: En effet, ce serait à surveiller. J'ai pensé raccrocher parce que je savais que ce serait le bordel demain.
N
icolas: Pour prendre une cure de jouvence sur terre?.
O
livier: La cure de jouvence avec Sandra, Oui.
N
icolas: Elle a intérêt à prendre la barre du gouvernail. Vous écrivez que ce sont presque toujours les hommes qui font bouger les choses dans le monde, que les femmes sont souvent conservatrices et que les veuves élèvent les enfants dans le souvenir. Je plains Sandra. Vous dites ne pas être misogyne, mais en même temps, vous affirmez que les femmes ne doivent pas être connes pour vous plaire, mais que vous les aimez jeunes.
O
livier: J'aime les femmes suffisamment pour être exigeant. Je pourrai reprendre un bateau avec Sandra. Et...
N
icolas:  Et si elle vous emmerde, vous la jetez par dessus bord. J'ai bien compris. "La femme parfaite est une connasse, parce que la connasse ne meurt jamais", écrivaient les sœurs Girard.
O
livier: J'aurai tout essayé. Vous avez prouvé que vous êtes très social. Je vais le devenir avec elle. Écris tes mémoires et on en reparlera..
N
icolas: Moi aussi, j'ai tout essayé. Je me suis senti au départ avec des nanas plus âgées que moi. Sans me rendre compte que j'étais tombé dans les mains et les griffes de couguars. Puis, j'ai inversé la tendance. Rompez, amiral. Repos. Là, je pense qu'il est temps de cesser ce jeu de massacre aphoristique en expédiant ton procès d'intention, Olivier. Je te tutoie. Place au tribunal des psychopathes. Je t'accuse de crime contre l'humanité télévisuel. En boucher du samedi soir, tu ne seras qu'un corps sans vie de plus dans le grand charnier de "On n'est pas couché" en abattant quelques idées sur la table. Allons nous en mettre une derrière la cravate, mais avant...

0.jpgLe verdict de la Cours sera : suite à tes prises de positions trop tranchées, je te condamne à habiter  pendant une semaine avec ma dernière nana qui m'a largué pour un type plus riche et sans doute moins chiant. Tu vas adorer, elle ne mangeait que du poisson frit à la poile à frire pour ne pas grossir. Poile qui ne servait pas uniquement pour frire du poisson. Je dois être comme toi, un peu mazo. J'aurais bien été incapable d'écrire sur LES femmes, mais je pourrais essayer d'écrire sur la mienne. Il me suffirait de la mettre au pluriel. Laisse-moi conclure en disant qu'au moins, ici, tu as été formidable. Tu as tenu le crachoir avec moi plus de cinq minutes et j'ai gagné mon pari avec l'enfoiré.
O
livier: Nicolas, j'espère que tu n'auras pas une femme dont l'avocat serait aussi chiant que toi. Tu auras, alors, difficile à te sauverTu es un terrien qui prend des risques. Je dois sûrement être un terrien de quelque part mais je ne me suis jamais pensé de quelque part.
N
icolas: A ta décharge, Florence Arthaud disait de toi que tu l'a beaucoup aidé à apprivoiser l'étrange solitude de l'âme et que tu lui as fait comprendre la façon dont les hommes aiment les femmes. J'aurais peut-être besoin d'adopter ce que tu lui apprenais. Un voyage au bout du monde me botterait. Il serait moins aventureux si j'avais ton talent..
O
livier: Le talent ne sert à rien si le plaisir n'y est pas. Je n'étais pas l'élève intello sans alibi. Décalé, je suis un janséniste déconneur. J'ai fait un exploit à tchatcher avec toi. Aucun marin n'est bavard à l'arrivée d'une course en mer.
N
icolas: J'ai lu. A bord, tout se passe dans le regard, dans la plénitude d'un visage. Tu étais la mémoire du bateau mais tes secrets de marin, tu les as bien gardés entre quelques privilégiés quand tu as atterri.
O
livier: Touché. Je te sens révolutionnaire et réactionnaire.
N
icolas: Ce qui est dommage, c'est que tu écris que l'amitié, comme l'amour, naît de l'appréhension de l'exceptionnel de l'autre mais tu ne les rencontres que lors de tes escales. Ce que je sais ne tient pas sur une feuille de papier d'un seul côté. Je te ferais bien rigoler avec une page recto-verso que j'aurais à écrire sur toi, même si je suis fier d'être conformiste au risque d'être ennuyeux à mourir. J'ai aussi tout relativisé, mais si j'ai bossé, mes quelques copains sont heureusement toujours en vie. Je n'essaye pas de changer le monde mais seulement de le décrire avec humour. Si tu m'invites à ton bord, je ne dirais peut-être pas non. Tchatcher pour donner son avis, ce n'est pas toujours des raccourcis. Je te remercie d'avoir fait une exception avec moi. Cela fait aussi passer la pilule du temps qui passe à ne pas être seul au monde, même si je peux insulter l'intelligence de quelques uns.
O
livier: Je ne t'en veux pas. Je suis un solitaire, j'ai néanmoins une vrai tendresse pour notre histoire collective. On se rabaisserait, indigne, en en voulant aux autres de leur impuissance. Être bienveillant, c'est aller chercher la part du merveilleux chez l'autre. La jeunesse meurt. C'est une insulte à tout. C'est l'avenir qui est tué. Plus on vieillit, plus le temps s'accélère. Piloter sa vie, c'est avoir une réalité en face de nous et en fonction de cette réalité, nos choix nous conduisent à une tactique. Aujourd'hui, je suis devenu le marié du lagon. J'essaie d'y rester. Mais, il n'y a plus de "toujours", donc plus de "jamais". Le passé présente souvent des choses que le présent et le futur rendent inadmissibles.  

La conversation s'est arrêtée là.

Je savais que ce serait dur de se confronter à Kerso, mais il a réussi, Nicolas. Il a osé..
O
livier n'avouera jamais qu'il s'est parfois trompé en chemin mais que grâce à la chance, il a pu esquiver les risques avec un management au doigt et à l’œil.
F
lorence terminait "Un vent de liberté" par un chapitre intitulé "De la Fiancée de l'Atlantique à la Vieille Dame de la mer":

"On se croit immortel, invincible, mais les années vous rattrapent un jour. On se sent vieillir, flétrir. Le regard des hommes sur vous change, sans que je m'y suis préparée. Quand on m'appelait Madame Arthaud, j'ai cru que l'on s'adressait à ma mère. On me mettait moins la main au cul et ça me faisait des vacances. Peut-être allait-on me remarquer pour mon intelligence? Mais l'esprit ne remplace pas les formes. J'ai l'impression de vieillir avant même d'avoir grandi. Espérons que l'âge m'ouvre les portes de la sagesse".

Poséidon n'a pas voulu de Florence Arthaud.
C
'est en suivant le chemin d'Icare qu'elle s'est plantée bêtement.
U
n moment solennel pour réécouter les deux disparus, Pierre Bachelet mort dix ans avant elle.
"
Quelque part, c'est toujours ailleurs":  

et "Flo":

 

L'enfoiré, 

 

Citations:

| Lien permanent | Commentaires (7) |  Imprimer