En manque d'europlanisme ? (17/03/2007)
Depuis plus de cinq ans, nous comptons en euros. Et lui, on le suit à la trace. "Mais, à part ça", comme on dit dans la chanson et certains rêveurs qui en espéraient bien plus de l'idée européenne ? Mystère ou bonheur mal compris. "Planisme : Doctrine selon laquelle l'expansion économique ne peut être assurée sans risque qu'au moyen de la planification" (Larousse).
Le 25 mars 2007, c'est la fête pour l'Europe. Son cinquantième anniversaire via le Traité de Rome qui instituait et concoctait, de fait, la Communauté européenne. Cette idéologie a généré un enthousiasme sans conteste. Ce sera probablement le cas encore le 24 mars à Bruxelles. La différence sera plus de monde pour applaudir : de 6 membres, la CE est passée à 27 aujourd'hui.
L'objectif initial était volontairement un rapprochement économique des Etats membres pas avec une intégration politique. Ce stade est arrivé en 1986 avec l'Acte unique européen.
Aujourd'hui, l'Europe est en panne. Après l'élargissement de 2004, l'idée maîtresse d'éviter les guerres et la famine ne suffit plus, il faut remotiver et remobiliser les populations. Le "non' français et hollandais à la Constitution est à considérer pour remodeler ce melting-pot.
Une concertation entre les acteurs d'une pièce avec des accents, des cultures, des religions et des langues différentes est pourtant à l'origine d'un planisme imparfait. Les acteurs de la discorde sont pourtant tous des Européens plus ou moins convaincus et qui vivent, jusqu'à présent du moins, géographiquement sur le même continent.
L'opinion des européens est souvent assez négative. La monnaie unique, l'euro, est considérée comme avantageux par moins d'un européen sur deux. Quand il s'agit d'accentuer la cohésion par des réunions des mandataires, un dialogue de sourds s'engage dans l'hémicycle de la CE à Bruxelles.
En finale, les échecs sont trop souvent remis à une prochaine réunion. Surtout ne pas toucher à la souveraineté des membres. Les concertations manquantes n'ont pu uniformiser des situations par la recherche des bons points de chacun et le rejet de ce qui manifestement n'apporterait aucun bénéfice commun. La pièce est pourtant jouable, mais elle semble être une suite de plans, d'actes avec trop de metteurs en scène. Le plus petit commun dénominateur pour le social a été choisi pour colle à cet ensemble hétéroclite.
Des directives célèbres, type "Bolkenstein" ont été vivement contestées, remodelées, contestées à nouveau et c'est tant mieux. Mais, qui n'avance pas, recule, dit-on.
Le prix d'un magazine français acheté en Belgique est de 53%. Plus cher qu'à Paris d'où le magazine est issu. Un rapide calcul, je suis à Bruxelles, donc 300 kilomètres séparent producteur et consommateur. Distance entre Paris et Nice, 640 kilomètres. Le nationalisme a encore des lunes de réflexion avant d'arriver à une uniformité sociale et commerciale.
Dans l'enseignement, très innocemment, fin du mois d’août, l'acceptation des inscrits pour l'année de cours suivante doit passer par un nouveau jeu pour la Communauté Française en Belgique : le loto. Pas le loto sportif, mais le loto intellectuel qui ne s'embarrasse pas de choisir de manière réfléchie et en connaissance de cause des valeurs des jeunes, eux-mêmes. Trop d'étudiants se présentent pour suivre des cours qui tournent autour de la santé. Ce secteur coûte trop d'argent. Pourquoi investir dans cette direction trop prétentieuse et avec trop de prétentions ?
Le trop plein d'étudiants ne se voit pas en provenance de bien plus loin : France, Pays Bas, Allemagne.
Les particularismes se perpétuent. Les autoroutes ne s'arrêtent pas aux frontières des "anciens" états qui constituent notre Europe, mais sont bel et bien constituées du même bitume, des mêmes conventions de conduite à de très rares exceptions près (elles s'uniformisent...).
Tout semble aller dans le bon sens, oui, mais... Pour des raisons commerciales pures, des raisons qui n'ont plus rien avoir avec l'état qui a cédé dans beaucoup de pays ses droits de préemption au privé, voilà que l'on continue à penser instaurer des vignettes, des péages de toutes formes sur ces autoroutes en oubliant que certaines frontières ouvertes devaient s'accompagner de mesures drastiques de partage et de solidarité dans la maintenance et dans la récolte des fonds pour l'assurer.
Les créateurs, "les marchands d'Europe", auront beau jeu de citer pas mal de points positifs à notre européanisations. Et ils auront raison dans le fond. Nous avons fait beaucoup de chemins mais il y a un véritable boulevard en avant-plan.
L'aide apportée aux entreprises nationales par les gouvernements européens profiterait souvent aux autres pays (Echo du 3/11/2006). Alors, il faut donner l'impression de défendre les entreprises "nationales" contre leurs concurrents "étrangers", étrangers mais peut-être aussi européens. Du "patriotisme économique" (expression du 1er ministre De Villepin) au "protectionnisme", pas beaucoup de différences. Il était constaté dans le même article que le lien entre les nations européennes et les entreprises était de plus en plus ténu. Insensiblement, on divise tout de même l'Europe en blocs d'influences, en grands et petits.
Entre-temps, le chiffre d'affaires de l'entreprise généré à domicile, lui, ne s'élève qu'à 38% en moyenne et continue à baisser. Les emplois suivent le même rythme que les ventes.
En janvier 2007, la simplification des brevets européens était aussi à l'agenda des parlementaires à Paris. Des entrepreneurs et des scientifiques étaient à l’affût. Payer une fortune pour l'obtention d'un titre de propriété dans chaque morceau d'Europe.
En février, à la Commission, on parlait de l'eCommerce pour protéger les consommateurs de biens par les achats électroniques. Les recours ne sont actuellement pas très nombreux en cas de litiges hors frontières. Nous sommes à l'étage du dessous, celui du national.
Une politique d'approvisionnement et de recherche des sources d'énergie aura bientôt atteint un point d'importance sans précédent. La Commission dévoilait en début d'année un embryon de politique énergétique commune. Sur la table des négociations, tout y est en vrac : sécurité d'approvisionnement, réduction du CO2, ozone, renouvelable, charbon, nucléaire. Conclusion : c'est à chaque État membre qu'appartient la décision de recourir ou non au nucléaire.
Le problème de l'immigration, vaste sujet, tellement vaste qu'il y a encore des difficultés de le placer au bon niveau de l'Europe. Les pays qui sont les plus au Sud, près des frontières naturelles avec l'importation de main d'œuvre à bon marché obligatoire ne savent plus absorber le flux de l'immigration. Alors, quand on s'essouffle on ne court plus. Quand l'eau coule trop rapidement du robinet, ferme-t-on le robinet ou agrandit-on le bassin en dessous ? Une gestion des frontières complexifiée est une réalité. Que l'on ne recommence surtout pas la solution Ceuta et Méllilia. Bizarrement, les pays considèrent ce contrôle des frontières comme national et veulent continuer à le chapeauter via des directives nationales. La sécurité, ça ne se donne pas, on s'en assure soi-même. Alors, on filtre, on enregistre les voyageurs, on stocke des informations chacun de son côté.
Dernièrement, à la "Foire du Livre" de Bruxelles, j'assistais à une interview en commun de deux anciens premiers ministres belges convaincus, Marc Eyskens et Wilfried Martens qui étaient là pour la promotion de leur livre. Ils n'ont pas manqué de citer avec ferveur les bons points de notre UE. Les cultures différentes qui naturellement apportent notre richesse intellectuelle et fonctionnelle. J'ai pourtant été très surpris qu'ils n'ont, tous deux, jamais relevé avec emphase les difficultés qui résident dans l'utilisation de langues aussi diverses dans notre concert des nations. Tous deux sont flamands et c'est peut-être la raison qui les a poussés à ne pas citer notre problème typiquement belge : les langues. Le séparatisme est même envisagé à ce niveau réduit. Se comprendre pour commercer est une obligation. Transiter par une langue passe-partout internationale (anglais ou espéranto) est peut-être la solution mais qui se cantonne toujours à des classes sociales privilégiées ou dans le grand commerce. La langue maternelle, celle du terroir, véhicule de nos pensées intimes restera encore longtemps l'obstacle à une intégration homogène. Les patois, les accents, enfin, ne sont que des preuves de plus que même dans une seule et même langue.
Philippe Maystadt, président de la BEI, osait parler de crise grave pour cette œuvre de paix, de démocratie et de prospérité à l'origine.
Le vicomte Etienne Davignon (commissaire européen de 1977 à 1985 remarque à juste titre que l'Europe a bel et bien changé nos vies (Echo 20-mars-2007). Il a vu grandir l'UE. En Belgique, le patronat avait rejeté le traité de Rome. La confiance en l'Europe est trop dépendante de la passion que les gouvernements ont en elle.
Au sujet de ses institutions, une information m'est apparue, troublante. Il existe au sein du Parlement Européen un usage bien ancré qui fait qu'une fois par mois, le parlement européen, au grand complet, déménage pour quelques jours à Strasbourg avec tous ses collaborateurs et un inventaire de bureaux presque complet. La seule raison en est la volonté de la France qu'il en soit ainsi. Cependant, 99% de la facture (environ 200 millions d'euros par an) est payée par les autres pays membres. Aujourd'hui, un certain nombre de parlementaires de différents partis et de différentes nations, ont entamé une action pour stopper ce gaspillage ridicule de capitaux. Pour cela, ils ont besoin d'un million de signatures afin de pouvoir faire inscrire le sujet à l'agenda de la Commission Européenne.
Ce 15 mars, le compteur de la pétition en est à 1.065.266 signatures et il continue de tourner sur oneseat .
Un véritable espace public européen avec une légitimité démocratique est demandé à corps et à cris en “Think&Act” par les scientifiques avec surtout des idées européennes.
TV5, c'est bien, EuroNews, c'est encore mieux. Le “5ème pouvoir”, celui du peuple à l'écoute peut-être ? C'est ce que Daniel Cohn-Bendit disait : "Les gens attendent une sécurisation que l'Europe ne peut pas encore donner".
Comme le disait quelqu'un de la Commission à Dublin : "Il ne faut pas minimiser l'Europe mais bien la maximaliser". Sécuriser les consommateurs pour leur donner confiance. On demande à voir.
Alors, on pourra parler des États-Unis et de l'Europe Unie. C'est bizarre comme le pluriel et le singulier se mélangent les pinceaux actuellement !
Deux voies possibles : une Europe fédérale ou une Europe des régions. Les empires ont fait place aux nations. Les nations, aux régions.
Site du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe puis cliquer sur événements historiques
Bon anniversaire, Europe, parce qu'on cherche encore à y croire...
L'enfoiré,
L'anecdote amusante de la création de l'Europe était rappelée par Paul Herman
Sur Agoravox, aussi, l'européen a son mot à dire
Citations:
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"Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c'est leur connerie, pas leurs différences...", Anna Gavalda
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"Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite.", Henry Ford
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"Chacun, en Europe(s), souhaite, au mieux, rejoindre le nouveau monde; au pire, en suivre les aventures à la télévision.", Jacques Attali
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"Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l'ensemble des habitants de la Terre.", Albert Jacquard
Mises à jour:
23 juin 2007: Un mini traité, une solution miracle est sortie du chapeau européen.
17 octobre 2007 : L'Echo fait mention des "Contradiction de l'UE". Selon le journal, Une personne sur 6 souffre de la faim tandis qu'à raison de 2700 calories par individu et par jour, 12 milliards (le double de la population mondiale) trouveraient la solution à ce problème. L'efficacité n'est donc pas derrière le gouvernail de la coopération au développement.
17 juillet 2013 : A 28, on se pose toujours la question "Faut-il sauver l'Union Européenne"
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Commentaires
Dehaene: «L’Europe ne doit pas devenir la Grèce du monde»
Journées de Bruxelles. L’ex premier ministre y croit : l’Europe dans dix ans sera plus loin que nous n’osons le rêver ».
De la terrasse de son nouvel appartement ensoleillé, Jean-Luc Dehaene a une vue parfaite sur la mobilité humaine. Le canal a ses pieds, le viaduc de Vilvorde à l’arrière plan, et le trafic incessant des avions qui décollent et atterrissent à Zaventem. Dans quelques heures, il va partir pour Strasbourg. Encore quelques mois, et il arrêtera d’être un homme politique actif et un parlementaire européen. Trop tôt pour faire le bilan de sa carrière, mais par contre, en ouverture de notre colloque européen, il souhaite faire part de ses soucis pour l’Europe. L’euro est sauvé mais l’Union a perdu de sa légitimité. Mais l’ex-premier ministre et ?? de la Convention, est convaincu que dans dix ans, nous serons plus loin que nous n’osons l’espérer aujourd’hui.
- Qu’est-ce qui a mal tourné ? C’est la question posée ce jeudi à Bruxelles au président mythique de la Commission Jacques Delors, au président français Valéry Giscard d’Estaing, à l’ex premier ministre espagnol Felipe Gonzalez. Votre réponse ?
- Je vois trois éléments. Le premier réside dans l’élargissement de l’Europe après la guerre froide, suite auquel le continent est devenu « un ». C’était un succès mais ce fut aussi la fin de cette idée émotionnelle de l’Europe de la paix et de la sécurité. Entre-temps, est venue une génération pour laquelle l’Europe, comme la sécurité sociale, allait de soi et pas quelque chose pour lequel vous êtes enthousiaste. Il y avait besoin d’un nouvel objectif : positionner l’Europe comme un joueur mondial. Ce récit est devenu trop rationnel. C’était aussi celui d’un monde qui change et crée de l’angoisse chez les gens et où l’Europe fut identifiée avec la globalisation. L’Europe est devenu le « valet noir » des politiques menées, que les gouvernements au niveau national ont défendues sous la devise : « C’est l’Europe qui nous oblige ». L’Europe en a perdu une partie de sa légitimité.
L’Union monétaire est un deuxième élément. Le but était d’ancrer l’Allemagne en Europe mais des fautes de construction ont été commises. Durant dix ans, et cela me révolte, les marchés n’ont pas vu que la politique dans l’Union monétaire n’était pas suffisamment coordonnée. Ils trouvaient normal qu’il y ait un seul taux d’intérêt pour toute l’union. D’où l’émergence d’une bombe économique dans les pays du sud. Ils ont pu emprunter pas cher et c’est revenu comme un boomerang. On a alors commis à nouveau une faute : sur la pression forte de l’Allemagne et des pays du nord, on n’a pas voulu accepter que l’Union monétaire devait aussi être une union de la solidarité. Il n’y avait pas de budget européen qui pouvait servir de pare-chocs. Pas d’instruments pour une approche européenne. Et l’Allemagne a estimé que chacun devait trouver seul les solutions. Les pays à problème ont du alors assainir drastiquement alors que les marchés eux, étaient tombés dans le travers inverse et voyaient partout des problèmes. Cela pousse les taux dans ces pays à la hausse qui ont assaini pour payer des taux d’intérêt plus élevés. C’est ce que j’avais dû également faire en Belgique. Intenable !
Il y a heureusement eu une volonté politique inébranlable de sauver l’Union monétaire. Les marchés s’en rendent compte aujourd’hui. Peut-on faire plus après les élections allemandes ? C’est « la » question parce que la véritable solution peut seulement venir si on arrive à solidariser une partie des dettes, de façon à ce que les pays avec des taux d’intérêt bas, puissent vraiment se réformer. Évidemment, pour cela, il faut un budget européen revu à la hausse, de façon à pouvoir faire démarrer la croissance au niveau européen, mais on en est encore loin. À cause de la crise financière, le point noir politique s’est déplacé vers une approche intergouvernementale : la dynamique communautaire s’est affaiblie.
Le troisième élément est que le rôle de l’Europe dans le monde s’est développé beaucoup trop lentement. On doit décider trop à l’unanimité et c’est paralysant.
À cause de ces trois éléments, le public a décroché et les populistes qui arrivent, voient dans l’Europe la source de tous les maux et dès lors veulent s’en détacher. C’est ce que dit Geert Wilders aux Pays-Bas : sortons de l’Union monétaire et nous serons débarrassés de toutes ces pleurnicheries.
- Etes-vous inquiet des conséquences de cette crise pour les élections européennes de mai 2014 ?
- Dans les pays où le vote n’est pas obligatoire, ce sera en effet un énorme problème. Le parlement européen est traditionnellement l’avocat de plus d’intégration européenne. Nous risquons désormais d’avoir une forte fraction eurosceptique. Mais cela peut être aussi un avantage. Par son enthousiasme idéologique, le PE précède souvent trop l’opinion publique.
- Avez vous craint une implosion de l’Europe ?
- Non. En Europe, que vous soyez optimiste ou pessimiste ne fait pas la différence. Il faut du volontarisme. Heureusement, il était présent dans le Conseil européen au moment où c’était vraiment nécessaire.
La Commission européenne a pu accroître, à cause de la crise financière, son emprise sur la politique budgétaire des états membres.
Sa position s’est renforcée sur différents plans. Heureusement en fait. Souvenez -vous que les deux premiers pays qui ont péché contre le plan de stabilité étaient la France et l’Allemagne. Je savais déjà en 1999 que cela arriverait car le suivi avait été confié au conseil des ministres et pas à la Commission. C’était le pire signal possible, un sauf-conduit.
J’ai été orphelin cependant d’un leadership de la Commission dans la proposition de solutions. Dans cette Commission figurent en effet ausis les pays qui ne sont pas entrés dans l’Union monétaire. Nous avons dans le Traité d’Amsterdam introduit la collaboration renforcée, mais nous n’avons jamais créé les institutions ou les procédures qui pouvaient réaliser ses promesses. Vous pouvez mettre en place un groupe d’euro-ministres, mais dans le Parlement, on ne peut faire aucun sous groupe. Chaque membre là représente en principe toute l’Union. Une Europe à plusieurs vitesses ou avec des cercles concentriques est l’issue, mais alors il faut faire en sorte que l’ensemble du groupe ne s’effrite pas. C’est facile à dire : il faut faire advenir une Europe-noyau.
Comment voyez-vous le rôle du coulpe franco-allemand, dont la différence de poids économique et politique est devenue si grande ?
Cet axe est historiquement d’une importance énorme. Son fonctionnement dépend des personnes et cela semble aujourd’hui un peu plus difficile. Mais depuis que l’intergouvernemental pèse beaucoup plus, il y a plus que jamais besoin que les grands pays se comprennent. Qu’on aime l’idée ou pas, dans des institutions intergouvernementales comme l’Otan et l’Onu, il ne se produit rien tant que les grands pays ne sont pas d’accord. Les petits peuvent stimuler et inspirer mais ils doivent suivre. C’est seulement si le rôle de la Commission devient plus important que cela peut changer. Une Commission plus forte et donc plus petite, est la meilleure garantie pour les petits états membres. Une Commission à 28 ne peut jamais fonctionner comme un véritable collège. L’habitude de recruter les présidents de la Commission, parmi les anciens premiers ministres n’a pas non plus aidé. Les grands présidents du passé n’étaient pas des ex-chefs de gouvernement.
- L’arrivée d’Herman Van Rompuy comme président permanent de conseil européen a-t-il affaibli la Commission ?
- Non, ce n’est pas la raison pour laquelle la Commission s’est affaiblie. La désignation d’un président permanent était positive. Heureusement que Van Rompuy a joué son rôle tel que nous l’avions défini. Avec Tony Blair, cela aurait été une catastrophe. Il aurait voulu imprimer sa propre marque. Van Rompuy a très bien vu qu’il devait être un facilitateur. La discrétion avec laquelle il a fait cela, sans brusquer les egos des leaders, a été une très bonne chose.
- Que pensez vous que l’Europe sera dans les dix ans qui viennent ?
- Si on avait dit à Schumann, Adenauer et aux autres pères fondateurs de l’Europe de l’époque à quoi l’Europe ressemblerait aujourd’hui, ils ne l’auraient pas cru. Je suis dès lors convaincu que dans dix ans, nous serons plus loin que nous ne le soupçonnons aujourd’hui. De la même façon que, depuis l’éclatement de la crise en 2008, des pas très importants ont été faits. Souvent trop peu et trop tard, parce que l’Allemagne bouge seulement quand elle est convaincue qu’il y a danger. Alors seulement, elle est prête à faire ce qu’elle avait juré qu’elle ne ferait jamais. C’est pour cela que je pense que les eurobonds (obligations d’état européennes) arriveront tôt ou tard. Lors des dernières élections, il est apparu que le peuple allemand ne voulait pas laisser tomber la dimension européenne.
Le problème est le processus de décision à l’unanimité. Mais pour changer cela, il faut une modification de traité. Et quand vous savez à quel point ce processus est difficile, avec des référenda dans tous les pays, vous comprenez qu’il faut des circonstances très spéciales qui doivent être créées pour rendre une avancée possible. Le saut quantitatif dont nous avons besoin est politiquement trop difficile. Je trouve que le travail de Guy Verhofstadt avec son groupe Spinelli est très utile. Mais avec des propositions trop radicales, on prêche dans le désert. Je n’ai rien contre les Etats-Unis d’Europe, mais je sais que je serai marginalisé si je le préconisais. L « noyau dur européen » qu’ils proposent est la bonne direction. Ma question est : êtes-vous certain de qui veut en être ? Quand on voit comment l’état d’esprit a évolué aux Pays-Bas et le ton anti européen des récentes élections en France, il y a de quoi douter.
- D’accord mais le message que nous sommes allés loin avec l’Europe mais que cela va évoluer lentement, n’est pas séduisant ?
- Comment construisez-vous, dans cette « démocratie twitter » où les politiques doivent fonctionner, un slogan qui rende possible qu’on ose aller de l’avant ? Les médias aussi sont concentrés sur l’immédiat. Et pour beaucoup d’entre eux, certainement audiovisuels, l’Europe est très éloignée d’un show télévisé. On dit que l’Europe n’a plus de leaders. Mais Kohl, Mitterrand et Delors, sont comme moi, des hommes politiques d’un autre siècle. Ils travaillaient dans une atmosphère où le politique avait la confiance. On pouvait décider et attendre la sanction lors de l’élection suivante. Aujourd’hui, la pression est beaucoup plus grande.
- La victoire d’Angela Merkel ne démontre-t – elle pas c’est possible : inspirer confiance aux gens ?
- Si vous avez le temps et le courage de faire les choses, cela marche. J’en reste convaincu. Mais on doit se défaire de cette atmosphère qui dit que demain, il y a des élections.
- Vous pouvez aussi être le Schröder de l’histoire ?
- On oublie que Schröder avait débord mené campagne contre Kohl parce que selon lui, Kohl plaçait l’intérêt européen avant l’allemand. Il avait ensuite fait ce dont l’Allemagne avait besoin (cynique) Il n’aurait cependant jamais été réélu sans les grandes inondations en Allemagne de l’Est. Cela démontre comment les élections se déroulent actuellement. Mais il a ainsi pu jeter les bases sur lesquelles Merkel s’appuie encore. Merkel a dés lors, grâce aussi aux fautes des autres, pu dégager l’idée qu’avec elle, pas grand chose n’allait changer. Cela a séduit les gens qui ont peur des réformes. Comment amener un peuple pas à pas dans la bonne direction est l’une des choses les plus difficiles pour un homme politique.
- L’Europe ne doit-elle pas être davantage incarnée par quelqu’un qui inspire ? Une Merkel d’Europe ?
- Je suis pour que quelqu’un puisse parler aa nom de l’Union et non au nom de la somme de tous les intérêts nationaux. Mais comment en arriver là ? Il est beaucoup trop tôt pour une élection directe. Mais imaginer un succédané est selon moi, une mauvaise bonne idée. L’idée vit ainsi aujourd’hui que chaque parti doit présenter un candidat aux élections européennes pour la présidence de la Commission. Le but est bon mais le résultat sera catastrophique.
J’espère que mon parti ne participera donc pas à cela. Un tel candidat doit mener campagne dans tous les pays. Comment va-t-il faire ? Mener campagne dans une langue étrangère ne va pas rapprocher les gens de l’Europe ! Par ailleurs, aucun parti n’aura la majorité absolue. Personne ne peut donc imposer son candidat. Et le conseil européen n’est pas obligé de suivre les résultats. Les meilleurs candidats ne vont donc pas se présenter dans une telle procédure. Et la menace est grande que ce soit quelqu’un de tout à fait autre qui finalement soit choisi ? Ce qui serait le pire message que l’on puisse donner.
- Merkel et Hollande ont les mains libres pour quelques années. Ne doivent – ils pas prendre l’initiative de grands projets pour l’Europe ?
- Des grands projets, d’accord mais alors il faut aussi libérer des budgets, autant au niveau national qu’européen. Sinon on crée des attentes qui ne sont jamais rencontrées. En 2020, cela ressemblera alors à un échec de l’Europe alors que ce seront les états membres qui l’auront arrêtée. Et cela, c’est meurtrier pour l’Europe. C’est une situation de « catch 22 ». Ou l’Europe va de l’avant avec des pas de souris, ou nous pensons à de grands projets séduisants, mais nous n’avons ni les institutions ni l’argent pour le faire. Nous sommes entre deux chaises.
On a besoin de crises pour aller de l’avant. Sans la crise que nous venons de connaître, nous serions moins loin que maintenant. Plus fort encore : dès que les marchés se calment un instant, l’incitation à réformer s’arrête également.
- « Never waste a good crisis ».
- Oui, on doit tirer des leçons. L’Europe était la mieux préparée pour les conférences climatiques. Mais on a oublié de convenir que l’Union devait parler d’une seule voix. C’est minant que l’Europe soit présente au G20 avec sept représentants. On s’affaiblit soi-même lorsqu’on ne discute pas d’une seule voix avec le FMI. Présentez-vous comme Union monétaire et alors les gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank ne sont plus présents alors que celui de la banque d’Angleterre, y est, lui. C’est un problème d’image et de prestige. Mais en termes de rapport de force, il faut parler comme un bloc. Alors vous pourrez apporter quelque chose contre les USZA qui règlent leurs problèmes financiers en les tournant sur le reste du monde.
- Quelle est la première priorité pour l’Europe ?
- Construire le mécanisme de solidarité dans l’Union monétaire. Et cela peut se faire sans modification de traité.
Parfois, je m’interroge : pourquoi cela ne va-t-il pas plus vite ? Nous gaspillons l’argent dans la recherche scientifique, dans la coopération au développement, dans la défense parce que nous restons chacun dans notre coin. Sur la défense, il y a pourtant moyen de faire des économies. Le protectionnisme ne va pas nous sauver. Mais nous devons mettre en évidence le prix de la globalisation. Comme le transport d’aliments qui ont une énorme empreinte économique. On doit traduire cela dans les prix. Sur tout cela on pourrait conclure des accords.
- L’Europe perd-elle son âme à Lampedusa ?
- Nous ne pouvons pas laisser la garde des frontières européennes à l’état membre où cette frontière se trouve. Il faut qu’il y ait un cofinancement et même un corps de gardes frontières européen. On peut mieux gérer la politique d’asile des états membres en comptant l’un sur l’autre. L’Italie a raison de dire que ce n’est pas seulement son problème.
- Un message pour les jeunes européens ?
- Ma devise a toujours été : si comme citoyens européens, nous voulons avoir une voix, ce sera une voix européenne. Si nous ne réussissons pas cela, alors ce sont les autres qui décideront pour nous. C’est notre défi. Il est question ici de la différence entre l’Europe comme joueur mondial, avec une réelle influence, ou de l’Europe devenue la Grèce du monde. Un endroit vers lequel les gens voyagent à cause de son passé mais pas pour la dynamique qui s’en dégagerait. J’ai été passionné par le dernier livre de David Van Reybrouck « Contre les élections » (bientôt traduit en français, ndlr). Nous oublions trop souvent que la démocratie parlementaire est née dans une société tout à fait différente de la nôtre. Les institutions doivent évoluer en Europe comme en Belgique. La démocratie au temps de Twitter est autre que lorsque la presse écrite dominait. Je suis trop d’un autre temps pour dire comment cela doit changer. Mais je vois bien que la démocratie est une plante fragile Elle a déjà prouvé qu’elle peut s’autodétruire de façon démocratique. J’espère que, comme après la crise des années 30, nous ne devrons pas à nouveau tout recommencer de zéro, après quatre ans d’interruption.
http://www.lesoir.be/335870/article/actualite/monde/2013-10-08/dehaene-l-europe-ne-doit-pas-devenir-grece-du-monde
http://www.rtbf.be/video/detail_le-grand-oral-jean-luc-dehaene?id=1858525
Écrit par : L'enfoiré | 09/10/2013
La 'débureaucratisation' de l'UE: tout doit partir
Sous la pression des des critiques portant sur les réglementations excessives et de la montée en puissance des partis eurosceptiques dans les différents États membres de l'UE, la Commission européenne a commencé à rédiger un document de travail qui propose un « nettoyage de la législation européenne », en clair l’élimination des règlementations absurdes qui ont été empilées, parfois sous la pression des lobbies. « Less is more », semble désormais penser le président de la Commission, José Manuel Barroso, qui est l'un des initiateurs de ce gigantesque projet. La Commission veut établir une distinction entre ce qui relève d’une réglementation «pertinente» d’une loi bureaucratique « insensée».
Tous les services ont donc été invités à identifier les réglementations superflues présentes dans leur domaine d'expertise, et depuis le premier août, les rapports correspondants ont commencé à sortir. Le 2 Octobre, la commission a présenté le document de travail, qui en tire les conclusions. Mais selon le journal Die Welt, qui a eu communication de ce document, ce ne sera pas une mince affaire :
« Après avoir examiné les résultats, les responsables du projet ont établi une liste sujette à critiques: presque tous les commissaires et les directions générales sont concernés et des pans peuvent être supprimés dans presque tous les domaines de la législation européenne ».
Le projet suscite de vives critiques de la part de plusieurs services qui ont été habitués à réguler tout ce qui pouvait l’être. Reglementer, émettre des lois, est l’objet même de la Commission, et certains ont donc du mal à envisager que des réglementations soient jugées « inutiles » alors qu’elles ont été conçues par la Commission elle-même. Certains des détracteurs de ce projet ont averti Barroso qu’ils le désapprouvaient. Or, en cas de différend sur une des réglementations jugées superflues, il est prévu de la maintenir en l’état. « Il faut attendre de voir ce qui restera en fin de compte de la longue liste des recommandations de domaines où une «débureaucratisation» doit être envisagée », écrit Die Welt.
Source: http://www.express.be/joker/?action=view&cat=platdujour&item=la-debureaucratisation-de-lue-tout-doit-partir&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=
Écrit par : L'enfoiré | 12/10/2013
Jacques Delors au Grand Oral et parler de l'Europe
http://www.rtbf.be/video/emissions/detail_le-grand-oral?pid=5633
Écrit par : L'enfoiré | 13/10/2013
Le soutien en faveur des Etats-Unis d'Europe est en train de s'évanouir
Au sein de l’UE, la volonté de mettre en place une union politique est en train de s’évanouir, rapporte le Wall Street Journal. Le sommet Européen qui a débuté ce jeudi, et au cours duquel devaient être débattues des questions de coordination de politiques économiques, ne sera finalement pas aussi ambitieux. Plusieurs eurocrates d’Etats-membres différents affirment qu’ils ne croient plus que les éléments pour construire un gouvernement unifié pour les dix-sept pays de la zone euro, comprenant la base d’un budget unifié, et un système bancaire unifié, pourront être définis d'ici 2014.
C’est l'Allemagne qui mène cette fronde contre la construction de cette Europe politique, sous la houlette de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Le mois dernier, il s’est farouchement opposé à une proposition qui aurait conféré aux Eurocrates le pouvoir de trancher le sort d’une banque (la sauver ou la laisser couler) en cas de difficultés, et qui faisait partie du projet d’union bancaire. Mais l’Allemagne y a vu une mesure qui permettrait d’utiliser l’argent des contribuables allemands pour sauver des banques espagnoles ou italiennes. Schäuble a donc rallié derrière lui des Etats-membres tels que le Royaume Uni, qui ne font pas partie de la zone euro, et qui ne souhaitent pas attribuer plus de pouvoirs à Bruxelles, pour s’y opposer.
Le besoin d’une union plus étroite s’était intensifié l’année dernière, au moment où la panique sur les marchés financiers européens était telle qu’il semblait que l’euro allait se disloquer. La crise a révélé qu'une monnaie commune associée à des politiques différentes ne garantissait pas la stabilité. Les marchés financiers se sont calmés depuis, mais les problèmes de fond du chômage, de la dette et de la fragilité du système bancaire européen demeurent, suggérant que la crise peut revenir à tout moment.
Les responsables européens ont déjà pris des mesures pour renforcer l’union monétaire, comme la mise au point d’un fonds de secours permanent, de nouvelles règles pour éviter les dépenses excessives, et le renforcement des pouvoirs de la Banque Centrale Européenne (BCE), pour lui permettre de stabiliser les marchés d’obligations souveraines, et de superviser le système bancaire européen.
C’est Herman Van Rompuy qui a mené les initiatives pour la construction d’une union financière et politique plus intense, à partir de mai 2012, alors que les fuites de capitaux s’échappant d’Espagne et d’Italie étaient à leurs sommets, menaçant l’intégrité de l’euro. La crainte de la désintégration de l'Union européenne a fait rêver d’une Europe fédérale basée sur l'exemple américain.
Mais en septembre, la promesse de Mario Draghi, le patron de la BCE, de faire tout ce qu’il faudrait pour sauver l’euro, en calmant les marchés financiers, a également dissuadé de prendre des décisions politiquement impopulaires, et les Etats-membres se sont mis à procrastiner en matière de construction européenne.
Schäuble s’est évertué à tuer dans l’œuf le projet d’union bancaire auquel la chancelière Angela Merkel avait pourtant donné son aval en juin sous la pression de la France, de l’Italie et de l’Espagne. Le ministre des Finances allemands a rencontré ses homologues hollandais et finlandais dan la banlieue d’Helsinki en septembre 2012, et au terme de cette entrevue, ils ont décrété que « Les actifs hérités du passé devaient être placés sous la responsabilité des autorités nationales », l’acte de décès d’une union bancaire.
En décembre, Merkel a rejeté le projet de budget pour la zone euro de Van Rompuy, comprenant une assurance-chômage commune et une politique commune de relance avec des stimuli économiques, estimant que l’Allemagne avait déjà fait montre d’une générosité suffisante. Lorsque Van Rompuy s’est tourné vers la France pour tenter d’obtenir du soutien, il n’a recueilli que le silence du président François Hollande.
Cette année, Merkel a soutenu les mesures en faveur d’un plus grand contrôle des politiques économiques pour améliorer la compétitivité des Etats-membres, mais elle s’est opposée à un changement majeur dans les traités.
Selon Guntram Wolff, qui dirige le think tank Bruegel à Bruxelles, l’Allemagne est de plus en plus favorable à un modèle où les pays sont responsables chacun pour eux. Exit donc, les projets d’union bancaire et politique : « Nous n’aurons qu’un euro qui survivra, et non pas un qui fonctionne bien », déplore-t-il.
Source: http://www.express.be/business/?action=view&cat=economy&item=le-soutien-en-faveur-des-etats-unis-deurope-est-en-train-de-sevanouir&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=
Il ne faut pas croire que le problème s'arrête là.
Les mafias sont entrées dans les instances européennes, mafias.
http://fr.euronews.com/2013/10/23/les-mafias-sont-entrees-dans-les-instances-europeennes/
Gangrène de la démocratie qui vise les médias.
http://fr.euronews.com/2013/10/22/ndrangheta-la-gangrene-de-la-democratie-vise-les-medias/#main
Écrit par : L'enfoiré | 25/10/2013
Que se passerait-il si un Tea Party européen remportait 30% des votes aux prochaines élections européennes?
Selon les derniers sondages, des partis européens tels que le Front National de Marine Le Pen (France) et le Parti pour la Liberté de Geert Wilders (Pays Bas) pourraient être les grands gagnants des élections européennes de l’année prochaine. Marine Le Pen, que les derniers sondages créditent de près de 24% des intentions de vote aux élections européennes, cherche actuellement à rallier tous les partis souverainistes sous la bannière de l’Alliance Européenne pour la Liberté. Cette fédération regrouperait déjà le FPÖ autrichien, le Vlaams Belang belge et les Démocrates suédois, et serait en cours de négociations avec le Parti pour la liberté de Geert Wilders.
Si ces partis recueillent le succès que les sondages leur prédisent, nous pourrions assister en Europe à la même paralysie politique qui a pu être observée au cours de la récente crise budgétaire aux Etats-Unis, avertit le politologue Jan-Werner Mueller dans le Guardian : «De même que le Tea Party a transformé le Congrès en une institution paralysée se détestant elle-même, une alliance de partis anti-européens pourrait apporter à l’Europe sa propre version d’une impasse s’ils remportent suffisamment de voix au cours des élections européennes de l’année prochaine. Les élites européennes - et tout citoyen qui se soucie du sort de l'UE – devraient commencer à songer à un tel scénario ».
« Les initiatives pour rendre l’Europe plus démocratique ont toujours consisté à donner plus de pouvoirs aux parlementaires européens, parce qu’elles partaient toujours de l’hypothèse naïve que le parlement serait toujours pro-européen. Mais qu’en serait-il si une version européenne du Tea Party s’en emparait, un groupe qui fait campagne en clamant que le gouvernement lui-même est un problème ?
« Au cours d’une récente interview avec le New York Times, le Premier ministre italien Enrico Letta a averti que les partis traditionnels pro-Européens devraient recueillir au moins 70% des sièges pour éviter «une législature cauchemardesque ».
« Aussi, à moins qu’ils ne veulent réellement une UE dysfonctionnelle, les citoyens européens devraient y réfléchir à deux fois avant de voter pour de tels partis. Ils n’auraient pas des politiques différentes, mais une paralysie. Il y a de véritables alternatives – même à l’austérité – et il y a un authentique spectre d’options gauche/droite au parlement, plus même que dans beaucoup de parlements nationaux. Il est démocratiquement légitime de vouloir protester, mais il est aussi important de se prendre au sérieux, et de prendre son suffrage au sérieux. Le ‘shutdown’ est pour les adolescents politiques, pas pour les adultes ».
Source: http://www.express.be/business/?action=view&cat=economy&item=que-se-passerait-il-si-un-tea-party-europeen-remportait-30-des-votes-aux-prochaines-elections-europennes&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=
Écrit par : L'enfoiré | 25/10/2013
«débureaucratisation» ? dommage que ce ne soit pas assorti d'une purge fonctionnariale ainsi que l’abrogation des héréditaires "fils&filles de"
Écrit par : zelectron | 26/10/2013