Fin de la faim par les banques alimentaires (06/10/2010)

1.jpgLa population qui a faim dans le tiers-monde n'a pas diminué malgré les projets de l'ONU. En Belgique, 9 Banques alimentaires et 650 associations de terrain aidaient 106.000 démunis de ce qu'on appelle le quart-monde, il y a quelques temps. A ceux qui ont de l'urticaire en entendant le mot "banque" ne quittez pas.

Au sujet de la faim dans le monde, un Expresso nous renseignait du contrat de l'ONU. Olivier De Schutter, rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation revenait, récemment, sur les objectifs du millénaire et notamment sur la réduction de cette faim dans le monde. En substance, la 65ème assemblée de l'ONU à New-York pour l'un des huit objectifs les plus importants pour 2015 de la lutte contre l'extrême pauvreté, contre la mortalité infantile et pour réduire la faim dans le monde. Il y a aujourd'hui 925 millions de personnes qui souffrent toujours de la faim contre un milliard l'année passée.

Cela semble un progrès si on ne compte pas l'augmentation globale des populations.

En 1990, on en comptait 830 millions, soit 20% à réduire à 10%. L'objectif de réduction, on peut parler d'un échec. Échec plus cuisant pour certaines régions plus que d'autres. La Chine a réduit considérablement le problème de la faim. En Afrique Sub-Saharienne, c'est plutôt en augmentation réelle et absolu avec plus de 30% de la population en dessous de tous les types de seuil de pauvreté avec 239 millions de personnes dans le cas.

Depuis 2008, on a pris conscience que les politiques sont mal orientées, suivies par l'impunité de ses dirigeants pour avoir créé plus d'inégalité qui en sont les principales causes.

faimLa charité, l'humanitaire remplacés par le droit à l'alimentation ne pourraient compenser ce manque de conscientisation, de gouvernements passifs et sans responsabilités de ceux qui sont élus et en charge d'améliorer l'existence de leurs habitants. Sans cela rien ne se passe.

Une taxe de 0,005% sur les transactions monétaires proposée pour contribuer à l'éradication de la faim dans le monde, serait déjà trop d'après Bob Geldof. D'autres parlent de 0,7% de PNB, vu le ridicule du pourcentage. 

faimUn déjà vieux journal Écho faisait mention des "Contradictions de l'UE". Selon le journal, une personne sur 6 souffrait de la faim tandis qu'à raison de 2700 calories par individu et par jour, 12 milliards (le double de la population mondiale) trouveraient la solution à ce problème.  L'efficacité n'était, donc pas, derrière le gouvernail de la coopération au développement.

 Paul Hermant, de la RTBF, signait ces mots, il y a quelques temps déjà :

Vous connaissez probablement la chanson de Boris Vian : "Ah, si j'avais un franc cinquante, j'aurais bientôt deux francs cinquante, ah si j'avais deux francs cinquante, j'aurais bientôt trois francs cinquante" et ainsi de suite. Et, je me donne jusqu'à l'âge de la retraite ou à peu près, pour compter ainsi jusqu'à 100 millions d'euros, cinquante ! Car c'est ce pactole, ou à peu près, qu'a remporté, en effet, un joueur inconnu, en cochant un billet belge de l'euromillions. Je ne sais pas si vous êtes de mon avis, mais je trouve que l'on parle beaucoup moins de ce gagnant-ci que des précédents, ce petit couple bruxellois qui en avril dernier avait empoché 75 millions - ce qui était déjà pas mal mais tout de même beaucoup moins -, et ne me laissez pas penser que c'est parce qu'à l'extrême misère comme à l'excessive richesse l'esprit humain s'habituerait tout autant et tout aussi rapidement… Avez-vous remarqué, d'ailleurs, que s'il existe un seuil de pauvreté, il n'existe pas de seuil de richesse ? Pourtant, l'on se dit que seuil pour seuil, celui de la richesse nous intéresserait également. Mais non. Pour la fortune, ça n'existe pas, on n'a inventé ce seuil que pour la misère. Et avec le seuil de pauvreté, il n'y a pas trois solutions, soit on est en dessous, soit on est au-dessus. Être en dessous, c'est avoir moins de 772 euros par mois. Être au-dessus, c'est tout simplement être au-dessus. On ne met pas de barème à ce qui est supérieur. Tout ce que l'on peut calculer, c'est que ces 100.000.000 d'euros représentent 129.533 seuils de pauvreté mensuels ou 10.794 seuils de pauvreté annuels, mais je dis cela sans être sûr, je ne sais pas si un seuil de richesse représente deux fois, cent fois, mille fois ou dix mille fois un seuil de pauvreté. Là-dessus, les chiffres ne nous aident pas. Même les parachutes en or des grands patrons - en 2005, Daniel Bernard, Carrefour, 35 millions d'euros - nous sont de peu de soutien, dans ces cas-là. C'est pourquoi aucune sorte d'indicateur ne nous permet de qualifier et de quantifier ce que serait, par exemple, qu'être scandaleusement riche mais que nous pouvons très vite escompter ce que c'est qu'être insupportablement pauvre. Et voilà justement que l'on apprend qu'après l'euromillions, on parle désormais d'un lotto mondial. Vite, vite, inventons vite des superlatifs à « scandaleusement riche ». Pour « insupportablement pauvre », par contre, il n'y a pas besoin de chercher. Voilà une formule qui me semble en effet déjà largement mondialisée.

Depuis, puisqu'il parlait de Carrefour, il y a eu les grèves chez Carrefour, dont j'avais parlé pour une autre histoire. Les grèves ont trouvé une réponse qui ne satisfait qu'à moitié le personnel.

On se rappelle, qu'en début d'année, les denrées périssables non vendues avaient été distribuées à profusion dans les Banques alimentaires et non pas dans les poubelles comme on pourrait s'y attendre.

Le soufflé est retombé. Des grèves, mais plus dans le secteur de la distribution.

 1.jpgQuand on parle de banques, cela n'a rien à voir avec les banques qui thésaurisent nos petites épargnes. Celles-là s'organisent, avec la solidarité, en voulant changer au mieux la situation des gens qui ne se retrouveront plus devant les guichets de leurs homologues. S'il existe le tiers-monde, le quart-monde se retrouve de plus en plus à notre porte parmi la classe moyenne qui descend les marches de la richesse.

Jean Delmelle, président des Fédérations belge et européenne des Banques Alimentaires, qui regroupaient 17 états donnait quelques idées sur les buts et les conséquences, était venu s'expliquer à la radio. Il y a  de cela, déjà deux ans. Les chiffres mentionnés sont peut-être dépassés. Voici en substance, ce qui avait été dit.

Les banques alimentaires ont pour objectif d'apporter une aide complémentaire aux personnes en détresse en sauvant de la destruction les surplus de nourriture parfaitement consommables.

L'idée des actions les plus visibles, les 2 à 3 fois par an à l'occasion d’une opération de générosité, est complètement fausse. La gestion des surplus est une affaire de tous les jours.

A la base, il y a les 250 bénévoles qui sont là pour jouer un rôle important dans l'aide des démunis et des gens qui ont faim qui sont chaque année plus nombreux. La juxtaposition entre ces gens pauvres et les gaspillages énormes qui se pratiquent. Personne n'en profite.

"Ce qui me scandalise, ce n'est pas qu'il y ait des gens riches et des pauvres, mais le fait qu'il y ait tout ce gaspillage", disait Mère Thérèsa.

Le principe de la gratuité est rigoureusement suivi. Pas d'achat ni de vente de nourriture pour ne pas créer de jalousie entre donateurs. Les démunis n'ont pas non plus à payer pour obtenir cette nourriture et ces colis alimentaires.

9000 tonnes de surplus sont récoltés par ans par les organisations. Les sources d'approvisionnement et de gaspillage sont les industries agro-alimentaires (38%), la distribution par grands magasins (22%), l'Union Européenne (26%) venant des surplus de la politique agricole commune (B.I.R.B) et les criées (3%) avec les invendus sont assemblées et redistribués. La gestion des stocks nécessite une grosse organisation. Après les vivres et les bénévoles, il faut avoir les entrepôts, les chambres frigorifiques et les camions pour chercher et distribuer les vivres. Un véritable réseau s'installe avec un contrat commun d'aider et de "restaurer" les gens pris dans la tourmente de la faim et de tentative de réinsertion sociale dans une vie meilleure.

On comptait 40.000 personnes dans le besoin qui en bénéficiaient en 1990. 5% d'augmentation tous les ans s'y ajoutèrent. Le surendettement, problème récent à ajouté une couche à cette catégorie. Ceux qui y recourent ne bénéficient d'aucune aide officielle. On se base uniquement sur le revenu. Pas de moralistes dans l'organisation, il fallait porter une aide de ce côté quart-monde. Le taux de pauvreté, lui, ne faisait qu'augmenter. Sans la sécurité sociale, hors pension, 35 % de gens en Belgique seraient en dessous du seuil de pauvreté. Il restait 15% qui viraient dans la même situation.

Au niveau européen, les surplus sont considérables et les réduire était l'objectif numéro un. Mais, la disparité entre pays était notoire. Convaincre les autorités de ces pays de l'utilité de l'action de récolte était primordiale. En Belgique, avec vingt ans d'expérience dans le domaine de l'aide aux démunis, permettait de former les nouveaux pays, dont le seuil de pauvreté est encore en deçà du nôtre. Les pays de l'Est de l'Europe devraient s'y intéresser tôt ou tard.

Pour raison d'éthique, obtenir des produits comestibles, tout à fait valables et dont la date de péremption n'est jamais dépassée, était obligatoire.

Le problème d'augmenter le nombre de bénévoles, pas assez nombreux, parmi les prépensionnés ou pensionnés était toujours d'actualité. Le temps libre utilisé utilement devrait prendre place dans l'esprit de ceux qui en avaient l'envie ou qui se retrouvaient à tourner en rond chez eux. Les compétences n'y étaient pas nécessairement présentes ou tout à fait en concordance avec les besoins de l'image du bénévolat, n'était pas une raison sine qua non. Inciter les candidats au volontariat pouvait trouver une solution par l'intermédiaire d'Internet.

Chercher les raisons de l'état de déperdition des gens qui se surendettent ou qui perdaient leur emploi, n'était évidemment pas du ressort des Banques Alimentaires. Elles n'étaient qu'en aval du processus de la faim. Sortir les gens de leur perte d'identité et de leur désespoir, était envisageable, mais ce n'était pas le but de ces organisations. S'attaquer aux causes était une opération différente et qu'il fallait prendre en considération de manière déterminée.

Rester apolitique était une obligation pour ne pas tomber dans le domaine du juge et parti. L'indépendance était un "must".

Cela, c'était, il y avait deux ans. L'imparfait des verbes peut être toujours mis au présent.

Plus récemment, on apprenait que les Banques d'alimentaires manquaient de vivres. Déjà de 10 à 11% de vivres en moins cette année, une baisse du nombre de denrées non périssables qui intervient alors que le nombre de personnes dans le besoin ne baisse pas, lui.faim

Comme il était dit dans le billet en lien, les raisons sont simples à comprendre.

Les méthodes de production, de plus en plus efficaces dans les industries, tout d'abord. On rationalise la production et sa distribution. Moins de surplus dans la fabrication des produits: "L'industrie travaille de mieux en mieux. Ils font de moins en moins d'erreurs dans les prises de commande, dans le processus de fabrication. Ça, cela tourne à moins de 1 pour 1000 de leur chiffre d'affaires, donc pratiquement il n'y a plus de gaspillage au niveau de l'industrie. Donc moins de gaspillage, moins de produits perdus. Cela veut dire tout simplement, moins d'approvisionnement pour les banques alimentaires.".

faimLa crise économique affaiblit, ensuite, les collectes auprès du grand public et les grandes surfaces jettent de moins en moins. "Certains producteurs essayent quand même, quand ils ont des surstocks, de les vendre à un prix réduit. C'est naturellement une part qui ne nous revient plus. Cette dernière chose est certainement valable dans les grandes chaînes d'alimentation."

La conclusion était que tant que le nombre de personnes qui font appel aux banques alimentaires, reste stable, cela ira, mais, en cas d'augmentation, l'organisation pourrait être confrontée à un réel problème d'approvisionnement.faim

Sus au gaspillage en vivre, pour les récolter et sus aux volontaires bénévoles et désœuvrés, pour meubler leur temps, voilà les mots d'ordre pour cette fois encore.

Du 14 au 20 octobre, 20ème collecte chez Delhaize.

Pour les allergiques au mot "Banque", sachez que les Banques sont ouvertes et elles sont sans danger et alimentaires.

 

L'enfoiré,

 

Un vieil article avait fait un écho intense "Faim dans le monde: une insurrection morale est-elle encore possible?"

 

Sur Agoravox, des banques ou de l'alimentaire?

 

Citations:

 

| Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : faim |  Imprimer