La vie privée, la belle affaire.. (17/08/2006)

Le respect de la vie privée, une priorité. Oui, mais pas pour tous et partout.

Le site Intelius, "Live in the know" va balayer toutes ces idées "préconçues" de la responsabilité de la vie privée et du respect d'autrui.

Avoir un esprit de "concierge" qui se retrouve à l'affut de tout événement croustillant derrière ses rideaux, voilà la première étape d'un processus d’empiétement des plates bandes d'autrui.

Pourtant, nous sommes avec cette manière d'être un peu délictueuse, très loin de ce que permet internet aujourd'hui.

C'est plutôt ringard, ces moyens non informatisés et qui obligent à être partout à tout moment pour ne rien laisser échapper à sa "sagacité".

Plus besoin de cacher sa manière d'être et de vivre, les informations sont présentes et disponibles à qui est près de déposer une petite obole dans la sébile.

Sans bourse délier, il est déjà désormais moyen de s'informer, quoi de plus naturel, sur une foule de renseignements anodins au sujet de son voisin: où habite, où il a déménagé, s'il est marié. "Anodins", tout dépend évidemment pour qui.

Le pays de la nouveauté, les Etats-Unis, bien sûr, là où les expérimentations les plus folles sont initiées dans le plus grand flegme. Là bas, sa fortune, on ne s'en cache pas en général. On l'affiche au grand jour. Circulez sur les rives le longs des côtes de Floride, et on vous annoncera fièrement le prix des maisons croisées: 1 million de dollars (quel pauvre bougre, imagine-t-on, 5 millions de dollars, et j'en passe,

Donc, pourquoi se priver. La voie royale de la proclamation des réussites est du parcours. Aucun dérapage, en vue. Et cela fait fureur dans les chaumières du drapeau étoilé. Rares critiques sinon de la part de détectives qui considèrent les données trop peu actualisée.

Les vidéo surveillances existent mais la vision des images enregistrées étaient réservées exclusivement à des yeux "avertis".

Mais où habite Madame Mac et aussi quel est l'historique de ses déplacements ? Ses différents téléphones? Qu'est-elle devenue? Est-elle plus âgée que moi? Habite-t-elle dans une maison complètement payée (photos par satellite et différents renseignements sur l'environnement à l'appui)? Son casier judicaire est-il vierge?

En effet, l'info peut s'accompagner de l'image en prime. Google va y aider avec son outil "Google Earth" car, dans peu de temps, il sera même possible de zoomer sur la maison et qui sait, sur cette Madame Mac en train de déjeuner sur la terrasse avec un clin d'œil du satellite au passage. La technique a ses secrets qu'il vaut mieux garder sous le manteau.

Pour obtenir des infos sur la fortune, de ses petits travers judiciaires et vices de cette chère Madame Mac. au pire, il faudra donner une identification et le numéro de sa carte de crédit. Mais, ce n'est vraiment pas cher, à peine une dizaine de dollars par mois, une pitié. Et puis, on peut vérifier dans le même temps ses propres données. Le pied, quoi.

Ces compléments aux fameuses Pages Blanches du bottin ne sont peut-être qu'une étape et des idées plus subreptices se creusent probablement pour ajouter des données plus intimes.

La cerise sur le gâteau pour l'employeur éventuel, celui-ci peut obtenir un rapport de "Instant Employment Screening", qui permettra de donner le maximum d'informations type criminel historiques ou actuelles sur le crédit de son candidat. Ses infractions de roulages peuvent aussi servir pour établir un profile. Plus moyen de se tromper lors de son engagement.

"Live in the know. Live Inteliusly", voilà la devise.

Le site a même été récompensé pour la justesse de leur initiative comme meilleure nouvelle entreprise à la croissance de 700% en 3 ans par l'American Business Award.

Nous y sommes dans le monde du secret. Y-a-qu'à demander. Comme dit la publicité, la vraie connaissance peut faire toute la différence.

Protéger ses intérêts et ses entreprises quoi de plus normal dans ce monde complexe.

En Belgique, la loi empêche ce genre de dérive. Des sociétés ayant pignon sur rue rassemblent les données concernant la situation de confort d'une société commerciale mais pas de l'individu en propre. Corine Dautrelepont, avocate spécialisée en droit des médias et de la communication, affirme haut et fort que ce genre d'information est très fortement encadré par la législation. Elle cite un exemple du gouvernement flamand qui avait publié sur son site une liste des sportifs sanctionnés pour dopage. Le gouvernement flamand s'est vu contrer par des recours judiciaire qui sont arrivés jusqu'à la cours d'arbitrage pour obtenir la suspension et l'annulation.

Heureusement qu'il y a l'Atlantique entre nous et qu'en plus les deux continents continuent de s'écarter.

(Source: Journal Télévisé RTBF1 14 août 2006)

Mise à jour du 6 février 2007: Un billet de Paul herman de la RTBF, au sujet de la réflexion sur les écoles qui impose patte blanche à l'ouverture de leur porte:

Vous permettez, jeune homme, que j'emprunte votre empreinte ? Vous promettez d'être sages et de poser vos doigts sur le captage juste avant de passer le grillage ? Là, je vous parle de l'école Marie-José, à Liège, dans le quartier d'Outremeuse où, depuis hier, comme vous le savez, les deux cents élèves de cet institut technique et professionnel se font encoder la phalange, de sorte que leur empreinte digitale soit désormais leur sésame pour entrer et sortir de l'établissement. C'est drôle, mais lorsque je suis parti visiter le site que l'institut Marie-José partage avec le collège Sainte Véronique, pour en apprendre un peu plus sur le projet pédagogique, je suis d'abord arrivé sur la rubrique « Carte d'identité » qui ouvrait sur « Renseignements généraux », et j'aurais pu croire qu'un effet de sens menait assez directement à la case « Empreinte digitale » mais non, le mauvais esprit n'est pas de mise, car voilà aussi un institut dont les élèves étudient les changements du climat, une école qui organise un voyage de fin d'année à Breendonk et qui travaille sur de forts intéressants projets européens pour Luxembourg 2007. On dirait donc bien qu'on est là dans l'idée et le principe même de ce qui fait l'éducation qui, littéralement, signifie « conduire quelqu'un en dehors de lui-même, le tirer vers ce qu'il ne connaît pas » et voilà donc bien, se dit-on, des professeurs qui savent ce que sont et l'émancipation et l'autonomie. Et c'est pourquoi l'on ne trouve pas de réponse à cette inquiétante question : comment une école qui emmène ses élèves à Breendonk en arrive-t-elle à contrôler leurs empreintes digitales ? On connaissait déjà les caméras de surveillance dans notre enseignement, et ce n'est pas la première fois que l'on a recours à des senseurs - je parle là du procédé optique par quoi se reconnaissent les empreintes - pour pallier le manque d'encadrement et assurer aux écoles une sécurité interne que le monde extérieur semble leur mégoter. Mais dira-t-on à ce directeur que l'on trouve désormais de faux doigts en gélatine que l'on peut fabriquer en moins d'une heure, qui coûtent moins de dix euros et qui permettent de tromper 80% des systèmes de reconnaissance d'empreintes digitales ? Ce qui pourrait, à tout prendre être un excellent travail de fin d'année pour les élèves de cette école technique et professionnelle qui trouveraient là matière à mettre en perspective les expériences pédagogiques de leur direction. Au fait, je vous parlais la semaine dernière, de cette autre direction d'école, à Ostende, tout occupée, elle, à lutter contre le tabac et qui voulait faire porter aux fumeurs des badges discriminants. Eh bien, elle est revenue sur sa décision et a retiré son projet. Elle préfère désormais le patch au badge. Comme quoi on a toujours raison de faire confiance à la raison. Vous n'en êtes pas sûrs ? J'en mettrais ma main à couper.”

 

L'enfoiré,

 

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