Oléron, la lumineuse (19/07/2019)
Période de vacances oblige, alors retournons sur ses chemins.
L’île d’Oléron est située dans le golfe de Gascogne, en région Nouvelle-Aquitaine, au large des côtes de la Charente-Maritime. Avec les îles de Ré, d'Aix, Madame et Nôle, elle fait partie de l'archipel charentais.
Avec ses 30 km de long sur 8 km dans sa plus grande largeur et sa superficie de 174 km2, elle est la plus grande île française métropolitaine après la Corse. Une population de plus de 21.000 habitants permanents.
Sa capitale, Saint-Pierre-d'Oléron, est le principal pôle commercial et artisanal de l'île où se trouve le Château-d'Oléron, siège de la subdélégation avec sa garnison.
Reliée au continent par le 3ème plus long pont de France après celui de l’île de Ré et de Saint-Nazaire. Avec ses 2.862m de long, ce pont est aussi le plus vieux de France qui a relié le continent à une île.
Pierre Loti, surnommait l'île de « Oléron la lumineuse » en raison de son fort taux d’ensoleillement tout au long de l'année.
En 2015, Léopoldine parlait de "l'île Ré, rayon de soleil d'or".
Cette fois, c'est de l'île d'Oléron d'où elle est revenue dimanche dernier.
Les questions et les comparaisons entre cette île et l'île de Ré s'imposent.
Commençons par ce qu'il en est dit lors d'un "Télé matin"
Un petit coup d'œil rapide dans le rétroviseur du temps pour commencer.
L'occupation humaine de l'île est attestée dès le Néolithique. Aliénor d'Aquitaine séjourne au Château-d'Oléron en 1199. Elle y rédige une série de règles maritimes connues sous le nom de Rôles d'Oléron, avant de se retirer à l'abbaye de Fontevraud où elle meurt en 1204.
En février 1625, le protestant Soubise s’empare de l’île. Reprise ensuite par le duc de Guise, après un débarquement, appuyé par les flottes hollandaises et anglaises..
L'île est l'une des dernières poches de résistance allemande de la fin de la Seconde Guerre mondiale et est libérée fin avril 1945 par le débarquement de plus de 8.000 hommes.
Interview
- Eriofne: Le site "Île d'Oléron : les meilleures activités" explique ce qu'on peut y trouver et y faire.
- Avant d'aller plus loin, parlons du climat actuel, il fait très très chaud actuellement en cette fin de juin. Le vent est là mais tellement léger qu’il n’arrive pas à refroidir l’atmosphère. Ce matin tôt, on a été chercher le poisson à la vente directement des bateaux qui rentrent de la pèche. C’est pour rien …. 3 euros pour un dos de cabillaud gigantesque. Mais il faut avoir le cœur bien accroche car il y a des centaines de mouches. Les étalages sont protégés par des filets blancs et tu soulèves le filet pour payer et prendre ton poisson. Oléron c’est du brut servi tel quel…. On a été visité des marais ou vivent plein d’oiseaux. C’est vraiment leur territoire et tu peux les observer de très près. Je suis à la Cotinière qui est un port de pèche relativement important. Il est envahi par les goélands. Il y en a partout, sur les toits , sur les bateaux, sur les trottoirs….. Ça sent la mer partout …..", dit Léopoldine.
- Pas trop de monde et de touristes en ce mois de juillet?, questionne Eriofne.
- Apparemment , la foule arrive à partir du 15 juillet jusqu’au 15 aout. Pour le moment, c’est encore calme partout. Pourtant il y a des bouchons sur la route principale car c’est l’unique route qui traverse l’ile. C’était le même principe sur l’ile de Ré mais comme elle est plus petite çà se ressentait moins. On va aller voir un coucher de soleil en pleine mer. Un bateau part de la pointe de l’ile vers 21h et pendant une heure, tu peux juste admirer l’eau et ses variations de couleurs. Il quitte le port de la Cotiniere lentement. Petit à petit il augmente sa vitesse et on laisse derrière nous les terres et les goélands...Le soleil descend petit à petit à l'horizon. Au bout de 30 min le bateau coupe son moteur et on est au milieu de la mer dans le silence total à part le bruit de l'eau.. c'est incroyable, plus personne ne parle! On regarde juste le soleil qui descend, change de couleur et de forme. C'est terriblement éblouissant. Ça va très vite..au bout de 10 min, il disparaît. Et immédiatement, la mer devient sombre et l'air froid....la nuit tombe en une fois.
- Le port de la Cotinière aux bateaux bariolés, spécialisé dans la capture des soles, de bars de ligne, de langoustines, de homards, de crevettes et d'un petit poisson assure les plaisirs de la table. Mais après la promenade en bateau pendant la journée qu'est-ce qu'on fait?
- Il y a pas mal de vignobles dans le coin et tu peux te promener des heures dans les vignes car elles ne sont pas clôturées. L’église de la Cotinière est moderne mais comme souvent dans les ports de pèche, il y un endroit dédié au marins disparus en mer et aux exvotos. Ses vitraux sont particuliers aussi verts et bleus, ce qui donne une lumière tout à fait spéciale. Donc la prolétaire qui sommeille en moi se réveille…
- L'heure des bilans devraient se formater. Est-ce un endroit où on aimerait retourner ou non en fonction de ce qu'on a découvert? où l'on voudrait ou pourrait vivre?
C'est ce qu'apporte en partie à la fin de voyage. Faire la balance entre ce qu'on connaissait avant et qu'on connait maintenant. En comptabilité, on appelle cela le P&L, le Profit & Loss, les pertes et les profits...
- Revenir oui car l'île est merveilleuse. Elle est restée sauvage car vu la population qu'elle attire, elle a dû faire moins de concessions afin de plaire à des touristes exigeants. Y vivre non car la sensation d'être coupée du monde y est terrible. C'est très sympa à durée limitée mais pas à longue durée. Tu peux pourtant y vivre des sensations extraordinaires comme le coucher de soleil en pleine mer ou les goélands qui attendent le retour des bateaux de pêche. La mer règle tout ici et en fonction des marées l'odeur qui règne ici est différente.
- J'ai trouvé le bonheur sur terre. Un endroit où on entend juste le bruit de l'eau, où l'air est incroyablement pur et où la lumière est éclatante... A une heure de bateau, après 3 kms, l'île d'Aix apparaît toute petite comme une pépite verte dans l'océan. Pas de voiture, pas de distributeur de billets, peu de magasins, juste une mairie, une école, une église, un hôtel, des petits restos. Des maisons charentaises habituelles mais plus belles qu'ailleurs, avec les roses trémières plus grandes dépassant les toits. Comme on s'y déplace à pied ou en vélo, chaque maison a ses vélos devant la façade.
- Il est évident qu'être citadin laisse des traces dans sa manière de se distancer des petites villages de campagne. La civilisation évolue et la pollution avec elle. L'écologie essaye de faire revenir le temps jadis aussi bien dans les villes. Pour sortir d'un monde conventionnel de la modernité, pour comprendre l'île d'Oléron, peut-être faudrait-il remonter à peine cent ans en arrière et parler de Pierre Loti... C'est peut-être ce qu'a recherché et trouvé Thomas Chauvineau en tant qu'artiste, auteur, plasticien, cinéaste à la rencontre du lieu qui a inspiré l'œuvre de celui qui avait pris le surnom de Pierre Loti, dans son attitude par "une invitation au voyage au pluriel",.
La reine de Tahiti avec qui il aurait eu une histoire, lui aurait donné le surnom de "Pomaré", le nom d’une fleur tropicale. Pierre Viaud de son vrai nom devient Pierre Loti, grâce à elle. Il est spécialiste du mariage temporaire. A Tahiti, il épouse Rarahu, juste pour quelque temps. Avant d’être écrivain, c’est un marin, il va de port en port. Au Japon, il se marie avant même d’accoster, en prévision, ça se faisait à l’époque, le mariage dure le temps de l’escale qu'il a décrit dans le livre, "Mme Chrysanthème". Il cherche une forme de pureté primitive, dans les femmes qu’il rencontre. Reçu à l’école navale de Brest pour devenir officier de Marine, il est très proche d’un homme qu’il appelle "mon frère"… Proche jusqu’où ? On ne sait pas trop. Difficile de savoir ce qui est vrai ou faux chez lui… Ses romans racontent en partie sa vie, mais ce ne sont pas des autobiographies. Fantasque, il se farde le visage, se maquille de rose souvent, fait du cirque pour sculpter son corps, aime se déguiser en autochtone peut être pour se fondre dans la masse. L’ile de Pâques, la Turquie, le Maroc, l’Égypte, le Moyen Orient, l’Inde, la Perse, New York qu’il n’a pas beaucoup aimé, le Sénégal à Saint Louis qui le fascine et dont il décrit le décor dans son premier roman "Le roman d’un Spahi" en dessinant avec le spahi en militaire cavalier, à la rencontre des pirogues, arrivé à bord du Vaudreuil, un bateau à hélice à museau de poisson et tournures de requins qui traversent le fleuve Sénégal et tombe évidemment amoureux d’une femme africaine. Voyageur infatigable, déguisé, il découvre la nature sauvage, croise crocodiles et lions, découvre les petits villages de pêcheurs. Toujours en partance…il écrit: "Ce soir, je viens ici pour la dernière fois, je vais quitter ce pays […] Ce soir, c’est la tristesse des heures crépusculaires, au milieu de cette solitude sans fin". Mais, il se remet très vite avec d’autres aventures dans tous les sens du terme. Cela n'empêche pas que, depuis 1923, pour son dernier voyage et après des funérailles nationales, il est enterré sur l’île d’Oléron dans le jardin de la maison de ses grands-parents, suivant la tradition de ses ancêtres huguenots et qu'un musée lui est consacré, à Rochefort où il est né, avec des dizaines d’objets souvenirs de chacun de ses voyages.
Je préviens, le retour après un tel voyage va être très dur. Si, par ici, les vélos existent bien, les voitures, les bus, les avions et les bruits de toutes sortes de la civilisation que l'on dit évoluée, vont agir comme des coups de massue.
Finissons par les photos
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Pour terminer, cette vidéo sur "l'île d'Oléron, intime et sauvage" qui n'a probablement pas été parcourue par Léopoldine de cette façon et qui lui demandera un retour avec des bottes aux pieds...
Léopoldine interrogée par Eriofne