"L'anomalie", une odyssée dans un autre espace-temps (12/05/2021)
Période de la Foire aux livres en virtuel est ouverte.
Commençons par le roman de Hervé Le Tellier, L'Anomalie, publié aux éditions Gallimard, qui a obtenu le prix Goncourt le 30 novembre 2020. Le jury, composé de 16 représentants de 16 universités et hautes écoles francophones et néerlandophones, a délibéré lors d’une réunion virtuelle organisée fin décembre en porte-voix des 200 étudiants qui participent chaque année à l’initiative.
Hervé Le Tellier se dit "très fier d’avoir été couronné par des jeunes gens, ce qui n’était pas évident, et du fait qu’ils ont rendu hommage à un livre à 'double couche', qui peut être à la fois très populaire et très littéraire".
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Que se passerait-il si, un jour, vous rencontriez votre double venu d'ailleurs, d'un autre espace-temps?
L'anomalie du double d'un autre espace-temps
C'est la question que se pose implicitement Hervé Le Tellier.
L'auteur était l'invité d'un des 28' de ARTE.
"J'ai inséré une idée technique dans une réflexion sociétale, avec l'idée romanesque d'une confrontation des personnages avec leur double", dit Le Tellier.
Préface du livre: "Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension.". En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris - New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles; VICTØR MIESEL, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai. Roman virtuose où la logique rencontre le magique, 'L’Anomalie' explore cette part de nous-même qui nous échappe".
Trois grands chapitres représentent trois phases de l'histoire.
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1. Aussi noir que le ciel
Déroulement : "En juin 2021, un Boeing 787 d’Air France de la ligne Paris-New York, qui vient de traverser un immense cumulonimbus supercellulaire et d’être abîmé par une tornade de grêlons, se voit refuser l’atterrissage à Kennedy Airport. L'avion est dirigé vers une base militaire, où l’équipage et les centaines de passagers sont soumis aux questions. Qui sont-ils? Des imposteurs, des clones, des revenants ? A trois mois d'écart, le même vol Air France 006, endommagé, piloté par le même commandant et avec les mêmes passagers à son bord, s’est posé à l’aéroport de JFK. «Je ne comprends pas, lâche un agent abasourdi de la CIA, le même avion s’est posé deux fois ?».
Ce chapitre est relativement décousu de fait puisque ce sont des histoires parallèles de personnages qui n'ont aucun lien entre eux. Mais c'est l'absence de suspense qui ne prête pas à continuer à lire. Ce n'est que lors de ses dernières pages lors l'atterrissage d'un avion que l'on comprend que les personnages vont fusionner dans une affaire mystérieuse d'avion qui les dépasse. Deux vols d'avions identiques à deux mois d'écart et des noms de personnes semblent avoir traversé le mur du temps. Idée originale, mais qui m'a laissé assez froid dans son son développement
Le nombre de films dans la catégorie "Avion" qui commencent de la même façon en présentant les passagers qui vont aller à bord d'un vol, sont nombreux mais ici, l'étrangeté commence vraiment à la fin du vol quand des avions militaires entourent le vol.
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2. "La vie est un songe", dit-on
Les interrogatoires de ces personnages permettent de se faire une idée de ce qui s'est passé. "Partie scientifique, assez complexe malgré les références littéraires multiples" comme le dit le deuxième commentaire.
Extraits: "Un avion qui surgit de de nulle part et qui est la copie conforme d'un autre avec tous ses passagers et jusqu'à la moindre tache de ketchup sur la moquette". Un scientifique qui explique que "les passagers ne sont plus des êtres réels mais des programmes très évolués d'humains simulés par des sons, des images, par le toucher et les odeurs contrefaits fondés sur des lois mathématiques qui contiendraient une erreur, une anomalie potentiellement corrigeable par un undo. Simulation d'ancêtres ou de concurrents d'ancêtres dans un milliards de fausses civilisations virtuelles dépendantes de la vitesse de calculs dans lesquelles un sur mille serait réel selon un Descartes 2.0".
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3. La chanson du néant
Premier paragraphe: "Rencontre du deuxième type".
Dans ce chapitre, il faut s'habituer à adresser un interlocuteur en le dissociant par les suffixe March et June.
Encore une fois, VICTØR MIESEL ouvre le bal de cette chanson en disant "Aucun auteur n'écrit le livre du lecteur, aucun lecteur ne lit le livre de l'auteur. Le point final, à la limite, peut leur être commun".
Le président Emmanuel se connecte à Washington dans une conférence Youtube à Poutine, Xi Jinping et Merkel pour préciser l'étrangeté de la nouvelle qui s'est muée finalement en fakenews.
Si l'avion avait été un Air Force One, les USA auraient eu deux présidents en faisant s'effondrer Twitter le jour même.
Blake March est trucidé par Blake June.
André June a rencontré André March qui le plaint en connaissant les suites d'humiliation et de frustration qu'il pourrait ressentir devant leur Lucie commune tout en se faisant concurrence dans un match de sympathie.
Sophia March est furieuse devant Sophia June, anéantie.
Les Slimboys se sourient tristement pour ne pas mentir, ne rien se cacher et ne pas avoir honte "100% human and valid". Ils sont yorubas et leur malédiction se mue en vénération.
David March est cancéreux et son homonyme ne l'est pas moins.
VICTØR MIESEL June n'a pas eu à subir le choc de la rencontre avec son double VICTØR March n'a pas eu à subir le choc de la rencontre avec son double qui s'est suicidé. Il n'a pas à se mettre en deuil de lui face à son éditrice Clémence. La mort de March est comme celle d'un supplicié qui s'échappe en ayant tué son bourreau.
La liste des passagers est restée secrète et il pourra revivre sous une nouvelle identité pour obtenir sa résurrection dans l'absurde qui tend vers l'hilarité.
La presse a été interpelée sous l'intitulé "La double vie de VICTØR MIESEL". Pour l'assumer, il suffit de simuler la vérité de la divergence et de l'anomalie sous la protection policière dans l'allégorie des Etats Unis divisés en deux clans dont chacun ne comprend pas l'autre.
Quand les actrices Adriana se réunissent, June est en rouge et March en bleu. Au théâtre, c'est toujours utile d'avoir une doublure.
Depuis, les hôpitaux font état d'une vague de suicides. Les thèses complotistes ont la cote. Les extraterrestres font un come back. La photocopieuse fait la nique au "trou de ver". Les adeptes sont attirés par la théorie la plus simple et la plus cinglée dans une vacuité de sens. Le livre de Victor June est devenu culte avec l'Espis, l'Espérance comme pire des maux.
Avec les mêmes souvenirs, le recul et l'ignorance de l'irrationnel, la presse présente les passagers comme des "objets de foire" ou comme cobayes d'une situation d'exception en parlant de jumeaux sans être clone. Il aurait été ringard que "L'Ange de l'Ombre" fasse mieux recette avec l'aide du marketing en présentant sur le torse des T-shirt, les mentions: "Stimulate me, don't simulate me. I'm a program, reset me. I'm one and U are two and We are free" dans une simulation commune, un trou de ver et un univers virtuel à partager avec le réel.
Nietzsche avait traduit une situation binaire en écrivant: "Les vérités sont les illusions dont on a oublié qu'elles le sont" et cela vient en écho avec la réplique de VICTØR MIESEL "On doit tuer le passé pour le rendre encore possible".
Un bon livre de tendresses partagées serait peut-être, quand les deux se retrouvent sur une ligne avec les mêmes constatations malgré des existences identiques mais dans des tempos différents. Le lecteur aurait peut-être l'envie de lire sa propre vie avec les paroles d'une chanson différente. Mais ici le lecteur part du néant et y retourne en queue de poisson à la dernière page.
Le vol de "Air France 006", l'avion June a été détruit pour ne pas le laisser se reposer encore et encore dans une chanson du néant avec le couplet:
"I have remembrance of every kiss
So many things of you I miss
O fallen hearts from the abyss"
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Commentaires sur Babelio
Le premier est assez négatif: "Je ne comprend pas l'engouement pour ce bouquin. C'est pourtant passablement artificiel et alambiqué. On se croirait dans une mauvaise série télé avec un habile mélange de tous les ingrédients pour plaire au plus grand nombre...
L'intrigue est très embrouillée et totalement capillotractée. Les personnages sont sans profondeur, c'est vraiment le point faible de ce bouquin : ce sont des créatures fictives qui manquent singulièrement d'épaisseur psychologique, désincarnés en fait. Cela commence très mal avec ce personnage de tueur tout droit sorti d'un mauvais thriller. De plus c'est une histoire qui manque fichtrement d'émotion et où on s'ennuie souvent. On assomme le lecteur de réflexions "philosophiques" lourdingues, le Tellier se prend beaucoup trop au sérieux et a un petit côté donneur de leçons; le passage avec les religieux est particulièrement superflu. L'histoire avec ses contradictions temporelles est de plus en plus extravagante et le summum est atteint quand les quidams rencontrent leur double. On s'y perd complètement. On peut se demander si le Tellier ce nouveau "philosophe", existe vraiment ou si c'est un auteur virtuel ? A moins que ça soit son double qui ait écrit le bouquin, ou alors il y a un double du bouquin qu'il faudrait lire pour tout comprendre ? Un pensum philosophico-dystopique abracadabrantesque, lourdingue et très surfait".
Le commentaire suivant est, par contre, positif: "Voilà une lecture assez enthousiasmante, écrite par un romancier facétieux qui a génialement construit sa machine littéraire autour d'un scénario très inventif qui vous embarque dès les premières pages. Hervé le Tellier commence par poser son casting comme dans une super série anglo-saxonne: un tueur à gages, un couple à la dérive, une fillette, un chanteur nigerian, une avocate ... Huit personnages confrontés à une situation inattendue, insensée même suite à un phénomène inexpliqué survenu dans un vol Paris-New-York, aux frontières du réel et de la quatrième dimension. C'est un roman qui donne énormément de plaisir à mesure que le scénario se déroule. Tout est diaboliquement intelligent. A commencer par les multiples arches narrative, parfaitement maitrisées jusqu'à converger vers un même horizon. Les chapitres se terminent toujours avec un petit détail qui fait clic dans la tête, qui fait dire immédiatement qu'il va se passer, là, bientôt, quelque chose. Et quel plaisir de voir comment chaque personnage est associé à un genre littéraire dont l'auteur reprend les codes, entre hommage et pastiche. Ainsi se télescopent des passages type roman psychologique, roman policier, roman d'espionnage, littérature blanche classique, avec à chaque fois une réelle maitrise. Mais l'auteur ne fait pas que s'amuser avec les genres en mode exercice de style brillant, son roman a du fond et de la profondeur. L'Anomalie tend un miroir au lecteur, explorant la thématique de la confrontation à soi, le vrai soi. Jusqu'au vertige, il joue avec nos certitudes pour nous interroger sur notre place dans la société. Les dilemmes y sont permanents une fois révélé ce qu'il s'est passé dans l'avion, ainsi que les choix douloureux qui en découlent : qu'est-ce qui se passerait si ... ? qu'est-ce qui vaut la peine de se battre jusqu'au sacrifice ? Qu'est-on prêt à abandonner ? Quand est-il juste d'abdiquer ? Quel est l'essentiel dans nos vies ?
Rare de lire un roman aussi exigeant dans la réflexion quasi philosophique qu'il propose, tout en étant populaire et accessible à tous. du grand roman divertissant, assez fou et jubilatoire. Je regrette cependant un dénouement qui m'a semblé un poil obscur et de façon générale, une baisse de la tension dans le dernier tiers".
Le film "Clones" dans lequel, les gens peuvent acheter des versions robotisées d'eux-mêmes
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Groupe OuLiPo
Hervé Le Tellier est membre du groupe OuLiPo acronyme de "Ouvroir de Littérature Potentielle".
Un groupe de littérature inventive et innovante qui naît au xxe siècle qui a pour but de découvrir de nouvelles potentialités du langage pour moderniser l’expression à travers des jeux d’écriture. Cela passe par des défis mathématiques imposés à la langue, des obligations par des astuces créatives, fondée sur le principe de la contrainte de la recherche de solutions originales pour déjouer les habitudes et atteindre uniquement la nouveauté. Les membres se décrivent comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. » alors qu'ils ne ne considèrent ni comme un mouvement littéraire, ni comme un séminaire scientifique et ni comme de la littérature aléatoire. Une réunion des membres est même programmée tous les mois pour réfléchir autour des notions de «contrainte», de «littérature potentielle», et produire de nouvelles structures destinées à encourager la création.
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Réflexions scientifiques
Le livre "Anomalie" peut faire penser aux multivers comme le décrit le 4ème volet de "La magie du cosmos" et que j'ai déjà repris dans un autre billet.
Le Science & Vie de ce mois de mai parle du même sujet avec le titre "La traque des univers parallèles".
Repousser les limites connues, ouvrir des portes vers d'autres dimensions, visiter un univers parallèle et même…en revenir et témoigner. Un délire de science-fiction ? Pas selon les chercheurs de l'expérience Murmur, qui s'évertuent à démontrer l'existence de ces autres mondes possibles...
"L'effet tunnel peut permettre à une particule de notre Univers de passer dans une autre brane", dit Michaël Sarrazin.
"Nous avons confirmer la limite fixée quant à la probabilité des particules à passer d'un monde à l'autre", ajoute Coraline Stasser.
"Pour en déceler le passage effectué et faire réapparaître les neutrons dans notre Univers se ferait pour certains neutrons en tant que pionniers du voyage dont le flux passe dans l'eau lourde en superposition quantique", complète un autre.
Notre Univers est un objet ou une "brane" parmi d'autres en trois dimensions plus une temporelle qui possède une énergie sous forme de tension sur son propre volume.
Dans la cosmologie branaire, le "bulk" contient toutes les branes qui pourraient avoir des voies de communication entre elles via des forces qui expliquent l'accélération de l'expansion de l'Univers.
Pour les représenter, une théorie unificatrice a été imaginée dès le 20ème siècle par Théodore Kaluza sous forme d'intermédiaire entre la gravité et l'électromagnétisme grâce un l'ajoute d'une dimension supplémentaire à l'espace-temps.
Oskar Klein parle dès lors de la 5ème dimension repliée sur des longueurs typiques de l'ordre de la longueur de Planck. Dimensions que Georgi Dvali porte à 26 dans le concept de branes et d'univers parallèles avec la gravitation quantique à boucle pour sortir du modèle standard et comprendre l'infiniment petit.
Le Big Bang devient "seulement" une collision de branes dans les modèles ekpyrotiques par un échange d'énergie monumental.
Vous avez décroché de la théorie... Moi, aussi... Pas grave...
Une vidéo avec un peu d'humour, cela passera peut-être mieux...
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Réflexions du miroir
La question pour commencer: "Comment réagiriez-vous, vous mêmes, si vous avez un double, un sosie parfait qui aurait les mêmes idées que vous, qui aurait les mêmes origines?".
Seriez vous d'accord avec ce qu'il dit ou pense?
Si la question m'était adressée, la réponse serait: "J'aimerais beaucoup" comme je l'ai écrit dans mon autobiographie.
Un double parfait d'un autre espace-temps qui serait mon subconscient, qui s'opposerait à mes pensées intimes pour m'engueuler au besoin, j'aurais trouvé cela vraiment "tof".
Mais, j'avoue qu'après la lecture des dernières lignes du livre et je me suis senti obligé de réécouter ce que Hervé Le Tellier disait dans son interview pour m'assurer de ses buts.
Après avoir fermé le livre, l'avoir rangé pendant quelque temps pour le faire reposer et cogiter, je me suis payé une deuxième lecture aléatoire et donc, cette fois, non linéaire.
La mise en abîme repose par mise en relief avec un roman dans le roman "L'anomalie" d'un certain VICTØR MIESEL écrivain qui dit d'entrée de jeu: "Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l'intelligence, et même le génie, c'est l'incompréhension".
C'est un peu ce que doivent ressentir les lecteurs au fur et à mesure de la lecture des pages l'une après l'autre dans l'incompréhension.
Pourquoi faut-il toujours comprendre ce que l'on pense et ce que l'on réalise?
Y a-t-il une vérité en regard d'une réalité photographique qui ne l'est même plus grâce à Photoshop qui va effacer les rides pour rajeunir un vieux crouton?
Non vraiment la vérité n'existe pas ou plus pour faire place à la fiction, aux rêves et aux cauchemars.
Où se trouve l'anomalie chez les jumeaux monozygotes qui doivent se dissocier à un moment donné après leur enfance en commun pour vivre leur propre vie et créer leur propre famille, sans que cela crée une histoire aussi complexe?
Pour faire le lien avec "L'anomalie", cela m'a fait penser à mon jumeau numérique...
J'avais déjà fait ressortir le personnage de Janus de la mythologie grecque à deux visages qui fait sauter d'une année à l'autre dans "Le Syndrome de Eriofne" quand l'enfoiré se regarde dans son miroir et prenait le pseudonyme de son anagramme écrit en verlan "Eriofne" pour rectifier ce qu'il pensait alors qu'en finale, cela ne devient plus que "Allusion".
L'effet miroir et les "Neurones de l'autre côté du miroir", une vieille histoire bien connue.
Comme Hervé Tellier, j'aime créer avec l'imagination, mais pas quand la littérature devient une contrainte calculée. Ce n'est alors plus un plaisir d'écrire, mais un esclavage de la littérature comme Dumas devait le ressentir qui était payé à la ligne.
On n'écrit pas bien sur commande avec l'esprit de vouloir gagner de l'argent pour vivre.
J'ai toujours adoré l'originalité de l'idée de mettre en pratique les multivers, mais l'originalité ne se crée pas toujours sur commande.
Si j'avais à écrire un tel livre, au lieu de rassembler toutes les réactions d'une multitude de passagers de l'avion pirate fantomatique June, je me serais limité à un seul passager avec par exemple Allusion 2011, parti dans l'espace intersidéral et revenant en rencontrant Allusion 2021 avec dix ans d'écart et non plus trois mois du début à la fin comme dans le livre "L'anomalie". Le premier serait-il revenu un peu plus jeune en suivant la théorie de la relativité d'Einstein?
En mettant en scène chaque double sans suivi dans la longueur du temps par un choc existentiel immédiat, cela m'a laissé un sentiment de frustration en manque d'une suite honorable dans son ensemble psychologique.
La lecture de "L'anomalie" m'a permis d'oublier le Covid et ses vaccins et de sortir GuiHome du brouillon sur les terrasses
... ou avec la petite lumière au bout du tunnel de la plume de Thomas Gunzig
... ou encore le cactus de fin d'année qui ferait un bilan
ou en finale, avec l'autre cactus qui retrouve les libertés de ses épines.
Avec cet avenir qui s'approche pendant lequel tout ce qui était fermé rouvre, c'est alors que le CODECO devient passionnant, mais avec un regard de Janus qui regarde le passé et un autre qui regarde déjà le futur.
Quant à la théorie des cordes, elle se transforme par une danse de la corde à sauter comme l'auteur écrit d'ailleurs "dans un "espace œcuménique" signalé par un panneau en six langues, que quatre fontaines à eau, que le temps, trop chaud, trop froid, trop humide pour la saison montre l'esquisse d'un inventaire de choses strictement visibles" ...(p172)
Allusion,