Moderato cantabile (17/11/2006)

Anniversaires à petites doses, pourrais-je dire. Plus d’un an et demi sur mon site propre, près d’un an chez Agoravox en tant que rédacteur et près de trois mois, modérateur. Un petit flashback s’impose.

Le moment de réflexion s’impose en effet en arrière plan et avec le recul du temps. La minute de silence interrompue (bizarre de parler comme ça pour moi). Je me la devais.

Beaucoup m’ont demandé qu’est-ce qui avait motivé cette "folie" épistolaire et parfois "guerrière" qui prend beaucoup de mon temps.

- Donnes-nous un peu d’articles plus "soft. Un peu plus de "mou" dans la fréquence. Soit moins engagé, disaient certains de mes collègues.

Ma réponse a toujours été la même :

- Je suis engagé. Je le sens comme tel, mais, je ne peux être court. Tu n’as pas lu entre les lignes et détecté l’humour que je veux y mettre en filigrane.

Les "Réflexions du Miroir", titre que j’ai choisi n’est pas une marque déposée. C’est quelque chose que l’on a en soi pendant un bon morceau de sa vie, près à l’emploi. Je n’aurais jamais revendiqué une telle manière de penser plus jeune.

Cela germait déjà depuis un moment, inconsciemment. Dans ce statut, une étincelle perso avec la vie, complétée par une "truelle" comme outil ad hoc qui se présente. La suite vient de soi et cela s’embrase très vite.

Mon pseudo "L’enfoiré", je l’ai choisi en mon âme et conscience. Beaucoup de commentateurs se sentaient même gênés de donner une opinion à un type qui se dit "enfoiré". Comique, ce quiproquo.

Entrainer l’ensemble des troupes de "mots" avant celles des commentateurs agressifs ou non. J’aime.

Désoler pour ceux que mes pistes de réflexions n’ont pas plu. J’aime "charcuter" avec humour les idées toutes faites.

Peu de commentaires, en somme, à domicile, sur mon site jeune. On aime bien à la rigueur lire les articles gratis, mais de là à prendre la plume par clavier interposé...

Du côté fréquentation, pas trop à se plaindre. Le compteur, généreusement offert par le distributeur, tourne et indique une moyenne de 100 à 200 "accrochages". Les différences sont parfois notables et étranges d’un jour à l’autre. On se demande si on a déconné quelque part, un jour, pour constater le thermomètre reprendre l’ascension le lendemain.

Innocent, j’ai osé lancer un "Survey", demander l’appréciation des lecteurs pour en avoir le fin mot. Sans beaucoup de découvertes au bout.

Alors en fin 2005, place à la "Grande Ecole d’Agoravox" après un petit coucou sous forme d’email du distributeur.

Ici, pas de soucis à avoir du côté commentaires. On se trouve tout de suite plongé dans l’arène de la critique à poil redressé en général. Les spectateurs-lecteurs vocifèrent de partout avec parfois des extrapolations très "particulières".

Les "troll et bus" sont du parcours et il vaut mieux se tenir à la barre offerte généralement dans ce moyen de transport.

Plus d’un rédacteur a déjà eu l’envie de baisser les bras dès l’entrée en croyant s’être trompé de "crèmerie".

Les lecteurs se plaignent néanmoins de la valeur intrinsèque (toujours gratuite) des parties qui se jouent.

Depuis près d’un trimestre, j’ai décidé de passer le tain du miroir.

"Modérateur", "moderato cantabile", car prendre ce drapeau-là, c’est aussi du sport qui passe au bleu de l’insouciance des autres qui continuent la litanie par l’habitude de l’ignorance.

Une bonne trentaine d’articles à se farcir tous les jours et cela en prenant une certaine responsabilité pour être consistant. Ne pas tout prendre si l’on ne sait pas de quoi ou de qui, on parle. Dès à présent, je compte plus de 1000 articles "trashés" dans mon gmail.

Je dois dire haut et fort, qu’il y a de bon, de très bons articles qui défilent devant mes yeux surpris de la richesse des idées qui transitent par mon jugement candide, le plus souvent.

Donner son "ok" sur l’un, refuser l’autre bien écrit pourtant, avec amour, mais qui n’aura été que le nième d’une série par malchance. Cela fait mal pour le fournisseur mais aussi pour le juge de ces "Cinq dernières minutes".

Modérer ce n'est pas conforter ses propres convictions et seulement celles qui correspondent à ses propres idées bien formatée. C'est délimiter son choix en fonction de principes de bienséance. Une fois publié, accepté par un ensemble de modérateurs qu'un billet peut passer à la moulinette de la critique.

Après les mécontentements, on se questionne. Pourquoi, certains articles ne passent pas la rampe des applaudissements ? Trop subversifs ? Trop peu documentés ?

Ils ne sont pas des journalistes, ces bougres de Rédacteurs. Ils écrivent avec leurs tripes. Sans le budget de la presse officielle.

Voilà bien le reproche le plus grave que j’ai à l’encontre de la manière de travailler d’Agoravox et de ses règles de conduite édictées dans sa politique éditoriale.

La volonté de faire comme si, c’était un journal officiel à amalgamer avec lui.

"Article pas récent ou pas en rapport avec l'actualité".

Obéir à cette injonction ne sera, de toute façon, qu'en définitive une sorte de copie, qu’un ersatz, un remake de la presse.

Si je veux avoir des infos de l’actualité, j’achète un journal. Un euro, et hop, le voyage dans les horreurs de notre monde est servi à domicile et en couleurs.

Ce qui fait la différence, la chiquenaude de plus, c’est l’interprétation des gens qui prendraient le temps d’analyser, de comparer les écrits de toutes origines, avec le temps du recul. L’actualité crue, je n’ai rien à y changer. Elle existe malgré moi. C’est le rôle du journaliste d’aller la chercher, là où elle est, avec le budget de Vandam KH.

Le journal citoyen, c’est autre chose. Il faut du temps pour la sortir avec le recul de la réflexion. Un article se relit de multiples fois. On sait quand il commence à germer dans l’esprit. On ne sait jamais quand il sera terminé. Pour peu qu’il le soit, un jour.

Pour moi, un article vit. Il occupe mes pensées. La plupart des articles sur mon site sont écrit depuis longtemps avant la parution et, en plus, il n’est pas rare qu’ils soient corrigés, par après, avec de nouvelles ajoutes. J'aime approcher une vue à 360° d'un problème sans devoir y retourner dans des articles différents. Je les ai tous sous le chapeau près à se voir corrigés, adaptés.

Je suis un "buvard" de l’info avec couche de protection et de correction intégré.

Normal, qu’ils deviennent lourds, trop longs, trop en dé-synchro, pour cette antenne.

C’est autre chose, ça creuse un peu plus, ça pioche tout azimut, ça n’a plus rien à voir avec le journalisme médiatisé.

La voie "Agoravox"  est là, à mes yeux, il faut dévier un peu sous peine de mourir de sa belle mort sous les palmiers des sirènes médiatiques habituelles.

"Article exprimant une opinion personnelle". Encore une règle qui envoie vers les oubliettes. Être citoyen, n'est-ce pas être soi et exprimer sa vision des choses qui nous entourent? Donner son interprétation des événements avec un peu de subjectivité, n'est-ce pas apporter un ticket d'entrée vers la confrontation avec d'autres?

Là où je serai d'accord est la volonté d'Agoravox, c'est de respecter l'article avec un caractère inédit. Ce caractère vêtu de l'original ne sera qu'une manière d'exprimer une fois de plus son "moi".

Voilà, ce qui d’après mon expérience, humble serviteur de cette longueur d’onde avait à dire d’Agoravox que j’ai aimé très vite malgré tout. Je l’ai dit dans les forums. Pas de réactions.

Je ne sais si je passerai le "mur" de la modération avant qu’il devienne celui des lamentations. Je ne jouerai pas le jeu de Modérateur, cette fois de toutes manières.

Je sens que je fais du journalisme à l'envers. L'actualité n'est pas mon principal souci. Elle en constitue les ingrédients et sera le détonateur pour une parution.

Modérer un article, c'est avant tout, sortir de son ego, de sa propre expérience de vie, de ne pas chercher à savoir qui l'a écrit et se contenter du contenu. Le contenant a beaucoup moins d'importance que le contenu. La démocratie a pour premier principe la liberté d'expression.  

Une fois de plus, je suis en plein domaine "perso" sans aucun moyen de documenter quoique ce soit.

Je serai tout de même un peu dans l’actualité car on cherche à améliorer l’environnement et notre "blogs party" en général.

A vos marques et à vos réflexions, lecteurs d’élucubrations orchestrées.

Sur le théâtre en question, il était normal de me retrouver et d'y trouver des commentaires.

Ce 28 novembre, il n'y avait qu'à demander voilà la solution.

 

L’enfoiré,

 

Citations: 

  • "Une idée n'a qu'une expression. C'est cette expression là que le génie trouve.", Victor Hugo
  • "Si ce n'est pas expressément interdit, c'est permis.", Luis César Menotti
  • "La qualité de l'expression verbale est d'être claire sans être banale.", Aristote
  • "Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter.", Sören Kierkegaard

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