Neurones de l'autre côté du miroir (08/03/2010)
Les neurones miroirs sont très connus des scientifiques, un peu moins du public. Des milliers de références, pourtant, à son sujet dans le moteur de recherche sur Google. Explication du langage par le copiage, des capacités d'apprentissage des langues, tout naturellement. Et si on se lançait aller dans des extrapolations multiples au travers de ce miroir qui serait plus adapté à la vision d'aujourd'hui ?
Que se cache-t-il derrière ces fameux neurones facétieux et narcissiques ?
Wikipedia dit : "Les neurones miroirs désignent une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu'un individu (humain ou animal) exécute une action que lorsqu'il observe un autre individu (en particulier de son espèce) exécuter la même action, d'où le terme miroir.".
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L'expression vue par le côté scientifique désignerait certains acteurs neuronaux d'un être vivant animal ou humain qui chercherait sa manière de se conduire en la copiant sur celle qu'un comparse du même ordre.
Cette vision flash s'est creusée une entré dans sa mémoire pour ne plus en sortir et pour être reproduite à la moindre réaction comme ce serait le cas pour une référence. Une sorte de réflex programmé serait donc à la base de certaines de nos actions et réactions. L'animal a toujours cherché de prendre une action au moindre coût. C'est inclus dans ses gènes.
Les neurosciences cognitives donnent à ces neurones une capacité qui répondrait à la vie sociale en groupe par l'imitation et l'empathie. Cette découverte date de 1990 et est attribuée à l'équipe du chercheur Giacomo Rizzolati, de la faculté de médecine de Parme. Ces neurones trouveraient leur place dans le cortex pré moteur ou dans le lobule pariétal inférieur des singes et créerait un lien direct entre action et observation. Comme l'homme n'a que très peu de différence avec les singes, il était normal qu'il soit aussi sujet à cette volonté de "singer" ses semblables. Il serait même plus évolué chez les hommes en général comparés aux autres primates. La neurobiologie, les anthropologues s'y intéresse car les rôles de ces neurones se retrouvent dans l'empathie et l'autisme.
Contrairement aux singes, parler est aussi programmé dans la génétique. Une matière blanche faciliterait la communication avec l'apprentissage par imitation dans les processus affectifs. Platon est un des premiers penseurs qui a analysé le phénomène de l'imitation (qu'il nomme mimesis) mais n'en reste pas moins, fort éloigné de cette interdépendance vitale entre congénères. L'enfant, chez Piaget, ne commence qu'à imiter autrui que vers l'âge d'un an. Mais, dans les années 1980, Meltzoff et Moore vérifièrent ce qu'ils avaient trouvé en 1977, que mêmes des enfants dont la moyenne d'âge était de 32 heures, étaient parfaitement capables d'apprendre par imitation.
Le gène "Fox P2" donnerait de génération en génération le langage aux hommes. Il y aurait une aire de Wernicke qui serait, dans la partie gauche du cerveau (plus rapide que la droite), le domaine de la compréhension associée à une zone de Broca qui produirait le langage.
Naturellement, on pense à l'apprentissage des langues, plus ou moins aisé, pour trouver sa raison et son utilité.
J'introduis ici un commentaire d'un de mes lecteurs auquel j'ai répondu que j'étais très intéressé : "Pour la société, je travaille à ce que les mots, soient compris dans tous les langages, à faire des pontages, et à encourager les dialogues. Je me suis donc joint à l'Institut Transcultura - créé par Umberto Eco et Alain Le Pichon, un anthropologue français, dont le but est de construire des ponts, partout, dans le monde.".
Les langues ont de plus en plus d'importance dans un monde qui s'est rétrécit avec les contacts mondialisés. Même avec des racines de la même origine, indo-européennes, par exemple, l'apprentissage demande déjà beaucoup d'investissements personnels. Dans le cas contraire, le courage et les motivations ne suffisent pas nécessairement à faire le pas. En consultant les objectifs de cet Institut Transcultura, c'est bien de cela qu'il s'agit. Une approche globale avec l'aide de l'anthropologie réciproque d'après l'annonce. Cette approche devrait permettre de créer une interface en passant par le langage des gestes si besoin avec une méthodologie transculturelle pour rapprocher des chinois très éloignées comme le chinois, l'indien, le malien et les langues de racines indo-européennes.
Les langues, par l'intermédiaire de la voix, se pratiquent dans des octaves et fréquences souvent différentes. Le français se réfugierait dans les fréquences basses souvent limitées à 2000 Hz. D'autres langues comme le russe plafonnerait vers les 8000 Hz. Répertoire de sons et d'octaves plus riche ? Toujours est-il que la facilité de l'approche des langues trouverait son origine dans la capacité de capter ces sons sur une gamme étendue. Un polyglotte, déjà intégré dans toute la gamme, aurait dès lors plus facile pour se familiariser avec des langues supplémentaires. Par un seul phénomène d'addition et de soustraction, il s'en suivrait un enrichissement cérébral à moindre coût personnel pour communiquer et se faire comprendre de plus de monde. Pas d'intelligence dans le processus. Un "copier-coller" qui aurait le plus d'élasticité en bas âge, d'ailleurs.
Pour le côté scientifique, tous ces processus seraient dont de simples copiages de ses semblables à marier avec le passé des expériences, de l'histoire racontée et pas nécessairement par une morale propre. Passons à la partie pratique de tous les jours quitte à l'agrémenter par l'humour.
Le mot "singer", encore une fois, revient à l'esprit. Ce ne serait pas un mal si cette action était précédée d'un traitement de contrôle, d'un raisonnement avec une parfaite reconnaissance de l'aboutissement et de ce qu'implique une décision de cet ordre. Les dangers de l'imitation existent avec intention ou non. La justice fait une différence importante dans le cas d'un homicide avec ou sans intention de donner la mort. Si on s'est souvent posé la question de savoir si l'exposition de l'enfant à la violence médiatisé influence son comportement, chez l'adulte, il en est de même. L'homme est un "animal" grégaire. Est-ce que le téléspectateur va imiter les représentations de violence à la télévision ? On a pu constater - par exemple - que des jeux d'ordinateurs violents n'incitent pas nécessairement à la violence. Ces jeux peuvent même avoir des effets 'cathartiques' : au lieu de frapper la petite sœur ou le petit frère c'est sur des ennemis virtuels que le joueur se défoule.
L'imitation n'est pas ce qui communique la violence, mais peut générer celle-ci. Pour deux bambins, l'envie de prendre le même objet peut générer le conflit par la frustration d'un des deux. Même chose pour les adultes. L'imitation par l'homme pourrait être des sources de rivalité et destruction. Un seul calcul du "pas vu, pas pris" peut rassurer de passer ou non à l'acte.
Là, on commence à toucher à l'anthropologie et à la philosophie de même. Plus prosaïquement, il y a des phénomènes qui ressortent encore plus insidieusement sans s'en rendre compte.
La partie "préparatoire" à la réflexion est souvent, prise en défaut, écourtée au maximum dans le feu de l'action. On tombe, alors, sans même s'en rendre compte, dans l'illicite sous le couvert et la protection d'un préalable et d'habitudes. Prises par d'autres ou par soi-même. Les faits du quotidien passent alors du simple au compliqué, du banal au dangereux en se suivant et en se ressemblant.
Pour réagir aux événement, combien de personnes ne se réfugient pas derrière la constatation d'un état que l'on sait être contraire au bon droit ? Pour justifier le fait que l'on s'est garé le long d'un trottoir avec une plaque indiquant de stationner, par exemple ? Observer un jour si vous en avez le temps un trottoir vide avec interdiction de stationner bien visible qui, tout à coup, perd de sa "virginité" par une voiture immédiatement suivie d'une foule avec la couche protectrice de la précédente. Du véritable pain bénit pour le policier. Il n'aura qu'à attendre et prendre le temps de noter les infractions une à une sans avoir à chercher bien loin pour faire sa journée.
Plus grave dans l'action de brûler les feux rouges pour suivre un utilisateur de la route précédent. Dans ce cas, la seule différence sera, pour le contrôleur du fait, un résultat encore plus juteux.
Dernièrement, l'expérience de Milgram de 1960, déjà apportée au cinéma dans "I comme Icare", était réactualisée sous forme d'un jeu télévisuel appelé "Le jeu de la mort" (sera diffusé le 17 mars sur France2).
La télé réalité devait démontrer que n'importe qui devenait un bourreau, malgré une pédagogie anti-autoritaire, le fait de pousser l'autonomie individuelle. Comme cela a été étudié et analyser. Dans un environnement médiatisé, les candidats perdaient, une nouvelle fois, leur personnalité et leur sens critique. Repliés, cette fois encore, par l'autorité de référence, bien sûr, mais aussi la mise dans un contexte particulier de la télé de tous les jours. Celle-ci apporte encore autre chose comme conclusion à ce qui poussent les individus à outrepasser ce qui, normalement, ils devraient réprouver. Cet autre environnement, comme catalyseur à cette perte de contrôle morale de soi : le public. Il était là en dernier ressort pour inciter l'examinateur à continuer la torture.
Seul contre tous, l'examinateur ? Seul, contre ou avec tous pour copier les réactions de ses semblables. Plus seule face dans le confinement d'une place avec une machine devant soi, mais avec un public de mèche avec les organisateurs (opération répétée avec plusieurs candidats, cela ne pouvait en être autrement), et qui poussait le candidat à continuer l'expérience tout en assurant l'impunité.
Tout est affaire de neurones, avec effet miroir ou non.
Imiter son semblable au mieux de sa forme, pour en faire un adepte aux produits, "comme" tout le monde, la pub en a très bien compris l'intérêt.
"Les neurones miroirs, une découverte monumentale mais ignorée" comme le disait un autre rédacteur.
Dans un domaine très différent, on peut observer, à petite dose, ce que l’on dénomme là de « Copy-Paste ».
Dans l’entreprise, ce n'est pas nécessairement une question d'expérience, mais copier y est devenu monnaie courante et cela, à tous les niveaux, sans même parler de plagiat. On copie pour vivre ou pour éviter de mourir, aussi. Ce n'est pas à proprement parler de l'espionnage, cela ne fait que prolonger la vie de ce que l'on vend ou pourrait vendre. Une obligation de ne pas réinventer la roue, aussi. Dès lors, on copie tout : musiques, écrits, attitudes...
La presse copie sur les agences de presse, Internet, reprend le flambeau et reprend les mêmes informations de la presse à son compte en espérant qu'une "invention", qu'une analyse citoyenne y vienne se greffer pour compléter les idées pour les rajeunir. Là, aussi, on retrouve des dénonciateurs, des corbeaux nouveaux styles, qui n'ont pas d'autres véritables solutions en stock pour faire ressortir l'erreur.
Aller de l’avant avec les acquis et son histoire, il n'y a pas vraiment de problème. Rien de mauvais dans le concept. Cela fait partie de l’expérience. Évoluer, révolutionner, c'est gagner ou, souvent, se tromper.
Le seul souci, le seul prérequis est d’assurer le lien analytique entre le passé et ce présent éphémère qui devrait générer au progrès global dans le futur. Est-ce profitable et réutilisable tel quel dans le processus qui nous incombe aujourd’hui ?
La vie dans l’entreprise et très certainement ailleurs, est un jeu de Lego donc chaque bloc doit trouver sa place dans l’édifice de la Société.
Il s’agit d’évolution comme le fait la nature mais à une échelle de temps variable et souvent plus longue. Pour mesurer les faits, il faudrait instituer une sorte d'échelle de Richter de toutes les secousses "humaines". La nature, si elle avait sa technique d’évolution, n’avait pas l’intelligence qui devrait occuper l’édifice frontal. Beaucoup plus d’erreurs sont bien sûr l’explication du temps qu’elle a dû s’imposer pour arriver à une situation plus ou moins stable. L’homme sera, peut-être bien, une erreur en lui-même vis-à-vis de sa subsistance, mais cela est, certainement, un sujet débattu de multiples fois, ailleurs.
Les Anglo-Saxons ont le pompon du changement volontaire et parfois, légèrement, incompréhensible de ce côté de l’Atlantique. Les stratégies sont testées toutes dans un ordre qui paraît aléatoire et il n’est pas rare de constater une politique qui prend l’Est comme cible et qui l’année d’après change de direction et s’en va vers l’Ouest.
« A l’Ouest rien de nouveau » n’est qu’un film et bien loin de la réalité vraie aujourd'hui. Plus prosaïquement, on s'approche dans ce cas, de la Loi de Gowin qui s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes. Cela tendrait de montrer que l'impossible s'approcherait du possible dans un infini de plus en plus rapproché.
Prendre le temps de consolider ses acquis, on n'y pense plus vraiment pour suivre cette évolution qui se présente comme une révolution perpétuelle dans un temps limité. Nous arrivons parfois à de la nausée dans cette débauche de nouveautés vraies ou fausses.
Le marketing pour des raisons commerciales imposent de trouver en permanence des solutions futuristes pour déstabiliser la concurrence.
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Je le lisais très justement : « Le système des neurones-miroirs apparaît ainsi décisif pour l’émergence comme objet d’étude de ce terrain d’expérience commune où s’enracine notre capacité d’agir non seulement comme des sujets individuels, mais aussi et surtout comme des sujets sociaux. Cela montre combien les liens qui nous unissent aux autres sont profondément enracinés et, donc, à quel point il peut être bizarre de concevoir un moi sans un nous.»
Copieurs ou copiés avec des neurones miroirs ou de l’autre côté de celui-ci, cela reste certainement un choix philosophique qui résidait derrière tout cela. Alors, une conclusion ? Maudis neurones, maudis miroir ?
- Montre-moi comment tu es, je te dirai si j'aime te copier ou non.
L’enfoiré,
Su Agoravox, des miroirs ou des neurones?
Citations:
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"Les vices de la cour ont commencé la Révolution, les vices du peuple l'achèveront.", Rivarol
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"Il est impossible de prescrire, d'introduire ou d'inculquer des goûts.", Ilya Ehrenbourg
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"L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies.", Alexis de Tocquevill
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Commentaires
Comme je pouvais le prévoir cette émission "Le jeu de la mort" a mobilisé beaucoup de neurones chez nos amis français.
De premières approches avant de voir l'émission, des réactions pendant l'émissions et des articles à la pelle par la suite.
Difficile d'en choisir un. Parfois les commentaires valent largement le texte de l'auteur.
Prenons celui d'une dame:
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/zone-xtreme-c-est-milgram-qu-on-71846
Milgram assassiné? On n'assassine pas un mort depuis 1984. On ne peut qu'espérer qu'il ne se retourne pas dans sa tombe.
Écrit par : L'enfoiré | 19/03/2010
cher ami
je suis passé en croyant tomber sur un blog léger: diable c'est du lourd mais c très intéressant
je repasserai à une heure où mes neurones auront le miroir moins terni par une journée pleine de particules élémentaires
super blog
bravo
Écrit par : vlane | 30/04/2010