Corrections à l'amiable (01/07/2008)
Le 19 janvier 2007, on lisait dans la presse (Le Soir) que la Californie voulait interdire la fessée aux enfants de moins de trois ans. Dans un dossier, le Nouvel Obs 2277 de la semaine dernière reprenait le flambeau du thème de la gifle et se posait la question de "l'autorité jusqu'où". Corriger, n'est-ce pas aimer, en somme ?
L'État de Californie va examiner une proposition de loi qui propose de transformer en délit, avec prison à la clé, le fait de donner la fessée à de jeunes enfants. Le texte, préparé par une députée de la région de San Francisco, la démocrate Sally Lieber, voulait punir les parents qui donneraient la fessée aux enfants de moins de trois ans.
Les parents deviendraient passibles des tribunaux et risqueraient un an de prison ou 1.000 dollars d'amende. "Je pense qu'il est plutôt difficile de faire admettre qu'il faut battre un enfant de trois ans ou moins", argumentait Mme Lieber, qui souhaitait introduire la proposition devant l'assemblée.
Le texte risque de provoquer des débats entre les pros de la protection de l'enfance à tout prix et les "contres" tenants d'une politique plus réaliste. "Où s'arrêtera-t-on?", avait demandé le député républicain Chuck DeVore parmi les contres. "Quand allons-nous devoir voter une loi qui rendra obligatoire pour chaque parent de lire un livre à son enfant pendant 30 minutes minimum chaque soir? Nous sommes sur la même pente", avait-il affirmé.
Le gouverneur Arnold Schwarzenegger s'était souvenu avoir été "frappé à tout propos" lors de son enfance et n'avoir pas trouvé cela injuste. Difficile de renoncer à la violence qui avait fait partie de presque toute sa carrière et sa filmographie. Il disait comprendre que l'on souhaite "se débarrasser du comportement physique brutal de certains parents" tout en affirmant que lui et sa femme Maria Shriver n'avaient jamais battu leurs quatre enfants.
Que faut-il en retenir de cet état d'esprit toujours avant-gardiste californien?
Jusqu'à trois ans, il n'est pas possible de penser arriver à ses fins dans la compréhension d'un enfant de ce que l'adulte estime comme naturel comme comportement . Donc, rien de plus que la normalité. A cet âge, ce serait traumatiser sa progéniture et laisser des traces indélébiles dans l'esprit en formation. Un enfant-bébé ne voit pas le mal dans ses actions encore limitées d'ailleurs. Il serait tout à fait inutile de lui forcer une réflexion dont il ne voit pas les raisons intimes par la force. L'adulte, encore dans la joie de la "nouveauté", ne pourrait ainsi briser l'instinct de protection de sa succession naturelle et imposer ses intimes "convictions". Mais, une législation pour orchestrer tout cela est vraiment le coup de l'éléphant dans un magasin de porcelaines. Est-ce le rejeton de cet âge qui irait se plaindre de son statut de victime à l'autorité? La raison, encore une fois, est une affaire de la noblesse ou non de la personnalité. Les droits de l'enfant doivent être respectés.
Plus âgé, la vraie éducation commence pour l'adulte en préparation. Là, on ne joue pas dans la même cours. La compréhension pourrait se "faire aider" par des moyens plus physiques sans verser dans les excès injustifiables.
La fessée est de plus en plus poussée dans le domaine de l'inadmissible. Et pourtant, croire que tout le monde comprend de manière innée la force du dialogue posé, "en adulte", est un leurre.
Chez les animaux, c'est clair, la correction existe. Le petit chat qui ne veut pas suivre, se verra remettre dans le droit chemin de manière ferme à coup de pattes et avec une prise en "bouche" très efficace.
En Europe aussi, il est question d'introduire dans les lois, des articles qui pénaliseraient les atteintes physiques aux enfants. En 1979, la Suède votait même une loi interdisant tout châtiment corporel avec seulement 30% d'avis dans ce sens aux yeux de la population.
Trop souvent, les plis sont pris et la crainte de l'enfant n'y étant plus, l'éducation ne se fera plus dans les règles de l'art. Le laxisme et l'air du temps qui veut pousser les adultes plus longtemps au travail pour espérer de conserver un pouvoir d'achat, ajouteront les touches pour correspondre à la nouvelle norme.
Ne serait-ce plus judicieux d'imposer la fessée aux adultes de 7 à 77 ans, période bien déterminée par Hergé pour élargir la période de vie des lecteurs de Tintin dans une "histoire belge"?
Tout dernièrement, en Belgique, un drame familial poussait la mère d'un jeune drogué qui la harassait, a tué son fils. Moment d'exaspération, de colère. Tous les voisins étaient aussi au courant des disputes. Alors, n'y a-t-il pas eu une erreur d'appréciation au départ? La fessée n'était-elle pas devenue un peu trop virtuelle, derrière un écran d'ordinateur? Une affaire récente, entre un enseignant et un élève, réveillait la France entière sur la question de l'éducation et de son traitement dans la pratique.
En 1974, Pinoteau sortait son film "La gifle" avec le fort en bras de l'époque Lino Ventura. Plus d'une génération après où en est-on ? Une dossier sur la question du Nouvel Obs remettait le couvert à la table des négociations. La "Nostalgie du martinet" était mis en concurrence avec des théories comme "l'effet papillon".
Alors rembobinons le temps. Quand l'enfant n'était pas roi. Sans aller jusqu'aux châtiments corporels, il était clair que l'éducation était plus musclée et le respect des parents et des enseignants étaient bien plus affirmés.
Révolution culturelle, on n'en est plus là. Révolution de gourous qui se veulent partisans adversaires? Il faut néanmoins remarquer que le monde des adultes d'aujourd'hui est de moins en moins avares de "gifles". Elles sont plus verbales d'accord, mais les dégâts psychologiques n'en sont pas moins catastrophiques. Le service militaire des jeunes n'existe plus. Les enfants récalcitrants aux USA sont envoyés par leurs parents dans des écoles qui cassent la personnalité, style "GI". C'est aller un peu loin. Pourtant, certains jeunes en mal de reconnaissance et de repères se lancent eux-mêmes dans la carrière militaire, pas seulement pour raison de sécurité d'emploi, mais en recherche de repères qu'ils n'auraient pas ressentis dans leur enfance.
En Europe, les adeptes de Françoise Dolto avec la "Cause des enfants" et les psys s'interrogent sur la technique d'éducation à adopter au coup par coup de bévues et d'échecs. Mai 68 est passé par là: "Interdire d'interdire" dans une rupture de plus en plus nette entre parents et enfants. Ceux-ci n'ont pas de dettes envers leurs aînés. Exact. Mais quand on est responsable de sa progéniture, il y a de la marge et des limites à respecter à la bienséance coupable. A toutes époques de la vie correspond une distribution adaptée de bons et de mauvais points. Le libéral Sarkosy ajoutait une touche de plus en voulant même dépister de manière précoce (en dessous de 3 ans) la délinquance. Pour quoi en faire? Pour mettre en maison de redressement? Suivez mon regard, vous trouverez facilement où chercher.
Des groupes "Lève la main contre la fessée" ou "Ni claque ni fessée" préconisent l'abolissement de la fessée ou de la claque. Mais, il est aussi clair qu'aller dans ce sens tête baissée ne correspond pas à la réalité de la vie. Avec l'expérience, on peut d'ailleurs remarquer que les générations précédentes ont mieux tenus le coup contre l'adversité que les plus récentes. Dans les années 60, encore, il n'était pas rare de se faire pincer autrement que moralement. Je peux en témoigner.
Cette fois, les médicaments sembleraient remplacer les gifles pour les enfants, les déprimes pour les adultes qui n'auront pas pu accepter la remontrance?
Pendant ce temps, les enseignant craquent. Ils pètent les plombs. Quand on ramasse, réunis, tous les laxismes des ayants droits, il y a peut-être de quoi.
Et si, un jour, on apprenait dans les programmes des écoles à être vraiment "parent"? Il n'y a pas que le sexe qui importe dans l'éducation sexuelle. Plus de dictateurs, plus de "crème à reluire". Seulement des responsables à la sortie.
Alors gifle ou pas gifle pour les "têtes à claques" ?
La vie est une perpétuelle éducation dans un subtil mélange entre carottes et coups de bâtons.
Ce matin, à la radio, la Ministre Catherine Fonck, chargée de l'aide à la jeunesse et de l'enfance, répondait à la question de l'utilisation des puces électroniques chez les jeunes. Elle répondait en finale de l'interview: "l'éducation, c'est d'abord et avant tout, dans le relationnel".
Je crois que je ne pouvais trouver meilleure fin. Il ne faut jamais se chercher les puces même si c'est un réflexe.
Çà pique, ces mouchards de puces!
L'enfoiré,
Citations:
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"Il est des enfants qu'on ne peut espérer corriger sans leur administrer de temps à autre la fessée. Certains adultes conservent le naturel de ces enfants", Marie-Antoinette Grégoire-Coupale
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"On est correct qu'en corrigeant", Joseph Joubert
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"Prendre le taureau par les cornes est plus correct que de tirer le diable par la queue, mais plus fatigant que de sucer un esquimau.", Jose Artur
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