Ménisquerie (12/01/2010)
Une "affaire" de ménisque en 5 tableaux.
Tableau 1: Il était une fois, un joggeur, cycliste à ses heures, qui croyait que le sport était toujours bon pour la santé.
C'est ce qu'en disaient les médias avec ostentation.
Tu as raison, Anne, de dire "on ne nous dit pas tout".
Et je vous le dis: "pour le sport, ce n'est pas vrai".
Le culte du corps sensé maintenir le poids, c'était pour la forme, pas pour le fond.
...
Tableau 1
Le parcours du combattant qui trottine impassible, c'était bon sous le soleil et le béton bien plat en longeant le bitume des plages de Californie, mais alors, à Bruxelles, en tous terrains, cela présentait quelques aléas...
Pourtant, j'avais eu un pressentiment et quelques frissons à l'idée que les sportifs de haut niveau poussaient parfois le bouchon trop loin.
Pour mon cas particulier, participer n'était pas jouer dans les extrêmes, donc pas trop de risques, du moins le croit-on. Au total, un quart de siècle de jogging en douceur, en dilettante, sans compétition, du vélo pour compléter la panoplie des activités sportives.
A l'insu de mon plein gré, des brusqueries furent du parcours et contribuèrent à ce qui allait suivre. Car, il y eu un retour de flammes, une mesquinerie, ou son anagramme, une « ménisquerie » en l'occurrence.
Le ménisque est ce "truc" qui sert à amortir notre position debout.
Et, oui, l'homme n'était pas fait, au départ, pour se retrouver sur deux pattes.
Alors l'évolution a dû parer au plus pressé et créé un amortisseur relativement fragile entre les deux pièces majeures de la jambes entre le fémur et le tibia, le ménisque, Son rôle de cale assure l'amortissement de la marche et la course. Le malheur, il ne résiste pas dans la durée ou dans l'exception d'une utilisation moins prévue par l'évolution. Je suppose que celle-ci n'avait pas pensé que le sport eut existé, un jour. Alors, sans respect de Dame Nature, c'est l'arthrose ou la fracture qui guette. Mais, faire un sport avec pondération et précautions fait monter la niveau de la dopamine et l'envie de continuer.
Un amortisseur, disais-je?
Serait-ce comme l'amortisseur de la bagnole?
Un McPherson, en quelque sorte? Je ne pensais pas réaliser une pub des amortisseurs de la bagnole, mais, pour le cas, cela me parait une occasion opportune.
Un design de la géométrie de suspension du ménisque qui n'aurait pas été à la bonne hauteur de la tâche?
Une faiblesse du mécanisme?
Contre quel concepteur se retourner pour vice de construction?
Premier secours, le médecin généraliste en avait avec des pommades pour mettre du baume sur un genou désemparé. La guérison n'était pas garanti sur facture. Le temps passait et faisait ce qu'il peut pour faire oublier le problème.
Progressivement, pourtant, la douleur imperceptible du début prenait mon genou à revers et s'incrustait insidieusement à ne plus me permettre une position accroupie trop longue.
Un mouvement banal, imprévu et ce fut l'entorse, l'origine d'une douleur qui me reste en mémoire et m'imposa l'arrêt complet. Une visite chez le "réparateur", des palpitation de l'endroit incriminé et ce fut le transfert à l'étape suivante: l'IRM.
Machine imposante que cette machine. Elle vous impose l'immobilité pendant 20 minutes. Pour vous faire passer le temps et pour vous faire oublier le bruit de mitraillette, un casque avec de la musique de Mozart vous est proposé. Dans mon cas, on avait malheureusement oublié qu'on allait arriver à fin de bande cinq minutes après.
Résultat, j'ai eu droit à beaucoup de bruit et peu de Mozart.
Mais passons...
L'Imagerie de Résonance Magnétique, comme l'appelle les initiés, confirmera le diagnostic du généraliste: le ménisque est fatigué.
Pourtant, tout semblait léger, impalpable, discret d'après le diagnostic. En résumé et sans aller dans trop de détail fort peu explicatifs pour le commun des mortels, on trouvait et mes réponses suivirent:
-
remaniement dégénératif global de la corne postérieure du ménisque interne avec fissurations multiples du bord inférieur.
--> Dégénératif global de la corne ? Non, mais, faut pas pousser ma corne.
-
épanchement articulaire modéré.
--> faire dans la modération, cela me bottait.
-
œdème sous-cutané global. Discrète inflammation derrière le tendon semi-membraneux distal sans exclure un antécédent de rupture de kyste poplité.
--> La discrétion y avait rien de mieux pour suivre ma philosophie. Retrouver cela, jusque dans mon genou, c'est chic. Quant au côté "pop", pourquoi pas?
-
très discrète chondropathie fémoro-patellaire et fémoro-tibial interne. Discrète tendinose du tendon sous-rotulien.
--> un ramollissement du cartilage, dit Wiki. Du cartilage, peut-être. Mais faut pas se tromper, je ne suis pas fait uniquement de cartilage.
C'est vrai, on dégénère avec l'âge, on s'épanche très sentimentalement, on s'enflamme plus vite et les raideurs se déplacent, c'est écrit dans nos gènes.
Les photos sont là pour prouver tout cela.
Sur DVD, plus holographiques qu'en images 3D, cela permet de le voir sous tous les angles. Pas besoin de lunettes spéciales que l'on trouverait suite à la révolution du 3D annoncée sur nos écrans télés..
...
Tableau 2:
Dès lors, on se perd en conjectures. On se confond en conjonctures.
Dans la même source, il est dit "il n’y a pas d’urgence : laisser en place une lésion méniscale n’aggrave pas l’état du genou et ne complique pas une éventuelle opération faite ultérieurement si elle devenait nécessaire en raison de l’aggravation de la symptomatologie fonctionnelle.".
Pas de blocage, en effet, la flexion reste libre, mais la sécurité d'emploi n'est plus assurée et les chaussures de jogging devront se résoudre à rester au vestiaire dans ces conditions.
Armer de plusieurs conseils de ceux qui sont passés à l'étape "exécution", qui ont réussi une remise à neuf, on se décide à consulter un chirurgien.
Sur place, les explications de ce qu'est un genou. Censées rassurer ou, au contraire, à vous insurger sur le "créateur" de ne pas avoir pensé à mieux consolider l'ensemble.
Une voiture, car on y pense, on lui donne des rotules et des amortisseurs en fonction de la carrosserie qu'elle supporte. Dans le monde des bipèdes, il y a bien plus adapté à la course. Vous avez déjà vu, vous, des kangourous avec des problèmes de ménisque?
L'intervention, l'arthroscopie, consiste à enlever le cartilage usé et de le "resurfacer", c'est à dire, en garder le maximum. Pas de régénération automatique possible car il n'y a pas de sang qui abreuve les sillons pour y arriver. Dans mon cas, on ne parle que de resurfaçage, pas d'ablation du ménisque.
Sauvé, devrais-je me dire.
Les lésions sont soit traumatiques, soit non traumatiques.
Accidentelles ou dégénératives?
Ou cela saute en une fois, ou c'est avec le temps, mais on y passerait, tôt ou tard, si l'on y prend garde.
Traumatiques, ressenties de manière indirecte. Très fréquentes, non traumatiques, les lésions sont à associer à des patients d’âge mûr présentant des douleurs progressives.
Symptomatologie cyclique, avec épisodes douloureux plus ou moins longs.
- Palper, Docteur, prenez votre temps, et vous serez considérez. Même, si je n'ai pas celui qui devrait exciter votre regard.
Tiens, si je l'appelais, Henri?, pensais-je.
J'avais bien appelé un de ses prédécesseurs, Claude, lors d'une autre affaire de pièces défectueuses.
Le modus vivendi se fait avec écran interposé.
J'espère simplement qu'il ne se trompera pas de cassette vidéo.
Il inspire confiance, cet Henri. Il a de la renommée, aussi.
Étape suivante, fixer un rendez-vous avec lui et avec les autres praticiens pour confirmer que tout est en ordre d'opération.
Son agenda bien rempli, pourrait expliquer que vous n'êtes pas seul à avoir des démêlées avec la nature fragile de l'homme.
...
Tableau 3:
Au préalable, un rendez-vous combiné dans un timing serré comprendra la visite pour l'électrocardiogramme, l'entrevue chez l'anesthésiste et la traditionnelle prise de sang.
Du côté, électro pas de commentaires folichons si ce n'est que les électrodes sur le corps me faisait penser à un film dont je ne me souviens plus du nom.
Avec l'anesthésiste, par contre, une dame avec le bonnet vert sur la tête et un tablier tout aussi vert, me faisait penser à une écolo en service, donc, parfaitement dans l'air du temps. Une discussion suivit pour faire connaissance du type de ce vieux film "Je ne bois pas, non, Je ne fume pas, non, Je ne drague pas, mais... je cause".
Dans ce film, d'après Wiki, il s'agissait "d'une femme de ménage, a trois clients, un caissier suppléant à la prévoyance de crédit, une présentatrice télé et un éducateur d'enfants, et apprend certains de leurs secrets assez inavouables. En révélant habilement ces secrets, elle arrivera à ce que le caissier fasse chanter la présentatrice qui fera chanter l'éducateur qui fera chanter le caissier....et la boucle est bouclée...".
Il faudra que je revois cela dans le détail pour m'y reconnaître ou non. Pour les secrets de "fabrication", j'ai été informé.
Pas de femme de ménage., donc pas question de faire chanter qui que ce soit.
Pour continuer "ma" boucle, il faudra attendre 3 semaines.
Quant au choix de la formule du dodo complet ou partiel, j'ai le choix et j'en profite.
J'en veux pour mon argent, ma séance de "rattrapage", je la veux éveillée.
Une consultation sur Internet m'informera, plus tard, que l'anesthésie partielle se fait par péridurale.
Celle-ci s'adapte plus à l'autre moitié de l'humanité: les femmes. Femmes qui doivent accoucher par césarienne dans des situations difficiles. César, j'aimais son histoire mais moins sous la forme de césarienne.
Piqûre dans le dos entre les vertèbres plus basses que là où passe moelle. J'en arrive à espérer seulement que l'anesthésiste est une championne de tir aux fléchettes et pas du tir aux pigeons.
Fin du tableau à la prise de sang. Rien de passionnant.
Bon sang ne saurait mentir, dit-on.
Je ne vais pas déroger à ce dicton riche en valeur intrinsèque.
...
Tableau 4:
C'est le grand jour et le « One day » commence.
Déjeuner frugal avant 7:00.
A 10:30, l'admission à la clinique.
Dans la chambre, déjà un autre candidat à la "charcuterie fine".
Espagnol, parlant anglais.
Lui, il a pris un gros bouquin pour passer le temps.
Il a raison car du temps, il en faudra en quantité non négligeable.
Pour moi, les "festivités" commenceront à 15:00.
Lui, ce sera vers 17:00.
La mise en condition est assez simpliste: tout nu, tout bronzé, dans une chemise de nuit unisexe avec fermeture éclair dans le dos (enfin, "éclair", question de parler...).
Plus tard, rasage de près de la partie à traiter et de son environnement. A l'heure dite, c'est le transport de la "victime consentante" et me voilà véhiculé au travers des couloirs où l'on remarque que la chaleur n'est pas conforme à la situation et cela, jusque dans le saint des saints. Là, on s'affaire déjà pour l'invité de marque Toutes les infirmières aidantes d'Henri, disons les "Henriette", avec le petit bonnet vert sur la tête, s'agitent.
Toutes masquées pour le bal des gens biens?
Je ne manque pas de faire une relation avec la mode dans un cadre d'AH1N1.
On sent que le scénario est bien rodé.
L'arrivée du maître "Henri" ne passe pas inaperçue avec son bonnet de pirate bleu avec de jolies fleurs rouges.
Son collaborateur, lui, se limite au bleu roi. Chacun son grade.
Le patient lui, avec un bonnet de pâtissier blanc sur la tête ne peut pas concurrencer. Voilà, la maîtresse de mon sommeil qui se prépare. Elle va me donner la piqûre dans le dos pour m'envoyer le bas du corps dans les bras de Morphée. Cette piqûre en s'infiltrant; me donne une chaleur progressive.
Je résiste, beaucoup, un peu, plus du tout.
Me voilà, cul de jatte.
La jambe jaunie par les désinfectants, un drap sur le corps, un écran vidéo planté devant les yeux, je vais assister à mon Voyage fantastique, ce bon film d'y à 40 ans.
Pour commencer, pas même de générique de la « 20th Century Fox ».
Ce ne sera pas, non plus, dans un vaisseau mais le chemin suivi par une mini-caméra qui se charge de l'arthroscopie, sur un écran même pas cinémascope.
Introduit dans le genou, la sonde miniaturisée avec caméra, la fraise, la pince coupante et l'aspirateur s'articulent de l'extérieur par 3 petits trous. Pas de laser, comme dans le film d'il y 45 ans. Une pitié, beaucoup moins poétique et moins coloré tout cela, me dis-je. Faut pas trop rêver dans mon état.
Ma "Raquel Welch" m'a endormi le bas.
Le haut reste en éveil.
Dommage qu'elle ait pris un peu d'âge par rapport au film.
En direct, je reçois par toutes les explications sur le voyage par Henri, qui en devient, de fait, Le Navigateur,
Tout à coup, pour casser l'illusion, voilà qu'il me demande:
- Avez-vous déjà fait de la plongée?
- Rien qu'en surface, répondis-je, intrigué.
- Vous ne trouvez pas que cela ressemble aux anémones?, me dit-il.
Ouais. Mais, j'imagine, tout de suite, le poisson clown au milieu et cela brise le charme de la mer Rouge.
Je ne lui révélerai pas mon voyage, à moi. Celui-là avait été bien plus fantastique, encore.
Le temps passe vite. Fin du scénario. Le film s'arrête. Retour du "Dream land".
...
Tableau 5:
Retour dans la grande salle de réveil. Là, c'est l'heure de pointe et les parkings sont pleins. Les embouteillages se succèdent. La règle "Longest in, first out" est de rigueur. On circule dans tous les sens. Les portes claquent. Un véritable courant d'air s'ensuit. Nouvelle période d'attente sous le regard attentif des appareillages et d'autres « Henriette ».
Les complications post opératoires sont connues.
Toutes très rares d'après Internet. Bien sûr.
- L'arthrite (0,5%).
- L'hémarthrose, le fameux épanchement de la "gentille Sidonie" (0,5%).
- Le beaucoup moins drôle syndrome algodystrophique, responsable de raideur encore plus rare.
Comme je n'ai jamais gagné de gros lots, je ne désirerai même pas de lot de consolation.
Retour dans la chambre. Autre parking. Une attente « défébrilisée » du réveil du bas du corps qui commence très doucement.
Pour retourner chez soi, comme prévu, l'anesthésie par péridurale demande, parait-il, un examen de passage qui ne vient pas: uriner. Alors, là, on fait couler de l'eau, on imagine une source mais le petit oiseau reste muet. Pas question de penser honorer ses devoirs conjugaux pour la soirée, non plus. Faut pas rêver.
A 20:00, c'est le passage d'Henri et de son collaborateur.
Conseils et visites futures à prévoir.
Le pipi pour ticket de sortie?
Non, ils ne l'auront pas.
Je me le réserverai pour plus tard à la maison.
Pour ces choses là, il faut une remise en condition.
Pas de brusquerie dans la « ménisquerie ». C'est promis.
Le temps va prendre son temps et puis, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Dans le « home, sweet home », on passe le temps à l'abri des intempéries avec le blanc de la neige comme seul tableau.
On attend que le genou récupère les attitudes d'antan.
Le compteur de dopamine interne, lui, rejoint la température du thermomètre hivernal en externe.
Qui dit "neige" dit ski, qui dit "ski" dit nouvelles fractures du ménisque en perspective cavalière.
Le sport, actuellement, c'est, pour moi, un futur indéterminé. A mesquinerie, mesquinerie et demi. Il parait que la balance a dû ajouter quelques centaines de grammes en plus au compteur.
Suite à l'écran pendant la "con_valescence".
Qui sait, sur l'écran noir de mes nuits blanches?.
Depuis, j'aime mon genou. Me rendrait-il fou?
Voilà, qu'il faut le bichonner, le glacer, l'allonger...
Hier, j'écrivais le Journal d'une quille.
Aujourd'hui, c'est l'épisode de la béquille.
Et pour demain, on se met à imaginer, à rêver, à extrapoler...
Et, vous savez quoi?
La quille resquille.
"J'aime tes genoux, ils me rendent fou", chantait Henri Salvador.
Quant à suivre ses paroles, "le reste je m'en fous", c'est à revoir.
La "bête" veut encore du ressort.
L'enfoiré,
PS. Il va sans dire que je dédie ce billet au vrais Henri, Raquel et "Henriette"
Sur Agoravox, des ménisquologues?
Citations:
-
"Un baiser au creux du genou est un papillon de nuit sur une moustiquaire...", Anne Sexton
-
"Une opération n'est jamais inutile. Elle peut ne pas profiter à l'opéré... Elle profite toujours à l'opérateur.", Georges Feydeau
-
"Dans tout ce que la nature opère, elle ne fait rien brusquement." Jean-Batiste Lamarck
Voilà, que j'ai à nouveau à remercier
le copain Voris pour son hommage à L’enfoiré et à Eric Rohmer
à écouter en cliquant ici sur Jamendo)
Je m’suis pété le ménisque
En faisant du sport.
Faut croire que j’ai pris trop d’risques,
Fait trop d’efforts.
On m’recommande au docteur Dugenoux
Il va regarder mon genou.
"Entre l’fémur et l’tibia,
Je n’vous dis pas.
Toute la mécanique qu’il y a là
Pour faire un pas",
Déclare d’un ton docte Dugenoux.
En parlant de mon genou.
Il a fait passer mon disque
A la radio.
Il a dit "votre ménisque
Il est pas beau".
Il commence à me casser les pieds.
Le bon docteur Dugenoux.
J’lui foutrais mon genou
Dans ses bijoux.
Mais j’ai cassé mon ménisque.
Ce serait trop d’risques.
J’vais pas me mettre à genoux
Devant un docteur du genou.
J’suis passé dans l’IRM
Et au scanner,
J’avais la musique que j’aime :
Bach et Wagner.
Mais le docteur Dugenoux
Il était passé où ?
Bijou, genou et caillou
Prennent pas de X.
Mais lui le docteur Dugenoux,
Il fait du X.
C’est un peu son rayon
Mais c’est pas une raison.
Il est comme Eric Rohmer,
L’docteur Dugenoux :
Il préfère le genou de Claire,
A mon genou.
Voris, voici ma version:
Sur un mix de la Vache à mille francs et de la Valse à mille temps
Au premier temps de la quille,
Tout seul mon ménisque, il est là,
Au premier temps de la quille,
Y a le genou, y a la jambe et y a moi,
Et ma course qui bat la mesure,
La mesure de mon estomac,
Et ma course qui bat la mesure,
Mesure aussi mes fins de poids.
Une quille à mille temps,
Comme ce serait charmant,
Comme ce serait charmant
Et beaucoup plus tentant
Qu'une quille à deux mille temps,
Une quille à mille temps.
Une quille à mille temps,
F'rait la course à cent temps,
L'mouvement à soixante temps,
Le coeur à quarante temps,
La java à trente temps,
La quadrille à vingt temps.
Une culotte de vingt temps,
F'rait la côte à quinze temps,
La poitrine à douze temps,
La bavette à dix temps,
Le collier à huit temps,
Le jarret à quatre temps.
Un jarret à quatre temps,
Ce serait intéressant
Et plus avantageux
Pour augmenter son feu
Qu'une quille à mille temps,
Une quille à quatre temps…
Au deuxième temps de la quille,
C'est à peine si je l'aperçois,
Au deuxième temps de la quille,
Y a du monde entre la bête et moi.
Il y a l'tueur qui passe la mesure,
L'transporteur qui lui emboîte le pas,
Pendant que la foule nous assure
Que la viande de la quille ne monte pas.
Une quille à mille francs,
En quittant Dinant,
Devient chemin faisant
Comme par enchant'ment
Un' quille à cinq mille temps
En arrivant au Mans.
Un' vache à cinq mille temps,
On ne sait pas comment,
Augment' de vingt pour cent
En traversant Dinan,
Et d'vient par conséquent
Un' quille à six mille temps.
Un' quille à six mille temps,
C'est bougrement tentant,
C'est bougrement tentant
Pour les gens d'Orléans
D'en faire innocemment
Un' quille à dix mille temps.
Une quille à dix mille,
En sortant de la ville,
Pris' dans un tourbillon
Devient à Arpagon
Par un calcul habile
Une quille à vingt mille,
Cent mille à Montlhéry,
Deux cents à Baisy-Thy,
Trois cent mille à Orly,
Arrivant à Paris,
À la Port' d'Italie
La quille n'a plus de prix.
La quille est aux Gobelins
Multipliée par vingt,
Par deux cent cinquante deux
Au carr'four Richelieu,
Et par huit cent dix sept
En sortant d'La Villette…
Au dernier temps de la quille,
En rôti, sur l'étal, elle est là,
Au dernier temps de la quille,
Y a un monde entre sa panse et moi.
Et l'Etat, qui prend des mesures,
L'Etat qui mesure notre émoi,
Et l'Etat qui prend des mesures,
Fait monter un peu plus chaque mois.
De la quille à cent francs,
On en mangeait autant,
Autant qu'on en voulait,
Et plus qu'il ne fallait,
À midi, au dîner,
Et dans l'café au lait.
D'la quille à cinq cent francs,
C'est déjà plus gênant,
Moi qu'en mange en moyenne
Dix kilos par semaine,
Pour avoir mon content
Je privais les enfants.
De la quille à mille francs,
De la quille à mille francs,
Il vaut mieux carrément
Se gaver d'ortolans,
Et s'offrir des homards
Tartinés de caviar.
D'la quille à deux mille francs,
Ça s'ra pour l'jour de l'an,
On la mangera truffée,
Sur un grand canapé,
On gardera l'foie gras
Pour les autr's jours du mois.
D'la quille à cinq mille francs,
Ça d'viendra un placement,
Avec mes lingots d'or,
Dans mon grand coffre fort,
J'entass'rai les rumstecks
Et les coupons d'beefsteack.
D'la quille à cinq mille francs,
Ça d'vient décourageant,
C'est pas qu'on soit méchant,
Mais un beau jour, pourtant,
Il faudra bien qu'on sache
Qu'on n'peut plus suivr' la quille!
Oh la quille! La sale quille …
Oh la quille nous rendra fous !
Oh la quille! La sale quille …
Oh la quille nous rendra fous !
Oh la quille! Oh la quille…
Commentaires
Mon cher Guy
Vous me surprendrez toujours. Voilà bien un cas bien spécial : le patient qui entend aller au fond des choses et de comprendre les tenants et aboutissants d'une opération qu'il a dû subir. Je ne sais comment et pendant combien vous vous êtes documenté, mais vous démontrez une réelle et féconde curiosité. Je suis sur le dos (je vais faire attention à mes vertèbres ;-)
J'admire surtout le sens de l'humour qui émaille de bout en bout votre exposé. Que dire de ceci sinon de rire un bon coup : « Le pipi pour ticket de sortie? Non, ils ne l'auront. Je me le réserverai pour plus tard à la maison. Pour ces choses là, il faut une remise en condition » ? La référence à Henri Salvador est délirante.
C'est le plus hilarant rapport médical que j'ai lu de toute ma vie. Certains médecins austères (il semble qu'Henri ne l'était pas) devraient s'inspirer de votre rapport et de votre analyse pour distiller dans les cœurs et les âmes la bonne humeur. Et vous avez fort bien réussi mon cher ami à nous communiquer cette franche et grosse bonne humeur qui comblera notre semaine ;-)
Bravo, mon cher Guy.
Pierre R. Chantelois
Écrit par : Pierre R. Chantelois | 12/01/2010
Cher Pierre,
J'ai eu un article du même tonneau après mes opérations aux mains. ( http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2006/03/22/une-journee-particuliere.html ).
Depuis, j'ai gagné un lecteur en mon chirurgien de l'époque. Je me devais de rejouer les scènes avec le même humour.
Je suis particulièrement intéressé par les petites choses que personne ne voit.
Un rapport médical, je n'oserais pas aller plus loin que le diagnostic qui a été fait.
La photo représente bien mon genou sous IRM. Je ne peux évidemment pas donner la représentation complète et sous tous les angles.
Henri, je vais le revoir le 21 pour couper les fils et pas nécessairement le fil.
On verra sa réaction à posteriori.
L'humour est une denrée de plus en plus rare aujourd'hui.
Alors, s'il n'en reste qu'un, je serai celui-la.
Écrit par : L'enfoiré | 12/01/2010
L'humour est une denrée de plus en plus rare aujourd'hui.
Alors, s'il n'en reste qu'un, je serai celui-la
____
L'enfoiré
Le dernier pot d'humour qui a été vendu, nous connaissons maintenant l'acheteur ;-) J'ose espérer qu'Henri rira autant que nous, lecteurs. Encore une fois, un beau mélange d'information et d'humour.
J'ai bien aimé les échanges sur AV. Notamment sur le petit anagramme « mesquinerie » et « ménisquerie »... ;-)
Pierre R.
Écrit par : Pierre R. Chantelois | 12/01/2010
Pierre,
Henri va recevoir le message. Pour Rachel, le secrétariat ne connait pas son adresse email. Ce genre d'info transite très vite d'oeil en oeil, j'ai confiance.
Jouer sur les mots, j'adore.
De ce côté, c'était Raymond Devos qui a été mon maître.
Il aurait mérité une fin plus glorieuse.
Mais, bon, on ne choisit pas.
Écrit par : L'enfoiré | 12/01/2010
L'enfoiré
Mais mais la croisière s'amuse ;-) Je profite de l'occasion pour saluer Paul. J'en garde de beaux souvenirs, surtout ses chroniques bretonnes sur AV. Amusantes ces deux chansons dédiées à votre ménisque. Et son clin d'œil à Rohmer est fort. Et dans votre cas, votre pastiche sur la Valse à mille temps de Jacques Brel est... délirant.
Au dernier temps de la quille,
En rôti, sur l'étal, elle est là,
Au dernier temps de la quille,
Y a un monde entre sa panse et moi.
;-)
Pierre R.
Écrit par : Pierre R. Chantelois | 13/01/2010
Pierre,
Hier, Paul m'en avait poussé l'idée.
Avant d'arriver à cette version, il est passé par d'autres moins prestigieuses. C'est vrai, on ne gagne pas le gros lot depuis le début.
Quand on me titille, mes yeux brillent. Un verre devant moi, les vers broutillent et enfin, se versifient. La chanson chantonne dans ma mémoire pour épauler bien sûr.
Écrit par : L'enfoiré | 13/01/2010
Bonjour et Bonne année L'enfoiré .
Un rapide passage "façon Sun Tzu".
Je l'avoue, je n'ai pas encore lu l'article complètement, qui pourtant a l'air poilant .
(toujours occupé dans tous les sens hors internet)
J'ose entrevoir la métaphore entre le ménisque et le tournant historique de notre chère vieille terre .
C'est assez semblable, le ménisque on peut vivre sans mais l'os a tendance à s'user, j'ai l'impression que l'occident a perdu son ménisque ... ;-)
Bonne année à tous et mangez du riz, il faudra bien s'y habituer car je viens enfin de comprendre pourquoi le riz porte le nom de "riz Oncle Bens" .
Comme quoi certaines marques étaient quasi prémonitoires...
L'emballage orange de l'Oncle Bens a été savamment choisi : ni rouge, ni blanc ...
Je suis toujours aussi "terre à terre" mais il en faut bien un minimum pour cultiver ...
Bonne année à tous et gardons de l'humour, car l'humour c'est tout ce qui reste ;-)
Écrit par : Sun Tzu | 15/01/2010
Salut Sun Tzu,
Sachant que tu es fort occupé, je n'ai pas osé lancer la perche jusqu'à toi.
L'occident a perdu son ménisque?
Non, idiot que je suis, je n'ai pas fait le rapprochement.
Tu as raison.
Le riz, j'adore, donc j'ai une avance.
Les baguettes, là, la réussite, c'est pas garanti sur facture.
Oncle Bens ne colle jamais, mais il fond dans la bouche.
Faudra s'habituer à Oncle Confucius, lui, colle toujours aux basques et pour calmer le jeu, il raconte de belles histoires.
Je suis un fan de l'humour, c'est ce qui permet de garder un certain recul devant les conneries du monde d'hier et d'aujourd'hui.
Bonne année à toi aussi.
I cross the fingers. (pardon je ne peux pas encore le dire en chinois ou en hindi)
Écrit par : L'enfoiré | 15/01/2010
L'enfoiré
Il ne faut pas crosser les fingers mon cher Guy, Cadbury a délocalisé sa production là où on mange avec les doigts, question de "pragmatisme" pour l'actionnariat .
L'humour j'ai appris avec le recul .
Internet m'a poussé à faire une chose bien : écrire et voir la difficulté .
Internet m'a poussé à faire très bien : Cesser d'écrire pour être moins impulsif .
Conclusion je commence à rire mais j'ai encore du chemin à faire ...
Dernière poilade mémorable devant la boite à lobotomie (TV) :
Les USA ont présenté la liste des pays terroristes estampillés Alquaeda, j'y ai appris que Cuba était un pays Arabe et surtout Musulman au dernier degré . (sont forts ces ricains en géographie tout de même)
Dis moi, il y a du pétrole ou du gaz à Cuba ou ils ont décidé d'y faire passer un gazoduc ?
----------
Allez faut que j'y retourne, j'ai un travail d'Indien à faire.
Écrit par : Sun Tzu | 15/01/2010
Sun Tzu,
"Dis moi, il y a du pétrole ou du gaz à Cuba ou ils ont décidé d'y faire passer un gazoduc ? "
Cuba, comme tu sais, j'y ai été. J'ai écrit un article sur le sujet.
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2007/05/08/un-cuba-libre-por-favor.html
Il y a du pétrole, en effet, mais très mal géré, très peu productif.
Il n'est peut-être pas nécessaire quand tu vois les vieilles voitures des années 50 que l'on maintient vaille que vaille. Des souvenirs d'Hemingway, des DuPont.
Pays arabe? Oh que non. Pays qui trouve ce que sont les joies d'être en "révolution permanente".
Cuba pour les Etats-Unis, c'est une vieille histoire. Il y a des traces indélébiles du temps de Batista avant Castro.
Évidemment, il faut avoir un certain âge pour s'en rappeler. La Baie des Cochons a été un sale tour de cochon pour les GI. Depuis, on se regarde en chien de faïence avec seulement un détroit entre la Floride et le rivage en forme de crocodile de Cuba.
De chaque côté, on se dit, on on le hurle " J'ai raison" de
Écrit par : L'enfoiré | 15/01/2010
Tiens, ça fait du bien d'entendre ça.
http://www.lesoir.be/actualite/sciences_sante/2010-02-02/soins-de-sante-les-belges-sont-les-plus-satisfaits-en-europe-751552.shtml
Écrit par : L'enfoiré | 02/02/2010
Plus d'info : http://www.genou.com/meniscectomie.htm
Écrit par : L'enfoiré | 03/10/2010