Rétro Chine (1) (15/03/2008)
Grande Chine, ton histoire ne date pas d'hier. Te revoilà plus forte que jamais, pour nous le rappeler et parfois pour nous effrayer. Nous sommes à quelques mois de l'ouverture des JO de Pékin. Essayons une rétro pour extrapoler, ensuite, sur l'avenir dans un deuxième volet.
L'histoire de la Chine remonte à la nuit des temps. Très riche par ses histoires de dynasties d'empereurs jusqu'en 1911. Le premier empereur, Qin Shi Huangdi. réalisa la première unification par la force sous la Dynastie Qin.
Le Figaro consacrait, en mars, un hors série en panorama sur cette épopée.
Remontons seulement au début du 20ème siècle.
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Survol rapide de l'histoire
L'impératrice Tseu Hi manipula les Boxers dans le but de repousser les étrangers hors de Chine. Le dernier empereur, PuYi, très jeune, resta enfermé dans la Cité Interdite (évocation dans le film "Le dernier empereur").
Le 1/10/1949, la Chine virait au rouge vif avec Mao Zedong, qui surnommé le Grand Timonier, créa sa République populaire avec le petit livre rouge comme livre de chevet.
Le 18 août 1966, il lança sa Révolution Culturelle, pour mater ses opposants. Se succédèrent après sa mort (10/9/1976), la Bande des Quatre menée par Jiang Qing qui crut pouvoir prendre le pouvoir de son mari décédé, jusqu'à leur jugement. Par après, Deng Xiaoping, surnommé le Petit Timonier, comprit que l'autarcie ne pouvait engendrer un futur sur le long terme avec une Chine trop refermée sur elle-même. Il ouvrit les frontières au modernisme à la chinoise et à une reconversion complète vers l'économie occidentale sans faire appel aux droits de l'homme ni à la liberté d'expression d'une démocratie.
Le 4 juin 1989, l'élan de liberté est brisé sur la Place Tian' anmen. Un nouvel élan, plus fort encore, survint lors de la désignation de Pékin comme ville des futurs Jeux Olympiques de 2008.
Film du temps, suspense en thriller pour les uns et liesse pour les autres dont on pourrait avoir une description et le titre de "Joutes Octopusiennes avant le 8 août 2008 à 8 heures" avec le parti chinois comme producteur, une centaine de millions de réalisateurs et plus d'un milliard deux cents millions de figurants.
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Actions chinoises
Sous une idéologie communiste menée par un parti unique dominant, une corruption toujours présente, une privatisation d'une petite minorités d’entreprises, l’économie de marché dans sa version la plus excessive voulait oublier, ostensiblement, le carcan socialiste désiré à l’origine. Une volonté de rattraper le temps perdu se manifestait pourtant d’une manière assez chaotique.
Dans un boum économique, une élite se constitua des fortunes immenses en permettant de construire de véritables empires et s’attribuant le droit de vivre dans un luxe inimaginable. Les quotas d’exportation, supprimés en janvier 2005, décision prise dix ans auparavant entre les partenaires économiques, suffit pour faire croître le nombre de ces multi millionnaires et faire apparaître des milliers de nouvelles voitures flambant neuves dans les rues de Pékin.
Les quotas à l'exportation, une fois sautés, ils avaient bien vite été dépassés. Le blocage des cargaisons en excédent, arrivées par bateaux dans les ports européens, n'avaient plus reçu l'autorisation de décharger créant une nouvelle crise appelée ironiquement par les Anglais de "crise des soutiens-gorges" due à la pénurie qui s'était produite au grand dam des importateurs et des distributeurs européens. Ce dilemme survenait seulement deux mois après un accord correctif sur ces fameux quotas fixés entre la Chine et l'UE.
Dans un Acte I, surprenant vaudeville se résumait par la question:
- Alors, Monsieur Mandelson, tu bloques, volonté de la France et de l'Italie ou tu débloques, aspiration de l'Allemagne et d'autres ?".
Acte II: en parfait équilibriste, il a trouvé le compromis: on débloquait et on 'grignotait' du quota de 2006 pour laisser entrer les marchandises. Un nouvel "œuf de Colomb" !
Il aurait suffi ensuite de recommencer l'Acte II si nécessaire, les années qui suivirent.
Pourtant, déjà lors de la période de Noël de 2005, bien que l'on pouvait penser qu'un avenir radieux se présentait aux industriels chinois, voilà que, paradoxalement, le vague à l'âme se manifestait chez les fabricants de jouets chinois tandis que plus de 80% des jouets envahissaient l'UE.
Bon nombre de producteurs de l'univers des enfants avaient été mené à la faillite par la hausse de leur coût de production qui n'avait pas pu trouver un correspondant dans leur prix de vente mis souvent au rabais par la volonté du marché.
La crise du SRAS, les produits pétroliers à la hausse, la hausse du prix de la main d'œuvre avaient grevé les prix de revient. Concurrence interne.
"Nous avons décidé de fabriquer des jouets moins chers, sinon on ne pourra pas survivre", disait un producteur de jouet.
Le dumping par les prix écrasait son propre initiateur et concepteur.
Les autres marchés plus haut de gamme étaient encore très limités à la copie des produits occidentaux. Les contrefaçons inondaient les marchés malgré les brevets. Si un progrès extraordinaire était au rendez-vous, le domaine intellectuel était un peu laissé en rade. Inventer et innover, nous en étions encore loin bien de la sophistication.
Brûler les étapes a des effets pervers sur l'environnement.
Le 13 novembre 2005, après une explosion d'une usine pétrochimique, probablement due à une erreur par manque de contrôle, il y eut des conséquences catastrophiques. Elles ont été rendues publiques seulement le 24 novembre car les 80 kilomètres de pollution ne pouvaient plus se cacher. Une nappe de benzène, produit extrêmement nocif, s'est répandue dans le fleuve Songhua, au nord-est de la Chine, affluent de l'Amour qui menaçait la ville de Harbin et ses 4 millions d'habitants jusqu'à inquiéter la Russie. La suspension de distribution d'eau est telle que la brasserie de la ville a été demandée à la rescousse pour fournir l'eau qui était destinée au brassage de la bière.
Urgence artificielle pour construire la Chine avec une croissance trop rapide contre urgence pour la préserver des erreurs de parcours n'empêchera pas une nouvelle explosion, plus tard.
Fin 2005, la Chine décide de réduire sa dépendance vis-à-vis de ses besoins énergétiques. Elle va fermer 2400 mines de charbon dont l'exploitation souffrait de trop d'accidents par coups de grisou et d'une gestion sans beaucoup de scrupules pour les mineurs.
Ce qui ne se dit pas, c'est que ces coups de grisou se produisent par manque de respect de ses travailleurs et se subissent par eux à coup de "forcing" pour leur permettre, en fin de journée; le pouvoir de se payer un bol de riz.
Mi-avril 2006, un reportage "Fait divers" rapportait que dans le Sud du pays, le travail des enfants était utilisé pour le recyclage des déchets électroniques et aussi radioactifs car il ne faut pas oublier que la Chine possède la bombe atomique et a dû la tester.
En effet, 50% de tous les pays à haute technologie du monde exportait en Chine leur trop plein de matériel périmé ou déclassé qui n'empêcha pas de s'en instruire en Chine en dépit de l'interdiction d'importation de déchets. PC et circuits intégrés prenaient une valeur non négligeable quand on sait qu'ils détiennent souvent beaucoup de matière tel que le mercure et l'or et une technologie qui n'est pas à négliger pour tout le monde.
Le niveau de pollution entrainé dénote par contre un excès 5 fois supérieur à la norme supérieure. L'analyse du sang des enfants accuse une augmentation d'anormalité et 80% entre une et cinq ans, sont atteint de saturnisme. Mais encore une fois, mutisme chinois et de la communauté internationale qui profite de la situation. La communauté a de l'importance, pas l'individu particulier.
Retour au 19ème siècle à l'européenne?
Championne dans l'inégalitaire, la Chine l'est avec 5% de sa population qui se partage plus de 50% des richesses. Les plus de 40 ans se souviennent de 1989 et de sa dure répression qui a laissé des traces. Avoir raison trop tôt et avant les autres comme la Roumanie, l'URSS et les pays de l'Est... n'apporte que rarement le succès.
Après les paysans et les ouvriers, les étudiants, les rejetons de classes moyennes manifestent leur mécontentement et leur volonté de préserver la valeur de leurs diplômes. Des sociétés privées délivrent des diplômes dévalués qui sont de véritables arnaques tandis que les grandes universités sont hors de prix.
Comment échapper à la réussite, pourrait-on penser? On en reparlera dans la deuxième partie.
L'histoire de la Chine peut être lue dans le livre de Jacques Gernet, professeur à la Sorbonne de Paris VII.
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Réactions des autres
En guise de réveil, l’Europe tente de se réunifier pour peser plus lourd dans le pouvoir décisionnel. On réagit au coup par coup sans véritable énergie de protection pour sa propre économie. L'OMC empêche tout protectionnisme trop ostentatoire ou pointé comme trop passéiste.
La volonté nécessaire, la solidarité acceptée dans les déclarations est souvent non suivie d’effet réel dans la pratique.
L’établissement d’un budget européen comme nerf de la guerre, n’a même pas pu s’accorder très facilement dans les dernières réunions de l’UE à Bruxelles.
L’Europe était, il est vrai, en panne d’idées et d’argent qu'il fallait trouvé par des emprunts extérieurs. Les élections françaises et néerlandaises étaient passées par là. Le Luxembourg, heureusement, par son 'oui' a pu faire croire qu'elle n'était pas morte dans l'esprit des gens.
Un mini traité va-t-il tout arrangé ?
En 2006, le PIB de l’Union Européenne représente 9700 milliards d’euros, celui des US, 10500 milliards d’euros, la Chine s’octroyant seulement 1800 milliards d’euros. La croissance correspondante des premiers trottine au dessous de 2%, les seconds roulant encore à du 4%, tandis que l’Asie fonçait à du 10% et plus dans le même temps.
Le goût de l’innovation, des projets futuristes et leurs investissements dans ces domaines porteurs permettent aux US de se maintenir dans la bonne moyenne contre vents et marées. 80% des brevets mondiaux leur sont encore attribués. Dans cette volonté et grâce à la force de référence du dollar, ils n’hésitent pas à s’endetter et laissent aux autres le payement de leurs découverts. Ils vendent leurs dettes et achètent à l’étranger.
La crise du Subprime, récente, montre un nouveau talon d'Achille pour tous. Réformer l’économie de l’Europe, sans reconstruire ses propres bases, arrivait au plus mauvais moment avec de tels niveaux de faiblesse dans la croissance. Ce n’était certes pas le ferment des investissements majeurs.
Dans ce contexte, la France poussée par les promesses électorales, voulant apporter plus de bien être à sa population, avait pris la direction opposée à toute la logique du 'prix / performance' en offrant les 35 heures par semaine. Penser accorder plus d’emplois en diminuant la quotité de travail de chacun n’était pas un pari gagnant quand le nombre d’heures de travail est en diminution. L’heure de travail devenait plus chère et moins compétitive en comparaison avec l’étranger. Le sacrosaint mot ‘productivité’ ne cessait de sortir des réflexions et, l’oublier, c’était faillir à courte échéance. Plus d’heures de loisirs n'était pas d’un grand bénéfice si le pouvoir d’achat n’augmentait pas dans le même temps. C'était le contraire qui se préparait. Moins d’argent en poche et continuer à vivre comme par le passé obligeait à se préoccuper beaucoup moins de la qualité et plus du prix. Le revirement de politique actuel n'a pas changé la donne.
Pour la FED, financer le déficit était la seule préoccupation pour rester crédible dans leur potentiel de remboursement. Laisser filer le dollar vis-à-vis des autres monnaies pour soutenir ses propres exportations montre une stratégie du chacun pour soi.
Le « low cost » asiatique, les délocalisations d'une part et le chômage d'autre part allaient de pair.
Beaucoup d’automatismes allaient évidemment dans le même sens de la diminution drastique de temps de travail nécessaire pour produire. Définir les secteurs de pointe du futur, faire mieux que toutes concurrences et se cantonner aux niches productrices d’heures de travail étaient à rechercher sans assurance d'y arriver. Ces nouvelles niches hautement technologiques ne comblaient malheureusement pas les ‘trous’ apparus après la disparition de la ‘vieille’ industrie lourde nécessitant beaucoup plus de main d’œuvre.
Ce qui énervait les partenaires de la Chine, c'était qu'au lieu de réajuster normalement le cours de sa monnaie à la suite d'une surchauffe provenant de son succès et des excédents, la Chine préférait refinancer la dette US. Les excédents gonflaient de 22% au 1er semestre 2006 (14 milliards de $). Il était impératif de stopper ou de contrôler la surchauffe.
Une consommation interne plus robuste devient nécessaire mais elle reste très faible actuellement et réservée à une élite.
La main d’œuvre bon marché chinoise associée à ce jeu de monnaies maintiennent artificiellement les prix à l’exportation à des taux tellement bas qu’ils en devenaient insoutenables pour les économies occidentales.
Le 21 juillet 2005, peut-être victime de leur succès, les Chinois décident de cesser d'arrimer leur yuan au dollar et réévaluaient de 2,1% la valeur de leur monnaie. Pour les occidentaux, le réajustement a été pourtant insensible car trop faible et profitable uniquement à quelques autres marchés asiatiques. Pourtant l'économie asymétrique de la Chine révélée par la situation intérieure et des régions les plus pauvres ne pouvait soutenir une appréciation trop forte de sa devise. Les économistes ne s'attendent qu'à un total de hausse de 6% au meilleur des cas. Ce qui éviterait un impact commercial trop brusqué.
Mais, le pourcentage de 1,31% du PIB dans les investissements chinois en matière de Recherche et Développement était en hausse constante et pouvait, s'il continuait de la sorte, dépasser celui de l'UE qui atteignait péniblement 1,93 % du PIB.
La faiblesse de certaines entreprises occidentales a incitées la Chine dans une politique du «Zou Chu Qu» ("allez vers l’extérieur") en s’attaquant aux fleurons de l’industrie occidentale par des OPA et des investissements très sélectifs et très stratégiques.
Lenovo, entreprise créée par Liu Chuanzhi est devenue l'incarnation du succès chinois et attire les étudiants sur le campus de Tsingshua commedles mouches. Avec un chiffre d'affaire de 13 milliards de dollars (3ème constructeur informatique) depuis le rachat de la division PC d'IBM, Lenovo ne passe pas inaperçu chez les jeunes qui y trouvent le confort high-tech américain. S'adapter aux désirs du client a toujours été le leitmotiv.
IBM avait abandonné sa production de PC aux Chinois sous le nom Lenovo pour 1,25 milliards d’USD (malgré le boycott américain). Ce qui avait permis à Lenovo d'augmenter ses ventes de 7% dès le premier trimestre. TCL avait racheté les téléviseurs Thomson et les mobiles d’Alcatel. Chevron était attaqué, Unocal visée par CNOOC et son OPA. Un barrage avait fait échouer l'opération (2 août 2005). Range Rover en recherche de repreneur voyait des candidats chinois aux premières places tout en annonçant une reprise de 1600 personnes sur 5000 par leur candidats acquéreurs. D’autres encore avaient pu changer de pavillon.
L’araignée chinoise tissait sa toile et 8000 entreprises chinoises avaient déjà mis un pied dans ces 160 pays fin 2005 d'une manière plus spectaculaire qu'au paravent. Il a généré un appel de fonds frais et les investissements alternatifs tournés vers ces pays dit "en développement" sont passés de 60 milliards en 1980 à plus 900 milliards de nos jours. Ce nouvel intérêt constitue une véritable chance de réajustement des valeurs. L'Afrique et l'Amérique du Sud ont aussi des attraits de la nouveauté.
Exempté des règles du traité de Kyoto, les Chinois augmentent leur demande frénétique en matières premières et par leurs soins, le pillage des ressources naturelles a commencé. La flambée du prix du pétrole s’explique en grande partie par cette fuite en avant de la croissance nécessitant de plus en plus d'énergie.
Les US, comme d’autres, s'inquiètent de l’irruption de la Chine, qu’ils considèrent souvent comme un partenaire déloyal, dans le secteur très sensible de l'énergie. L'Iran, voisin, fournisseur de pétrole, n'effraye pas la Chine avec ses envies de force nucléaire en échange du précieux pétrole.
On peut comprendre que le creusement du déficit commercial US n’a pas l’heur de plaire aux Américains et la discorde est à l’ordre du jour dans les réunions au sommet. Le fait que des grandes marques européennes passent sous le giron des industriels chinois entraînerait très vite des liquidations dans les emplois américains au profit d’une relocalisation de leur production en Chine même. Les US partisans du libre échange passent vite au protectionnisme d'opportunité. La production de voitures chinoises est en augmentation vertigineuse, la Chine passe d'un million en 2002 à 7 millions d'unité en 2007 et une prévision naturelle de 10 millions en 2010 et 18 millions en 2020. Comment écouler ce nouveau stock dans l'économie locale, pas prête à l'absorber. 4 millions au moins doivent trouver preneurs à l'étranger. La menace d'invasion est, on ne peut plus claire. Le côté dernier cri de la technologie avait été transmis par les industries occidentales implantées sur leur sol. A l'affut d'opportunités, dans le secteur des voitures bon marchés, Karel Cardoen présente, dans une ambiance festive, ses nouveaux "bijoux" aussi banals (formes passe-partout, similli-cuir bon marché au marché belge dès 2007 avec la "Brilliance", comme surnom européen plus pimpant que Zonghua BS6. 5999 euros pour une cinq portes, 11999 pour un coupé, 14999 pour pour un pickup avec la gueule de l'emploi. Pas encore conformes aux normes de sécurité et de pollution européenne, ces voitures sont là pour montrer à ceux qui n'auraient pas compris, qu'elles existent, qu'elles présentent bien. La Chine a fini d'être l'usine du monde. Un sondage primé par une tombola est organisé parmi les visiteurs pour tâter le terrain.
Leur première voiture de 1958, sous l'égide de Mao, n'affichait alors qu'une fausse nostalgie mais surtout une volonté de montrer leur fierté vis-à-vis de leur progrès.
Incroyable? Non, prévisible.
Entre temps, la partie est loin d'être gagnée.
Un "Question à la Une" à la RTBF démontre avec de visu que même les sociétés américaines ne sont pas "clean" et se compromettent pour ouvrir le marché.
Yahoo, jeune société d'internet américaine se voulait, dès sa naissance, il y a une dizaine d'année, l'outil de liberté en ouvrant ses réseaux au monde. Elle se retrouve aujourd'hui sur le banc des accusés comme moyen contre les Droits de l'Homme en travaillant la main dans la main avec la police chinoise pour pouvoir s'introduire sur le marché chinois. Perdant toute conscience, la société a fournit toutes les informations sur les coordonnées de ses clients aux Chinois. L'affaire Tsingtao dans laquelle un employé est filmé en train d'uriner dans un conteneur de l'usine. Le brasseur chinois a indiqué avoir signalé l'incident à la police et scellé le lot de malt concerné. ON n'aime pas ça en Chine. Un scandale qu'on essaye d'étouffer. Le dissident Tsingtao n'est que l'exemple le plus connu de procès qui a envoyé des personnes à l'ombre pour une dizaine d'années. Avec les informations, il a été permis de les piéger par l'approche illicite des emails, des Messengers, des blogs et autres outils d'internet. L'accès étant permis, la surveillance s'organise. Certains sites avec des mots bien précis ne sont, du coup, plus accessibles.
La place Tien Almen n'existe pas sur les moteurs de recherche chinois. Le gouvernement a pris, sans s'en cacher, des dispositions pour effacer les risques d'une mauvaise utilisation des idées occidentales. Pas question de considérer internet comme une zone libre d'échange d'idées. Si la Chine se veut un "miracle économique", elle reste en sous-main vieille de plus de 60 ans. Hong Kong qui a statut spécial en fonction de son passé colonial, a pourtant certains sites chinois très vite complètement bloqués. Certains députés occidentaux osent se lancer dans la bataille de la liberté en se fixant comme objectif prioritaire de donner la parole à tous. Nous sommes démocrates, non ?
Aux États-Unis, une commission d'enquête avec Tom Lantos ne laisse pas beaucoup le choix d'un dilemme au vice président de Yahoo, Calahan, pour faire accepter l'idée d'un standard mondial. "Reporteurs sans frontières" a eu des difficultés énormes d'approcher les locaux de Yahoo de Pékin pour subir, en finale, un échec et recevoir une fin de non recevoir.
Il faut, il est vrai, avoir une philosophie bien accrochée avec quelques séance de Tai-chi en gym douce pour oublier les événements d'une "certaine vision du passé".
Le futur ne sera pas nécessairement plus calme, cela pour tous les partenaires mondiaux.
Comment comprendre cette Chine avec des yeux occidentaux?
La fierté du chinois sans limite pour ses réalisations effacerait-elles les maux inhérents aux processus très rétros vus le plus objectivement possible ?
Un collègue chinois, né à Hong Kong, après la lecture de cet article m'a fait part de ses impressions de l'"intérieur" que je ne manque pas d'ajouter:
"Dans les années fastes, on avait l'habitude d'un taux de croissance constant et élevé sans devoir se soucier des répercussions sociales. On avait suffisamment de ressources pour absorber tout ça. Maintenant, si on veut maintenir le même taux de croissance, il faut passer par des mesures douloureuses comme la fusion, la réduction d'effectif, ou l'externalisation. S'il n'y avait pas cette obligation de rendement et si on pouvait se contenter de faire aussi bien que l'année avant, on délocaliserait beaucoup moins facilement. Je vais encore plus loin. Si nous avions tous la mentalité des juifs, on n’aurait jamais ce problème. Tu sais qu'un juif achète toujours chez ses compatriotes malgré que le magasin a côté coûte deux fois moins cher. Ici on voit bien que les affaires et le patriotisme sont des choses pas très compatibles. Il n’est donc pas très juste de taxer la Chine de tous les maux. Je ne vais pas jusqu'à dire que les Chinois sont des victimes de notre impérialisme, mais quelque part on a quand même notre part de responsabilité. Revenons sur l'inégalité en Chine, sache qu'il y a deux tiers de paysans pour seulement un tiers de citadins. Les paysans ont payés un très lourd tribut pendant la révolution culturelle de l'époque de Mao. Ils n'avaient qu'un seul objectif dans leur vie: quitter les champs et aller travailler en ville. Ils n'ont pas non plus beaucoup de moyens et de possibilités pour leur éducation. Tous ces facteurs accentuent encore plus l'effet naturel de l'économie de marché. Malgré toutes les misères qu'on a vus à la télé à propos de leurs conditions de travail, il ne faut pas croire que tous ces gens qui travaillent jours et nuits pour gagner à nos yeux un salaire de misère sont des gens malheureux. Sinon ils ne l'auraient pas fait. Parce qu'ils peuvent toujours retourner travailler à la campagne. Ils l'ont fait parce qu'ils pensent que la vie est quand même meilleure en ville qu'à la campagne. Et surtout ils ne pensent jamais de rester toute leur vie travailler ainsi. Malgré des restrictions de se manifester, il y avait récemment des émeutes un peu partout dans des zones franches économiques. Le gouvernement chinois est conscient de l'imminence de l'explosion sociale en Chine. Ils seront obligés de prendre des mesures pour calmer les esprits. La répression n'est certainement pas la bonne solution. J'espère qu'ils puissent sortir un lapin de leur chapeau. Reprenons les chiffres. Supposons que leur croissance se maintienne à 10% l'an. Il faut minimum 20 ans pour arriver plus au moins au niveau de vie occidentale. Tout cela en supposant que l'on ne fasse rien pour renverser la tendance. Leur chemin est encore long, très long. Restons donc optimistes !".
Je n'ai pas répondu.
D'après moi, les années occidentales sont souvent plus longues que les chinoises.
L'enfoiré,
Sources: de multiples articles de du Figaro, de l'Echo et d'ailleurs récoltés dans le temps.
Suite que j’appellerai "Verso Chine (2)" et une Verso Chine (3) pour l'après JO, avec la grande Chine vue au futur dans un prochain numéro.
Citations:
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"Je vais en Chine pour mieux voir la France et ses problèmes.", Jacques Chaban-Delmas
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"Peu m'importe qu'il y ait du sucre aux Indes, de la porcelaine à la Chine, du café en Arabie ; il faut qu'on me l'apporte.", Condorcet
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"C'est un symbole. Comme disent les Chinois : Qui n'est pas venu sur la grande muraille n'est pas un brave et qui vient sur la grande muraille conquiert la bravitude.", Ségolène Royal
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Commentaires
J'adore "la bravitude" de Ségoléne. Pour les commentaires de sa cuisine voir les Voix du Panda non?
Le Panda
Écrit par : LE PANDA | 15/03/2008
Cher Panda,
"Qui serait plus chinois qu'un Panda?", aurait-elle pu dire aussi.
"Attention peinture fraîche", aurais-je pu écrire en dessous du commentaire
Écrit par : L'enfoiré | 15/03/2008
Trés CHER Enfoiré,
Moi je te l'écris : "Attention Peinture fraiche déteint uniquement sur les Enfoirés" gentils.
Poutant je ne peux me faire passer avec mes rayures pour La Bonne du Curé sauf chez les "Fous" cela passera encore non?
Pousses Olivier le Belge bon je pars avant les coups...
Le Panda non rayé.....mais tâcheté.....
Écrit par : LE PANDA | 15/03/2008
Cher Panda,
A rayures, un panda? Là, je prends l'avion et je pars voir cela même en Chine où ils sont spécialistes dans les jeux dangereux. La Bonne du Curé, j'en ai une sur place et elle fait parfaitement son travail de folie collective.
Un olivier, cela pousse sans eau, mais avec du soleil et cela vieillit très bien. Donc, aucun soucis de ce côté.
Non, Panda local, reste avec tes taches, cela va très bien dans mon environnement.
Écrit par : L'enfoiré | 17/03/2008
Cher ami
Ce portrait exhaustif de la Chine, auquel s'ajoute ce commentaire de l'ami chinois, est fort complet. Il ne faut surtout pas oublier que la Grande Chine s'étend maintenant à l'Afrique parce qu'au rythme où vont les choses, ce continent risque de devenir une province chinoise :-)
Article pertinent pour comprendre les enjeux économiques et politiques dans ce bras de fer qui se joue avec le Tibet. Voilà l'intérêt des blogues. Des articles documentés et fort bien structurés.
Merci
Pierre R. Chantelois
Écrit par : Pierre R. Chantelois | 18/03/2008
Cher Pierre,
Cet article, j'ai hésité de l'appeler "Recto Chine", ppuisqu'il y aura un autre appelé "Verso Chine".
Je me le réserve pour plus tard car il s'adressa aux suites de 2008, JO compris.
L'Afrique y sera mentionné. J'enregistre toutes les cartes avant de les sortir.
Les JO eux, seront dans l'article de fin de mois.
Merci pour l'appréciation.
Écrit par : L'enfoiré | 19/03/2008