Des geeks fastoches (05/03/2011)

0.jpgDeux millions de Belges sur les dix n'ont jamais navigué sur Internet. Où se trouvent les résistants à la "chose" ?

Il y avait ceux qui essayaient de s'y connaître et qui en attrapaient "une nausée de codes".

Ceux-là font parfois partie "Des geeks avant l'heure".

Il y avait ceux qui y trouvaient ce qu'ils cherchaient avec l'aide de moteurs de recherche, d'encyclopédies telle que Wikipedia et qui se trouvaient comme des biens heureux devant leur écran, gonflé de mots et de chiffres.

Les chiffres d'utilisation d'Internet de mars 2007 ont fortement été dépassés. L'ordinateur est devenu l'outil privilégié pour beaucoup de citoyens à tous les niveaux. Et, pourtant... 

Il y a les autres, ceux qui ne se sentent pas obligés de faire partie de la société, de s'y aligner et qui ne sentent pas mourir à petits feux pour autant.

La culture du numérique n'a pas encore touché tous les milieux de la société. Il y a les rétifs, les mal couchés, les retords, les em... que l'on attend qu'ils disparaissent.

J'en connais de très malicieux pour passer entre les mailles du filet, du net...

La résistance au numérique existe dans une partie relativement importante de la population. Parmi les rébarbatifs à toutes modernités, il y en a de plusieurs sortes comme ceux qui ne savent pas voir la technique sans en avoir la nausée.

Des personnes probablement plus âgées, des femmes au foyer qui n'ont pas su ou voulu suivre l'évolution du mari qui lui était obligé par sa fonction d'utiliser ces "machins à bits" et qui n'avait plus envie de remettre le couvert le soir. Il faut dire qu'entreprendre l'approche du bien nommé "numérique" n'est pas aussi simple que d'aller voir un film à la télé. L'interactivité impose un état d'esprit, une soumission à son utilisateur et un besoin de sécuriser sa connexion. Ne pas aimer le courriel qui fait beep à chaque fois qu'il se pointe. Devoir répondre à l'illuminé qui voudrait vous parlez de la pluie et du beau temps, n'est pas seulement l'épisode de l'ermite grincheux.

Le monde virtuel d'Internet reste "difficile", voir "dangereux". Il se spamme. On y entre avec précaution, car on a entendu dire qu'il y a des virus. Et, qui dit, virus, dit contagion. On  en tousse déjà rien que d'y penser. La grippe H9N9 guette. Les hackers, les pirates de la Toile sont de sorties. Heureusement, il y a la HackAcademy. Ils nous disent "Pour vivre heureux, vivons caché". Tiens cela me fait penser à autre chose...

Mais, passer cette étape répulsive initiale, cette crainte de l'inconnu, tout le savoir du monde est à disposition. YES.

N'est pas informaticien qui veut. N'est pas surfeur sur n'importe quelle vague plateforme artificielle, non plus.

Mamy et Papy, bien heureux, tous deux surfeurs, sans risques, cela arrivera peut-être dans une autre génération. Internet est le transit d'informations de plus en plus nécessaire dans ce monde qui devient virtuel et automatisé, mais certains continueront à râler à la banque devant le seul guichet qui reste ouvert sans vouloir utiliser le distributeur de billets qui n'a même pas les pièces sonnantes et trébuchantes dans sa caisse.

Ces Mamy et Papy se retrouvent dans la partie émergée de l'iceberg. Une population que le savoir ne touchera pas, n'envahira pas, non maintenu par des souvenirs trop scolaires quand il en reste.

Mais parmi eux, il y a les "essayeurs", les "testeurs", les "cascadeurs"...1.jpg

Ceux qui s'y mettent, qui font l'acquisition du "computer" pour faire plaisir au petit fils, à la petite dernière, qui en font une machine à écrire ou une machine à calculer plus évoluée sans contacts avec le monde extérieur. Tout s'arrête là au traitement de l'information. Mais où est la boule qui tournait avec les caractères comme dans le temps ?

L'envie de répondre aux courriers électroniques (les eMails, pour les initiés) viendra, peut-être, plus tard dans une période de sinistrose. Vive la communication et ses aléas. Nouvel investissement exigé, celui de l'abonnement mensuel chez un fournisseur d'accès, le FAI, pour les intimes. Ceux qui n'ont pas les moyens de se payer cette ligne pour se connecter en seront exclus d'office. Oublié le téléphone pour se connecter, faut pas charrier, on n'a plus la vie devant soi à tous les âges. L'ADSL, c'est l'Aide aux Désirs Sans Limites qui se termine par A Demain Sur la Lune... 

Le pas franchi, ils en deviennent, d'un coup, internautes. Cela remonte les bretelles, non? Très vite, le "testeur" va se retrouver avec la modernité envahissante. Et, elle est gratuite, en plus. 1.jpgLe pied, quoi...

Le courrier, l'accès à la banque, l'eCommerce, Facebook, tout s'ouvre, le monde est à nous, dès lors, comme par miracle. Facebook et les amitiés virtuelles n'intéressent pourtant que 2,6 millions de Belges.

Chez les "extrémistes", il y a quelques blogueurs qui sont entrés de plein-pied dans la danse, dans la "guerre civile numérisée". Parmi eux, on trouve des Don Quichotte à la Blanche armure, des coupeur de cheveux en quatre dans le sens de la longueur.

On les appelle généralement les "geeks".

Parmi eux, des fastoches sommeillent.

On peut aisément imaginer les ratés des essais de "participation". Ceux qui ont acheté le matériel et qui se voient rebuté à la suite du premier ennui, de la première panne dont l'origine reste imprécise et inexpliquée.

- Non, je n'ai rien changé à la configuration...

Une phrase tellement souvent entendue.

Être néophyte, ce n'est pas un métier, c'est un statut.

Un bug, il y en a toujours un quelque part. Un de ces insectes qui bouchonnent les circuits. Mais est-ce un bug ?

Et si oui, localisée où, est cette putain de bestiole ?

Dans quel circuit ? Dans quelle tranche ? A quel étage ?

Elle a posé ses pattes dans le matériel ou le logiciel ?

Le manuel est toujours neuf. Mais où a-t-il été garé ce bouquin sauveur, le guide du fastoche ?

Pas à portée de souris, c'est presque sûr.

Sur Internet ?

Oui, souvent...

Encore faut-il encore avoir l'accès.

Z'avez pas vu Mirza ?


Ça y est, trouvé, il est là, je le vois.

Puis, il faut un mot de passe...

Putain, qu'est-ce qu'on va utiliser ?

Non pas 1234... Pépé.

L'âge de la naissance, non plus. Il faut des lettres en majuscules et en minuscules, des chiffres et parfois même des caractères spéciaux.

1.jpgL'appréhension de l'apprentissage du comment le lire et, surtout, l'utiliser, vient alors.

Découvrir ce qui ne va pas à condition d'avoir déjà localisé le problème à la bonne place, évidemment. Aille, c'est en anglais, on avait oublié que c'est le langage du virtuel, de l'informatique et de l'incompréhension.

Voilà, les "troubleshootings", l'ennemi public numéro un. L'obstacle à franchir avec le dico à proximité.

Dernièrement, j'étais au salon du livre à Bruxelles.

La Première radio parlait dans un Forum de Midi du choix entre le livre papier et le livre numérisé.

Autre querelle d'anciens et de nouveaux parmi les auditeurs.

Comme concurrents, ceux qui ont l'habitude et aiment lire sur écran et ceux qui ne peuvent envisager la lecture qu'avec le toucher "sensuel" du livre papier.

En voilà un qui m'adresse la parole.

Un "retord à l'informatisation".

S'il aime la lecture, il la voit dans son fauteuil avec le livre ouvert sur les genoux.

Il lit un roman, un magazine, en papier.

Il veut rester passif, l'interactivité ne l'intéresse pas trop.

Il n'imagine même pas la lecture de bouquins qui nécessiteraient une masse d'autres, en annexe, à commencer par le dico et l'encyclopédie.

Il doit, d'après moi, jamais eu un livre comme "Le Pendule de Foucault" dans les mains qui nécessite des liens multiples pour tout comprendre.

Et puis, plus récemment encore, un autre geek, un certain Jérémie, vraiment fastoche, lui. Il me répondait avec intelligence : "Le revers de l’internet tout le monde n’en profite pas, j’en perds aussi ma propre individualité, ma propre couronne, je n’existe plus, je ne suis plus rien, je suis vide comme l’air et tout ça pour des gens qui en font un peu la même chose de temps en temps, on voit, on repart, que voulez-vous faire d’autre apprendre la programmation, devenir un bon bidouilleur du code, ah... Si j’étais tellement plus débrouillard, comme je ne gênerais pas non plus de vivre davantage comme un voleur et un autre rond de cuir de la société, personne qui pourrait mieux cracker le compte du plus grand banquier de la terre pour le pauvre et modeste. Je sais, ce n’est pas non plus très moral mais que voulez-vous n’est-ce surtout pas cela que l’on préfère davantage enseigner comme valeur de nos jours ?". 

Une anecdote est savoureuse : un jour, je présentais un nouveau logiciel à un vieux rond de cuir qui avait appris la comptabilité de papa.

Tout se présentait conforme à ce qui devait se passer. Le problème c'est que cela demandait plus de temps qu'espérer pour recevoir le résultat de opération de "séduction".

Les loupiottes du PC clignotaient en arbre de Noel...

A un moment donné, il m'a lancé :

- On voit qu'il réfléchit

J'ai dû me retirer pour ne pas rire devant lui.

Le train ne sifflait que trois fois pour Gary Cooper, mais il ne connaissait pas Internet.

1.jpgAlors, on pense à des remèdes à des secours pour se raccrocher au dernier wagon.

Des organismes existent, des sortes de "helpdesk", des "hotlines" pour les "naufragés du web". Quand c'est hot, c'est que c'est chaud. Des forfaits existent pour les sauvetages. Ils comprennent parfois dix appels de 15 minutes, chacun pour 59 euros.

Pas cher ? Ça dépend, et pas uniquement s'il y a du vent et qu'on y est bien disposé.

Le "On Call" ne remplacera jamais le "On Site". Pardon, je m'américanise trop. Je traduis. Avoir quelqu'un au bout du téléphone, ne vaut pas ce même quelqu'un sur les genoux. Car il s'agit alors de lui expliquer son problème avec les bons détails, les bons mots du jargon de l'informatique. Cela pourrait déjà coûter plus qu'un appel de 15 minutes.

La concision, la clarté des explications ne sont pas les vertus de tous.

Avouer parfois son ignorance du côté de l'utilisateur et du côté professeur, face chacun à l'incompréhension, n'est pas chose aisée sur l'écran bleu de nos fenêtres modernes.

Là, où se reconnait par signe.1.jpg

Et puis, il y a le reste.

Les connaissances comptables, financières, les mails qui viendront s'ajouter en accord avec les besoins réels du quotidien.

Là, on n'est pas encore sorti de l'auberge.

Pratique et théorie n'ont jamais fait bon ménage sans une effort substantiel et une expérience longue ... longue ...  longue.

Une adresse internet d'aides éventuelles, vous intéresse ?

Mais suis-je con. Pourquoi donnerais-je une adresse qui ne serait même plus accessible puisque Internet ne répond plus...

1.jpgPour les moins jeunes, mais pas encore totalement rassis, il y a les écoles du web.

L'envie de se perfectionner est bien là et des écoles supérieures privées intéresseraient des employeurs et employés du secteur.

J'utilise le conditionnel car cela n'existe pas encore en Belgique.

A Paris, deux nouvelles écoles privées se proposent de donner des cours supérieurs dès septembre 2011.

L'EMMI et la SUP Internet vont donner une formation de 3 ans en échange d'une participation aux frais de 9.500 euros par an pour la première société et 5.000 euros pour la seconde. Au programme, la gestion de projets, le Web Design and Graphism, le Web Marketing, comme principaux enseignements.

La constatation des fondateurs est qu'il y a un problème majeur d'éducation et de formation dans le système scolaire habituel est non adapté à ceux qui n'ont plus le désir d'apprendre et de suivre un cycle complet tel qu'on le donne dans les universités.

Plus opérationnel, plus pratique, voilà les adjectifs avancés pour faire la différence.

On se retrouve ainsi comme en 40, ou plutôt, il y a 40 ans, au début de l'enseignement de l'informatique.

A cette époque, aucune université n'avait prévu de cycles longs de cours d'informatique avec un diplôme d'informaticien en fin de partie.

Les constructeurs, eux, avaient un sérieux problème de fournir des informaticiens pour louer leurs belles machines.

Ils ont été les premiers à se charger de l'apprentissage. Un examen d'aptitude à l'entrée et un autre à la sortie pour sanctionner les candidats.

D'un esprit commercial, des écoles privées s'étaient glissées dans ce manque avec moins d'exigence à l'entrée. Elles ont fait le plein pendant de nombreuses années et puis elles ont disparu.

1.jpgAujourd'hui, c'est un nouveau retour aux sources par le volontariat win-win que Microsoft propose pour relancer la "machine".

Des employés de la firme sont volontaires.

On les retrouve même dans le haut du panier de la société, ces donneurs de leçons de TIC.

Moins chers et tout aussi profitables qu'un événement de "teambuilding", ils existent dans le cadre de "Safer Internet Day".

Volontariat, en plein essor, via l'entreprise pour chaque enseignant qui peut y consacrer trois jours par an contre un retour sur investissement de trois autres mais de congé. Faire connaître les logiciels et pas uniquement ceux de Microsoft car on se veut "responsable" et "universel". 36 métiers pour le multimédia disponible dans un guide.

L'obsolescence du matériel et l'obligation de monter dans le train en marche demande aussi de bien s'y accrocher, d'y rester maintenu car la vitesse des changements ajoute aux désillusions des "geeks fastoches".

La bécane, le PC a déjà trente ans derrière elle.

Elle va bientôt se retrouver au grenier pour ne plus en sortir, même neuve, inutilisable, périmée si on n'y prend garde. Une machine n'est pas un outil à vitesse constante, même si l'intelligence de son utilisateur reste en "standby".

Les cours, eux-mêmes, pour être exhaustif, ne permettent plus de répondre aux problèmes survenus dans le "just in time", le "just in place".

Mais, ce sont aussi les machines qui changent l'optique de l'avenir.

L'ordinateur, le Lucky Luck, reste celui qui tire son épingle du jeu, plus vite que son ombre.

Voilà que le PC est en proie à une concurrence menaçante des tablettes. Plus intuitives, qu'on dit.1.jpg

Mis à mal par les tablettes, Acer, spécialisé dans la vente de masse de mini-PC à bas prix, licencie son CEO.

Le manque d'innovation et l’obsolescence du matériel pas assez rapide et donc programmée.

En informatique, il faut rester sur la vague ou couler corps et biens. 

L'ePad2 est là. Plus de clavier, plus de souris, si ce n'est qu'intégrés dans la tablette elle-même sur l'écran et derrière des menus. Pas encore, un contrôle par la voix, mais un contrôle du bout des doigts.

En 2009, les NetBook avaient conté fleurette aux amateurs de promenades branchées en pleine nature avec l'espoir que la batterie tiendrait le coup le plus longtemps possible.

1.jpgEn 2010, c'est l'iPad qui se lançait dans une croisade contre le PC.

Le ringard peut très bien devenir moderne, s'accrocher à cette nouvelle vague, s'il s'accompagne des gadgets importants quand l'idée même du PC à un mauvais goût de réchauffé.

La lassitude des consommateurs joue un rôle important dans de nombreux marchés. 

Fainéants, ces consommateurs ?

"Tout automatique", sinon rien.

Les désirs des consommateurs n'ont pas de prix et ils ont toujours une longueur d'avance par rapport à la machine.1.jpg

En 2010, en Belgique, les ventes de PC ont chuté de 15,8%. 

Bizarre, cela n'a pas été le cas en France, dans les mêmes proportions.

1.jpgLes ventes de tablettes y ont même stagné.

On apprend que 6 Belges sur 100 se passent de téléphone portable...

Être avant l'heure, c'est toujours être un leurre. Après le leurre, vient parfois la sueur pour l'écolier et le rieur pour l'enseignant.

Rien ne sert de partir à temps avec les automates, de monter sur un train en marche, il faudra toujours courir derrière la version du moment.

Le lièvre et la tortue ne sont décidément plus ce qu'ils étaient, de braves animaux bien sages qui cherchaient à rattraper le temps.

Moi, qui me prenais pour un geek avant l'heure, j'en deviens tout mastoche...

Avec l'humour, en plus, cela serait peut-être ceci ou encore mieux, en anglais, celui-là "My Blackberry is not working".

 

L'enfoiré,

 

Citations:

 

1.jpg21 avril 2011: Yahoo semble se reprendre doucement.

Oui, mais... Le chiffre d'affaires a baissé de 28%, le bénéfice de 24%. Pourtant, la Bourse a confiance. Pourquoi ?

En cause un partenariat avec Microsoft. Échange de bons procédés. Un deal.

Marché technologique contre marché de la publicité. Complémentaires.

La technoparty, elle, travaille à vitesse de croisière exponentielle. 

Intel a un chiffre d'affaires en progrès de 25% et un bénéfice de 29%. IBM, un chiffre d'affaires de +5%.

La déprime sur les marchés du numérique ? Cela dépend, s'il y a du vent et que les voiles sont déployées.

S&V de Août 2020

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2/12/2022 : La situation à Bruxelles au Service Lire et Ecrire
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