Que la fête commence ... et vite... (01/12/2011)

0.jpgLes affaires ne sont pas au top. S'il y a toujours autant de monde qui se promène dans les galeries commerciales, c'est de moins en moins derrière les caisses. Alors, il faut se saouler de fêtes pour oublier la morosité. Saint-Nicolas n'est pas encore là qu'on trouve déjà tout ce qu'on pense trouver pour la Noël. On y installe des lumières. La fête doit être là et de plus en plus tôt. Elle doit être prête à s'imposer pour faire rêver de plus en plus vite.

Tout arrive plus tôt. Saint Nicolas, début novembre, Noël à mi-novembre. Pour les enfants, c'est même déstabilisant, était-il constaté à la télé. Eux, ils n'en ont rien à cirer. Ils veulent être servi de cadeaux et tout de suite.

A Montréal, chez mon ami, Pierre, les lumières ont envahi les rues très haut dans le ciel.

Loin des problèmes de l'Europe, le Canada était toujours coté AAA. Leur tour, c'était en 1992. L'endettement canadien atteignait alors 64% du PIB et S&P's les dégradaient. Trois ans leur ont fallu pour que cette affaire de dettes redevienne "under control".

Mais, on ne connait pas Saint Nicolas au Québec.

Chez nous, on se prépare à tout en cherchant le meilleur.

Voir monter l'arbre de Noël sur la Grand Place, monter les lumières surplombant le milieu des rues... Tout est bon.

Quand "les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent", cela remonte les bretelles du pantalon.0.jpg

Manifester pour faire entrer de l'argent dans les caisses, pas dans une mais dans toutes à la fois, n'est pas une sinécure. On parle d'inflation, de déflation, de récession, de stagflation, de dépression, de diminution... d'irritation... On ne sait plus très bien ce que cela veut dire, où on en est, quel est le niveau de chacun de ces mots, s'ils sont atteints ou si l'on stagne. Tout est une question de baromètre ou de thermomètre.

Les jours de congés du 11 novembre ont été "pontés" dans un dernier sursaut, sous le soleil exactement, mais, ils sont déjà loin. Oubliés.

Les Trois Rois Mages doivent se remettre en marche pour annoncer la bonne étoile. Nous sommes à l'ère des jets, l'ère où les affaires sont les affaires qui vont de plus en plus vite, il faut retirer les consciences de leurs torpeurs.

0.jpgSaint Nicolas n'a plus rien dans sa hotte. OK.

Si les files sont toujours longues devant son trône, certains resquilleurs essayent de faire l'économie de temps et poussent leurs enfants à regarder par la petite lucarne, plutôt que d'entrer dans la file.

Quand il n'y a plus rien, plus de gâteries à récolter, il vaut mieux passer son chemin, chers enfants. Le Père Fouettard n'a plus sa belle couleur noire luisante pour infliger les corrections. L'élastique trop détendu qui retient la barbe de Saint Nicolas, lui tombe sur la gorge et étrangle son héros. 

Secouer le prunier sans se fâcher, quand on voit le prix des prunes, on hésiterait. Les remises, les réductions de prix sont en perte de vitesse, juste au moment où l'on avait besoin d'elles. 

On a plus l'impression d'avoir les boules dans la gorge que sur ses branches de l'arbre de la Grand-Place. Les lumières font tout de suite penser à ce qu'elle pourraient coûter en électricité une fois en fonctionnement. 0.jpg

Ni boules de neige ni barbe à papa sur l'arbre. La neige et le froid se font attendre, c'est déjà ça de moins à chauffer.

La nature est débousollée, dit-on. A peine cinq litres d'eau de pluie pour le mois de novembre. Voilà, que la nature est compatissante et fleurit cinq mois à l'avance. Ce qui ramènent des frelons asiatiques, des mouches des sables qui remontent se réfugier chez nous.

Gilles Dal racontait nos désespérances bien belges dans un café serré qu'avec la météo comme acteur principal.

Alors, on cherche un avenir différent.

0.jpgChez nous, après l'armistice nord-sud, c'est l'opposition gauche-droite qui embrayait de plus belle.

Le politologue Vincent De Coorbyter présentait "l'affaire belge" (extraits), mais c'est un politologue avec une vision de bien plus haut.

L'aspect communautaire, c'est bien beau, mais le nerf de la guerre, les 1,3 milliards à trouver avec des bras raccourcis, ça c'était plus dur. Les recommandations de l'Europe, quand on n'a plus rien d'autres dans sa besace, pouvaient servir pour remplir les poches vides. Ce qui se passe ailleurs permet parfois de contribuer à être d'accord avec soi-même et ses convictions partisanes et intimes.0.jpg

Mais, on n'allait pas sortir son dernier lapin hors du chapeau, lors de la fête Halloween.

Alors, penser à Saint Nicolas, ne serait pas mal, pour faire oublier le mot à la mode, "austérité".

Wikipedia dévie même le mot sur ceux de "politique de rigueur" qui serait une politique économique conjoncturelle consistant à donner la priorité à la croissance économique de long terme, quitte à freiner la croissance immédiate par la réduction de la hausse des prix et l'élimination ou la diminution du déficit de la balance des transactions courantes, voire des déficits publics.".

Calme! Conjoncturelle ou structurelle? Faudrait savoir. 

0.jpgIl faut définir ce que sont les classes moyennes avant de les privilégier. En déterminer les contours, la structure qui correspondrait à quelque chose de tangible, à cette "moyenne". Ce qui est une moyenne n'est pas, d'office, une tendance. Vérifiez sur n'importe quel graphique.

Et si on ressortait les tickets de rationnement en bout de la course, les lampes à huile comme en "bon vieux temps".

Des les grandes surfaces, on paye déjà les achats avec des tickets de restaurants. La Belgique est championne de cet échange de "bons pour" dans un jeu de troc.

-Merci, pour votre visite et si vous revenez plusieurs fois, vous recevrez une réduction ou un bon pour réaliser un de vos rêves intimes.

"Quelles banques belges dans 10 ans? lisais-je.

Ce jour-là, l'économiste de service, Bruno Colman, se livrait à l'exercice d'équilibriste pour dessiner l'avenir des "pauvres" banques après avoir constaté qu'"elles sont sur la ligne de front de la crise financière en canalisant l'épargne".

Pour ce faire, il faudrait:

Les bonnes compétences humaines, de qui? Des employés, des vendeurs, des patrons ou des clients?  

0.jpgLes enfants ont la chance de n'être que des adultes en formation pour un Saint Nicolas.

Et si pour les grands, c'était la fête toute l'année pour mettre les petits plats dans les grands, pour se mettre parfois sur son 21, pour mettre du beurre dans les épinards, pour faire semblant qu'il y a encore quelques bonnes affaires à faire?

Pendant ce temps-là, les taux belges continuaient à grimper.

Un budget pour 2012 s'impose. tout le monde le dit, à tort et à cris. Comme, quelqu'un le disait, en général, on crée un budget avec un gouvernement bien en place. En Belgique, on aime les tiercés dans le désordre.

Et puis, l'œuf de Colomb, un conseil vint: Investissez...

Comme l'idée, elle est bonne!

Inattendu ou planifié de longue date? Quelle importance? Voilà que la population belge se rue sous forme d'emprunts d'État. Les 200 millions espérés, au départ se convertiront, à l'heure actuel, le cap des 5 milliards est visé.

0.jpgSursaut de civisme, de patriotisme? Non, un peu de confiance latente en la Belgique ou comme, qui dirait une sorte de "conscience professionnelle" ou de Telethon.

Le lendemain de l'idée, coup de Jarnac, Standards & Poor's mettait sa menace à exécution par une dégradation de la note de la Belgique orpheline de son "+" pour devenir seulement AA.

Plus question de fuite en Égypte, à Varennes ou à Ciergnon.

Ce "+", en moins, fut le catalyseur. Le lendemain, après dix-huit heures de négociations, miracle, c'est comme si on passait des "Alcooliques Anonymes Plus", en titubant de gauche et de droite, pour se retrouver au bout du chemin sinueux entre "Artistes Associés". 0.jpg

Le budget ficelé et un nouveau gouvernement est dans le collimateur pour la fin de la semaine, après plus de 530 jours de tergiversations. "Gouvernement Standard & Poor's" ou "Gouvernement papillon"' ou encore "Gouvernement standard", tout court?

"Et alors, Grand Elio est arrivé, sans se presser, avec son budget et ses impôts". Il était là, mais il ne parlait pas avec les mots et la même langue comme le chantait Bert Kruysman avec humour.

0.jpgPuis, après la recherche du sexe des anges, voilà que l'on trouve du sexe dans la langue en politique. Ce qui vaudra un nouveau café serré encore plus corsé.

Des négociations au pas de course avec un grand lasso pour attraper l'euro million et aujourd'hui on relisait l'accord.

A l'étage du dessus, celui de l'Europe, on parle de "spread" qui s'allonge puisque l'Allemagne fait toujours semblant d'unir le destin de ses membres.

Une Banque d'Investissements européenne, ce serait arriver trop haut ou trop loin pour Madame Merkel qui a peur de devoir payer ses emprunts dans la marmite commune.

Comme disait Anne Blanpain, spécialiste des questions européennes "l'Allemagne c'est un peu le costaud de la bande, celui avec qui on est pas toujours d'accord mais comme c'est lui qui paye le cinéma et qui régale au resto... L'Allemagne aurait trouvé LE modèle économique qui sauvera la zone euro. Un modèle basé sur les exportations, la fiscalité orientée sur la consommation plutôt que sur le travail, ce qui permet aux entreprises allemandes d'exporter plus facilement. 0.jpgAvec 60% de ces exportations qui atterrissent dans le reste de la zone euro. L'Allemagne n'a pas intérêt à voir ses principaux clients se casser la figure ni même appliquer les mêmes recettes que Berlin. Enfin, si tous sont d'accord pour dire que l'imbrication des économies de la zone euro réclame davantage de convergence entre les 17, l'Allemagne fait preuve d'une arrogance alors que l'intégration politique et économique nécessitent, au contraire, beaucoup d'explications, beaucoup de confiance et beaucoup de solidarité. Cette intégration signifiera une perte de souveraineté nationale, difficile à digérer quand on entend un député allemand se vanter devant son parlement que désormais l'Europe parle allemand, sous entendant que c'est l'Allemagne qui dirige la zone euro. Si, vraiment, Berlin veut prendre la direction des opérations, qu'elle commence par s'attaquer au problème le plus urgent, sauver la zone euro, éviter que l'incendie ravage entièrement la maison européenne, on s'occupera de la couleur du futur papier peint plus tard. L'Allemagne devrait le comprendre, elle ne s'en sortira pas seule, les investisseurs ont boudé l'emprunt lancé par Berlin.

Ouf...On n'est plus les seuls à en recevoir sur ses doigts de fée...

Aux États-Unis, c'était Thanksgiving, jeudi dernier.

Obama avait, pour le symbole, gracié deux dindes, "Liberty" et "Peace".

Le lendemain, le Black Friday, la chasse aux bonnes affaires, ce qu'on appelle les soldes, chez nous, n'a pas été particulièrement faste, plutôt frugale. On devient économe, même outre-Atlantique surtout quand un autre accord sur la dette ne trouve pas la solution préconisée.

On ne connait pas ces deux fêtes, chez nous.

0.jpgA Bruxelles, on innove dans la tradition pour la 10ème des Plaisirs d'Hiver. Sur la Grand-Place, réglée au nombre d'or, une scupture en spirale surmontée d'une spirale de lumières. Au Mont des Arts, une piste verte avec des remonte-pentes, des moniteurs et des sapins viennent s'ajouter à la traditionnelle patinoire de la Place Sainte-Catherine. L'invitée d'honneur, la Grèce. Le pkasimadi de Crète, les biscuits des Astypalaia, les tomatines de Santorin ou les pistaches d'Egine se confondent en émotions et en goûts avec les smoutebollen, les frites, les saucissons, le chocolat et le vin chaud. A l'inauguration, Manneken Pis avait porté le costume traditionnel grec. Hellas, vive la Grèce. Faudra que je m'en rappelle pour les prochaines vacances... avec Zorba et le sirtaki.

0.jpgNon, il faut oublier la morosité et faire semblant avec des fêtes. N'importe lesquelles, du moment que c'est bon pour le moral des troupes.

Les trouble-fêtes continuent à envisager de baisser les notes de la France et des États-Unis

Après ce weekend à l'arraché des Belges, les populations du monde ont fait la nique aux rumeurs. Il y a eu les élections en Egypte, au Maroc, au Congo, c'est leur année d'élections. En haut, à gauche et à droite, ce sera en 2012.

Début de semaine, les marchés décollent, flambent même, du doping dans l'air, l'euphorie sur toutes les Bourses du monde.

L'effet papillon de Banabar existerait-il vraiment?

"La rigueur, c'est l'austérité plus l'espoir", disait Pierre Maurois

Alors, si on inventait pour le 1er décembre, un autre "Thanskgiving" comme action de grâce envers les Européens et les Africains, pour les récompenser de tenir le coup? 0.jpg

Ce jour-là, c'est Saint-Eloi, patron des ouvriers et des métallos, reconnu comme un orfèvre de talent et réputé pour son honnêteté. Il n'en faut pas plus.

Mais, en attendant, n'oubliez pas de mettre quelques carottes en plus dans la cheminée pour Saint Nicolas. Cela peut toujours servir, même pour un Saint.

C'est que ça bouffe de plus en plus, un âne. 

Tout cela en photos, c'est ici.  

 

L'enfoiré,

 

Mise à jour 17/01/2011: Il y a dix ans, l'Argentine sortait de la crise en rejetant l'austérité0.jpg

 

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