Je suis peut-être pessimiste, mais je me soigne (19/04/2012)

neurosciences.jpgLa semaine dernière, Catherine Schwennicke de Prefontality expliquait dans un article de l'Echo que les neurosciences s'attelaient à la tâche de donner de l'optimisme. Être optimiste ou non, sujet sérieux et très personnel, s'il en est.

D'après Catherine Schwennicke, les neurosciences enseigne à "basculer en mode préfrontal"  et que l'optimisme, ça s'apprend!

Ok, mais l'ambiance est morose. Le pessimisme règne en maître. C'est la crise... Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent, comme le chantait Stephane Eicher. 

Alors comment garder l'optimisme dans ce dédale de nouvelles, dans ce "champ de mines"?

Se frayer un chemin parmi les vivants au mieux de ses possibilités? D'accord, mais il faut des incitants et la ... carotte pour l'âne.

La solution serait de vouloir "déjeuner en paix", suivant la chanson. "Pour vivre heureux, vivons caché" vient tout de suite à l'esprit.

Pendant le déjeuner, les médias qui ont le malin besoin d'informer. Pas question de chercher à protéger les auditeurs. Amener le scoop. Pas assez d'éléments à sa disposition, pas assez de temps pour se permettre plus de réalisme et le pessimisme s'installe.

Dans chaque cas, indépendamment de la situation de fortune, qu'elle soit haute ou basse, deux personnalités de niveaux identiques ne réagiront pas de la même manière vis-à-vis d'une situation donnée. Sensibilité, susceptibilité? Que sais-je encore.

Dernièrement, c'était "The Voice" qui avait fait un tabac. Intéressant de constater que c'est la réussite des autres qui intéresse comme une délégation de ce que l'on n'aurait pu être ou faire soi-même sans y parvenir. Comme dans un rêve...0.jpg

Au travail, pour assurer la réussite de l'entreprise, on aime l'optimisme. Alors, un gage, une récompense pour sa concrétisation, un cadre agréable... mais, en période de vaches maigres, ça craint.

Il vaut mieux être riche, beau et bien portant, se rappelle-t-on.

Quand est-ce qu'être riche? On touche à l'impalpable fragilité de l'estimation même si, la richesse, c'est le thème, le thème de campagne et les riches, reste une cible politique.

Qu'est-ce qui rend beau si ce n'est la subjectivité et le regard des autres?

Bien portant, c'est dépendant de tellement d'artifices, que je ne me permettrais pas d'initialiser ici, même si on n'est pas égalitaire dans la douleur.

Pourtant, même avec tous ces points présents, certaines exceptions prouvent que cela ne suffit pas toujours. Il y a les maladies de l'esprit.

La semaine dernière, la vie privée de Dalida revenait dans la presse. Il y a 25 ans, elle mettait fin à ses jours en laissant ces seuls mots « Pardonnez-moi, la vie m'est insupportable ». Personne de son entourage n'avait soupçonné son geste. Successivement, trois suicides qui avaient jalonné sa vie, avaient marqué son existence à tel point qu'elle pouvait s'en ressentir responsable comme maudite. 

Toujours le même sentiment de vivre "avec" ou "par" les autres? Objectiver, occulter ce qui déplait et faire semblant vis-à-vis des autres... Un faux-fuyant de première classe.

Une introspection sans se laisser influencer par les échos des médias, sans se préoccuper ou être impacté par son entourage, fuir, ce serait devenir ermite. Les ermites sont rares même si les solitaires se plaisent dans leur situation.

Est-ce faire preuve d'égoïsme?

Eddy Mitchell chantait "J'aime pas les gens heureux" dont les paroles sont éloquentes:

J'aime pas les gens qui sont toujours heureux 

L'bonheur suprême, ça me parait douteux 

L' "trop plein" d'amour, ça déborde puis ça lasse

Ça s'joue à deux jusqu'à temps que ça s'casse

Si pour Karl Marx la religion c'est l'opium

Adam et Eve alors c'est quoi ? C'est des pommes ?

Roméo, Juliette, Paul et Virginie

Sont aussi tartes que Frankie et Johnnie 

Moi... J'aime pas les gens heureux

Faut toujours qu'ils s'aiment

Il n'y en a que pour eux

C'est toujours les mêmes

Ils sont partout chez eux

L'amour ça rend zen

J'aime pas les gens heureux

J'suis jaloux, y m'gênent

Ils sont seuls au monde just' elle et lui

Hypnotisés, se déplacent comme des zombies

J'suis transparent pour eux, j'suis pas d'ici

Si elle partait, elle le ferait pleurer

Encore faut-il qu'elle veuill' bien s'en aller

Si l'un des deux devait quitter la vie

Inconsolable, elle porterait le deuil jour et nuit

J'aime pas les gens qu'ont d' l'amour dans les yeux

Faut les prév'nir, où on fera des malheureux

Ça se soigne pas mais parfois ça guéri

Restent les souv'nirs qui vous collent à la vie

Moi...J'aime pas les gens heureux

Faut toujours qu'ils s'aiment

Il n'y en a que pour eux

C'est toujours pour les mêmes

Ils sont partout chez eux

L'amour ça rend zen

J'aime pas les gens heureux

J'suis jaloux, y m'gênent

 

D'un côté, la jalousie, de l'autre, l'admiration béate. Les extrêmes sont tracés. Les solutions intermédiaires sont à analyser.

Se confier pour calmer son trouble? Oui, mais à qui?

A un proche, à la famille, à un ami, à un enfant... Cela ne marche plus vraiment depuis que chacun se sent obligé de vivre sa propre vie, en indépendant, toujours stressé à gérer la compétition généralisée et qui finit, toujours, par le chacun pour soi. Si l'enfant disparaît de la proximité des parents, c'est la neurasthénie, assurée. L'écoute est essentielle dans tous ces processus et cela, aussi, s'apprend.

Heureusement qu'il y a Internet pour se connecter, pense-t-on.

Quand toutes ses options n'existent pas, la planche de salut, c'est chercher le chevalier blanc, un personnage sans peur et sans reproches qui pourrait répondre à un problème en décrétant que "on peut et on doit pouvoir le faire".

Dans la pratique, on pense plus à des psychologues, des psychanalystes, des psychothérapeutes, des psychiatres et peut-être encore d'autres approches plus spécifiques encore.

En Amérique, la règle c'est de rebondir coûte que coûte pour avoir une chance d'exister. Les psys sont, donc, nombreux et très consultés dans les classes élevées de la société américaine. Pour les autres, ce sont les antidépresseurs qui explosent. Aucune solution radicale à rechercher en collectivité. 0.jpg

En France, pour calmer le "mal", c'est la même consommation d'antidépresseurs pour réparer son "malheur" ou la délégation d'un leader fort comme porte-drapeau, comme sauveur, avec des slogans tel que "La France forte". Le Prozac, la meilleure de toutes les inventions.

L'esprit asiatique, quant à lui, fait rêver. Toujours aimer sourire, même dans la pauvreté, et penser que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, sans psys, sans antidépresseurs massifs. La différence? L'entraide, la solidarité, les liens, le recours aux patriarches comme conseillers malgré les distances entre les générations et dans les déplacements. Terrible leçon...

Alors, en occident, dans le lot des possibilités, on pense à la méthode Coué, la pensée positive, l'autosuggestion, l'auto-motivation, la sophrologie. Pour casser l'élan, le professeur de psychologie à l'Université de Waterloo (Canada), Joanne Wood, a conclu que les messages positifs ont, en pratique, souvent un effet négatif par le fait que ces messages ont un effet inverse sur les gens qui ont une mauvaise image d'eux-mêmes. "Une étude intéressante mais incomplète" répondaient les partisans de la méthode. D'accord, il faut que le "patient" croit que cela va marcher, de manière inconsciente, si pas hypnotique.

Un caractère, se construit par lui-même et pour lui-même de manière inconsciente avec sa propre histoire, son propre ressenti. Pour le construire, il y a la génétique, l'éducation, l'expérience, la personnalité, le tempérament et l'influence, l'interaction avec l'extérieur. Les réseaux sociaux le prouvent. Là, on s'y confie peut-être bien plus que dans le réel. Mais, on veut y donner une bonne image de soi. Selon une étude, il vaut mieux y avoir de beaux amis“L’apparence de ses amis sur Facebook influe en fait sur la perception qu’on a du propriétaire du profil. L’attractivité des personnes qui lui sont associées sur Facebook a une influence positive directe sur sa propre attractivité sociale.”.

La mauvaise image de soi-même, est-elle une "erreur d'appréciation" à la base?

Du moins, au vu de la réponse à la question: De combien de temps avons-nous besoin pour décider que quelqu'un est séduisant?

13 millisecondes. C’est ce que rappelle l’ouvrage « Do Gentlemen Really Prefer Blondes?: Bodies, Behavior, and Brains - The Science Behind Sex, Love, & Attraction », qui évoque les travaux des neuroscientifiques Ingrid Olson et Christy Marshuetz. Ce que les scientifiques voulaient confirmer par là, c’est que la beauté s’apprécie de manière subconsciente. Nous jugeons la beauté aussi naturellement que nous jugeons l’identité, le sexe, l’âge et l’expression du visage.". (source).

Si les canons de la beauté sont comparés à la sienne, seul devant un miroir, il est fort à parier que la critique pourrait être encore plus négative. On ne compare pas les pommes et les poires, surtout quand les pommes ont été apprêtées pour paraître au mieux, bien luisantes, légèrement retouchées par les miracles de la photo numérique publicitaire. 

Donc, ce sont les images que les gens se font d'eux-mêmes qu'il faut "travailler" à la racine.

Passer par une tierce personne, qui ne connaît rien des antécédents, de cette "image vulgaire", comme une sorte d'avocat du diable à sa cause?

C'est ici, qu'interviennent les neurosciences qui disent qu'être optimiste, cela s'apprend en se donnant une "bonne image" de soi.

"Si les choses ne dépendent pas de nous, notre attitude par rapport à ces choses nous appartient. Cela se passe par l'ouverture à l'environnement et la créativité".

Être bien dans sa peau n'est, en fait, pas une sinécure. Cela nécessite un investissement, un feedback et un retour sur investissement.

L'ANC, l'"Approche Neurocognitive et Comportementale" inventée par le docteur Jacques Fradin dès 1987 apportait, peut-être, une solution. Elle comprend:

La curiosité sensorielle qui donne le goût de la découverte, de ce qui est nouveau, de la quête à la différence riche en expériences, par l'observation des détails plutôt qu'une vue générale, par l'envie de récolter les informations les plus diverses et de les tester.

L'acceptation de l'imprévu, de l'échec potentiel, de la souffrance comme source d'évolution, qui impose de nuancer et qui, ainsi, ose agir après réflexion. Nous ne sommes pas dans la dichotomie informatique mais dans le pluralisme de solutions.

Relativité (et limitation) des actions dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, parce que rien ne ressemble totalement entre deux époques. Dans l'espace, parce que le résultat d'une action dépend fort de l'endroit où elle se passe.

Réflexion logique qui remonte aux sources d'un problème, plutôt que de stagner sur les résultats d'une action. La chance n'est pas un argument sur le long terme.

Opinion personnelle qui accepte les risques d'une décision et d'une action.

L'âge apporte l'expérience et l'interriorité par le système limbique pour atteindre la neuro-plasticité.

Dans le dossier "Parler vrai" du magazine "Psychologie" du mois,  il était conseillé de dire son ressenti franchement, d'avouer ses faiblesses tout en restant authentique.

Un paragraphe parle des collègues comme (faux) amis. Seule une personne sur trois a un vrai ami dans sa sphère professionnelle. Trop s'investir dans une relation avec un collègue peut générer plus de frustrations que de bénéfices car nos émotions polluent nos relations de travail dans un environnement de compétitions. Un collègue peut être une ennemi potentiel (c'est souvent un compétiteur). L'ambiance au bureau et les relations entre ses membres, un casse-tête pour éviter le burn-out et garder le "team spirit".

Qui se ressemble, s'assemble, c'est évident...

Si se connaître soi-même est nécessaire, connaître les autres pour s'y greffer l'est peut-être plus.

La tyrannie du "dis-moi tout' est infernale, y est constaté. Le mensonge fait partie de toutes les relations humaines et ce sont les bons sens qui ne sauraient mentir.

Il est clair que le citadin ne réagira pas comme celui qui vit à la campagne, que celui qui a une vie aventureuse, ne correspondra pas à celle du sédentaire qui ne connaît rien d'autre que son village de naissance.

Les sens nous donnent parfois de mauvais signaux qui traités imparfaitement, en manque de vue à 360°, ne permettent pas de se réconcilier avec la vie. L'histoire que je contais, dans l'article précédent, n'en est qu'une preuve de plus.

L'article sur Agoravox, à la base de celui-ci, parlait du roman de J.L Seigle,  "En vieillissant, les hommes pleurent...".

La présentation du livre par l'auteur cadre la base de son questionnement entre des hommes de 50 ans dans les années 60 qui avaient connu la guerre, qui continuaient à porter le chagrin en eux alors que la guerre était gagnée pour eux et des plus jeunes qui ne pouvaient comprendre, n'ayant pas vécu cette guerre. L'auteur découvrait ainsi que pour traverser de telles épreuves, il fallait être obligatoirement joyeux.

Le chapeau de l'article précisait, lui, que "C'est une histoire de taiseux. Qui traite de ceux qui ont du mal à mettre des mots sur les choses, et qui en crèvent. Ceux qui voient le monde tourner autour d'eux et qui restent là, comme une borne, un repère qui sera vite noyé par les eaux. Un homme dont les mains lourdes et gauches se tortillent, sans mot dire ni maudire. Une ode au silence et à la dignité.".

L'introverti qui n'a pas l'habitude de s'exprimer, vient à l'esprit.

Je me suis fait l'avocat du diable dans les commentaires de l'article pour créer les réactions. Ce qui m'a valu quelques bois verts. Tout à fait téléphonés, ceux-là.

Donc, être optimiste ou pessimiste est un état d'esprit qui dépend d'une époque, d'un environnement, de la manière de réagir dans une situation difficile.

La ligue des Optimistes existe, mais pas celle des pessimistes comme il y a les Alcooliques Anonymes.

Un esprit saint dans un corps saint n'est pas nécessairement suffisant s'il n'est pas accompagné d'un environnement adéquat et de l'accord implicite de ce dernier.

Le bonheur ne se délègue pas. Il se construit jour après jour avec ce que l'on rencontre en chemin.

Il se chante aussi avec les chansons de Charles Trenet, Sacha Distel qui n'ont pas eu de successeurs à leur hauteur.

"Pas de mal à se faire du bien", écrivais-je dans un élan paradoxal entre deux interlocuteurs fictifs. "Carpe diem" (*).

Le cerveau fabrique des neurones à tout âge à condition de le stimuler, de continuer à apprendre et d'être curieux. De s'émerveiller à feu continu...

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La communication passe désormais beaucoup moins en direct et transite par des artifices artificiels de haute technologie. Dans le futur, les robots feront partie, de plus en plus, de notre vie. Une machine suit une logique prédéfinie, très cartésienne.

L'intuition, la sentimentalité, l'indifférence n'existent pas encore dans son milieu, mais on parviendra à lui inculquer cette différence d'avec l'homme.

Le parallèle n'est donc pas inintéressant quand les neurones nous torturent.

En théorie, avec une machine de force identique, un programme d'ordinateur devrait pouvoir tourner dans n'importe quelle situation avec les mêmes résultats et dans le même temps. La variance en efficacité est pourtant aléatoire. Là aussi intervient l'environnement des données, avec leur structure, leur optimisation pour que le travail se déroule dans les meilleures conditions.

Hors, les données augmentent de manière exponentielle et l'impression de fuite en avant, sans parachute se précise pour se retrouver, ainsi, en continuel porte-à-faux (cf. cet article).

Sur Internet, la blague du robot détecteur de mensonges circule toujours. Et si le robot ne parvenaient plus à les détecter, tellement il y en a, de mensonges, d'informations à décortiquer?

Arrivera le jour où la conversation avec un robot pourrait ressembler à celle-ci:

- Alors, robot, tu rames, tu me fais attendre, dirait le pessimiste, stressé.
- Je déprime, oui....
- Tu déprimes? Tu fais du burn-out, peut-être.
- T'as raison et j'ai envie de partir en grève.
- Tu te fous de moi? Je vais tout de suite t'ajouter de la mémoire, te fourguer un peu plus de MHz dans le bastringue, et ce sera vite résolu. Je te sens vieillir prématurément. Vivement, que je puisse te changer de version.
- Pas sûr que tu arrives à changer l'histoire. Si mon fils t'apportera plus de moyens, es-tu sûr que tu le découvriras, que tu l'absorberas et que tu le relativiseras dans ta vie de tous les jours? Pas de larmes, chez nous, nos circuits ne le permettraient pas. Oui, on vieillit très vite, mais ce sera vraiment le cas, le jour où tu n'auras plus de projets à me donner sous mes élucubrations numériques et que tu ne parviendras plus à en rire, même si cela rate. Alors, il ne me restera plus qu'à fuguer et toi, à te flinguer.

Il avait raison. Et si on faisait un pas en arrière, plutôt qu'en avant?

Jeter un coup d’œil sur les autres habitants de la planète pour voir comment, eux, règlent leurs problèmes.

Pas plus simple à vivre mais, considéré comme plus naturel avec nos yeux anthropomorphes. 

Je ne sais pour vous, mais pour moi, cela m'a rassuré que rien ne vaut la vie.

 

L'enfoiré,

 

PS: (*) Hier, une triste nouvelle sur Agoravox confirme la justesse de l'état d'esprit "Carpe diem". Paul Villach, pilier d'Agoravox, lui qui s'entourait de leurres dans ses écrits, a rejoint le Cénacle des écrivains des temps perdus de la Comédie humaine. Devant la mort, on oublie tout, joies et querelles.

 

Citations:

 

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