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12/04/2012

Bob Morane, vous vous souvenez?

0.jpgAprès les inventeurs, un conteur. Henri Vernes a sorti un livre "Mémoires" dans lequel il se raconte plus qu'il ne raconte les histoires de son héros Bob Morane, symbole de liberté, de courage et de justice, qui a fait partie de mes lectures de jeunesse.

Cela fait toujours plaisir de repenser au passé lointain. On se retrouve d'un coup plus jeune.

C'est ce que j'ai ressenti quand je suis tombé sur le livre de Henri Vernes qui racontait ses mémoires.

Avec les débuts de l'histoire de Bob Morane, je vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans ne pourraient pas connaître. Enfin, ce n'est peut-être pas tout à fait certain vu ce que j'ai pu constater. En consultant Internet, sur eBay et aussi suite au groupe musical, Indochine, en faisait un disque "L'aventurier", vendu à 700.000 exemplaires en 1983 qui faisait l'éloge de de Bob Morane, comme un héros mythique.

Il y a un site français, bobmorane.fr, un autre, belge pour les fans. Cette semaine, un interview de Henri Vernes paraissait dans le Vif-L'Express suite à ce livre de mémoires. La RTBF lui donne l'occasion de parler de son histoire en épisodes sur plusieurs jours.


"On n'a pas écrit un roman d'aventure original depuis l'Odyssée. Un romancier de par essence est un menteur." lance-t-il à qui veut l'entendre. A 93 ans, non conformiste, comme il se dit,  il a encore toute sa tête et autant dans le tibia. 

En 1953, la sortie de la "La vallée infernale" et du premier Bob Morane. Les autres vont suivre à la recherche de trésors de par le monde. "La Galère engloutie". "Sur la piste de Fawcett" met en scène un personnage qui a existé. Bien avant Jurassic Park, "Les chasseurs de dinosaures". "L'Ombre jaune" apparaît dès 1959 et continue en plusieurs épisodes.

Il ajoute des femmes dans ses histoires alors que le sexe n'existait pas avant lui dans la littérature pour la jeunesse. Un rythme d'enfer s'ensuit, avec un bouquin tous les deux mois. Une foule de personnages me reviennent encore en mémoire. J'ai probablement accroché la saga en léger décalage dans le temps mais je devins un fan inconditionnel. 0.jpg

Au départ du texte sans images, avec Bob Morane, le cerveau, Ballantine, son fidèle lieutenant écossais tout en muscles, contre tous les ennemis de la société dont le génie du mal, Ming alias l'Ombre jaune qui avait trouvé, lors d'un épisode, le moyen de se reproduire en de multiples clones.

Plus de 200 livres, avec une dérive vers les histoires d'un nouveau personnage Ananké, qui personnifie la destinée, la nécessité inaltérable et la fatalité dans la mythologie grecque.

Troublant aussi de constater que la même année 1953, le personnage de fiction,  l'écrivain et ancien espion britannique Ian Fleming sortait le roman "Espions, faites vos jeux" avec James Bond, Agent 007. Bob Morane 007 resterait-il jeune, comme tente de le montrer le clip de 2007. Pourtant la différence est importante. On ne s'adresse pas aux adultes. L'éthique, peu de sexe, peu de violence si ce n'est pour le bon droit. Avec Bob Morane, nous sommes plus proches de la saga des Indiana Jones.

J'ai quitté la série des Bob Morane avec "Les Mangeurs d'atomes", son 45ème opus. Obligation scolaire qui détermine les horizons littéraires différents. Ce livre fut, probablement, à l'origine de mon premier intérêt pour tout ce qui tournait autour de la connaissance de l'atome. L'éthique du personnage devait aussi m'être restée quelque part dans quelques neurones.

Wikipédia dit au sujet de cette collection: "Conçu au départ comme une sorte d'aventurier mi-justicier et mi-barbouze, le personnage évolue au cours de son demi-siècle d'existence pour se trouver impliqué dans des aventures de plus en plus complexes. Aux voyages exotiques, dans lesquels se mêlent espionnage et aventures classiques, viennent se greffer très tôt des thèmes de science-fiction où l'on retrouve l’influence d'un ami intime de l'auteur, Bernard Heuvelmans, le père de la cryptozoologie.".

Né à Ath en 1918, Henri Vernes, de son vrai nom, Charles-Henri Dewisme, était arrivé dans une famille qui ne pouvait beaucoup s'occuper de lui. Une mère, coiffeuse et un père, boucher et ce furent ses grands-parents maternels qui ont pris le rôle de parents.

0.PNGLecteur des histoires de Buffalo Bill, d'Alexandre Dumas, de Victor Hugo et de Freud, dès son plus jeune âge. Il avoue ne pas être un grand lecteur de romans policiers et préférant le roman d'aventure. La mode du détective se fait jour à la suite de la collection "Le Jury" de Stanislas-André Steeman qu'il qualifie d'empêcheur de danser en rond en appréciant mieux Georges Simenon.

A 16 ans, il devient boxeur.

"A 18 ans, j'avais des alouettes sous la casquette" dit-il dans un interview.

Tour à tour, diamantaire, résistant, agent secret, journaliste et ... écrivain.

Ses aventures comme écrivain commencent ou plutôt continuent de plus belle.

La Colombie l'attire. Il rencontre la chinoise, Madame Lou, qui l'entraîne en Chine. A Canton, sur la Rivière des Perles, celle-ci tient une maison de plaisir flottante "Bateau de fleurs" où il reste peu de temps avant de partir pour Shanghai.

Revenu à Bruxelles, il rencontre une hollando-anglaise, Alice qui fait partie du MI6 contre les "Boches" comme on disait à l'époque et il devient résistant pour le compte de l'Angleterre.

Hergé, pour lui, n'est pas un bon dessinateur, mais un "ex-collabo, raciste, que les Belges, faute de mieux, ont fait un héros national, une sorte de Manneken Pis atteint de continence d'urine". C'est Franquin qui est le dessinateur de génie et qui devrait avoir un musée.

Au sortir de la guerre, il travaille pour "Femmes d'aujourd'hui". Il devient l'ami de Jean Rey et de J.J. Schellens de l’Édition Marabout qui va changer sa vie. Une mise en bouche commandée sur l'Everest qui venait d'être conquis. Ce dernier va lui commander une série de livres pour la jeunesse pour la collection Marabout-Junior.

Et c'est le jackpot. Son premier livre marche mieux que prévu alors que son auteur est déjà reparti vers d'autres aventures en Amérique du Sud sans avoir l'écho de ce succès comme prélude à tous les autres.

Qu'est-ce qui avait fait l'engouement?

Les aventures, bien sûr, les voyages, l'originalité, mais aussi la manière simple de les raconter. Quand, en plus, la science-fiction se greffe sur la science tout court, la théorie des quantas, tout reste plausible et on arrive à la passion par tous les chemins.0.jpg

Aujourd'hui, manque de place oblige, les Bob Morane ne sont plus dans une caisse de ma cave. Cela me plairait de replonger dans certains d'entre eux pour voir si l'Ombre Jaune exercerait toujours, chez moi, la même fascination.

La BD et le cinéma se sont emparés de ces histoires.

Ce n'est qu'en 1959 que ses aventures vont entrer dans la BD par l'intermédiaire d'Attanasio, Forton, Vance et Coria, mais c'est Vance qu'il a préféré pour correspondre à l'idée de Morane. Extrait "Semeur de foudre (1963)".

Son livre "Mémoires" ne parle pas tellement de son personnage de fiction, mais de son auteur lui-même. "Ma vie n'a pas commencé avec Bob Morane", dit-il pour le confirmer. Il nous apprend, ainsi, ce qui se construit en arrière-plan. Son héros n'apparaît qu'à partir de la page 400.

L'aventure avec le Marabout Junior se termine mal avec la chute de Marabout dans les années 70 et qu'il attribue à André Gérard qui, d'après lui, s'il a été le fondateur de Marabout, n'avait jamais dû avoir lu un bouquin.

Le secret du succès de ses livres? Il cite sa méthode de travail: "pas de plan de travail, une idée vague de départ qui se doit de lui faire plaisir, l'enchaînement de hasards, de l'imagination, un titre accrocheur, une couverture qui doit satisfaire toutes les aspirations par la seule suggestion".

La préface de son livre, écrite par Jean-Baptiste Baronian, va me confirmer dans mes impressions: "Au fond, les mémoires sont de faux portraits de soi tels qu'on veut les laisser à la postérité", disait Georges Simenon qui lui rappelle Henri Vernes. Le portrait d'un héros qui ne se serait jamais trompé, Henri n'en a cure. Seul le plaisir de raconter les principales aventures de son existence, de son enfance au lancement de Bob Morane et des suites. Il a un cœur à géométrie variable qui se serre et bat la chamade dès que les regrets et les souvenirs le submergent avant de se barder et devenir dur comme de la pierre.

0.jpgDes phrases du livre en disent long sur le personnage: "Il en est des objets comme des hommes, ils finissent par avoir tellement vieilli qu'ils ne peuvent plus vieillir". "Il n'est pas meilleur faux témoins que le hasard". "Une longue vie aventureuse que n'aura jamais été que le creuset fraternel de la vie des autres". "Une vie dans laquelle il ne faut jamais prendre conscience de son bonheur pour ne pas tomber dans la crainte de la perdre et qui déjà, serait, ainsi, en train de se ternir". "Le Mal, de par sa seule existence, a droit, lui aussi, à la reconnaissance", écrit-il.

Les titres de chapitres du livre sont tous des hommages, des offrandes qui commencent par "Pour...". Pour Yvonne, Adèle, Alice, Katia, Gilda, Georgette, Ranoucha, Olga, Concha... Toutes des rencontres avec les femmes et quelques amis qui ont fait partie de sa vie. 

N'est-ce pas une bonne manière de se définir en se comparant à son imaginaire, à se rapprocher des autres?

"Que quelqu'un reprenne Bob Morane? Je n'en ai rien à foutre", lançait-il.

Mais qui aurait encore son talent de conteur pour jeunes de cette manière? Par quels artifices remettre au goût du jour des "histoires de chevalier blanc" avec une éthique irréprochable?

Que diraient les jeunes d'aujourd'hui, de ces histoires de Bob Morane sans images sous la forme de Marabout, eux qui ont été habitués à plus de violence, qui vivent l'aventure, les voyages sans se déplacer au travers de toutes les vidéos du monde, dans une époque où le pétrole est devenu hors prix pour aller sur le terrain?

Les Editions du Dargaud-Lombard ont repris la publication des intégrales sous forme de BD.

Les projets ne semblaient, pourtant, pas terminés, comme Henri Vernes le déclarait en fin de l'interview du Vif-L'Express.
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Wait and see...


 

L'enfoiré,

 

Citations:

  • « L’aventure, c’est d’abord l’ouverture aux autres. », Anonyme
  • « C'est lorsque vous avez chaussé vos pantoufles que vous rêvez d'aventure. En pleine aventure, vous avez la nostalgie de vos pantoufles.  », Thornton Wilder
  • « Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie. », Victor Hugo

26/7/2021: Décès de Henri Verne
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Commentaires

Henri Vernes, créateur de Bob Morane, est décédé

Le créateur de Bob Morane s'est éteint à l'âge de 102 ans ce dimanche 25 juillet. Son état de santé s'était dégradé dernièrement. Sous de très nombreux pseudonymes (Charles-Henri Dewisme, Cal W. Bogar, Gaston Bogart, Pat Richmond, Ray Stevens, Jacques Seyr ou encore Jacques Colombo), il a signé plus de 230 romans d'aventure et de science-fiction.
En 2018, à l'occasion de ses 100 ans, le temps ne semblait pas avoir de prise sur l'auteur. Certes, Henri Vernes se déplaçait à petits pas dans son appartement, appuyé sur une béquille. Mais, à 100 ans, cet Athois de naissance, qui vécut ensuite à Tournai, s’apprêtait à recevoir la visite des édiles saint-gillois pour son anniversaire. Il n'en revenait pas lui-même.
Il n'avait pas manqué pas de planter quelques piques et bons mots à ceux qui devaient l'honorer ce jour-là tant son langage était vert et fleuri. Des mots, il en a commenté une vingtaine avec nous, retraçant son parcours..

Avant-Bob
"J’ai été renvoyé de toutes les écoles où je suis passé. J’étais un mauvais élève, sauf en français. J’avais quatre amis étrangers, notamment un juif russe qui habitait Shanghai, un Turc d’origine espagnole, un Roumain d’origine persane et un Portugais. Je suis parti fin 1936 en Chine, et revenu en 1937. J’ai repris l’école et en 1938, j’ai rencontré ma fiancée, fille d’un gros diamantaire. Une fois marié, j’ai été diamantaire durant un an. Puis j’ai divorcé. J’ai été espion pour un service secret britannique par l’intermédiaire d’une dame, Alice, puis, à la fin de la guerre, je me suis retrouvé à Paris comme journaliste pour des journaux du Nord et pour une agence de presse, l’Overseas News Agency. De retour en Belgique, j’ai bientôt rencontré Jean-Jacques Schellens."

Naissance
"Bob Morane est né de la volonté de Jean-Jacques Schellens, des éditions Marabout, lequel cherchait quelqu’un pour écrire des romans pour la jeunesse et s’en était ouvert à un de mes amis, Bernard Heuvelmans (le père de la cryptozoologie, NdlR)."

Stakhanovisme
"Si peu ! Il se fait que le courant est bien passé avec Schellens qui voulait une production soutenue; et je me suis lancé dans l’aventure, à raison d’un livre tous les deux mois, soit six par an, soit encore jusqu’à trente pages d’écriture par nuit. Pour tenir le coup, je prenais un cocktail fait de Coca et d’aspirine; ça secouait. Et je suis toujours là malgré tout !"

Écriture
"J’écris comme je respire. Et quelques fois, j’y ai même pris du plaisir. Parfois, vu le rythme effréné des parutions, je me mettais en mode écriture automatique, surtout s’il fallait que je ponde 20 ou 30 pages par nuit. Là, j’étais en état second. Au total, roman plus BD, j’ai dû publier 220 livres. Mais tout n’était pas bon, loin de là."

Originalité
"À l’époque, contrairement à ce qui se faisait en matière de bande dessinée et de littérature jeunesse où les héros sans peur et sans reproche ne côtoyaient jamais la gent féminine, je n’ai pas hésité à coller à Bob Morane de belles petites amies. Tout cela restait bien sage dans les pages, au grand désespoir de Bob (rire). En revanche, le lecteur rajoutait les éléments du récit que je ne pouvais pas écrire… J’ai aussi écrit la série DON, pour les adultes (sous le pseudonyme de Jacques Colombo, NdlR)…"

Méchant
"Le méchant est indispensable et plus il est féroce, plus le héros a de valeur de le vaincre. Deux sont récurrents, comme Roman Orgonetz ou l’Ombre Jaune, et puis il y en a eu de plus épisodiques."

Succès
"Je ne crois pas qu’il y ait eu un livre qui ait eu plus de succès qu’un autre. En fait, le lecteur de Bob Morane est comme un ivrogne : il boit un verre, puis deux, et au troisième, il ne se rend plus compte qu’il boit, il attend sa dose."

Longévité
"Je ne me l’explique pas. Je n’ai jamais bu (un verre de vin en mangeant quand même). Je n’ai jamais fumé et j’ai pratiqué l’aviron, la boxe et le tennis. De la boxe, j’ai conservé le nez cassé; ça fait mal un moment et puis on oublie, on passe à autre chose."

Roman
"Le roman, bien plus que la BD, c’est mon truc. Je ne suis pas dessinateur. Le roman me donne plus de liberté, d’ouverture que la bande dessinée qui doit tenir dans un petit carré. Mais en BD, je faisais le découpage des scénarios et je faisais les phylactères. Je donnais les textes au dessinateur. Au début, je réalisais des BD originales. Puis, comme l’éditeur m’avait dit que les publics des romans et des BD étaient différents, j’ai fini par transposer les romans en BD."

Dessinateurs
"Je les ai toujours choisis. Je pense que le meilleur fut William Vance, surtout à la fin de sa carrière. C’était un garçon extraordinaire. Forton était bon aussi. La série s’est arrêtée. Le Lombard a fait une tentative de reprise mais cela n’a pas marché. Ce n’était pas bon."

Animation
"Un film a été perdu mais il y a eu un dessin animé et une série en noir et blanc. Il y a eu des tentatives de cinéma mais cela n’a jamais marché. Si j’avais vécu aux États-Unis, probablement que Bob Morane aurait été adapté depuis longtemps."

Traduction
"Je pense que Bob Morane a dû être traduit en une douzaine de langues, dont le japonais, l’hébreu, le turc, l’arabe, le néerlandais, l’anglais, le portugais… Mais cela n’a jamais été la ruée comme ce le fut en français. Seuls la Flandre et les Pays-Bas ont aussi accroché."

Marabout
"Les rapports que j’entretenais avec André Gérard, l’éditeur de Marabout, n’étaient pas bons. Au début, il payait avec un élastique mais ensuite, cela s’est un peu mieux passé. Du coup, je ne l’aimais pas, mais je le remercie quand même. Je m’entendais bien mieux avec le promoteur de la maison d’édition, Jean-Jacques Schellens. Il faut dire que de nombreuses années, Bob Morane a été le pivot de Marabout Junior, son best-seller."

Indochine
"Bob Morane a fait beaucoup pour Indochine et Indochine a fait beaucoup pour Bob. Un jour, j’étais dans mon salon, en train de regarder la télé quand ma petite amie haïtienne de l’époque me téléphone pour me dire d’écouter Radio Luxembourg. ‘ Écoute, ils diffusent une chanson sur Bob Morane’, et c’est ainsi que j’ai entendu L’Aventurier. Étant en Belgique, j’ai vite renoncé au procès; au contraire, je me suis dit qu’il valait mieux s’entendre avec les jeunes gens du groupe. Ils ont fait beaucoup pour la notoriété de Bob Morane et aujourd’hui encore, L’Aventurier est leur chanson fétiche."

Vitalité
"Je m’entretiens par un peu de culture physique. Faut bien sinon, on rouille ! Par contre, je ne sors plus. J’écris encore, notamment pour le Cercle des Amis de Bob Morane. Voici deux ans, j’ai publié une biographie sur l’écrivain fantastique Jean Ray. J’ai ressorti aussi quelques bouquins non terminés jadis lorsque je publiais aux éditions La Pierre d’Alun. Mais je n’écris plus rien pour gagner ma vie actuellement. Je devrais pourtant car ma pension d’indépendant n’est pas lourde…"

Jeune génération
"Cela me fait plaisir de constater qu’elle connaît encore Bob Morane et cela démontre que je n’ai pas travaillé pour rien. D’un autre côté, je n’aurais rien pu faire d’autre qu’écrire. Boxeur, ce n’est pas un métier. Diamantaire, j’aimais bien, mais le diamant, quand ce n’est pas taillé, c’est du soude (avec un peu d’imagination). Mais quand j’y repense, j’ai passé de bons moments à Anvers en 1940. J’y fréquentais un bar où la jeunesse dorée se retrouvait, le Pickwik; j’étais choqué de voir figurer un panneau ‘défense de parler néerlandais’. Un ami local m’a alors rappelé qu’on ne parlait flamand qu’aux domestiques."

Plume, machine ou ordinateur
"J’ai tapé à la machine, j’ai aussi un peu dicté mais j’ai surtout écrit à la main; c’est plus intime, c’est comme l’amour, cela doit se faire à la main aussi…"

Club Bob Morane
"On en est à environ 250 membres venant de France, de Belgique et du Canada. J’allais jusqu’il y a peu à toutes les réunions. Beaucoup de membres viennent me rendre visite, un peu comme une famille. Après tout, je n’ai jamais eu d’enfant même si j’ai connu beaucoup de dames… (sourire malicieux)."

Et après
"Je ne me berce pas d’illusions; je ne pense pas qu’on se souviendra de moi plus tard, avec un peu de chance de Bob. Quand je me remémore certains littérateurs et héros très populaires dans ma jeunesse, ils sont complètement tombés dans l’oubli maintenant, je n’espère donc rien du tout. Toutes proportions gardées, heureusement que le Christ est mort à 33 ans. Imaginez qu’il fût décédé à 80 ans, on l’aurait oublié rapidement !"

Voyages
"J’en ai fait beaucoup. Mes secondes patries - j’en ai deux - c’est Haïti et Israël; je suis également allé en Colombie, au Brésil ou en Guyane. Mais je n’en faisais pas les décors de mes romans, hormis L’Anneau de Salomon, commencé en Israël. J’ai écrit un livre sur l’Everest sans jamais y être allé. L’essentiel, pour accrocher le lecteur, est de laisser errer son imagination."

Dernier détail
"À un certain moment de ma vie, j’ai décidé de raconter n’importe quoi en interview ! (éclat de rire) À vous de faire la part du vrai et du faux."

https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/2021/07/26/henri-vernes-createur-de-bob-morane-est-decede-QIFG3G6HVNE2FOQB67QCUOBS7I/

Écrit par : Allusion | 26/07/2021

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