Montréal, la francophone (05/05/2012)

0.jpgJe connais Pierre Chantelois depuis six ans en tant que blogueur de textes. Depuis sa création, je consulte son blog orienté photos "Les beautés de Montréal". La Belgique, mon pays, s'y est insérée. Des photos échangées, un peu de poésie. Récemment, une sorte de compétition amicale sur le thème de nos automnes respectifs. Aller plus loin. Sortir des seuls clichés. L'inviter à dire ce qu'il pense de sa ville, y ajouter un texte plus personnel, plus intime. Voici la vision de sa ville, Montréal, qu'il m'a offerte.. Je vous confie à lui dans ce voyage et en fin, une surprise.

Mon ami Guy – lorsqu’il m’a demandé de présenter dans ses pages une vision personnelle de Montréal – a fait preuve d’une grande cruauté à mon égard. C’est un doux reproche que je lui adresse. Mais diantre comment parle-t-on de la ville qu’on habite depuis plus de soixante-cinq ans. Je viens de vous faire une première confidence, vous l’aurez remarqué. Sous quel angle devrais-je aborder cette périlleuse mission? Montréal n’est pas Bruxelles. Montréal est une ville résolument moderne, nord-américaine, sans architecture particulière, avec ses quartiers anciens, ses quartiers modernes et ses quartiers de grande pauvreté. Montréal est toutefois une ville de destination prisée par les touristes. Pour aucune majeure. Elle est située au Québec, pays francophone dans une mer nord-américaine. Au Québec, nous nous identifions d’abord en tant que québécois avant d’être canadien. Montréal est la ville avec une majorité francophone et une minorité anglophone. Elle est le pôle économique du Québec, la ville de Québec étant la capitale. Au Québec, nous avons deux réseaux d’éducation importants : les commissions scolaires francophone et anglophone. Nous avons deux réseaux de santé francophone et anglophone. Le Québec a fait l’objet de deux référendums pour solliciter la population si elle désire ou non son indépendance et son détachement du Canada. À deux reprises, la population a manifesté, avec des majorités variables, son rejet de cette option d’indépendance. Et le débat se poursuit toujours. Voilà campée en quelques mots la ville dans laquelle j’habite, le pays pour lequel je souhaite depuis cinquante ans son indépendance.

 

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La population de la ville de Montréal est de 1.649 519 habitants. La population de la grande agglomération de Montréal est de 1.886 481 habitants. En 2011, selon les statistiques émises par Citoyenneté et immigration Canada, au total, 26 090 jeunes étrangers fréquentaient un établissement collégial ou universitaire montréalais, soit un nombre inégalé pour la métropole. La population du Québec a atteint, en 2012, le chiffre de 8.013 073 habitants.
Approximativement, 6 millions de Québécois sont francophones, plus de 600 000 sont anglophones, environ 75.000 sont Amérindiens et Inuits. Près de 80% des Québécoises et des Québécois habitent dans les localités situées le long du Saint-Laurent. Environ 35% habitent à Montréal (sans compter la grande zone métropolitaine qui l'entoure). Avec ses habitants, Montréal concentre plus de 45% de l’ensemble de la population du Québec et regroupe 3,5 millions d’âmes (la population actuelle du «Grand Toronto» est de 4,8 millions habitants) (Source).

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Le Québec pourrait compter 9,2 millions habitants en 2056. Si les tendances récentes en matière de fécondité et d'immigration se maintiennent, le Québec connaîtra un accroissement de sa population d'ici 2056, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). La population québécoise a franchi le cap des 8 millions habitants fin septembre 2011 et s'établira à 9,2 millions dans moins de 50 ans. (C'est la première fois depuis au moins 25 ans que les statisticiens de l'ISQ avancent que la population québécoise ne déclinera pas à moyen ou à long terme.) (Source)
Un récent sondage CROP indiquant que les anglophones, particulièrement les plus jeunes, envisagent que Montréal puisse devenir plus tard une ville où l'anglais prédominera. Plus de 77 pour cent des personnes sondées estime notamment que la métropole deviendra à prédominance anglophone, alors que le reste du Québec devrait conserver son aspect francophone, indique le sondage (Source)
Pour contrer cette tendance, un député de l’Opposition au Parlement du Québec, Pierre Curzi, a proposé que le français soit décrété langue commune, que l'affichage d'une raison sociale ait obligatoirement un nom générique francophone et qu'une entreprise obtienne un certificat de conformité à la Charte pour obtenir un contrat public. Le projet de loi, déposé par le député Curzi, modifie considérablement la Charte québécoise de la langue française adoptée en 1977 par le gouvernement de René Lévesque. Le gouvernement actuel, dirigé par le premier ministre Jean Charest, n’est pas favorable à la réouverture d’un débat sur l’avenir du français au Québec en raison de ses positions fédéralistes et de son appartenance à la Fédération canadienne. Toujours selon l'opposition au Parlement du Québec, le gouvernement cacherait une dizaine d’études commandées au cours des dernières années et portant sur le fonctionnement du fédéralisme canadien. Les études portent sur divers sujets, allant du droit constitutionnel à l’avenir du Québec au sein de la fédération canadienne.

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Nous retrouvons sur le territoire de Montréal deux grandes universités anglophones, McGill et Concordia, et du côté francophone, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ainsi que l’Université de Montréal. L’Université Concordia offre plus de 180 programmes de premier cycle dans 4 facultés (Arts et sciences, Génie et informatique, Beaux-arts, École de gestion John-Molson), et 70 programmes de maîtrises et de doctorats. L'Université McGill compte, pour sa part, onze facultés et onze écoles, dans des disciplines aussi variées que le droit, la musique ou les études religieuses et propose plus de 300 programmes d’études sur deux campus.
L’Université du Québec à Montréal (UQAM) est composée de sept facultés (Arts, Éducation, Lettres, langues et communications, Science politique et droit, Sciences, Sciences de la gestion, Sciences humaines) et elle offre 116 programmes de premier cycle, 96 programmes d’études supérieures, 13 centres de recherche, 21 chaires d’enseignement et de recherche, 9 chaires de recherche du Canada, et 2 instituts. Enfin, l'Université de Montréal, avec ses écoles affiliées, HEC et l'École Polytechnique, reçoit 7 000 étudiants internationaux en provenance de 120 pays et elle se fonde sur 800 projets de collaboration internationale en enseignement et en recherche. Elle dispose aussi de 600 ententes internationales ciblées dans 90 pays. Elle regroupe 450 chaires et unités de recherche et un grand réseau de bibliothèques.

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Avec ses 1.782.835 habitants, la région de Montréal regroupe 25 % de la population québécoise. Elle offre une qualité de vie enviable et est reconnue pour son ouverture, son dynamisme artistique, sa vigueur économique et sa vitalité culturelle. Le coût de la vie y est abordable comparativement à celui observé dans d’autres régions métropolitaines de même envergure. Montréal est une ville sûre, où l’on peut vivre en toute tranquillité.
La région de Montréal est constituée de la ville de Montréal et des villes de banlieue suivantes : Beaconsfield, Baie-D’Urfé, Côte-Saint-Luc, Dollard-Des-Ormeaux, Dorval, Hampstead, Kirkland, L’Ïle-Dorval, Montréal-Est, Montréal-Ouest, Mont-Royal, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue, Senneville, Westmount.

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Le Stade olympique est un monument unique au monde : évoquant des mains gigantesques aux doigts recourbés, les 34 consoles en porte-à-faux, auxquelles s'ajoutent quatre consoles tronquées à la base de la Tour, déterminent la géométrie d'ensemble du Stade. Elles supportent l'anneau technique, la toiture et les tableaux d'affichage électronique. L'anneau technique peut se comparer à une maison de deux étages; au premier étage sont logés les équipements de ventilation et le rez-de-chaussée abrite l'éclairage du Stade constitué de 1.146 lumières de 2000 watts. Le stade peut contenir 53.858 personnes et jusqu'à 62.000 avec l'ajout de gradins. C’est le monument le plus visité de la grande région de Montréal.

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La métropole du Québec bat au rythme des multiples cultures qui la composent. La ville de Montréal jouit d’une renommée internationale auprès des nombreux touristes qui affluent de partout en toute saison pour la visiter. Ville moderne et de haute-technologie, elle attire également les investisseurs de nombreux pays. Montréal offre une gamme complète d’événements et de festivals, et ce, durant toute l’année. Se succèdent festivals de musique, d’humour, de gastronomie, de sport, ainsi que des festivals d’envergure internationale. Tous prennent part à la fête, les résidents comme les touristes. Certains événements reviennent d’année en année, tandis que d’autres sont une chance unique de prendre part à une fête.

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Françoise Ligier, dans Le Français dans le monde, a écrit un beau texte sur les escaliers de Montréal. Notamment ceci : « Pourquoi, dans un pays de neige et de glace comme le vôtre, avoir construit ces successions d’escaliers pour relier la rue aux logements du deuxième et parfois du troisième étage ? Telle est la question la plus fréquemment posée aux Montréalais. Qu’ils soient simples, doubles, jumelés ou en rangée, qu’ils soient en échelle, à quartier tournant, en spirale, en colimaçon, au gracieux déhanchement ou au tortillement mathématique, en forme de L, de S ou de T… ils étonnent. Ils peuvent être humbles ou somptueux, discrets ou flamboyants, gris souris, jaune d’or, vert émeraude… Lorsqu’un chat dort sur leurs marches, qu’un écureuil trotte sur leur rampe la queue en l’air ou qu’une bicyclette y est coquettement appuyée, ils sont abondamment photographiés. Sous un épais manteau de neige, ils peuvent aussi ressembler à une descente de toboggan. Et on rit beaucoup lorsque quelqu’un, sous l’effet du verglas, les descend alors qu’il voulait les monter… Au printemps, les Montréalais lavent et astiquent ces escaliers : ils effacent ainsi toute trace de l’hiver et leur rendent, à coup de pinceaux, une nouvelle jeunesse ».

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Montréal est l’objet également de poésies. Des poètes ont exprimé à l’égard de leur ville d’origine ou d’adoption des sentiments partagés.
« Il y a des villes dont les vents rendent fou. Entrer dans une ville, c’est la comparer. L’aimer et la métaphore surgit. Certaines villes ont plus d’imagination que d’autres. À l’image des artisans qui la façonnent. Puisque la ville est la création de l’humain. Souvent elle les inspire. La ville est un joyau précis et précieux d’une civilisation. En Amérique, c’est plein de villes super-écran. De villes King-Kong aux dentitions dinosauriennes !
Et Montréal qui s’était barricadée du fleuve. L’île voulait être d’abord sûre de ne pas partir avec lui. Mais maintenant cette confiance retrouvée. Des fenêtres s’ouvrent sur le Saint-Laurent. L’histoire installée, elle lorgne l’avenir. Les villes sont des folies dont on ne saurait se passer.
Dans les villes on peut jouer : aux oiseaux comme aux fourmis. Certains jours on voit les nuages, en bas ! Et sur les murs de la ville des graffitis assiègent le conformisme de la cravate. La ville se défend de tout statu quo. Il y a, par contre, des villes plus féminines, d’autres plus masculines. Montréal est une ville androgyne. D’où son côté à la fois rond et pointu. »
Jean DAOUST in « Montréal des écrivains » L’Hexagone, 1988

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Comment terminer cette présentation sur la ville que j’habite, sur la ville que j’aime, sur la ville qui me nourrit d’espoir, de déceptions, d’illusions et de désillusions? Montréal est une ville paisible. Avec des soubresauts. Montréal est une ville prématurément usée en raison de la négligence et de l’insouciance d’une succession de maires imprévoyants. Montréal est une ville qui se développe sans un plan précis pour protéger sa beauté. Montréal s’anglicise parce que les nouvelles générations rejettent les espoirs des plus vieilles générations. Montréal se cherche. Montréal vit ses conflits de ville culturelle et de pôle économique. Montréal est trop jeune pour apprécier son patrimoine culturel et architectural. Montréal se bat contre des fantômes qui s’opposent à elle et la fait mal paraître. Montréal multiculturelle est coincée entre l’obligation de défendre sa langue et de s’ouvrir aux grands courants culturels du monde. Montréal regarde tristement le flux d’immigration préférer la langue anglaise et ainsi renier des années de combat pour faire du Québec une terre d’accueil francophone. Montréal c’est tout cela. Naviguer entre la jeunesse et la vieillesse, entre la culture et les impératifs commerciaux et économiques, entre ses traditions centenaires et les influences d’une modernité qui lui est totalement étrangère et véhiculée par un flux migratoire. Montréal en définitive est une ville qui migrera vers un avenir métamorphosé par ses résidents d’aujourd’hui et par les générations de demain. Je ne serai plus là pour vivre ces profonds changements. Entre temps, je vis au présent l’évolution de ma ville et je n’ai guère le temps de conjuguer au futur mes craintes et mes désillusions sur Montréal demain.

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Je remercie, Pierre, d'avoir pris le temps d'aller au fond de sa pensée pour nous faire comprendre ce que peut ressentir quelqu'un qui vit sa vie dans cette ville de Montréal et dans un pays, qui est 327 fois plus grand que le mien. Il dit que Montréal n'est pas Bruxelles et pourtant, je lui ai trouvé des caractères de ressemblance qu'il serait trop long d'énumérer ici.

Il y en a un que je retiens de vos billets quotidiens: l'envie de faire la fête.

En mai,  c'est notre fête, la Fête de l'IRIS.

J'ai donc réservé une surprise en photos.

 

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