La philosophie, l'outil du sens (17/01/2013)

0.jpgSophie Chassat avait écrit un livret "Découvrez avec Kant les vertus de l'hypocrisie" dans lequel, elle parlait de 50 paradoxes parfois loufoques de philosophes  

Parler des différences facettes de la philosophie de manière exhaustive et chronologique passe par l'art de vivre au travers des philosophes de l'histoire (1) et (2). L'erreur serait de penser que l'histoire se répète et que le passé serait plus que des références.

Ici, l'auteur mélange les vertus de l'hypocrisie, la profondeur du superficiel, le caractère ordonné du désordre, le sens de l'absurde, l'aspect savant de l'ignorance, le côté positif du négatif, du potentiel philosophique de la gym.

L'hypocrisie est l'attitude morale par laquelle on exprime des sentiments, des opinions que l'on n'a pas ou que l'on n'approuve pas. En fait, sans parfois s'en rendre compte, elle suit une stratégie secrète bien personnelle.

Le Tartuffe de Molière en serait le symbole par la voie du mensonge. L'utilitarisme et la stratégie sociale, son pardon. 0.jpg

En cette période troublée par des crises multiples, en perte de valeurs, les philosophes sont plus écoutés pour tenter d'expliquer aux autres, ce que peut être l'art de vivre en société.

Les philosophies du passé, s'ils servent de bases et de garde-fous, doivent subir quelques adaptations pour être transposées dans notre modernité de technologies et de compétitions multiples.

Ces idées, réunies, mélangées, choisies indépendamment de leurs auteurs, elles sont misent en exergue:1.jpg 

0.jpgLes auteurs de ces idées:  Kant, Bergson, Camus, Socrate, Alain, Hegel, Deleuze, Barthes, Lafargue, Leibniz, Nietzsche, Weber ... et de les avoir réuni autour du thème de l'hypocrisie prouve qu'elle existe à tous les étages du temps et de l'espace.
"Aïe, le peuple est de retour", pourrait-on dire. Il est juge et parti.
 
Alors, qu'en conclure?
 
"D'abord vivre et ensuite philosopher (Primum vivere, deinde philosophari)", dirait celui que la philosophie n'atteint pas par la voie de la théorie mais, uniquement, par ses propres expériences de la pratique.

Si Laurent Baffy parle de la vie comme "une période aléatoire entre le néant à le néant", il s'agit de s'inquiéter du processus à remplir entre les deux.

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On est tenté de catégoriser les gens pour les insérer, au besoin, dans des statistiques pour les modéliser.

Cela aboutit, souvent, dans le caricatural et les clichés. 

Avec l'allongement de la vie en ces temps bénis par la médecine, elle arrive à se diviser en quatre phases que l'on appelle pudiquement et, parfois, artificiellement "âges".

Le premier âge suivrait, selon une formulation générale, une formation intellectuelle ou manuelle pendant laquelle on sent que vu les difficultés, le jeune boit, progressivement, la "tasse".

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Au cours du second âge, l'adulte se devrait de justifier la rentabilité apprise dans sa jeunesse, actif, parfois radioactif, en creusant un sillon dans une carrière entre collègues où règnerait l'esprit d'équipe, assurer une suite par sa lignée et rester, en définitive, "à la masse".

Au troisième âge, lors d'une retraite (semi-assurée), l'adulte senior s'impatienterait d'y récupérer ses acquis, tout en étant poussé "à la casse".

Plus personne ne se reconnait dans le jeu de quilles. L'Alzheimer, réel ou fictif, devient général de la part des deux premiers âges.

Le dernier âge, lui, préparerait au repos éternel en laissant les dernières traces et en "vidant la tasse".

La boucle serait, ainsi, bouclée avec des cycles parallèles dans une sorte de course relais sans fin.

La vie active se perdait dans des convenances et des relations d'affaires. 

0.jpgDès le troisième âge, c'est devenir un "has been" pour l'un, un "éléphant" pour l'autre. Ce ne serait pas un vrai problème s'il s'intégrait dans l'intérêt général et le respect des particuliers en restant aimé par ses contemporains, en gardant la santé pour ne pas tomber trop vite dans la dépendance.

Ce sont des vœux pieux et, parfois, terminer en espoir déçu dans l'ignorance de ses semblables de nos civilisations dites modernes, fonctionnelles qui, hypocritement, égoïstement, ne s'intéressent qu'au chacun pour soi.

L'argent et le pouvoir, restent, dans cette modernité, les seuls dérivatifs chez les "nominés" pour se payer une virginité. "A cash city", tout reste possible.

Pourtant, à tous les âges, il s'agit toujours d'exister, d'une envie d'exercer une activité, d'utiliser les expériences, de partager son vécu et sa vision dans l'actualité avec ses contemporains.

Pour l'individu, préparer sa sortie par la porte de service ou par celle des artistes, rend la retraite parfois difficile. Les anciens liens s'étiolent puisque les attaches professionnels n'existent plus.0.jpg

Plus la perception du temps s'allonge, plus l'espace se réduit, c'est une règle de la physique. 

S'instruire mutuellement devient le moyen de reconnaissance et le cri de ralliement. 

L'écrivaine, Yasmina Reza met en scène des personnages contemporains, dont elles reflètent les défauts et le ridiculeLa semaine dernière, questionnée au sujet de son dernier livre "Heureux les heureux", elle répondait: "J'aimerais toujours me sentir en devenir. La méditation mélancolique, la mort, les réflexions cocasses sur le couple font partie de mes livres. Le sentiment de ratage m'attire. La défaite m'intéresse surtout avec l'habit de la victoire, même, mêlé de secrets et de mensonges, dans une ontologie entre la naissance et la mort. Je déments être cruelle ou ironique avec mes personnages. Ils sont en totale symbiose, en totale empathie avec moi. Aucune émotion forte n'est d'une seule couleur. Douloureusement heureux, on a toujours quelque chose qui rappelle sa place et son prix dans le cours du temps. La brise qui disperse nos cendres n'est-elle pas le détail le plus important de notre destin?". 

Internet a permis un transfert d'informations de génération en génération. Les contacts inter-générationnels se croisent, s'entrechoquent et les masques y tombent sous le couvert de pseudos. 

Aucune recherche à fidéliser ces rencontres virtuelles, à priori. 

0.jpgUne fois sur la Toile, les vrais et les faux amis se côtoient alors que, souvent, seul des interlocuteurs plus ou moins valables avec des idées originales suffiraient. 

La virtualité d'Internet au travers des réseaux sociaux est un "subset" de la vie réelle. Les philosophes étudient, depuis, ce milieu avec beaucoup d'intérêt.

2.jpgEt pour cause, dans un tel environnement, pas question de jouer au Monsieur Loyal et de croire que les autres sont des clowns, à vouloir faire rire les enfants.

Monsieur Loyal ressemblerait-il à Manuel?

"Ne joues pas avec les autres. La roue tourne... Aujourd'hui, tu joues. Demain, tu seras le jouet"

C'est clair, l'homme est un être grégaire qui aime se sentir "normal" dans une virilité sociale.

La grande manifestation de dimanche en France posait la question du pluralisme et de la diversité en pointant les "autres d'anormaux" par les "dits-normaux". Excès de pruderie, de bigoterie, de religiosité, de soi-disant normalité?

Un philosophe répondait: "La famille est, à l'évidence, une cellule importante de la vie en société: simplement il n'y a plus, aujourd'hui, un seul modèle familial, mais une pluralité. Le vrai problème est donc ailleurs: il est dans la difficulté d'imaginer que lorsque, l'on ajoute des droits à des droits existants, une telle levée de bouclier soit possible. Ceci s'explique en grande partie par le fait que la France a, en matière de pluralité, une difficulté historique. Dans ce pays, domine une culture politique très homogène, qui estime que, lorsqu'un principe est édicté, lorsqu'un choix public est effectué, il doit nécessairement concerner la majorité, voire la totalité du corps social. C'est regrettable, car cela a pour effet de tendre très fortement le débat.".

0.jpgQu'est-ce que la normalité? Où se situe-t-elle?

Jeune, à boire la tasse?

Adulte, à travailler en se mêlant à la masse?

Pour, en finale, se retrouver à la casse?

Ou plutôt se rendre compte qu'il y a des bons et des mauvais élèves, comme le faisait, avec beaucoup d'humour,  ce matin, à la radio, Thomas Gunzig dans un café serré dont il a le secret quand il ne sent pas bien:
podcast

Bruno Coppens parlait des philosophes avec un humour grinçant:

podcast

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On le rappelait hier encore, il y aura toujours des mafieux qu'il faudra contrôler et limiter dans leurs actions. Jouer aux gendarmes et aux voleurs à tous les âges et parfois trouver des ripoux.

Pas de saints sur cette planète. "Nous irons tous au paradis".

Le tout est de s’aguerrir, d'apprendre à reconnaître 'qui est qui' dans ce grand jeu de quilles et de réagir en conséquence.

Alain Baschung qui a eu des débuts très difficiles, son oeuvre s'est retrouvée à titre posthume. 

Figurez-vous qu'il chantait "Il voyage en solitaire", sur des paroles de Gérard Manset: 

 

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre

Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaires.
Pendant des journées entières,
Il chante la terre.

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer.

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il sait ce qu'il a à faire.
Il chante la terre.

Il reste le seul volontaire
Et, puisqu'il n'a plus rien à faire,
Plus fort qu'une armée entière,
Il chante la terre

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer
Et voilà le miracle en somme,
C'est lorsque sa chanson est bonne,
Car c'est pour la joie qu'elle lui donne
Qu'il chante la terre.


 Alors, restons philosophes et respectueux de la vie dans toutes ses formes même en "stand alone".

 

L'enfoiré,

 

Mais, la philosophie peut-être très sophiste "Ce texte philosophique n’est pas pour Onfray ni BHL ; mais est-il pour vous ?

 

Citations: 

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