Les démons de l'âge ou de la jeunesse éternelle (07/03/2013)

Tous octogénaires... Quels sont les vrais-jeunes de 80 ans dont parle "Le Point" dernièrement? 

1.jpgAvec l'aide de la médecine, de plus en plus vieux vivent de mieux en mieux et de plus en plus en plus longtemps. 

Selon les chercheurs de l’Institut Max Planck72 ans d'aujourd'hui, valent 30 ans d'hier. La mortalité a diminué, à toutes les tranches d’âges, plus rapidement qu'au cours des 200 millénaires précédents grâce aux antibiotiques, aux vaccins et aux progrès dans l’agriculture et dans le traitement des eaux. 

 

Le Journal de LA1 du 1er mars avait une séquence intitulée "Tous octogénaires" car en Belgique, l'espérance de vie est passée à 83 ans pour les femmes et 78 pour les hommes.

Pas de tabac, peu d'alcool étaient cités comme moyens pour y arriver. Plus de problème de compétitivité, ni de stress au boulot, peut-être aussi. Tout semble parfait.

1.jpgEn vieillissant, les hommes pleurent le titre du roman que l'auteur Jean-Luc Seigle définit comme : "Le courage de quitter la vie après avoir accompli son travail avec un fond de musique de Blues". 

C'est surtout la solitude qui était à redouter. 

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"Le Point" citait des noms célèbres qui ont atteint un âge avancé, sans se sentir vieux: Philippe BouvardJean d'OrmessonPaul BocuseHelmudt SchmidtMichel SerreEdgard MorinStephane HesselAlain ResnaisShimon PeresMichel Bouquet...

Danielle Moreau en a même fait un livre "80 ans et toujours fringants".

C'est vrai, ces "jeunes-jeunes" étaient souvent des intellos, agile du cerveau, mais plus fragiles du côté des muscles et des membres. Pas de travailleurs en usine, ni de transporteurs de poids lourds dans le peloton des super-seniors.

Les vrai "jeunes-vieux" ou les faux "vieux-jeunes" ont des trucs, décrits dans l'analyse de "Le Point".

Dans la liste, des racines trouvées dans le capital génétique, une capacité de toujours s'étonner devant la nouveauté, une envie d'avoir des choses à raconter sans s'en priver, un tic de se mêler de tout, une obligation de se coucher uniquement quand la fatigue est trop forte, de présenter des idées fixes sans certitudes, de se targuer d'un optimisme comme sport de combat, de s'accorder des jouissances dans l'oisiveté ou de prendre des risques à parler avec des jeunes, de se plier à un emploi du temps comme un démon de la dispersion... pour en finir par rester dans le fond 'enfant' et innocent de tout.

0.jpgEn d'autres mots, s'ils ne savent plus vraiment où ils vont, mais, ils y vont sans s'en soucier.

Les Super Papys font de la résistance en se rappelant de leurs souvenirs d'un autre temps, d'un autre environnement, d'une autre crise, peut-être. 

Le Pape Benoit XVI a étonné en démissionnant, lui qui est sensé aller jusqu'à la fin. Pape de transition, avait-on dit d'emblée lors de son élection, il y a huit ans. La transition s'achève. 

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Au Saint-Siège, avoir un successeur, c'est une affaire de fumée blanche.

Les cardinaux, les "sous-papes" de sécurité, se sont installés en concile-à-bules, pas pour jouer du clavecin mais jouer des coudes pour se positionner avec des sourires de circonstances.

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Le nouveau Pape, on l'attend avec un âge dit "jeune", considéré à bonne mesure de 65 ans. Une relève jeune, alors que ce sont les vieux qui choisissent leurs suivants... La maison Gammarelli a déjà prévu les habits du suivant. Tout est donc en place.

"Le Pape est mort, un nouveau Pape est appelé à régner. Araignée ! quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon?", disait Prévert.  

"Au suivant", chanterait encore Jacques Brel plus prosaïquement.

Les styles anciens reviennent au goût du jour. On fait du jeune avec du vieux.

A croire la presse, les vieux ont le vent en poupe et on s'intéresse à eux.

Les "Années bonheurs" ont du succès en aidant à remonter le passé si l'attention des plus jeunes est encore présente.

Le film "Amour" avec Trintignant qui raconte la fin de vie d'un couple, ramasse les suffrages et les récompenses aux Césars.

Revers de la médaille, les pays industrialisés ne se sont pas préparés pour pouvoir faire face à l’augmentation des coûts de prise en charge de ces futurs retraités. Les autorités et des Offices des retraités s'en inquiètent.  

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C'est le moment de définir les quatre nouvelles sections d'âges de la vie.

Coupées au couteau, cela pourrait se répartir en 1er âge de 0-25 ans, celui de l'apprentissage à la cuillère, de 2ème de 26-50, celui de  l'utilisation à la louche, de 3ème de 51-75, celui de la consécration de la soupière et de 4ème de 76-Fin, celui de la réparation des ustensiles de ménage des trois premiers âges. Les "Quatre Saisons" de Vivaldi en quelques sortes que la pyramide des âges lisse avec des statistiques.

Ce qui va nous intéresser plus ici, c'est le dernier quart. 

Les vieux ne sont plus les mêmes que hier, que ceux de Jacques Brel.

Ils attendaient, alors, la pendule d'argent, mais leur pendules sont électroniques, même s'ils ne le savent pas.





La pendule d'argent est devenue plus dorée pour cette génération de patriarches. Mais, c'est une dorure qui s'est effritée avec le temps et laisse entrevoir un alliage moins attirant par dessous.

1.jpgAujourd'hui, s'ils sont les plus âgés, ils ne peuvent plus entendre la pendule. Électronique, elle ne fait plus le tic-tac et en plus, avec un appareil auditif qui amplifie les graves et atténue les aiguës automatiquement, pas sûr que cela passerait mieux. Alors, ils écoutent le temps qui passe sans plus pouvoir chercher à le comprendre.

Ils font tout autant qu'avant mais en plus de temps. Ils s'arrêtent souvent, contemplatifs, pour ménager leur monture.

L'environnement a changé, les mentalités ont changé, les objets de communications qui réunissaient les gens ont changé, même si les utilisateurs de ses objets arrivent petit à petit dans toutes les mains sans être fondamentalement compris... 

1.jpgLe "gap" entre les générations n'est toujours pas résolu. Le sera-t-il, un jour d'ailleurs?

Ils ne faudrait pas croire que tous les enfants du bon dieu soient devenus des canards sauvages avec l'âge.

Si, récemment, le Pape tweetait avec son iPad, cela s’appellerait pour l'occasion un iPope, à bord d'une papa-mobile, c'est à dire bien entouré de garde du corps.

Quand les vieux se rebellent, c'est qu'ils sont devenus plus grincheux,  que l'horizon s'est rétrécit à la seule famille qui pourrait apporter le réconfort. A ce stade, la vieillesse s'insinue, s'incruste et s'installe alors pour ne plus les lâcher.

Ils voudraient communiquer, mais s'y prennent de plus en plus mal en perdant les contacts naturels ou en radotant sur le dos de ses contemporains.

1.jpgLeurs enfants, grands ou petits ne s'intéressent plus aux p'tis vieux que le temps d'une valse à trois temps sans jamais arriver à celle des mille temps. On ne compte plus jusque là. 

Ceux-ci, avec l'obligation d'être compétitifs, se retrouvent, parfois, bien loin comme un élastique entre le temps et l'espace.

Chacun vit, bien plus, sa vie sur des voies parallèles, qui comme chacun sait, ne se rejoignent qu'à l'infini. Ce métier dont on ne se sépare jamais complètement, revient parfois au p'tit vieux. Tout ne s'efface pas avec le temps. Il suffit d'un sommeil trop léger, ou trop agité, pour qu'ils se retrouvent avec des souvenirs pleins les bras.

Souvenirs tout à fait en compétition, si pas en opposition, avec ce qui se dit ou se fait dans la modernité du moment.

Quand la famille a pris la tangente, que le "décrochage" vis-à-vis de la modernité s'est produit, c'est alors que commence la marche forcée dans le désert. 

Rester dans le coup, c'est aussi avoir le pouvoir de se remettre en question pour s'aligner avec ce qui est nouveau, de faire table rase des préjugés avant d'affirmer avoir raison ou tort. 1.jpg

Pas sûr que les plus vieux se rappellent vraiment qu'ils ont plus de  temps pour penser. De plus en plus pressés de vivre, ils n'aiment pas attendre et perdre ce temps qui s'enfuit. A la caisse du supermarché, voilà qu'ils fulminent en attendant de pouvoir décharger leur caddy sur le comptoir de la caissière. Quand, d'aventure, un autre vieux ou une autre vieille, devant eux, a le malheur de sortir sa petite monnaie en chocolat sans payer avec la carte de crédit, ce sont leurs moues et leurs têtes qui s'allongent.
Plus le temps de tergiverser. Ils se levent d'ailleurs aux aurores qui ne sont pas boréales et viennent faire leurs petites courses, dès l'ouverture du magasin, pour l'éviter. Peut-être, auront-ils sur le feu un Téléshoping, un épisode du feuilleton "Plus belle la vie", des "Feux de l'amour", en réserve, qui les attendent à la maison en direct ou en différé ou, encore, enregistré par le petit fils.

1.jpgQuand ils arrivent à monter sur la vague, c'est par de petits tchats, par un tweet pour faire semblant qu'ils aiment encore.

Si, ce ne sont pas, heureusement, les volontés qui font l'homme, ce sont apparences qui en donnent l'image.

Les célébrités marquent, d'ailleurs, le ton. Vieillir n'est pas "in" chez eux.

Jean Rochefort, âgé de 82 ans, dit "pas question de retraite".

Parmi les "vieux célèbres", il y a ceux qui défilent sur le canapé rouge de Michel Drucker. 

Hypocondriaque, il bave d'envie de tenir le coup ou la corde jusqu'à un âge avancé à présenter des jeunes et des vieux sur son plateau. Et, défilent Annie Cordy, Danielle Darieux, Azanavour, comme monstres sacrés. 

1.jpgDimanche dernier, à "Vivement dimanche" c'était Salvator Adamo qui venait s'asseoir pour fêter ses 50 ans de carrière et souffler ses 70 bougies. "Une vie privilégiée", avoue-t-il. Les souvenirs sont sortis de cette rencontre entre deux contemporains presque parfaits, bien évidemment...

Le soir, Pierre Arditi annonçait qu'il se retrouverait avec Marielle dans le film "La fleur de l'âge".

Est-ce la fleur de l'âge ou la fleur au fusil? Faudrait choisir.

Michel Galabru apportait la note d'humilité de ses 90 ans avec sa petite fille et leur livre, en commun, "Tout est comédie". 

Dans la catégorie des "poids plumesé des people", on peut lire que Richard Gere avoue que "c'est formidable, à 63 ans, de jouer encore les séducteurs dans "Arbitrage" avec Susan Sarandon" et toujours "faire attention à l'argent". "Les rides me vont biens", disait Bruce Willis alors qu'il va reprendre son personnage de John McLane. 

Avec humour, on pourrait dire que les monuments sont de sortie avec leurs craquelures du temps dus aux pigeons qui laissent leur carte de visite pour donner un cachet supplémentaire.

Pourquoi n'en serait-il pas de même avec les citoyens lambda?

Dans la semaine, "Vieillir en pleine forme" était le sujet de X:enius sur ARTE.

1.jpgL'anonyme, Gunda traversait l'Allemagne à bord de son "easy-rider".

"Je ne me sens pas aussi vieille que je le suis", disait-elle.

Si ce n'était la synchronisation entre le corps et l'esprit qui laisse à désirer et déséquilibre, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes d'un âge certain.

1.jpgL'âge n'est pas décisif mais bien la biographie des mouvements. 

Le vélo était présenté comme une des solutions pour y remédier. Ce vélo qui apporte l'équilibre en faisant oublier le réflexe de prendre la voiture. Très théorique, tout cela.

Du côté cerveau, il faut savoir qu'il est toujours en plein processus de restructuration jusqu'à la fin de vie si le syndrome d'Alzheimer ne s'en mêlait pas pour rendre une symphonie romantique dodécaphonique. 

1.jpg"Use it or lose it", une formule intraduisible avec le même impact dans d'autres langues.

Stéphane Hessel vient de tirer sa révérence à 95 ans.

Il faisait partie, en bonne place, des élus dans l'étude de "Le Point". La dernière marche a été, peut-être, trop haute même pour un homme au destin hors normes

1.jpgIl a eu de multiples vies. Pourtant, ce sont seulement les cinq dernières années que tout a été dit et résumé sur trente pages publiées à 4,5 millions d'exemplaires et traduite en 33 langues pour sortir de l'ombre.  

"Que faire" après s'être indigné?

Hessel a essayé de le dire sans y parvenir.

Sera-ce dans "Engagez-vous"?

Oui, mais à quoi?  

Ce sont surtout les Indignés qui sont à plaindre.

Ils ont perdu leur inspirateur, leur l'idole.

Il faut bien le dire, le mouvement des jeunes indignés s'est un peu essoufflé. "Reposez-vous" maintenant, Stéphane.

1.jpgUne idole qui ressemble, en plus, à un adolescent qui lancerait des idées sans les assumer, cela ferait un peu gnan-gnan.

"Indignés de cons", comme l'écrit et le raconte, Marcel Sel.

"Un peu court, jeune homme", comme le disait son intervieweuse

Qu'importe. Il faut l'avoir fait et avoir pu le dire et l'écrire avec fougue.

La cerise sur le gâteau est déjà avalée. Quant à la part de gâteau, elle pèse déjà sur l'estomac après un diner de cons. La conclusion de Marcel Sel "Avoir confiance et faire les choses avant de se sentir capable de les faire" est tout à fait ce qu'il leur faudra de courage.

1.jpgLes mots ne coulent plus uniquement de la plume, ils sortent des touches du clavier d'ordinateurs, propulsés. La pensée de Jean Cocteau "Écrire, c'est se battre avec de l'encre pour se faire entendre", une maxime qui n'est peut-être plus à l'ordre du jour.

La presse et les réseaux sociaux se chargent du reste pour, parfois, faire du buzz. 

Pour Stéphane, ce sera un enterrement de première classe, honoré par tous, dans une "dernière sortie en boîte", comme le dit le dictionnaire de Laurent Baffie. En grande pompe. Pas une sortie anonyme sans esprit et sans vécu. 

A bas, le jeunisme qui faisait la loi dans les entreprises...
Les retraités sont rappelés dans des tâches ponctuelles de baby-sitting comme "outsider", "outside help" en apportant leur bénévolat dans les hôpitaux ou ailleurs. 
Se rendre utile à titre gratuit sans l'absolutisme et le servage de patrons véreux, c'est le pied.

1.jpgFini d'être en porte-à-faux. Pourquoi ne pas devenir porte-drapeau dans une nouvelle vie? Il n'y a plus qu'à s'arranger pour ajouter l'huile aux rouages grippés...

Avec le sourire, c'est tenter le diable et garder bon-pieds bon-œil comme pare-tout, bien qu'un brin de nostalgie et l'éternelle phrase magique "c'était mieux avant" persiste. Et, oui, la bouffe avait encore du goût dans l'ancien temps. Moins de luxe et de voitures, c'est évident.

Paradis perdu et enfer en échange? Une impression d'avoir perdu une emprise sur son avenir, alors qu'en grattant un peu plus... on ne sait plus trop... 

1.jpgN'empêche, faut vieillir en douce, heureux d'être encore là, à son rythme propre, gourmand d'un peu de vie avec une technique éprouvée dans un sorte de baroud d'honneur. 

Certains "dits-vieux" ont fait le pas. Ils ne cherchent pas à connaître les antécédents de la Toile sur laquelle ils surfent avec deux doigts. C'est presque de guerre lasse, qu'ils se sont mis au numérique, même s'ils ne savent plus compter ou s'ils le font encore, c'est en sous ou en vieux francs car cela fait  plus riche de compter en millions de francs qu'en milliers d'euros pour solder les comptes en fin de mois.

Les plus vieux ont toujours aimé s'assurer en épargnant pour le futur et compléter la pension qu'ils avaient compris être rabotée, un jour. Ils ont pris le train de la modernité à marche forcée et le monde des jeunes est devenu un peu trop grand à leur goût. La mondialisation ne les a pas vraiment choppé, pourtant. Ils ne comprennent pas toujours les jeunes qui aiment partir avec une valise en carton, mal fermée.  

1.jpgL'autonomie se gagne ou se perd, s'ils parviennent ou non, à correspondre au nouvelles normes de l'ordre mondial devenu inéluctable. 

Beaucoup de différences existent entre les papy-boomers, les baby-boomers et les boomers tout court qui semblent marcher à pieds nus sur leurs dettes. Ils ne parlent plus d'une quelconque belle époque comme le faisaient leurs propres aînés. Mais, il faut bien l'avouer, à de rares exceptions près, ils sont devenus conservateurs dans l'âme.

Alors, ils grignotent leur capital engrangé puisque les intérêts ne sont plus à la hauteur de leurs espérances.

1.jpgParfois, ils bégayent tout en ne s'en rendant pas compte pour tenir les autres éveillés. A cours de sujets, ils reprennent des anciens et 'répépépètent' depuis le début.

Normal, en définitive...

Les plus vieux souvenirs reviennent sur les tapis alors qu'ils se demandent qu'est-ce qu'ils sont venus chercher en allant dans la cuisine pour chercher le pot de sucre.

1.jpgSi le cordon ombilical a été coupé avec le sécateur, ils ne parlent plus avec le même langage pour l'exprimer. 

Ils meublent le temps pour faire preuve qu'ils existent. Alors, ils "tweetent ou "facebookent" comme bonimenteurs.  

Joindre l'agréable à l'utile. Tout l'inverse de leur vie active pendant lequel ils tentaient de joindre l'utile à l'agréable. 

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Au besoin, certains comblent les trous en écrivant un livre q'ils promotionnent à la "Foire du livre" (*).

Cela fait aussi partie de l'exutoire à leurs espérances dans laquelle la fantaisie est présente

Vendent-ils leurs souvenirs aux plus offrants?

Rien n'est moins sûr...

1.jpgIls défendent leurs propres thèses creusées en sillons étroits qui transitent encore aux tréfonds de leurs mémoires.

Les expériences des autres, ils s'en foutent dans le fond. 

Débattre, c'est plus trop leur truc en plumes, mais plutôt une base pour faire ressortir les derniers frémissements de leurs poils. 

Une tune qui tombe dans la sébile ou s'insère dans le bastringue, là, ils deviennent curieux, tombés dans le syndrome d'Erostrate, et pensent être devenus les nouveaux philosophes de demain, munis d'une canne blanche pendant que d'autres restent perdus entre la partie de pétanque quand il fait beau et la partie de bridge quand le temps est à la pluie avec leur fan club.

Entre eux, ils changent la sauce piquante en sauce mayonnaise.

Les super-centenaires, c'est sur l'île d'Okinawa qu'on les rencontre. 

Pas de doute, la longévité des vieux inquiètent les jeunes. Ils ont trop de trucs pour se retrouver au mieux de leur forme comme quand, Tonia chantait, à une certaine époque, "avec un peu de poivre, un peu de sel, un peu d'amour, un peu de miel. Quand tout cela sera mélangé, tu pourras dire enfin que c'est arrivé".

Le "bon vieux temps", c'était un temps, où on tirait souvent sa révérence sans bruit, plus rapidement, sans effets secondaires ou au pire, à titre posthume. Un temps où les hiérarchies décidaient en lieu et place, résignés.
1.jpgUn temps, pendant lequel, celles-ci se cachaient derrière une tour d'ivoire. Elles ont aussi pris leurs quartiers d'hiver aux rayons des "divers", perdues tout autant, dans la masse des inconnus célèbres. 

Mais, les papy-gêneurs font de la résistance comme Marc Danval le racontait podcast.

On ne leur dit peut-être pas, mais la société d'aujourd'hui, attend avec impatience la disparition de la génération des papy-boomers et peut-être même des baby-boomers.

 Les lettres à pépère de Madgane, on s'en régale. Non, on ne se  moq1.jpgue pas des personnes âgées.

Le 8, c'est la journée de la femme, pourquoi pas ne pas mentionner la lettre à mémère?

Voyons, vous n'êtes pas sympa...

Je reprendrai la préface et la postface du nouveau livre de Bouvard "Je crois me souvenir": 

"Être 'moins jeune', c'est parfois être fier de rien. Reconnaissant envers ce dieu auquel, je déplore de ne pas croire, de m'avoir évité le pire avant l'inéluctable. C'est demander pardon de son omniprésence et se retrouver encombrant pour seul gage de conscience professionnelle et d'honnêteté intellectuelle que l'on peut offrir comme le serait un vieux con, non blasé.".

1.jpgSi la maison de repos devient, tout de même, obligatoire, il s'agit de la choisir de tout repos.

Ces maisons de repos ont besoin de plus en plus d'emplois pour parvenir à accomplir leurs tâches et plus de 40.000 nouveaux postes de jeunes restent à trouver même si la rentabilité impose à nouveau des restrictions de personnel. Premier lien  d'intérêts entre générations.

Des prix (fort) élevés et des services déficients qui font souvent partie du lot avec une moyenne de 1360 euros par mois (+138 euros de suppléments) font peur. Pourtant, il faut une autre moyenne de cinq mois sur de longues listes d'attentes à Bruxelles, preuve que cela ne freine pas.  

1.jpgInciter à dépasser l'âge de la retraite en donnant des compensations financières sous forme de bonus?

S'il suffisait de donner un peu de gras à la vie pour changer le canasson en cheval de course, ça se saurait.

1.jpgMais, de toutes manières, que ne ferait-on pas pour avoir une pêche d'enfer? Une pêche, au paradis, ça se saurait aussi.

Samedi 2 mars, la nostalgie et les hommages étaient de rigueur autour de Charles Aznavour lors d'un nouveau numéro de l'émission "Hier encore".

La chanson, un autre lien potentiel entre les générations?

 

 

Alors, si un karaoké s'imposait, cela pourrait être avec le Grand-Petit Charles :



Hier encore

J'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps

J'ai fait tant de projets
Qui sont restés en l'air
J'ai fondé tant d'espoirs
Qui se sont envolés
Que je reste perdu
Ne sachant où aller
Les yeux cherchant le ciel
Mais le cœur mis en terre

Hier encore
J'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir
Même le devancer
Je n'ai fait que courir
Et me suis essoufflé

Ignorant le passé
Conjuguant au futur
Je précédais de moi
Toute conversation
Et donnais mon avis
Que je voulais le bon
Pour critiquer le monde
Avec désinvolture

Hier encore
J'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps
A faire des folies
Qui ne me laissent au fond
Rien de vraiment précis
Que quelques rides au front
Et la peur de l'ennui

Car mes amours sont mortes
Avant que d'exister
Mes amis sont partis
Et ne reviendront pas
Par ma faute j'ai fait
Le vide autour de moi
Et j'ai gâché ma vie
Et mes jeunes années

Du meilleur et du pire
En jetant le meilleur
J'ai figé mes sourires
Et j'ai glacé mes pleurs
Où sont-ils à présent
A présent mes vingt ans?

 

Qui serait répondu par Zazie


 

L'enfoiré,

 

(*) Photos de la Foire du livre 2013 avec beaucoup d'écrivains d'un certain âge ou d'un âge certain.

 

Citations:

 

  • « A vieux comptes, nouvelles disputes. », Proverbe français
  • « Un vieux rosier ne se transplante pas. », Proverbe québécois
  • « Le vieux balai connaît les coins. », Proverbe irlandais
  • « Les vieux péchés ont de longues ombres. », Proverbe chinois 

 

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Mise à jour 10 mars 2013Pour la petite histoire, ce samedi soir, 9 mars, j'allais voir, au Théâtre des Galeries, la pièce "Sortie de scène" de Nicolas Bedos présentée pour la 1ère en 2005, avec son père dans le rôle principal. Une pièce dans laquelle un auteur de comédies à succès consacre son fiel à des essais polémiques. La maladie lui laisse assez de souffle pour se disputer avec sa gouvernante-secrétaire-infirmière qui ne craint pas de lui répondre. L'arrivée inattendue d'une jeune nièce dépressive va obliger ce misanthrope professionnel à aller refaire un tour du côté de l'humour, de risquer à fumer un joint pour, ainsi, joindre deux générations.

0.jpg5 février 2015: Laurence Bibot parlait d'Albert Frère qui lâche son empire financier à 89 ans avec la question "Est-ce que la puissance conserve?: podcast

22 septembre 2015: Elle remettait cela en parlant de longévité:podcast

 

 

9 octobre 2017:Jean Rochefort est décédé à l'âge de 87 ans. Les hommages et les souvenirs reviennent:podcast

"Floride" son dernier film dans lequel il interprétait un rôle de quelqu'un qui souffrait de la maladie d'Alzheimer est passé sur LaUne 4.JPG

 

 

 

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